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4% des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules (CBNPC) sont porteurs du réarrangement de gène ALK. Les chercheurs de Gustave Roussy, de l’Inserm et de l’Université Paris-Sud démontrent que l’on peut aujourd’hui prédire l’efficacité de leur traitement (crizotinib) grâce à deux prélèvements sanguins. Ces prises de sang (avant et 2 mois après le début du traitement) permettent de mesurer la variation du nombre de cellules tumorales circulantes[1] (CTC) porteuses d’une anomalie génétique particulière (nombre anormal de copies du gène ALK). Une diminution du nombre de ces cellules permet de prédire une survie sans rechute plus longue chez ces patients. Ces travaux sont publiés dans la revue Cancer Research le 1er mai. Ils illustrent le potentiel des CTC en tant que biopsie liquide.
« L’importance et la durée de la réponse au crizotinib est impossible à prévoir et l’apparition d’une résistance est très variable selon les patients, de quelques mois à plusieurs années. Aujourd’hui il n’y a aucun moyen de distinguer les patients qui vont avoir une réponse durable de ceux qui vont résister précocement. Identifier un biomarqueur est un fort enjeu pour eux car d’autres traitements ciblant la résistance au crizotinib ont été développés » explique Françoise Farace, directrice de la plateforme cellules circulantes rares à Gustave Roussy.
Disponible depuis 2011, le crizotinib est le traitement standard pour les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules porteurs du réarrangement de gène ALK. Ces patients sont généralement jeunes et non-fumeurs.
Les 39 patients inclus dans cette étude ont tous eu une prise de sang avant de débuter le crizotinib. Une deuxième prise de sang a été réalisée deux mois après chez 29 patients (les échantillons de sang de 10 patients suivis dans d’autres centres n’ont pas pu être analysés). Dans les deux prélèvements de sang, les chercheurs ont isolé les CTC dans lesquelles ils ont analysé le réarrangement de gène ALK ainsi que la présence d’un nombre anormal de copies de ce gène.
« Ces résultats doivent être confirmés par d’autres études pour pouvoir être exploités en routine clinique. Dans ce cas, deux prélèvements sanguins suffiront à prédire l’efficacité du crizotinib chez ces patients alors que ni les biopsies tumorales qui sont invasives et pas toujours réalisables, en particulier sous traitement, ni l’ADN circulant, ni la seule analyse des CTC avant traitement ne le permettent » conclut Françoise Farace.
[1] Présentes dans le sang en faible quantité, les cellules tumorales circulantes ou CTC peuvent être isolées des autres éléments sanguins et analysées. Leur analyse est plus complexe que le séquençage de l’ADN circulant, mais elles peuvent apporter des informations plus complètes.