« Des soins intensifs périnatals efficaces en Europe : traduire les connaissances en pratiques fondées sur les preuves » tel est le thème réunissant les 12 institutions partenaires d’EPICE – Effective Perinatal Intensive Care in Europe – projet européen financé par le 7ème Programme-Cadre « Santé » et coordonné par l’Inserm. Ce rendez-vous organisé à Paris, la semaine prochaine, sera l’occasion de la présentation de l’étude de cohorte de plus de 8 000 nourrissons prématurés. Retour sur les premiers résultats issus de ce projet démarré en 2011.
Vers des changements de pratiques dans les unités de néonatalogie
Le projet EPICE, démarré il y a 18 mois, vise à recueillir des données issues de 19 régions européennes (en orange sur la carte) et à analyser les facteurs qui favorisent l’utilisation de pratiques médicales fondées sur les preuves scientifiques pour la prise en charge des grands prématurés.
©EPICE
« La nécessité de mettre en place un projet de recherche européen est née du constat que les taux de mortalité et de morbidité chez les grands prématurés varient d’un facteur supérieur à deux selon les régions européennes » explique Jennifer Zeitlin, coordinatrice du projet EPICE et chargée de recherche à l’Inserm (Unité 953 « Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants »).
Les enfants grands prématurés nés avant 32 semaines d’âge gestationnel (8ème mois de grossesse) représentent 1 à 2% de la totalité des naissances. Ces enfants ont un risque plus élevé de mortalité et de troubles neurologiques à long terme que les enfants nés à terme.
Le projet EPICE a donc pour objectif d’améliorer la survie et la santé à long terme des grands prématurés en s’assurant que les connaissances médicales soient traduites en soins périnatals efficaces. Le projet EPICE cherche à aller au-delà des connaissances actuelles en fournissant des stratégies d’intervention pour obtenir un changement des pratiques médicales qui sont fondées sur les preuves dans la prise en charge des grands prématurés.
Il en découlera également une base méthodologique et conceptuelle pour les futurs travaux scientifiques sur l’efficacité des stratégies d’intervention.
Un mode opératoire utilisant la médecine fondée sur les preuves
Promouvoir l’utilisation des recommandations cliniques fondées sur les preuves est une approche prometteuse et efficace pour améliorer la qualité des soins. Les chercheurs du projet EPICE étudient un large éventail d’interventions afin de mesurer leur utilisation et les facteurs favorisant leur diffusion dans la pratique clinique courante. « Le but est d’apprendre de l’expérience des unités néonatales les plus performantes d’Europe et d’utiliser ces connaissances pour améliorer les soins offerts aux grands prématurés »
explique Jennifer Zeitlin.
19 interventions médicales pertinentes ont été choisies en fonction de leur importance clinique, de la solidité des preuves, de la faisabilité de la collecte de données. Les interventions étudiées concernent par exemple :
– l’utilisation des corticostéroïdes prénatals pour la maturation des poumons avant un accouchement très prématuré,
– le transfert des femmes enceintes dans des centres spécialisés incluant une réanimation néonatale (maternités de niveau 3) avant l’accouchement,
– la limitation du recours aux corticostéroïdes postnatals.
– la promotion de l’allaitement.
Depuis mars 2011, deux études épidémiologiques sont menées en parallèle : la première est la création d’une cohorte de plus de 8 000 nourrissons grands prématurés (entre 180 et 1500 inclusions par pays) et la seconde recense les protocoles et l’organisation des soins dans les maternités et les unités de néonatologie qui prennent en charge ces mêmes enfants.
– La cohorte fournira des données sur la prise en charge des enfants grands prématurés et les pathologies qu’ils ont présentées, de la naissance à la sortie de l’hôpital. Ce recueil sera complété par des informations sur leur santé et leur développement à 2 ans, recueillies auprès des familles par questionnaire.
– Les questionnaires auprès des équipes médicales dans 261 maternités et unités néonatales recueillent des données sur les caractéristiques des unités, leur organisation et les politiques d’utilisation de certaines interventions et procédures.
