Contact Chercheur
Blandine de Lauzon-Guillain
Centre de Recherche en Epidémiologique et StatistiqueS (Inra, Inserm, Université de Paris)
Département scientifique Alimentation humaine
Centre Ile-de-France-Jouy-en-Josas
01 45 59 50 19
©Photo Kelly Sikkema on Unsplash
Les préparations infantiles hypoallergéniques sont recommandées pour les nourrissons considérés comme à risque de développer des allergies et qui ne sont pas exclusivement allaités. Elles sont censées éviter que les bébés ne développent des allergies plus tard dans leur vie. Mais sont-elles efficaces ? Une équipe menée par l’Inra et l’Inserm a montré que l’utilisation de ces préparations n’est pas associée à une diminution du risque d’allergie. Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’ELFE, la première étude épidémiologique d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants, de la naissance à l’âge adulte. Publiés dans la revue Pediatric Allergy and Immunology, ces résultats ne permettent pas d’établir de lien de causalité pour les effets observés mais ils soulignent la nécessité de réaliser des études cliniques sur ces préparations avant de promouvoir leur potentiel effet hypoallergénique.
Les préparations infantiles hypoallergéniques contiennent des protéines partiellement hydrolysées, c’est-à-dire fragmentées en petits morceaux. Elles sont censées protéger l’enfant contre le développement d’allergies et sont, de ce fait, recommandées par certaines sociétés savantes pour l’alimentation des nourrissons dont au moins un parent ou un membre de la fratrie a des antécédents d’allergie. Or, l’efficacité de ces préparations est controversée. Peu de données sont disponibles sur leur influence dans la prévention des allergies en conditions réelles d’utilisation. Et certaines sociétés de pédiatrie comme la société américaine de pédiatrie et la société suisse de pédiatrie ont récemment retiré leur recommandation vis-à-vis de ces préparations infantiles.
Les chercheurs de l’Inra et de l’Inserm ont voulu établir la relation entre la consommation de ces préparations infantiles et la survenue de manifestations allergiques telles que l’eczéma, les sifflements respiratoires, l’asthme et les allergies alimentaires. Pour cela, ils ont suivi pendant deux ans 15 000 enfants dans le cadre de l’étude ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance) conduite par l’INED et l’INSERM. Cette ambitieuse enquête, la première en son genre en France, cherche à mieux comprendre comment l’environnement affecte le développement, la santé, la socialisation et les parcours scolaires des enfants. En particulier, ELFE cherche à mesurer l’impact de l’alimentation sur les plus jeunes.
Les chercheurs ont montré que 5% des enfants consommant à l’âge de 2 mois des préparations infantiles recevaient ces préparations dites hypoallergéniques. Pourtant, la moitié d’entre eux n’avait aucun antécédent familial d’allergie qui justifierait leur prescription.
Ces résultats épidémiologiques devront être complétés par de nouvelles études. Ils apportent en outre des arguments en faveur d’un nouveau règlement européen, qui entrera en vigueur en 2021 et qui imposera la réalisation d’études cliniques sur ces produits avant de promouvoir un effet protecteur face au développement d’allergies.
Blandine de Lauzon-Guillain
Centre de Recherche en Epidémiologique et StatistiqueS (Inra, Inserm, Université de Paris)
Département scientifique Alimentation humaine
Centre Ile-de-France-Jouy-en-Josas
01 45 59 50 19
Use of partially hydrolysed formula in infancy and incidence of eczema, respiratory symptoms or food allergies in toddlers from the ELFE cohort.
Camille Davisse-Paturet, Chantal Raherison, Karine Adel-Patient, Amandine Divaret-Chauveau, Corinne Bois, Marie-Noëlle Dufourg, Sandrine Lioret, Marie-Aline Charles, Blandine de Lauzon-Guillain. Pediatric Allergy and Immunology. Early view le 24 juillet 2019.