L’équipe de chercheurs menée par Giovanni Marsicano, directeur de recherche Inserm au sein de l’unité 862 (NeuroCentre Magendie de Bordeaux), est parvenue à élucider comment le système endocannabinoïde contrôle la prise alimentaire en agissant sur la perception des odeurs. Ces travaux sont à paraître dans la revue Nature Neuroscience, datée du 9 février 2014.
© Charlie Padgett
Chez l’animal, comme chez l’homme, on sait que ce sont les mécanismes de la faim qui incitent la prise alimentaire. La faim déclenche un ensemble de mécanismes poussant à s’alimenter, comme par exemple l’augmentation des perceptions sensorielles telles que l’olfaction. Or, les chercheurs sont parvenus à démontrer ce qui lie dans le cerveau la faim à l’augmentation de la perception de l’odeur et par conséquent au besoin de manger.
Les chercheurs ont découvert chez la souris comment ce mécanisme est enclenché au niveau du système endocannabinoïde. Ce système rassemble des récepteurs situés dans le cerveau et impliqués dans différentes sensations comme l’euphorie ou l’anxiété, ou encore la douleur, et également sensibles aux substances cannabinoïdes, comme le cannabis.
Les chercheurs ont découvert que les récepteurs au cannabinoïdes CB1 contrôlent un circuit qui met en relation le bulbe olfactif (première région du système nerveux à traiter l’information olfactive, situé au-dessus du nez) et le cortex olfactif (structures supérieures du cerveau). Quand la sensation de faim est ressentie, elle déclenche l’activité des récepteurs cannabinoïdes qui activent à leur tour le circuit olfactif qui devient plus réactif.
C’est donc ce mécanisme biologique qui provoque l’augmentation de l’olfaction pendant la faim et qui explique une des raisons de la prise alimentaire et de l’attirance pour la nourriture.
Chez les patients obèses ou anorexiques, les chercheurs supposent que le circuit impliquant le système olfactif est altéré : la sensibilité aux odeurs va être plus ou moins forte par rapport à la normale. L’élucidation du mécanisme biologique permettra à long terme une meilleure prise en charge de ce type de pathologies.
Ces travaux ont été financés par l’ERC (European Research Council).