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Magnus Bäck
Unité 1116 Inserm/Université de Lorraine
Défaillance cardiovasculaire aiguë et chronique
Athanase Benetos
Unité 1116 Inserm/Université de Lorraine
Défaillance cardiovasculaire aiguë et chronique
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Les maladies cardiovasculaires représentent la principale cause de décès dans le monde[1]. Prévenir ce qu’on appelle le risque cardiovasculaire en identifiant les personnes qui y sont le plus susceptibles est un enjeu majeur de santé publique. Dans une nouvelle étude, des chercheurs et des chercheuses de l’Inserm, de l’Université de Lorraine et du CHRU de Nancy se sont intéressés à ce sujet, en se penchant plus spécifiquement sur la rigidité artérielle et son évolution avec l’âge, le vieillissement étant associé à une perte de souplesse des artères. Grâce aux données de santé collectées auprès de plus de 1 250 Européens, leurs travaux confirment que plus la rigidité artérielle est élevée, plus le risque cardiovasculaire est augmenté. Les scientifiques suggèrent d’utiliser la mesure de la rigidité artérielle comme outil de prédiction du risque cardiovasculaire du patient et soulignent l’intérêt du recours en clinique à un outil spécifique appelé CAVI (Cardio Ankle Vascular Index ou Indice vasculaire cardio/cheville). Ces résultats sont publiés dans la revue eBioMedicine.
Le risque cardiovasculaire est la probabilité de survenue d’une maladie ou d’un accident cardiovasculaire (maladies du cœur et des artères). Trouver une mesure qui permette de prédire ce risque en détectant au plus tôt les facteurs qui peuvent l’influencer est un enjeu de taille pour la recherche. Les facteurs de risque déjà bien connus sont l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, l’hypercholestérolémie, le surpoids ou la sédentarité.
De précédentes études ont montré que le vieillissement a un effet sur la souplesse de nos artères : celles-ci deviennent de plus en plus rigides à mesure que nous vieillissons. D’autre part, la littérature scientifique indique que cette perte de souplesse peut être accélérée par d’autres facteurs durant le vieillissement (par exemple l’hypertension ou le diabète), et qu’elle est associée à un risque cardiovasculaire accru. En se fondant sur ces éléments, il avait été suggéré que s’intéresser à la rigidité artérielle pouvait présenter un intérêt pour prévenir le risque cardiovasculaire. Toutefois, l’examen de la rigidité artérielle ne figure pas parmi la liste des pratiques recommandées en clinique.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs et des chercheuses de l’Inserm, de l’Université de Lorraine et du CHRU de Nancy se sont intéressés à un outil de mesure de la rigidité artérielle appelé CAVI (Cardio Ankle Vascular Index ou Indice vasculaire cardio/cheville), avec l’hypothèse que son utilisation en clinique pourrait permettre de prédire le risque cardiovasculaire des patients.
Les scientifiques se sont spécifiquement intéressés à CAVI en raison de sa précision dans les mesures, du fait qu’il ne soit pas influencé par la pression artérielle mais le reflet de la structure même de l’artère, ainsi que par son caractère non invasif. En effet, l’indice CAVI est mesuré par le biais de deux brassards disposés autour de chaque bras ainsi que de deux autres au niveau des chevilles, évaluant ainsi la rigidité de l’artère fémorale à l’artère tibiale. Un microphone est par ailleurs disposé au niveau du cœur. L’outil mesure ainsi la vitesse de circulation du sang et calcule un indice chiffré : plus le numéro est élevé, plus la rigidité des artères est forte[2].
Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont suivi 1 250 personnes originaires de 18 pays européens toutes âgées de plus de 40 ans[3]. Celles-ci ont renseigné leurs antécédents médicaux et ont passé un examen physique incluant une évaluation de leur rigidité artérielle grâce à l’outil de mesure CAVI. Elles ont ensuite été convoquées pour un examen de suivi deux ans après, et pour certaines, jusque 5 ans après la première mesure. L’objectif du suivi était d’évaluer la progression de la rigidité artérielle et de corréler cette évolution avec l’état de santé général des participants.
Grâce à leurs mesures, les chercheurs ont pu observer que chaque augmentation d’un point de l’indice CAVI, qui correspond à une augmentation d’environ 10 % de la rigidité artérielle, était associée à un risque accru de 25 % de survenue d’un événement cardiovasculaire dans les années qui suivaient la mesure.
Par ailleurs, les chercheurs se sont intéressés à ce qui pouvait influencer l’évolution de la rigidité artérielle. Ils ont observé que l’âge avait un effet sur la valeur de l’indice CAVI, mais aussi sur la progression de cet indice. Ainsi au cours du vieillissement, celui-ci augmente plus rapidement. Ils ont également observé un impact de la pression artérielle : plus celle-ci est élevée plus l’indice CAVI l’est aussi.
Les scientifiques ont ensuite essayé de déterminer un seuil de rigidité artérielle qui serait associé à un risque cardiovasculaire accru et pourrait être communément reconnu et adopté par les cliniciens, dans l’optique de mettre en place un suivi plus poussé des patients. Ils ont observé qu’un indice CAVI ayant une valeur supérieure à 9.25 était associé à un risque cardiovasculaire élevé à partir de 60 ans.
