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Communiqués et dossiers de presse

Suivi des recommandations nutritionnelles : un impact positif confirmé sur l’environnement

24 Mar 2020 | Par INSERM (Salle de presse) | Santé publique

En 2017, les recommandations nutritionnelles françaises ont été mises à jour et ont inclus, pour la première fois, la préservation de l’environnement. Des scientifiques d’INRAE, de l’Inserm, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de SOLAGRO ont conduit une évaluation multicritère des nouvelles recommandations nutritionnelles françaises en se basant sur les données de 28 340 participants de l’étude de cohorte NutriNet-Santé. Leurs résultats, publiés le 23 mars dans Nature Sustainability, démontrent que le suivi de ces nouvelles recommandations nutritionnelles a un impact positif tant sur la santé que sur l’environnement.

Les régimes alimentaires occidentaux sont caractérisés par des apports importants en sucre, sel, graisses saturées et viande ainsi qu’une forte consommation d’aliments transformés. Au-delà des conséquences pour la santé, les systèmes alimentaires actuels sont responsables de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) et contribuent de façon importante à la pollution de l’eau et des sols et à la perte de biodiversité. Dans ce contexte, changer les habitudes de production et de consommation alimentaires est une nécessité. Ce constat a conduit à la définition de l’alimentation durable par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme « protectrice et respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes, culturellement acceptable, accessible, économiquement juste et abordable, saine et équilibrée, répondant aux besoins humains, tout en optimisant les ressources humaines et naturelles »1.

Depuis 2001, la France élabore des recommandations nutritionnelles via le Programme national nutrition santé (PNNS) qui vise à améliorer la santé de la population en agissant sur un de ses déterminants majeurs, la nutrition (alimentation et activité physique). Les recommandations nutritionnelles de 2001 visaient, entre autres, à augmenter la consommation de fruits et légumes et à favoriser la consommation de produits laitiers pour le calcium. Ces recommandations ont été mises à jour en 20172 en accord avec la littérature scientifique actualisée et soulignent la nécessité d’intégrer la dimension environnementale de l’alimentation. En 2017, le Programme national nutrition santé recommande, entre autres, de diminuer sa consommation de viande rouge et de charcuterie, de produits sucrés, un apport suffisant mais limité de produits laitiers, une limitation des apports d’alcool et d’augmenter sa consommation d’aliments d’origine végétale (fruits et légumes, légumineuses, produits céréaliers complets) et de favoriser les aliments issus de l’agriculture biologique. De nouvelles catégories d’aliments ont également été prises en compte comme les fruits à coque non salés. Dans cette étude les scientifiques ont cherché à évaluer l’impact des recommandations nutritionnelles sur la santé mais également sur l’environnement en comparant les groupes d’individus qui suivaient les recommandations et ceux qui ne les suivaient pas ou peu. Ils ont également comparé la durabilité des recommandations de 2001 et de 2017.

Une analyse multicritère pour comprendre l’influence des recommandations nutritionnelles sur la santé et l’environnement

Pour analyser l’impact des recommandations nutritionnelles de 2001 et 2017 sur la santé et l’environnement, les scientifiques ont associé plusieurs indicateurs en se basant sur des critères nutritionnels (nombre de calories, type d’aliments consommés…), environnementaux (émission de GES, ressources utilisées, occupation des sols…), économiques (coût de l’alimentation) et toxicologiques (exposition aux résidus de pesticides). L’objectif était double : comprendre l’influence du suivi des recommandations de 2017 sur la santé et l’environnement et pouvoir comparer l’impact relatif de ces recommandations par rapport de celles de 2001.

Leurs résultats montrent que les participants qui suivent (comparés à ceux qui les suivent moins) les recommandations nutritionnelles de 2017 réduisent l’impact global sur l’environnement de leur alimentation de 50%(au travers des 3 indicateurs étudiés). En comparaison, ceux qui suivaient les recommandations de 2001 réduisaient de seulement 25% leur impact sur l’environnement. En termes d’impact sur la santé, l’application des recommandations nutritionnelles de 2017 est également plus performante que celles de 2001 : le suivi des recommandations de 2017 permettrait de prévenir 35 000 morts prématurées, principalement liées à des maladies cardiovasculaires, 10% de plus que les recommandations de 2001. Cependant au niveau économique, le coût de l’alimentation pour les personnes suivant le mieux les recommandations de 2017 est légèrement plus élevé (un peu moins de 1€ de coût supplémentaire par jour et par personne).

En termes de santé publique et dans le contexte du changement climatique, ces résultats confirment le co-bénéfice des recommandations nutritionnelles pour la promotion de la santé individuelle et la préservation de l’environnement. Si elles sont adoptées par une large partie de la population, les recommandations nutritionnelles de 2017 pourraient contribuer à la prévention de maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers tout en réduisant les impacts environnementaux liés à l’alimentation.

1 Garnett T. Where are the best opportunities for reducing greenhouse gas emissions in the food system (including the food chain) ? Food Policy 36, S23-S32 (2011)

2 https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2019/sante-publique-france-presente-les-nouvelles-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite

L’étude NutriNet-Santé

 

Il s’agit d’une étude de cohorte nationale réalisée sur une large population d’adultes volontaires (qui deviennent des Nutrinautes après inscription) lancée en 2009, dont l’objectif est d’étudier les relations nutrition-santé.

Le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé se poursuit. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires, qui permettront aux chercheurs de faire progresser les connaissances sur les relations entre nutrition et santé et ainsi d’améliorer la prévention des maladies chroniques par notre alimentation.

L’étude NutriNet-Santé est coordonnée par l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN), UFR SMBH, Bobigny, Université Sorbonne Paris Nord, (U1153 Inserm/U1125 INRAE/Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, Centre de Recherche en Epidémiologie et Statistiques Université de Paris).

Contacts
Contact Chercheur

Emmanuelle Kesse-Guyot rf.earni@toyug-essek.elleunamme Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (CRESS-EREN) UMR U1153 Inserm / U1125 Inrae / Cnam / Université Sorbonne Paris Nord Département scientifique Alimentation Humaine Centre INRAE Ile-de-France-Jouy-en-Josas-Antony

Contact Presse

INRAE

rf.earni@esserp

01 42 75 91 86

 

Inserm

rf.mresni@esserp

Sources

Emmanuelle Kesse-Guyot, Dan Chaltiel,Juhui Wang,Philippe Pointereau,Brigitte Langevin,Benjamin Allès,Pauline Rebouillat,Denis Lairon,Rodolphe Vidal,François Mariotti,Manon Egnell,Mathilde Touvier,Chantal Julia,Julia Baudry,Serge Hercberg, Sustainability analysis of French dietary guidelines using multiple criteria, Nature Sustainability, 23 Mars 2020. DOI : 10.1038/s41893-020-0495-8

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