L’épidémie de coronavirus qui frappe la Chine peut-elle parvenir jusqu’en Europe ? La question se pose, alors que les autorités chinoises ne cessent d’annoncer de nouveaux cas sur leur sol, et que huit cas ont déjà été exportés dans d’autres pays. Une équipe Inserm menée par la chercheuse Vittoria Colizza au sein de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université) a modélisé la diffusion possible de l’épidémie afin de guider les politiques de prévention et de surveillance du virus 2019-nCov. Les chercheurs précisent cependant que ce modèle issu de la recherche reste un outil théorique d’aide à la décision publique et n’a par conséquent pas un but prédictif.
Attention : la situation évoluant très rapidement, les chiffres ci-dessous sont susceptibles de bouger au cours des prochaines semaines, en fonction du nombre de cas confirmés.
Le modèle de Vittoria Colizza et son équipe, avec les chiffres les plus récents au 30 janvier 2020, est désormais publié sur Eurosurveillance.
Pour suivre en direct l’évolution du nombre de cas, vous pouvez vous rendre sur le site GISAID.
Deux semaines seulement après avoir annoncé la découverte d’un nouveau virus de la famille des coronavirus responsable de pneumonies sévères, la Chine comptabilisait 571 cas sur son territoire. Afin de contenir l’épidémie, déjà à l’origine de 18 décès, plusieurs mesures drastiques ont déjà été mises en place par les autorités chinoises, notamment des restrictions de voyage au départ de la province de Hubei, où se trouve la ville de Wuhan.
A l’heure actuelle, de nombreuses questions se posent encore sur l’origine de ce nouveau virus, baptisé 2019-nCov, mais aussi sur la capacité de l’épidémie à s’étendre à d’autres régions du monde, notamment à l’Europe. En deux semaines, huit cas ont déjà été exportés depuis la Chine vers le Japon, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Thaïlande et Taiwan.
Dès le début de l’épidémie, des chercheurs Inserm sous l’égide du groupe de recherche REACTing ont travaillé pour développer des modèles de diffusion possibles de l’épidémie.
Flux aériens en provenance de la Chine
Pour développer leur modèle, les chercheurs se sont intéressées à toutes les provinces chinoises déclarant plus de dix cas. Leurs estimations des risques d’exportation de ces cas s’appuient sur les données des flux aériens en provenance de ces régions vers l’Europe datant de janvier 2019 et issues de l’OAG, une organisation mondiale leader dans la collecte de données sur les vols aériens.
Quel est le risque qu’au moins un cas soit importé en Europe dans les deux prochaines semaines ? C’est la question à laquelle l’équipe a cherché à répondre en élaborant deux scénarios, celui d’un faible risque de diffusion de l’épidémie et celui d’un risque élevé de diffusion.
Le scénario à faible risque de diffusion se base sur l’état de la situation (7 cas exportés hors de Chine) avant la quarantaine aérienne décidée par le gouvernement chinois. Il estime ainsi le risque de l’exportation d’au moins un cas en Europe si sept cas étaient exportés depuis les provinces chinoises affectées par l’épidémie dans les deux prochaines semaines.
Le scénario à haut risque de diffusion de l’épidémie propose une estimation de ce même risque si trois fois plus de cas étaient exportés hors de Chine. « Il s’agit là d’un choix arbitraire, mais qui reflète le fait que le nombre de cas chinois ne cesse d’augmenter et qui permet d’anticiper le cas d’une exportation plus massive du nombre de personnes infectées », souligne Vittoria Colizza.