L’équipe multidisciplinaire du projet apporte à la fois une expertise en obstétrique, en médicine néonatale, en épidémiologie et en recherche sur les services de santé. Ainsi, le projet renforce la coopération et l’excellence en Europe en rassemblant des initiatives de recherche nationales.
En quoi la médecine fondée sur les preuves est-elle nécessaire ?
La médecine fondée sur les preuves (« evidence-based medicine ») améliore la qualité des soins. Elle est définie en fonction de la robustesse des preuves vis-à-vis des bienfaits d’une pratique, de ses avantages et des éventuels risques des traitements. Elle permet aux professionnels de santé de choisir des traitements et des pratiques ayant fait preuve de leur efficacité clinique.
* Pour en savoir plus
EPICE www.epiceproject.eu
Des soins intensifs périnatals efficaces en Europe : traduire les connaissances en médecine fondée sur les preuves
Le projet EPICE est consacré aux pratiques médicales apportées aux grands prématurés nés avant 32 semaines de gestation, dans onze pays européens. Le but du projet est d’évaluer les pratiques et d’en tirer des améliorations de soins, car ces enfants courent un plus grand risque de mortalité et de troubles neurologiques à long terme que les enfants nés à terme.
EPICE a démarré en 2011 et est soutenu par l’Union Européenne (PC7) pendant 5 ans. Il est coordonné par l’Inserm, comme 27 autres projets « santé » européens. Le projet implique 12 partenaires et 6 partenaires associés, basés dans 11 pays européens :
Les 12 partenaires :
Inserm (coordinateur), France
SPE, Belgique
Hvidore Hospital, Danemark
Universitas Tartuensis, Estonie
Philipps Universität Marburg, Allemagne
Bambino Gesu Ospedale Pediatrico, Italie
Laziosanita Agenzia Di Sanita Pubblica, Italie
Radboud University Nijmegen Medical Centre, Pays Bas
Poznan University of Medical Sciences, Pologne
U.Porto, Portugal
University of Leicester, Royaume-Uni
Karolinska Institutet, Suède
EPICE en France
Le projet EPICE en France fait partie de l’étude nationale EPIPAGE 2 (étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels) qui constitue une cohorte des enfants grands prématurés mise en place en 2011 dans les 22 régions de France métropolitaine et les DOM. L’étude permettra de suivre plus de 4 000 enfants prématurés jusqu’à l’âge de 11-12 ans. Trois régions françaises, l’Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais et la Bourgogne, participent à l’EPICE.
Ce projet est mené par l’unité Inserm 953 (« Recherche épidémiologique en santé périnatale et dans té des femmes et des enfants ») en collaboration avec l’équipe 2, de l’UMRS 1027, dirigée par le Dr Catherine Arnaud (Epidémiologie périnatale, handicap de l’enfant et santé des adolescents), et les équipes cliniques et de recherche des régions participantes.
Pour plus d’information sur cette étude : www.epipage2.inserm.fr (investigateur principal : Pierre-Yves Ancel, Inserm U953)
Créé en 1964, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et du ministère de la Santé.
Ses chercheurs ont pour vocation l’étude de toutes les maladies, des plus fréquentes aux plus rares, à travers leurs travaux de recherches biologiques, médicales et en santé des populations.
Avec un budget 2011 de 905 M€, l’Inserm soutient quelque 300 laboratoires répartis sur le territoire français. L’ensemble des équipes regroupe près de 13 000 chercheurs, ingénieurs, techniciens, gestionnaires…
L’Inserm est membre de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé, fondée en avril 2009 avec le CNRS, le CEA, l’Inra, l’Inria, l’IRD, l’Institut Pasteur, la Conférence des Présidents d’Université (CPU) et la Conférence des directeurs généraux de centres hospitaliers régionaux et universitaires. Cette alliance s’inscrit dans la politique de réforme du système de recherche visant à mieux coordonner le rôle des différents acteurs et à renforcer la position de la recherche française dans ce secteur par une programmation concertée.
L’Inserm est le premier porteur de projets européens « Santé » avec 28 projets coordonnés par l’institut dans le cadre PC7.