D’après les résultats d’une étude épidémiologique conduite par des chercheurs franco-anglais associant l’Inserm et l’University College London, les hommes buvant plus de 36 grammes (3.5 verres) d’alcool par jour présenteraient un déclin de mémoire accéléré qui se traduit notamment par une diminution de leurs capacités d’attention et de raisonnement. Cette étude est publiée en ligne le 15 janvier 2014 dans le journal Neurology.
Dans cette nouvelle étude, la consommation d’alcool habituelle a été rapportée à 3 reprises sur une période de 10 ans chez 5054 hommes et 2099 femmes. Les consommations d’alcool comprenaient du vin, de la bière et des spiritueux. Des premiers tests cognitifs ont ensuite eu lieu lorsque les participants étaient âgés en moyenne de 56 ans. Ces tests ont été répétés à 2 reprises à 5 et 10 ans d’intervalle.
Les chercheurs ont étudié leurs capacités de mémorisation et leurs fonctions exécutives, c’est-à-dire les capacités d’attention et de raisonnement utilisées afin d’atteindre un objectif. Le test de mémoire consistait à se rappeler en une minute du plus de mots possibles parmi la liste des 20 mots qui étaient énoncés juste auparavant. Les fonctions exécutives étaient évaluées à partir de 3 tests : un test de raisonnement logique constitué de 65 questions et de 2 tests de fluence verbale durant lesquels les participants devaient écrire respectivement le plus de mots commençant par S et de mots d’animaux, en une minute.
La plupart des études sur l’association de la consommation d’alcool avec la mémoire et les fonctions exécutives ont été mené chez des personnes âgées. « Notre étude est basée sur des personnes âgées en moyenne de 56 ans lors des premiers tests cognitifs, ce qui est relativement jeune par rapport aux études précédentes sur ce sujet. Elle suggère qu’une forte consommation d’alcool serait associée à un déclin cognitif plus rapide dans tous les domaines cognitifs étudiés.» rapporte l’auteur de l’étude Séverine Sabia, PhD, de l’University College London au Royaume-Uni.
Chez les hommes, alors qu’aucune différence dans le déclin de la mémoire et des fonctions exécutives n’a été observée entre ceux qui ne boivent pas, les anciens buveurs, et les buveurs légers à modérés[1], les gros buveurs quant à eux montrent un déclin de la mémoire et des fonctions exécutives plus rapide que les buveurs modérés.
[1] C’est-à-dire ceux qui boivent moins de 20 grammes, ou moins de 2 verres d’alcool par jour.