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Brèves

L’exposition de la mère à la pollution atmosphérique entraine une augmentation du risque de petit poids de naissance

06 Fév 2013 | Par INSERM (Salle de presse) | Cancer | Europe

© AdobeStock

Une étude internationale coordonnée par le Professeur Tracey Woodruff de l’Université de San Francisco révèle que les mères exposées à la pollution atmosphérique due aux particules en suspension dans l’air (émises par les véhicules, les réseaux de chauffage urbain et les centrales au charbon) présentent un risque plus élevé de donner naissance à des bébés ayant un petit poids à la naissance. Cette étude, dont le volet français a été confié à Rémy Slama et Johanna Lepeule, chercheurs au sein de l’unité Inserm U823 « Centre de recherche Institut Albert Bonniot », est publiée le 6 février 2013 dans la revue Environmental Health Perspectives.

L’étude a consisté à analyser les données recueillies sur trois millions de naissances, recensées en Amérique du nord, Amérique du sud, Europe, Asie et Australie. L’étude s’appuie sur les données de registres de naissance (enregistrés électroniquement et facilement accessibles dans certains pays) et des cohortes épidémiologiques. En France, ce sont les femmes et les enfants de la cohorte Eden, coordonnée par l’Inserm à Nancy et Poitiers, qui y ont participé.

Les chercheurs ont constaté sur différents sites dans le monde que plus le taux de pollution est élevé, plus la proportion de naissances avec insuffisance pondérale est importante. Ces travaux sont cohérents avec des résultats obtenus précédemment par l’équipe Inserm d’épidémiologie environnementale dirigée par Rémy Slama :

« à partir de la cohorte Eden, dans laquelle nous avions recueilli les échographies du fœtus, nous avions pu observer que la pollution atmosphérique semblait restreindre la croissance du fœtus dès le milieu de la grossesse ».

« Un petit poids de naissance (poids inférieur à 2,500 kg) implique de graves conséquences sur la santé, dont des risques accrus de morbidité et de mortalité postnatales et des problèmes de santé chroniques plus tard » note l’auteur principal Payam Dadvand, MD, PhD, du Centre pour la recherche en épidémiologie environnementale (CREAL) de Barcelone en Espagne.

« L’élément important observé est que les risques apparaissent à des niveaux de pollution atmosphérique auxquels la quasi-totalité de la population mondiale est exposée habituellement » précise Tracey J. Woodruff.

L’équipe Inserm dirigée par Rémy Slama à Grenoble coordonne actuellement une analyse basée plus particulièrement sur les nouveau-nés de 10 pays européens (dans le cadre du projet ESCAPE) afin de confirmer si ces effets sur le poids de naissance sont observés à l’échelle européenne, et de préciser plus spécifiquement le rôle des polluants urbains.

La question des effets de telles expositions après la naissance est actuellement en cours d’examen grâce au suivi épidémiologique de certains enfants participant à cette étude.

La pollution particulaire est mesurée par la concentration (en microgrammes par mètre cube) des particules suffisamment fines pour pénétrer au plus profond des poumons. Aux Etats-Unis, la règlementation impose que la concentration annuelle moyenne dans l’air ne dépasse pas 12 µg/m3 de particules inférieures à 2,5 microns (ou PM2,5). La limite européenne est fixée à 25 µg/m3 et les agences de régulation de l’Union européenne étudient actuellement la possibilité d’abaisser ce seuil. Cette limite n’est pas respectée dans certaines agglomérations, surtout en proximité du trafic routier. La valeur cible de l’Organisation Mondiale de la Santé de 10 µg/m3 n’est pas respectée dans un grand nombre d’agglomérations françaises.
Contacts
Contact Chercheur

Rémy Slama

Unité Inserm U823 « Centre de recherche Institut Albert Bonniot »

rf.elbonerg-fju@amals.ymer

04 76 54 94 02

Contact Presse

rf.mresni@esserp

Sources

Maternal Exposure to Particulate Air Pollution and Term Birth Weight: A Multi-Country Evaluation of Effect and Heterogeneity

Payam Dadvand, Jennifer Parker, Michelle L. Bell, Matteo Bonzini, Michael Brauer, Lyndsey A. Darrow, Ulrike Gehring, Svetlana V. Glinianaia, Nelson Gouveia, Eun-hee Ha, Jong Han Leem, Edith H. van den Hooven, Bin Jalaludin, Bill M. Jesdale, Johanna Lepeule, Rachel Morello-Frosch, Geoffrey G. Morgan, Angela Cecilia Pesatori, Frank H. Pierik, Tanja Pless-Mulloli, David Q. Rich, Sheela Sathyanarayana, Juhee Seo, Remy Slama, Matthew Strickland, Lillian Tamburic, Daniel Wartenberg, Mark J Nieuwenhuijsen, Tracey J. Woodruff

Environmental Health Perspectives, 06 février 2013

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