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Communiqués et dossiers de presse

Mécanisme de refoulement : peut-on altérer un souvenir à l’insu d’une personne ?

27 Août 2018 | Par INSERM (Salle de presse) | Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie

Photo by Christophe Hautier on Unsplash

Ces dernières années, les neurosciences cognitives ont permis de montrer qu’il était possible d’altérer un souvenir par un effort conscient. Des chercheurs du Centre de Psychiatrie et de Neurosciences de l’Inserm, du Centre Hospitalier Sainte Anne et de l’Université Paris Descartes viennent aujourd’hui de montrer qu’il est possible d’altérer inconsciemment des souvenirs. Cette démonstration expérimentale d’une manipulation inconsciente des souvenirs, qui s’apparente au refoulement, un concept de la psychanalyse, est publiée dans la revue Cognition.

Les chercheurs savent, depuis quelques années qu’en faisant un effort conscient de répression d’un souvenir précis, il est possible de l’altérer, c’est-à-dire de diminuer notre capacité à se le remémorer. Cet effet se traduit par une désactivation des hippocampes cérébraux, structures du cerveau impliquées dans l’encodage de la mémoire. Une telle fragilisation est-elle possible inconsciemment ?

Sous la direction du Professeur Raphaël Gaillard, des chercheurs du Centre de Psychiatrie et de Neurosciences de l’Inserm, du Centre Hospitalier Sainte Anne et de l’Université Paris Descartes ont mis à profit leur expertise de la conscience et des processus inconscients pour tester cette hypothèse.

Afin de recréer en laboratoire les conditions d’un mécanisme de remémoration inconscient, des personnes volontaires ont appris des paires de mots associés (par exemple, bougie-champagne, balade-colline…) puis étaient entraînées, lorsque le premier mot leur était présenté, soit à penser au second mot de la paire, soit à s’empêcher d’y penser, en fonction d’un signal visuel. Un dispositif expérimental similaire avait permis auparavant la démonstration d’une altération d’un souvenir par un effort conscient.

L’originalité de cette étude réside dans le fait que ces signaux visuels donnant la consigne de penser ou de s’efforcer de ne pas penser au second mot de la paire étaient parfois présentés de façon subliminale, c’est-à-dire trop brièvement pour accéder à la conscience. Dans ce cas, les volontaires devaient déterminer le plus rapidement possible si le premier mot était masculin ou féminin. Bien que ces signaux n’aient pas été consciemment perçus, les chercheurs ont mis en évidence une altération sur la capacité à se remémorer le second mot.

De ce fait le signal associé à la consigne de ne pas penser au second mot a diminué la capacité de remémoration de ce mot et le signal associé automatiquement à la consigne d’y penser l’a augmenté. Cette étude démontre ainsi qu’il est possible de manipuler inconsciemment le souvenir d’un mot.

Ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives dans la compréhension des phénomènes psychiques inconscients. Si, dans le cadre du laboratoire et le temps d’une expérience de 2 heures, il est possible de démontrer un tel phénomène de refoulement, dans la vie quotidienne la répétition d’indices altérant un souvenir pourrait avoir des effets majeurs.

Plus généralement, ces travaux montrent une nouvelle fois que la mémoire est susceptible de distorsions, voire de manipulations : un enjeu pour les témoignages et pour la biographie de chacun.  

Contacts
Contact Chercheur
Raphaël Gaillard MD PhD Chef du Pôle Hospitalo - Universitaire Centre Hospitalier Sainte Anne/GHT Paris Université Paris Descartes, Sorbonne Centre Hospitalier Sainte Anne/GHT Paris Université Paris Descartes, Sorbonne Adresse électronique : rf.enna-etnias-hc@dralliag.r Tel : +33 (0)1 45 65 86 52
Contact Presse
Service de presse de l'Inserm rf.mresni@esserp Service de presse de Saint Anne rf.enna-etnias-hc@ettonetap.f Service de presse de Paris Descartes rf.setracsedsirap@esserp
Sources
Unconscious memory suppression Alexandre Salvadora, b, c, Lucie Berkovitchd, e, Fabien Vinckiera, b, c, e, f , Laurent Cohene, g, h, Lionel Naccachee, g, h, Stanislas Dehaened, i ,Raphaël Gaillarda, b, c, * gro.puselamron@dralliag.leahpar aCentre Hospitalier Sainte[HYPHEN]Anne, Service Hospitalo Universitaire, Paris, France bUniversité Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 12 rue de l'école de Médecine, 75006 Paris, France cINSERM, Laboratoire de “Physiopathologie des Maladies Psychiatriques”, Centre de Psychiatrie et Neurosciences, CPN U894, Institut de Psychiatrie GDR 3557 Paris, France dCognitive Neuroimaging Unit, CEA DSV/I2BM, INSERM, Université Paris[HYPHEN]Sud, Université Paris[HYPHEN]Saclay, NeuroSpin Center, 91191 Gif/Yvette, France eUniversité Pierre et Marie Curie[HYPHEN]Paris 6, 4 place Jussieu 75005 Paris, France fMotivation, Brain and Behavior lab, Centre de NeuroImagerie de Recherche, Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, Hôpital de la Pitié[HYPHEN]Salpêtrière, 47 Boulevard de l’Hôpital, Paris 75013, France. gAssistant Publique Hopitaux de Paris (AP[HYPHEN]HP), Groupe Hospitalier Pitie[HYPHEN]Salpetriere, Department of Neurology, 47 Bld de l'Hôpital, 75013 Paris, France hInserm, U1127, CNRS, UMR 7225. Institut du Cerveau et de la Moelle épinière. Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06. Hôpital de la Pitié[HYPHEN]Salpêtrière, 47 Boulevard de l’Hôpital, Paris 75013, France. iCollège de France, 11 place Marcelin Berthelot, 75231 Paris Cedex 05, France *Corresponding author at: Centre Hospitalier Sainte[HYPHEN]Anne, Service Hospitalo Universitaire, 1, rue Cabanis, Paris, France. DOI : 10.1016/j.cognition.2018.06.023
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