L’espérance de vie sans incapacité (EVSI) indique combien de temps on peut espérer vivre sans incapacité. Elle est calculée annuellement pour tous les pays de l’Union européenne depuis 2005. Ces chiffres sont rendus publics dans le cadre de la première réunion annuelle de l’Action conjointe européenne sur les espérances de vie en bonne santé (EHLEIS pour European Joint Action on Healthy Life Years), organisée à Paris ce jeudi 19 avril 2012 (ASIEM, 6 rue Albert de Lapparent – 75007 PARIS à partir de 13h30) à l’invitation du ministère français de la Santé. Cette action conjointe européenne est dirigée par la France, sa coordination a été confiée à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
En 2009 l’espérance de vie sans incapacité s’établit à 61,3 ans pour les hommes de l’Union européenne (EU27) ; ce qui représente près de 80% de leur espérance de vie à la naissance (76,7 ans). L’EVSI a atteint 62 ans pour les femmes ; ce qui représente les trois quarts de leur espérance de vie à la naissance (82,6 ans).
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LES VALEURS DE 2010 POUR LES HOMMES
En 2010, c’est la Suède qui a l’espérance de vie la plus longue (79,6 ans) pour les hommes de l’Union européenne et la Lituanie la plus courte (68 ans) ; ce qui représente un écart de près de 12 années d’espérance de vie (EV) à la naissance entre ces deux pays. C’est toujours la Suède qui a, cette année-là, l’EVSI la plus longue (71,7 ans) et la République slovaque l’EVSI la plus courte (52,3 ans) ; l’écart de EVSI atteignant près de 20 années entre ces deux pays. Et c’est encore en Suède que la proportion des années vécues sans incapacité (EVSI/EV) atteint son maximum en 2010 : 90% de l’espérance de vie est vécue sans limitations dans les activités usuelles. A l’opposé, c’est en République slovaque que cette proportion atteint son minimum (73%) soit un écart de 17points. Ce premier résultat, observé chez les hommes, suggère que plus l’espérance de vie est longue plus la proportion vécue sans incapacité est grande.
Toutefois sur la très courte période 2008-2010, c’est la Lituanie qui voit son EVSI augmenter le plus, près de 3 années, alors que ce sont les Pays-Bas qui, à l’inverse, affichent la plus forte baisse (-1,3 années). Il y a donc aussi des tendances à la convergence des espérances de santé en Europe puisque l’écart entre la Lituanie et les Pays-Bas s’est réduit de plus de 4 années en à peine 3 ans.
DE MEILLEURS RÉSULTATS POUR LES FEMMES
En 2010, la France et l’Espagne ont l’espérance de vie la plus longue (85,3 ans) pour les femmes de l’Union européenne et la Bulgarie la plus courte (77,4 ans) ; ce qui représente un écart de près de 8 années d’espérance de vie (EV) à la naissance entre ces pays. Malte a l’EVSI la plus longue (71,6 ans) pour les femmes et la République slovaque l’EVSI la plus courte (52,1 ans) ; l’écart d’EVSI atteint, comme pour les hommes, près de 20 années entre ces deux pays. Cependant c’est en Bulgarie que la proportion des années vécues sans incapacité (EVSI/EV) atteint son maximum pour les femmes en 2010 : 87% de l’espérance de vie est vécue sans limitations dans les activités usuelles. A l’opposé, c’est en République slovaque, comme pour les hommes, que cette proportion atteint son minimum (66%) soit un écart de 21 points. Les résultats pour la Bulgarie illustrent un autre cas de figure, où une courte espérance de vie, combinée à une faible déclaration de limitations dans les activités usuelles, conduit à une grande proportion de l’espérance de vie apparemment libre de toute incapacité.
Sur la très courte période 2008-2010, c’est toujours la Lituanie qui voit son espérance de vie sans incapacité (EVSI) augmenter le plus (2,4 années), confirmant l’observation faite chez les hommes, alors que c’est la Finlande qui cette fois affiche la plus forte baisse (-1,7 années). Il y a donc aussi chez les femmes européennes des tendances à la convergence des espérances de santé.
