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Catherine JOUSSELMEMembre de l'Unité Inserm 1178 « Santé mentale et santé publique »
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Une grande enquête, coordonnée par l’Unité Inserm 1178 « Santé mentale et santé publique » et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée, dresse un état des lieux des problématiques et enjeux actuels de l’adolescence. Ces données, recueillies au moyen d’auto-questionnaires, confrontent les perceptions de 15 235 jeunes scolarisés, âgés de 13 à 18 ans, concernant leur propre adolescence. L’étude aborde des sujets aussi divers que leur santé physique et mentale, leurs consommations, leurs loisirs, ou encore leur sexualité. Les résultats obtenus réaffirment le caractère complexe de ces adultes en devenir, avec une différence fille/garçon bien inscrite et un gradient selon l’âge. Ils devraient permettre d’améliorer les connaissances sur les comportements de ces derniers, et d’identifier de nouveaux indicateurs de difficultés, utiles à la mise en place d’actions de prévention.
Transition entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est une période de bouleversements psychologique et physiologique complexes, pouvant entrainer certaines difficultés, et mener à des conduites à risque. L’enquête « Portraits d’adolescents », coordonnée par l’Unité Inserm 1178 « Santé mentale et santé publique » et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée, permet une analyse des « profils » de ces 15 235 jeunes scolarisés à partir de la 4ème jusqu’à la fin du second cycle, grâce à des données recueillies par auto-questionnaires anonymes.
Des ados loin d’être caricaturaux
La génération des adolescents d’aujourd’hui est souvent présentée comme inconsciente, désenchantée, paresseuse et dépendante des objets plus que des liens. Cette étude montre toutefois que près de la moitié des adolescents (48,4 %) a confiance en l’avenir (surtout les garçons, 58,6 % contre 38,9 % de filles).
Une grande majorité se sent bien dans ses relations avec ses parents, et pense que ces derniers posent un regard positif sur eux. La plupart estime par ailleurs que les adultes en général sont trop inquiets pour les adolescents (72,8 %).
88 % de ces jeunes (90,3 % des filles versus 85,5 % des garçons) considèrent que leur propre valeur ne dépend pas du nombre d’objets qu’ils possèdent. La valeur qu’ils s’accordent est liée à l’image qu’ils donnent aux autres, à leurs résultats scolaires, mais aussi à leur créativité.
En terme de représentation des limites, les adolescents d’aujourd’hui sont loin d’être caricaturaux : si plus de la moitié pense que les adultes posent trop de limites, ils sont encore plus nombreux à reconnaitre en avoir besoin (74,9 %). Toutefois, plus des trois quarts d’entre eux pensent que trop de limites poussent, au contraire, à prendre des risques (77 %).
La prise de risques est, par ailleurs, généralement décrite comme essentielle dans les processus d’adolescence. Pour plus d’un tiers de ces jeunes (34,1 %) pour vivre bien, « il faut prendre des risques sans les calculer ». Ces données rendent compte de l’ambivalence bien connue des adolescents.
Les nouvelles formes du mal-être
Les adolescents ont conscience que la période qu’ils traversent n’est pas facile : ils se posent assez souvent ou très souvent des questions sur eux-mêmes (49,3 %), surtout les filles (61,7 % vs 35,7 % pour les garçons). La moitié s’en pose sur le monde qui les entoure, davantage de filles (57,8 %) que de garçons (49,6 %). Cette période de profonds remaniements identitaires accentue la vulnérabilité psychopathologique de ces jeunes, propice aux conduites à risque.
Les tentatives de suicide semblent être plus fréquentes qu’auparavant : 7,8 % des jeunes en ont déjà effectué une, 3,7 % plus d’une. La dépression touche 16,8 % des filles et 7 % des garçons. Par ailleurs, 38,9 % des jeunes ont déjà pensé que « la vie ne valait pas la peine d’être vécue ». Des chiffres alarmants, d’autant qu’une très grande majorité des adolescents (74,5 % de filles et 57,6 % de garçons), privilégie l’isolement comme « modalités de lutte » lorsqu’ils se sentent mal. Ce qui pose le problème du repérage de leur mal-être par les autres, les amis ne représentant que la troisième ressource, derrière l’écoute de la musique (surtout les filles) ou les jeux vidéo (surtout les garçons). On peut aussi s’inquiéter des chiffres de jeunes « subdépressifs », ou légèrement déprimés, 33,6 % de filles et 21,6 % de garçons, en grande augmentation par rapport aux dernières données disponibles.
Si l’objectif de cette étude était de mieux comprendre la perception qu’ont les adolescents d’eux-mêmes, de nombreux résultats figurent dans ce rapport, concernant notamment :
– Leur rapport aux réseaux sociaux :
88 % des adolescents sont sur les réseaux sociaux. Pour 76,9 %, ce choix est justifié par la présence d’amis sur ce même réseau.
– Leur consommation de substances psychoactives :
Globalement, les filles consomment surtout du tabac (9,2 % d’entre elles se disent « accro », contre 7,8 % de garçons), les garçons, de l’alcool, avec des chiffres inquiétants « d’alcoolisation ponctuelle importante » dans le mois précédant l’enquête (37,6 %). La consommation régulière de cannabis touche 7,1 % des jeunes.
– Leur sexualité :
10,7 % des garçons versus 4,2 % des filles disent avoir eux des rapports sexuels avant 13 ans, ce qui reste un chiffre préoccupant.
– Leur scolarité :
Une très grande majorité d’entre eux la trouve fatigante, stressante et énervante, voire pénible. Seulement un tiers des jeunes la trouve agréable, bien qu’ils la considèrent comme essentielle.
– Leurs loisirs :
Le sport, la musique, les amis, internet et les jeux sur ordinateurs (surtout les garçons) sont les loisirs les plus plébiscités par les adolescents.
Téléchargez l’enquête “Portraits d’adolescents” dans son intégralité