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Communiqués et dossiers de presse

Cancer de la peau : de nouvelles molécules aux pouvoirs surprenants

25 Mai 2016 | Par INSERM (Salle de presse) | Cancer

Trouver de nouveaux traitements plus efficaces et personnalisés contre le cancer est le défi de nombreux chercheurs. Pari réussi par une équipe de l’Inserm menée par Stéphane Rocchi (Unité Inserm 1065, « Centre méditerranéen de médecine moléculaire ») qui vient de synthétiser et développer de nouvelles molécules anti-mélanome. L’une d’entre elle baptisée HA15 réduit la viabilité des cellules de mélanome sans être toxique pour les cellules normales. Ce travail vient d’être publié dans la revue Cancer Cell.

Le mélanome est une forme fortement agressive de cancer de la peau. Il touche les mélanocytes, les cellules responsables de la synthèse de mélanine qui donne sa coloration à la peau. Il existe 3 stades de progression de la tumeur : la croissance radiale : les cellules prolifèrent de façon anarchique dans l’épiderme; la phase de croissance verticale implique une invasion du derme et finalement la phase métastatique correspondant à une dissémination des cellules cancéreuses dans les tissus périphériques.

Même si des résultats encourageants ont été obtenus pour traiter la phase métastatique (grâce à des thérapies ciblées ou des immunothérapies), la plupart des patients auront besoin de traitements supplémentaires pour empêcher la tumeur de revenir et les métastases de se développer à nouveau. L’identification de nouvelles molécules candidates est donc un élément incontournable pour la mise en place de biothérapies efficaces contre ce cancer dont l’incidence double tous les dix ans.

Dans ce contexte des chercheurs niçois ont découvert une nouvelle famille de molécules, les Thiazole Benzensulfonamides (TZB) présentant des propriétés anticancéreuses intéressantes.  » Initialement cette famille de molécules avait été identifiée dans le diabète de type 2 car elle augmentait la sensibilité des cellules à l’insuline. Si nous voulions l’utiliser contre le cancer, il fallait pouvoir éliminer cette activité pro-insuline ». explique Stéphane Rocchi. C’est ainsi que nous avons commencé à modifier sa structure ».

Après de nombreux essais, la structure initiale de TZD a été profondément modifiée grâce à une collaboration fructueuse avec l’équipe de Dr Benhida de l’Institut de Chimie de Nice pour obtenir une formulation dont le « composé leader » a été appelé HA15.

Leurs résultats montrent que le HA15 réduit la viabilité des cellules de mélanome sans être toxique pour les cellules normales. HA15 induit un stress du réticulum endoplasmique induisant la mort des cellules de mélanome par apoptose et autophagie.

Chez la souris, cette molécule est très efficace pour diminuer le volume tumoral sans toxicité apparente chez le rongeur.

Chez l’homme, en collaboration avec le service de dermatologie du CHU de Nice, les chercheurs ont montré que les molécules étaient actives sur des cellules de mélanomes prélevées sur des biopsies de patients sensibles ou résistantes aux thérapies ciblés.

Enfin, HA15 est aussi efficace sur des lignées cellulaires provenant d’autres tumeurs comme le cancer du sein, du colon, de la prostate, du pancréas ou bien encore des gliomes ou des leucémies myéloïdes chroniques.

« Le but ultime de ce projet est d’utiliser ces nouvelles molécules dans le traitement du mélanome et plus généralement dans d’autres types de cancers. » conclut Stéphane Rocchi qui souhaite démarrer prochainement un essai clinique de phase 1.

Ce travail a fait l’objet d’un dépôt de 2 brevets par INSERM transfert, d’une présentation au programme MATWIN pour un transfert industriel et a bénéficié de financements pour de la maturation par la Canceropole PACA et par INSERM transfert (Grand COPOC).

Contacts
Contact Chercheur
Stéphane Rocchi Directeur de recherche Inserm Unité Inserm 1065, " Centre méditerranéen de médecine moléculaire" / c3m, Nice rf.ecinu@ihccor.enahpetS Tel : 04 89 06 43 33
Sources
Compounds triggering endoplasmic reticulum stress exert anti-melanoma effects and overcome BRAF inhibitor resistance. Michael Cerezo1,2#, Abdelali Lehraiki1,2#, Antoine Millet3#, Florian Rouaud1,2, Magali Plaisant1,2, Emilie Jaune1,2, Thomas Botton1,2, Cyril Ronco3, Patricia Abbe1,2, Hela Amdouni3, Thierry Passeron1,2,4,Veronique Hofman5,6,2, Baharia Mograbi5,2, Anne-Sophie Dabert-Gay7,2, Delphine Debayle7,2, Damien Alcor1,2, Nabil Rabhi8 , Jean-Sébastien Annicotte8 , Laurent Héliot9, Mariano Gonzalez-Pisfil9, Caroline Robert10, Solange Moréra11, Armelle Virougoux11, Philippe Gual12, Maruf MU Ali13, Corine Bertolotto1,2,4, Paul Hofman5,6,2, Robert Ballotti1,2,4, Rachid Benhida3*, and Stéphane Rocchi1,2,4*. 1 INSERM, U1065, Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M), Equipe Biologie et Pathologie des cellules mélanocytaire : de la pigmentation cutanée au mélanome, Nice, France; 2 Université de Nice Sophia Antipolis, UFR de Médecine, Nice, France; 3 Institut de Chimie de Nice UMR UNS-CNRS 7272, Nice, France; 4 Service de Dermatologie, Hôpital Archet II, CHU Nice, France; 5 Institute of Research on Cancer and Ageing of Nice (IRCAN), INSERM U1081, CNRS UMR7284, Nice, F-06107, France; 6 Laboratoire de pathologie clinique et expérimentale et Hospital-related biobank (BB-0033-00025) , Hôpital Pasteur, Nice, France; 7 Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (IPMC), CNRS UMR 7275, Sophia Antipolis, France.; 8 Univ. Lille, CNRS, Institut Pasteur de Lille, UMR 8199 - EGID, F-59000 Lille, France; 9 Equipe Biophotonique Cellulaire Fonctionnelle, Laboratoire de Physique des Lasers, Atomes et Molécules (PhLAM) GDR 2588, Villeneuve d’Ascq cedex , France 10 Department of Dermatology, Cancer Campus, Gustave Roussy Institute, Villejuif, France; 11 Institute for Integrative Biology of the Cell (I2BC), CNRS CEA Univ. Paris-Sud, Université Paris-Saclay, Gif-sur-Yvette 91198, France; 12 INSERM, U1065, Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M), team 8, Nice, France; 13 Department of Life Sciences, Imperial College, London,United Kingdom.
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