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Seiamak Bahram
U1109 Immunologie et rhumatologie moléculaire (Inserm/Université de Strasbourg)
Email : fvnznx@havfgen.se
Téléphone : 03.68.85.39.92
Image histologique d’un rejet de greffe rénale médié par des anticorps. Sophie Caillard/Jérome Olagne (Inserm U1109)
La greffe de rein est l’unique traitement curatif pour les personnes souffrant d’insuffisance rénale terminale, mais cette intervention n’est pas toujours un succès car le greffon peut être rejeté par l’organisme du patient. Afin de diminuer le risque de rejet, les médecins peuvent aujourd’hui s’intéresser à un certain nombre de paramètres génétiques et immunologiques pour évaluer l’histocompatibilité entre donneur et receveur, c’est-à-dire le degré de compatibilité de leurs organes et de leurs tissus. Toutefois, les rejets sont toujours fréquents et beaucoup demeurent inexpliqués. Dans une nouvelle étude, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’Université de Strasbourg et des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg au sein de l’unité U1109 « Immunologie et Rhumatologie Moléculaire », et leurs partenaires du Laboratoire d’Excellence (LabEx) Transplantex, rapportent que le gène MICA est un nouveau gène d’histocompatibilité, c’est à dire qu’il permet de mieux expliquer et prédire le succès ou l’échec d’une greffe de rein. Les résultats sont publiés dans la revue Nature Medicine.
La greffe de rein est aujourd’hui le meilleur traitement disponible pour les patients atteints d’insuffisance rénale terminale. En France, près de 4000 greffes rénales sont effectuées en moyenne chaque année (près de 20000 aux Etats-Unis). Ces greffes sont principalement réalisées à partir de donneurs décédés, même si le nombre de greffes à partir de donneurs vivants augmente progressivement chaque année depuis vingt ans.
La possibilité de rejet du greffon considéré comme « étranger » par l’organisme du receveur demeure aujourd’hui la limite principale de cette procédure. La prise de médicaments immunosuppresseurs[1] permet de réduire le risque mais ne l’élimine pas et le rejet dit « chronique » (à distance de l’acte chirurgical de la greffe) reste une problématique majeure.
Très diversifié et spécifique à chaque individu, ce système permet d’évaluer l’histocompatibilité entre donneur et receveur, c’est-à-dire le degré de compatibilité de leurs organes et de leurs tissus. Plus les gènes HLA entre donneurs et receveurs sont proches, plus le risque de rejet est diminué.
Cependant, il arrive que même lorsque les gènes HLA du donneur et du receveur sont compatibles, des rejets de greffes inexpliqués surviennent. Ce phénomène suggère que d’autres gènes d’histocompatibilité non encore identifiés peuvent être impliqués dans les rejets.
Des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’université de Strasbourg et des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et leurs partenaires du LabEx Transplantex se sont donc intéressés à un gène découvert il y a déjà presque trente ans par Seiamak Bahram[2] qui a coordonné ces nouveaux travaux.
Ce gène, appelé MICA, code pour une protéine exprimée sur plusieurs types de cellules. De précédentes études avaient déjà suggéré que ce gène était important pour prédire le devenir d’une greffe, mais elles portaient sur un nombre trop restreint de patients (entre autres limites méthodologiques) pour pouvoir affirmer qu’il s’agissait d’un gène d’histocompatibilité. Par ailleurs ces études ne s’intéressaient pas au système MICA dans son ensemble, c’est-à-dire à la fois à la génétique (histocompatibilité) et aux aspects sérologiques (présence d’anticorps anti-MICA dans le sang du receveur).
Par ailleurs, les chercheurs et chercheuses montrent que ces incompatibilités du gène MICA sont à l’origine chez les patients de la synthèse d’anticorps dirigés contre les protéines MICA du donneur, qui interviennent dans le rejet de greffe. Ces anticorps sont produits lorsque les protéines MICA du donneur sont trop différentes de celles du receveur.
Ces résultats suggèrent que le gène MICA serait un gène d’histocompatibilité pertinent à prendre en compte au moment d’une greffe, et que la recherche d’anticorps anti-MICA peut également être intéressante pour prédire le succès ou l’échec de la greffe. Ils doivent maintenant être validés dans le cadre de larges études prospectives dans laquelle MICA sera considéré au même titre que les gènes HLA classiques.
« Suite à ce travail, on pourrait d’ores et déjà envisager de généraliser en clinique le séquençage du gène MICA et l’identification d’anticorps anti-MICA chez les patients avant la greffe pour évaluer l’histocompatibilité avec le donneur et après la greffe pour mieux prévenir les épisodes de rejets. Enfin, nous envisageons aussi d’étudier le rôle du gène MICA dans la greffe d’autres organes solides, notamment le cœur, le poumon ou encore le foie », souligne Seiamak Bahram.
[1] Traitements qui limitent l’action du système immunitaire utilisés pour les maladies auto-immunes ou en cas de greffe.
[2] Professeur des Université-Praticien Hospitalier et directeur de l’Unité 1109 de l’Inserm et du LabEx Transplantex et chef de service d’immunologie biologique aux HUS.
