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Communiqués et dossiers de presse

Une nouvelle voie pour stimuler le système immunitaire et lutter contre les infections

19 Jan 2012 | Par INSERM (Salle de presse) | Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie

Une étude menée par Eric Vivier et Sophie Ugolini du Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy (Inserm/CNRS/Université Aix Marseille) vient de mettre en évidence chez la souris un gène qui, muté, permet de stimuler les défenses immunitaires pour mieux lutter contre les tumeurs et les infections virales. Alors que ce gène était connu pour activer une des premières lignes de défense de l’organisme (les cellules Natural Killer ou NK), son inactivation rend paradoxalement ces cellules NK hypersensibles aux signaux d’alerte envoyés par les cellules malades. Ces nouvelles données, essentielles pour comprendre le fonctionnement de ces cellules-clés de l’immunité, pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique contre les infections. Elles suggèrent aussi que la fonction des cellules NK doit être finement régulée pour garantir une réaction immunitaire optimale. Le détail de ces travaux est publié dans la revue Science datée du 20 janvier 2012.

Notre organisme subit les attaques d’une multitude de particules infectieuses (microbes, virus…) qui gravitent dans notre environnement quotidien. Pour lutter contre ces attaques, différentes cellules immunitaires sont activées : en premier lieu les cellules de l’immunité innée (1), qui progressivement, laissent la place aux lymphocytes mémoires B et T de l’immunité dite adaptative. Les cellules Natural Killer (NK) font partie de cette première ligne de défense de l’organisme. Elles sont capables de tuer sélectivement les cellules tumorales ou infectées par des microbes tout en sécrétant des messagers chimiques, appelées cytokines, qui stimulent et orientent la réponse des lymphocytes B et T.

Alors que les souris normales meurent toutes en moins de 8 jours suite à l’infection par un virus (le cytomegalovirus), toutes les souris mutantes sont résistantes à la même infection.

© Avec l’aimable autorisation de la revue Science
Alors que les souris normales meurent toutes en moins de 8 jours suite à l’infection par un virus (le cytomegalovirus), toutes les souris mutantes sont résistantes à la même infection.

Suite à un vaste programme de génétique lancé il y a quelques années, les chercheurs sont parvenus à mettre en évidence un gène dont l’inactivation induit une augmentation de la fonction des cellules NK (voir figure).

Ce gène, appellé Ncr1, contribue à la fabrication du récepteur NKp46 présent à la surface des cellules NK. De façon surprenante, il est connu depuis plusieurs années comme activant les NK.

« Les cellules NK franchissent différentes étapes de développement avant de faire face à des microorganismes ou des cellules tumorales », explique Sophie Ugolini, co-responsable de cette publication. « sans ce récepteur, les cellules NK sont plus réactives et donc plus efficaces lorsqu’elles rencontrent des agresseurs de l’organisme. »

Pour tester le potentiel thérapeutique de leur découverte, les chercheurs ont bloqué le récepteur NKp46 à l’aide d’un médicament (en l’occurrence un anticorps monoclonal). Comme dans leurs expériences de génétique, ce traitement qui bloque NKp46 rend les cellules NK beaucoup plus efficaces.

« Désormais notre objectif est d’explorer plus avant les mécanismes biologiques sous jacents et de travailler en collaboration avec l’industrie biopharmaceutique et l’hôpital pour évaluer le potentiel médical de ce nouveau type de traitement notamment pour les patients dont le système immunitaire est déjà très affaibli comme les malades atteints d’un déficit immunitaire et les patients ayant subi une greffe de moelle ou une chimiothérapie anticancéreuse », conclut Eric Vivier.

Note

(1) L’immunité innée est un mécanisme de défense antitumoral et antimicrobien de première ligne. Il s’oppose immédiatement à des agents microbiens entrés en contact avec un organisme. L’immunité innée est présente chez tous les organismes vivants et joue un rôle indispensable dans l’activation de la réponse adaptative chez les vertébrés. Récemment, ce compartiment de l’immunité a été sous le feu des projecteurs puisque le Français Jules Hoffman, le canadien Ralph Steinman et l’américain Bruce Beutler (par ailleurs co-signataire de cette publication) ont reçu le prix Nobel pour leurs travaux sur l’immunité innée et ses liens étroits avec le système immunitaire adaptatif.

Contacts
Contact Chercheur
Eric Vivier Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy Tél. : +33 (0)4 91 26 94 12 Mob : +33 (0)6 33 59 83 38
Contact Presse
rf.mresni@esserp
Sources
Tuning of Natural Killer Cell Reactivity by NKp46 and Helios Calibrates T Cell Responses Science, 19 janvier 2012 Emilie Narni-Mancinelli (1,2,3), Baptiste N. Jaeger (1,2,3), Claire Bernat (1,2,3), Aurore Fenis (1,2,3), Sam Kung (4), Aude De Gassart (1,2,3), Sajid Mahmood (4), Marta Gut (5), Simon C. Heath (5), Jordi Estellé (5), Elodie Bertosio (1,2,3), Frédéric Vely (1,2,3,8), Louis N. Gastinel (6), Bruce Beutler (7), Bernard Malissen (1,2,3), Marie Malissen (1,2,3), Ivo G. Gut (5), Eric Vivier (1,2,3,8), Sophie Ugolini (1,2,3) (1) Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy, Aix-Marseille University, Campus de Luminy case 906, 13288 Marseille, France. (2) Inserm U1104, 13288 Marseille, France. (3) CNRS, UMR7280,13288 Marseille, France. (4) Apotex Center, Department of Immunology, University of Manitoba, Winnipeg, Manitoba R3E, 0T5, Canada. (5) Centre Nacional d'Anàlisi Genòmica (CNAG), Parc Científic de Barcelona, 08028 Barcelona, Spain. (6) Inserm, U850, University of Limoges, University Hospital Limoges, 87060 Limoges, France. (7) Department of Genetics, Scripps Research Institute, La Jolla, CA 92037, USA. (8) Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, Hôpital de la Conception, 13385 Marseille, France.
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