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Entre 2010 et 2012 en France, 256 femmes sont décédées d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites, soit 85 par an. Si les inégalités persistent, on observe une baisse de moitié du taux de mortalité par hémorragie, qui témoigne d’une amélioration des soins autour de l’accouchement. Ces résultats épidémiologiques sont rendus publics à travers le rapport triennal de l’Enquête Confidentielle sur les Morts Maternelles (ENCMM), analysant la période 2010-2012 et menée par l’équipe Inserm EPOPé – « Equipe de Recherche en Épidémiologie Obstétricale, Périnatale et Pédiatrique » du Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité (Unité 1153 CRESS).
Considéré internationalement comme un reflet de la qualité globale du fonctionnement du système de soins d’un pays, le taux de mortalité maternelle constitue un indicateur clé de santé publique. Coordonnée par l’équipe Inserm EPOPé depuis 1996 et dirigée par Catherine Deneux-Tharaux, l’Enquête Confidentielle sur les Morts Maternelles (ENCMM) permet d’identifier de façon exhaustive les causes de décès des femmes survenant avant, pendant ou suite à un accouchement. Ceci permet d’extraire toute l’information pour comprendre l’enchaînement des événements ayant conduit au décès et en tirer des leçons pour l’avenir. Cette analyse, conduite par le Comité National d’Experts sur la Mortalité Maternelle (placé sous l’égide de Santé Publique France depuis 2014) permet de mettre en évidence d’éventuels dysfonctionnements du système de soins, également responsables de complications non mortelles, plus nombreuses mais plus difficiles à étudier.
Pour la période étudiée allant de 2010 à 2012, 256 décès maternels ont été identifiés, ce qui représente 85 femmes décédées par an en France. Ce chiffre correspond à environ 10 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Cette valeur reste stable par rapport à la période précédente (2007-2009) et se situe dans la moyenne des pays européens. Cependant, 56% de ces décès sont considérés comme « évitables » ou « peut-être évitables » et dans 59% des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux, ce qui témoigne d’une marge d’amélioration.
Baisse de la mortalité directe (lors de l’accouchement)
Toutefois, la quasi-totalité des décès par hémorragie restants est jugée évitable et cette cause reste la 1ère cause de mortalité maternelle en France (11% des décès) alors qu’ils sont devenus exceptionnels dans d’autres pays. Ainsi, « la mobilisation ne doit pas diminuer et les résultats de ce rapport permettent de dessiner de nouveaux axes de travail pour réduire encore la mortalité par hémorragie » estiment les chercheurs.
Des inégalités territoriales et sociales qui persistent
Certaines inégalités de mortalité maternelle persistent et sont préoccupantes. Il s’agit de disparités territoriales : 1 mort maternelle sur 7 survient dans les Départements d’Outre-Mer (DOMs), et le nombre de décès maternels rapportés aux naissances vivante dans les DOMs est 4 fois plus élevé qu’en métropole (40 versus 9 décès/ 100 000 naissances vivantes).
Et de disparités sociales : la mortalité des femmes migrantes reste 2,5 fois plus élevée que celle des femmes nées en France. Cette surmortalité est particulièrement marquée pour les femmes nées en Afrique subsaharienne dont le risque est 3,5 fois supérieur à celui des femmes nées en France. L’analyse du parcours de ces femmes suggère, entre autres éléments, que la barrière linguistique serait parfois impliquée dans la chaine d’évènements ayant conduit au décès.
Une stabilité globale qui cache d’autres phénomènes
La stabilité globale de la mortalité maternelle depuis 2007 peut s’expliquer par deux phénomènes :