La maladie à virus Ebola est une infection grave dont la létalité varie entre 30 et 90 % en l’absence de traitement. Entre 2018 et 2020, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri (RDC), la dixième épidémie d’Ebola a été la plus longue et la plus meurtrière jamais enregistrée jusqu’à présent dans le pays, et la deuxième plus importante au monde, après celle de 2013-2016 en Afrique de l’Ouest.
L’expérience acquise lors des précédentes épidémies a permis l’adoption de mesures de prévention et la mise en œuvre de nouvelles stratégies pour lutter contre le virus. Ainsi, certains médicaments spécifiques contre Ebola, en particulier les anticorps monoclonaux, ont permis d’améliorer les soins et la survie des patients. Dans cette étude, pour mieux comprendre les effets à long terme de ces traitements, les chercheurs ont évalué la réponse immunitaire humorale 2 chez les survivants traités avec des médicaments anti-Ebola au cours de la dixième épidémie d’Ebola en RDC.
Les participants de l’étude observationnelle, « Les vainqueurs d’Ebola », ont été recrutés le jour de leur sortie du Centre de Traitement Ebola (CTE) et suivis jusqu’à 12 mois. Sur les 787 survivants inclus dans l’étude, les chercheurs ont étudié la réponse aux anticorps pour 358 d’entre eux : à leur sortie, près d’un quart étaient séronégatifs pour au moins deux antigènes du virus. Les personnes ayant reçu des traitements spécifiques contre Ebola, en particulier des anticorps monoclonaux (Ansuvimab), connaissaient, au fil du temps, une baisse rapide de leurs taux d’anticorps au virus. Ces résultats soulèvent de nombreuses questions, notamment concernant l’impact de ces anticorps sur la persistance virale dans les sites immunitaires privilégiés avec un risque de rechute ou de manifestations cliniques persistantes (séquelles), et également sur le risque de réinfection chez ces patients.
Cette étude souligne la nécessité de poursuivre la recherche sur le réservoir humain du virus Ebola afin de mieux comprendre les facteurs de persistance et de résurgence du virus et de développer ainsi des médicaments susceptibles de l’éradiquer. D’un point de vue de santé publique, il est important de poursuivre le suivi des personnes déclarées guéries d’une infection par le virus Ebola et de discuter de l’opportunité de les vacciner afin de contribuer à éviter toute résurgence ou réinfection. Enfin, cette étude illustre l’importance des interventions en période épidémique, associant trois actions essentielles : la prise en charge, la recherche et la capacité des équipes à se mobiliser.