Pour la première fois, un modèle animal exprime les deux caractéristiques biologiques de la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs du CEA, de l’Inserm, des universités Paris-Sud et Paris-Descartes et du CNRS ont mis au point un modèle animal qui reproduit la progression de la maladie humaine. Ces résultats offrent de nouvelles possibilités pour tester des médicaments et développer un diagnostic par simple analyse de sang. Leurs résultats sont publiés dans Cerebral Cortex du 18 Octobre 2017.
La maladie d’Alzheimer reste aujourd’hui incurable. Les médicaments actuellement disponibles ne réduisent que partiellement certains symptômes et la communauté scientifique éprouve les plus grandes difficultés à concevoir des thérapies efficaces.
De plus, la maladie d’Alzheimer, à un stade avancé, se caractérise par deux types de dégénérescence dans le cerveau : l’agrégation de protéines Tau dans les neurones d’une part, et l’apparition de plaques de peptides Aβ42 à l’extérieur des neurones d’autre part. Les modèles animaux actuels n’expriment que l’une ou l’autre de ces deux dégénérescences.
Les enjeux de la recherche sur Alzheimer ► A l’échelle mondiale, près de 45 millions de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elles pourraient être 52 millions en 2020, 81 millions en 2040 et 115,4 millions d’ici à 2050. ► Les stratégies thérapeutiques disponibles actuellement sont considérés comme insuffisamment efficaces. ► Les essais cliniques contre Alzheimer sont des échecs pour 99,6 % d’entre eux (d’après Jeffrey L Cummings, Travis Morstorf and Kate Zhong (2014) Alzheimer’s disease drug-development pipeline: few candidates, frequent failures; Alzheimer’s Research & Therapy20146:37) ► Les patients sont traités trop tard pour être soignés et les modèles animaux actuels ne sont pas représentatifs de la pathologie humaine. |
Une collaboration (1) entamée en 2013 entre des équipes du CEA, de l’Inserm, des universités Paris-Sud et Paris-Descartes et du CNRS a abouti au développement de modèles rongeurs (2) qui présentent les stades très précoces de la maladie ainsi que les deux types de dégénérescence. Leurs résultats sont publiés dans la revue Cerebral Cortex (REF) : pour la première fois, un modèle animal présente des caractéristiques pathologiques comparables à celles de patients humains.
Les chercheurs comptent désormais utiliser ce modèle animal, baptisé AgenT pour :
Une start-up qui mettra en œuvre le modèle est en cours de création par Jérôme Braudeau (Docteur en neurosciences, inventeur du modèle et dernier auteur de cette publication) et de Baptiste Billoir (Diplômé de HEC Paris). Elle réalisera des essais précliniques pour le compte de tiers, laboratoires de recherche ou industries pharmaceutiques et mènera sa propre recherche pour développer le premier diagnostic sanguin précoce chez l’Homme. L’objectif est de pouvoir dépister la maladie d’Alzheimer au moins 10 ans avant la pose du diagnostic actuel, et ainsi disposer d’une période pour des traitements précoces de la maladie, avant son évolution vers un stade incurable.
Comparaison entre la progression de la maladie d’Alzheimer 1/ chez les patients 2/ dans les modèles AgenT (la progression des troubles cognitifs et de la formation des plaques séniles est très similaire) 3/ avec les modèles animaux transgéniques disponibles jusqu’à présent. ©AgenT