Enfin, ils ont observé que les traitements pour le cholestérol ou le diabète avaient un effet sur le taux de progression de la rigidité artérielle. Ces observations sont encore à l’étude mais suggèrent que certains traitements pourraient permettre de ralentir la progression de la rigidité artérielle.
« Nos résultats suggèrent que l’indice CAVI pourrait être un outil de mesure de prédiction du risque cardiovasculaire, facile, rapide et non invasif. Son recours pourrait figurer à l’avenir parmi la liste des examens recommandés en clinique pour prédire le risque cardiovasculaire d’une personne et lui apporter un suivi préventif », explique Magnus Bäck, premier auteur de l’étude.
« En plus d’un outil facile à déployer, celui-ci permettrait de déterminer l’âge réel du système cardiovasculaire », explique Athanase Benetos, dernier auteur de l’étude.
[1] Données de l’OMS : https://www.who.int/fr/health-topics/cardiovascular-diseases#tab=tab_1
[2] Un indice de 10 est déjà signe d’une grande rigidité.
[3] L’étude TRIPLE-A-Stiffness est une étude de cohorte longitudinale internationale ayant recruté plus de 2 000 participants âgés de plus de 40 ans issus de 18 pays européens. Parmi eux, 1 250 sujets (55 % de femmes) ont été suivis pendant une durée médiane de 3,82 (2,81 – 4,69) ans.
Magnus Bäck
Unité 1116 Inserm/Université de Lorraine
Défaillance cardiovasculaire aiguë et chronique
Athanase Benetos
Unité 1116 Inserm/Université de Lorraine
Défaillance cardiovasculaire aiguë et chronique
Cardio-Ankle Vascular Index for predicting cardiovascular morbimortality and determinants for its progression in the prospective Advanced Approach to Arterial Stiffness (TRIPLE-A-Stiffness) study
eBioMedicine, 16 avril 2024
DOI : https://doi.org/10.1016/j.ebiom.2024.105107
Magnus BÄCK1,2,3 , Jirar TOPOUCHIAN4, Carlos LABAT2, Sylvie GAUTIER3, Jacques BLACHER4, Marcin CWYNAR5, Alejandro de la SIERRA6, Denes PALL7, Kevin DUARTE3, Francesco FANTIN8, Katalin FARKAS9, Luis GARCIA-ORTIZ10, Zoya HAKOBYAN11, Piotr JANKOWSKI12, Ana JELAKOVIC13, Marina KOTSANI3, Alexandra KONRADI14, Oksana MIKHAILOVA15, Iveta MINTALE16, Oscar PLUNDE1, Rafael RAMOS17, Anatoly ROGOZA15, Yuriy SIRENKO18, Nebojsa TASIC19, Iurii RUDYK20, Saule URAZALINA21, Peter WOHLFAHRT22, Parounak ZELVEIAN11, Roland ASMAR23, Athanase BENETOS2,3
1 Department of Medicine Solna, Karolinska Institutet and Department of Cardiology Karolinska University Hospital, Stockholm, Sweden
2 Inserm U1116, Nancy, France
3 CHRU Nancy, University Hospital of Nancy, France
4 Paris-Descartes University, AP-HP, Diagnosis and Therapeutic Center, Hôtel Dieu, Paris, France
5 Department of Internal Medicine and Gerontology, Jagiellonian University Medical College, Kraków, Poland
6 Department of Internal Medicine, Hospital Mutua Terrassa, University of Barcelona, Terrassa, Spain
7 Department of Medical Clinical Pharmacology, University of Debrecen, Hungary
8 Department of Medicine, Section of Geriatric Medicine, University of Verona, Italy
9 Cardiometabolic Centre, Dept. of Angiology, Szent Imre University Teaching Hospital, Budapest Hungary
10 Primary Care Research Unit of Salamanca (APISAL), Biomedical Research Institute of Salamanca (IBSAL). Department of Biomedical and Diagnostic Sciences, University of Salamanca, Salamanca, Spain
11 Institute of Cardiology, Centre of Preventive Cardiology, Yerevan, Armenia
12 Department of Internal Medicine and Geriatric Cardiology, , Centre of Postgraduate Medical Education, Warsaw, Poland
13 Department of Nephrology, Hypertension, Dialysis and Transplantation, University Hospital Centre, Zagreb, Croatia
14 Almazov Federal Medical Research Centre, St-Petersburg, Russia
15 FSBI “Chazov National Medical Research Centre of Cardiology” of the Ministery of Health of the Russian Federation, Moscow, Russia
16 P. Stradins University Hospital, Cardiology Centre, Riga, Latvia
17 Institut Universitari d’Investigació en Atenció Primària Jordi Gol, Department of Medical Sciences, University of Girona, Primary Care Services, Biomedical Research Institute, Institut Català de la Salut, Girona, Spain
18 Institute of Cardiology, Kiev, Ukraine
19 Cardiovascular Institute, Dedinje, Belgrade, Serbia
20 Government Institution, L.T. Malaya Therapy Institute of the National Academy of Medical Sciences of Ukraine, Kharkov, Ukraine
21 Scientific and Research Institute of Cardiology and Internal Diseases, Almaty, Kazakhstan
22 Department of Preventive Cardiology, Institute for Clinical and Experimental Medicine, Prague, Czech Republic
23 Foundation-Medical Research Institutes. Paris, France