Seiamak Bahram
U1109 Immunologie et rhumatologie moléculaire (Inserm/Université de Strasbourg)
Email : fvnznx@havfgen.se
Téléphone : 03.68.85.39.92
The MHC class I MICA gene is a histocompatibility antigen in kidney transplantation
Raphael Carapito1,2,3,4,5, Ismail Aouadi1,2,3,5, Martin Verniquet1,2,3,5, Meiggie
Untrau1,2,3,5, Angélique Pichot1,2,3,5, Thomas Beaudrey1,2,5,6, Xavier Bassand1,2,5,6 Sébastien Meyer1,2,3,5, Loic Faucher2,7, Juliane Posson8, Aurore Morlon2,9, Irina Kotova2,9, Florent Delbos2,10, Alexandre Walencik2,10, Alice Aarnink11, Anne Kennel11,7 Caroline Suberbielle2,12, Jean-Luc Taupin2,12, Benedict M. Matern13, Eric Spierings13,8 Nicolas Congy-Jolivet2,14, Arnaud Essaydi15, Peggy Perrin1,2,5,6, Antoine Blancher2,14, Dominique Charron2,5,12, Nezih Cereb16, Myriam Maumy-Bertrand2,5,17, Frédéric Bertrand2,5,17, Valérie Garrigue2,18, Vincent Pernin2,18, Laurent Weekers19, Maarten Naesens20, Nassim Kamar2,21, Christophe Legendre2,22, Denis Glotz2,8, Sophie Caillard1,2,5,6, Marc Ladrière23, Magali Giral2,7, Dany Anglicheau2,22,24, Caner13 Süsal25,26, Seiamak Bahram1,2,3,4,5
1 Laboratoire d’ImmunoRhumatologie Moléculaire, Institut national de la santé et de
la recherche médicale (Inserm) UMR_S1109, Plateforme GENOMAX, Faculté de26
Médecine, Fédération Hospitalo-Universitaire OMICARE, Centre de Recherche
d’Immunologie et d’Hématologie, Centre de Recherche en Biomédecine de
Strasbourg (CRBS), Fédération de Médecine Translationnelle de Strasbourg (FMTS),
Université de Strasbourg, Strasbourg, France.
2 Laboratoire d’Excellence (LabEx) TRANSPLANTEX, Faculté de Médecine
Université de Strasbourg, Strasbourg, France.
3 Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) Franco
(Strasbourg)-Japanese (Nagano) Nextgen HLA laboratory, Strasbourg, France.
4 Laboratoire d’Immunologie, Plateau Technique de Biologie, Pôle de Biologie
Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg, France.
5 Institut Thématique Interdisciplinaire (ITI) de Médecine de Précision de Strasbourg
Strasbourg, France.
6 Nephrology-Transplantation Department, University Hospital, Strasbourg, France.
7 CHU Nantes, Université de Nantes, INSERM, Centre de Recherche en
Transplantation et Immunologie, UMR 1064, ITUN, F-44000 Nantes, France.
8 Paris Translational Research Center for Organ Transplantation, Institut national de
la santé et de la recherche médicale (INSERM), UMR_S 970, Paris, France. Kidney
Transplant Department, Saint-Louis Hospital, Assistance Publique – Hôpitaux de
Paris, Paris, France.
9 BIOMICA SAS, Strasbourg, France.
10 Etablissement Français du Sang (EFS) Centre Pays de la Loire, Laboratoire HLA
Nantes, France.
11 Laboratory of Histocompatibility, Centre Hospitalier Régional Universitaire, Nancy,
France.
12 Laboratoire Jean Dausset, Laboratoire d’immunologie et d’histocompatibilité
Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) UMR_S 976
Human Immunology, Pathophysiology, Immunotherapy (HIPI), Institut de Recherche
Saint-Louis Université de Paris, Hôpital Saint-Louis, Paris, France.
13 Center of Translational Immunology, HLA and Tissue Typing, University Medical
Center Utrecht, Utrecht, The Netherlands.
14 Laboratoire d’immunogénétique moléculaire (LIMT, EA 3034), Faculté de
médecine Purpan, Université Toulouse 3 (Université Paul Sabatier, UPS), Toulouse
France. Laboratoire d’immunologie, Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse,
France.
15 Etablissement Français du Sang (EFS) Grand-Est, Laboratoire HLA, Strasbourg
France.
16 Histogenetics, 300 Executive Blvd, Ossining, NY 10562.
17 Institut de Recherche Mathématique Avancée (IRMA), Centre national de la
recherche scientifique (CNRS) UMR 7501, Laboratoire d’Excellence (LabEx) Institut
de Recherche en Mathématiques, Interactions et Applications (IRMIA), Université de
Strasbourg, 67084, Strasbourg, France.
18 Service de Néphrologie-Transplantation-Dialyse péritonéale, Centre Hospitalier
Universitaire Lapeyronie, Montpellier, France.
19 Division of Nephrology, University of Liege Hospital (ULiege CHU), Liege,
Belgium.
20 Department of Microbiology, Immunology and Transplantation, KU Leuven, Belgium
21 Departments of Nephrology and Organ Transplantation, Centre Hospitalier
Universitaire de Rangueil, INSERM UMR1291 – CNRS UMR5051 – Université
Toulouse III, Toulouse Institute for Infectious and Inflammatory Diseases (Infinity)
Toulouse, Université Toulouse III Paul Sabatier, Toulouse, F-31300 France.
22 Service de Transplantation Rénale Adulte, Hôpital Necker, Assistance Publique
Hôpitaux de Paris, Université de Paris, Paris, France.
23 Department of Renal Transplantation, Centre Hospitalier Régional Universitaire
Nancy, France.
24 Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), UMR_S 1151
Paris, France.
25 Institute of Immunology, Heidelberg University Hospital, Heidelberg, Germany
26 Transplant Immunology Research Center of Excellence, Koç University, Istanbul
Turkey.
Nature Medicine, mars 2022