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Le 14 octobre, journée Mondiale de la vue

11 Oct 2021 | Par INSERM (Salle de presse) | Journée mondiale

Oeil humain

Œil humain © Fotolia

 

La Journée Mondiale de la vue aura lieu cette année le 14 octobre. L’occasion pour l’Inserm de revenir sur deux études récentes publiées par des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université et du CNRS à l’Institut de la Vision, centre de recherche de dimension internationale entièrement dédié à la recherche sur les maladies de la vision. Et de communiquer sur les progrès réalisés sur l’utilisation de nouvelles approches thérapeutiques : la thérapie génique et optogénétique.

 

Thérapie génique : redonner la vue à des patients atteints d’une maladie rare

Dans une première étude publiée dans la revue Science Translational Medicine en décembre 2020, l’équipe du Marisol Corral-Debrinski, de José-Alain Sahel et Serge Picaud à l’Institut de la Vision a mis au point un traitement reposant sur une nouvelle approche de thérapie génique, ouvrant des perspectives pour le traitement des patients atteints de neuropathie optique de Leber, une maladie héréditaire qui se manifeste par une baisse brutale et bilatérale de la vision pouvant conduire à la cécité. Elle est causée par des mutations de l’ADN mitochondrial[1] qui affectent la production de la protéine ND4. Cette perte visuelle intervient généralement chez l’homme jeune sur un œil puis quelques mois plus tard sur le deuxième œil. Cette maladie de l’œil touche plus de 5 000 personnes en France.

La thérapie génique est une stratégie thérapeutique qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie. Pour permettre au traitement de pénétrer correctement dans les cellules d’un patient, les scientifiques utilisent dans la plupart des cas un vecteur viral qui assure son transport jusqu’au noyau. Mais pour utiliser cette stratégie dans la neuropathie optique héréditaire de Leber, les chercheurs étaient confrontés à un obstacle majeur : comment cibler la mitochondrie alors que le vecteur viral introduit l’ADN porteur du gène correct dans le noyau ?  

L’équipe a développé une approche innovante qui consiste à ajouter au gène des séquences d’ADN dites « séquences d’adressage ».

Leur fonction est d’assurer que la traduction du matériel génétique en protéines fonctionnelles se fasse directement au contact des mitochondries.

Dans l’essai clinique baptisé REVERSE, les chercheurs ont démontré l’efficacité de cette approche par la mesure d’une réelle amélioration clinique.

 

Thérapie optogénétique : un patient récupère partiellement la vue

Plus récemment, dans une étude publiée dans la revue Nature Medicine en mai 2021, une équipe de recherche dirigée par les professeurs José-Alain Sahel et Botond Roska, a mis en évidence les résultats prometteurs d’un essai clinique ayant permis à un patient aveugle atteint de rétinopathie pigmentaire à un stade avancée de retrouver partiellement la vue grâce à la thérapie optogénétique. La rétinopathie est une maladie génétique dégénérative de l’œil qui se caractérise par une perte progressive et graduelle de la vision évoluant généralement vers la cécité.

L’optogénétique consiste à modifier génétiquement les cellules afin qu’elles produisent des protéines sensibles à la lumière appelées “channel rhodopsines” (rhodopsine canal). Si cette technique existe depuis près de 20 ans en neurosciences, ses bénéfices cliniques n’avaient, jusqu’alors, pas encore été démontrés.

Afin de restaurer la sensibilité à la lumière, l’équipe de recherche a tiré parti des méthodes de thérapie génique pour exprimer des “channel rhodopsines” dans les cellules ganglionnaires de la rétine. Pour cette étude, elle a introduit le gène codant pour une “channel rhodopsine” appelée ChrimsonR. En complément, des lunettes dédiées équipées d’une caméra ont été conçues par les chercheurs. Elles permettent de produire des images visuelles projetées en images de couleur ambre sur la rétine.

Près de cinq mois après avoir reçu l’injection de ChrimsonR, laissant ainsi le temps à son expression de se stabiliser dans les cellules ganglionnaires, les tests avec les lunettes ont pu débuter. Sept mois plus tard, le patient a commencé à rapporter des signes d’amélioration visuelle. Les résultats des tests montrent qu’avec l’aide des lunettes, il peut désormais localiser, compter et toucher des objets.

Un essai clinique qui marque donc une étape importante dans le développement de thérapies géniques indépendantes des mutations pour traiter les dégénérescences rétiniennes héréditaires.

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