ECARTS ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES
Alors que l’écart d’espérance de vie (EV) entre les hommes et les femmes atteint près de 6 années (5,9 ans) dans l’Union européenne en 2009, l’écart d’espérance de vie sans incapacité (EVSI) atteint à peine une demie année (0,7 an). Si bien que la proportion des années vécues sans incapacité est inférieure de 5 points (-4.9) chez les femmes en comparaison avec les hommes (75% versus 80%).
En 2010, c’est en Lituanie que l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes est le plus important (10,9 années) et en Suède qu’il est le plus faible (4 années). C’est aussi en Lituanie que l’écart d’EVSI est le plus important (4,6 années) mais c’est en République slovaque, cette fois, qu’il est le plus faible (0,2 année). C’est au Portugal que l’écart dans la proportion des années libre d’incapacité (EVSI/EV) est le plus grand (près de 9 points) et en Bulgarie que cet écart est le plus faible (environ 3 points). Mais dans tous les cas de figure observés, les femmes européennes vivent plus longtemps que les hommes et passent une plus grande proportion de leur vie avec des incapacités. Par contre, les écarts d’espérance de vie sans incapacité (EVSI) sont beaucoup plus réduits et dans 7 cas sur 27 (chiffres de 2009), les hommes ont une espérance de vie sans incapacité (EVSI) légèrement supérieure à celles des femmes. C’est le cas en 2009 de la Belgique, du Danemark, de l’Italie, des Pays bas, du Portugal, de l’Espagne et de la Suède, soit un nombre significatif des pays de l’Europe de l’ouest.
LE CAS DE LA FRANCE
La France, qui affiche l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2010 comme en 2009 occupe la 10ème place en terme d’EVSI, illustrant ainsi un cas de figure où longue vie ne coïncide pas avec une faible déclaration de limitations dans les activités usuelles. Les hommes français occupent respectivement la 8ème et 11ème place, sur 27, en termes de longévité et d’espérance de vie sans incapacité avec les valeurs de 2009.
L’espérance de vie sans incapacité (EVSI) est un indicateur important des politiques européennes. L’EVSI a été choisi dans le cadre de la stratégie de Lisbonne (2000-2010) pour apprécier la qualité de la vie et l’état de santé fonctionnel des européens. Elle fait partie des indicateurs de santé de la Communauté européenne (ECHI) et a, en outre, été sélectionnée pour fixer l’objectif fondamental du premier partenariat de l’Union de l’innovation (composante recherche et développement de la nouvelle stratégie Europe 2020) : partenariat Vieillissement actif et en bonne santé ; à savoir augmenter de 2 années le nombre des années vécues sans incapacité (HLY) dans l’Union européenne d’ici à 2020. L’EVSI est obtenue en décomposant l’espérance de vie en deux espérances de santé, avec et sans incapacité, grâce à l’introduction de la prévalence de l’incapacité observée en population générale dans le calcul de l’espérance de vie. Dans le cas de l’indicateur européen, la prévalence de l’incapacité provient de l’enquête annuelle EU-SILC dont la réalisation est coordonnée par EUROSTAT. La prévalence de l’incapacité est mesurée au travers des réponses à une question générale sur les limitations d’activité connue sous le nom de GALI : Dans quelle mesure avez-vous été limité(e) depuis au moins 6 mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? EUROSTAT calcule et diffuse l’EVSI comme il le fait pour tous les indicateurs des politiques européennes. L’objectif est de fournir l’année t (i.e., 2012) l’EVSI de l’année t-2 (i.e., 2010). EHLEIS effectue des calculs en parallèle et confronte ses résultats avec ceux d’EUROSTAT. L’Action conjointe européenne, soutenue et supervisée par la Commission européenne, diffuse largement les résultats obtenus (country reports, sites web dédiés, Wikipédia, etc.), encourage une bonne interprétation des EVSI (training material and interpretation guide), promeut leur utilisation dans les politiques socio-économiques et surtout produit des analyses scientifiques sur les tendances et les écarts observés : déterminants, causes et mécanismes.