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Mustapha Si-Tahar
Directeur de recherche Inserm
U1100 Centre d’étude des pathologies respiratoires (Inserm/Université de Tours)
E-mail : zhfgncun.fv-gnune@vafrez.se
Téléphone sur demande
Cellules épithéliales respiratoires humaines (en rouge) infectées par un virus grippal (en vert). © A. Cezard, D. Diakite, A. Guillon, M. Si-Tahar, PST ASB-département des microscopies.
La grippe saisonnière constitue un enjeu de santé publique majeur puisqu’elle demeure associée à une mortalité importante, notamment chez les personnes âgées et/ou immunodéprimées et a un coût socio-économique significatif. Alors que la vaccination et les traitements actuellement disponibles comportent encore des limites, des équipes de recherche tentent de développer de nouvelles approches thérapeutiques. Au Centre d’Étude des Pathologies Respiratoires de Tours, des scientifiques de l’Inserm, de l’université et du CHRU de Tours ont montré que dans le contexte d’une infection grippale, un métabolite[1] appelé succinate, normalement présent dans l’organisme, a une action antivirale et anti-inflammatoire. Ces résultats permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques fondées sur l’utilisation de dérivés du succinate. L’étude est publiée dans EMBO Journal.
Souvent considérée comme une maladie bénigne, la grippe tue encore 10 000 à 15 000 personnes chaque année en France. Le coût socio-économique est également important puisque la maladie est associée à une charge hospitalière et un absentéisme élevés.
La vaccination contre la grippe saisonnière constitue un pilier central des stratégies préventives mises en place pour réduire le nombre de cas et lutter contre la maladie. Cependant, son efficacité peut varier d’une année sur l’autre, en fonction des virus grippaux en circulation et de l’adéquation du vaccin à celles-ci. Des médicaments qui ciblent directement le virus grippal sont disponibles pour les cas graves, mais la fenêtre de temps pour agir efficacement avec ces traitements est très courte. De plus, des virus de la grippe sont devenus résistants à leur action.
Dans ce contexte, le développement de thérapies antigrippales innovantes est une priorité. Alors que les traitements actuels fonctionnent par ciblage de certains constituants du virus, Mustapha Si-Tahar, directeur de recherche Inserm, et ses collègues au Centre d’Étude des Pathologies Respiratoires, tentent plutôt de mieux comprendre les réponses cellulaires et moléculaires de l’hôte face à l’infection virale, avec l’objectif à terme de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à renforcer ces réponses.
Le métabolisme1 a longtemps été considéré comme une machinerie purement énergétique indispensable au fonctionnement cellulaire. Des travaux récents ont cependant montré que certains métabolites pouvaient également réguler la réponse immunitaire.
En s’appuyant sur ces données, l’équipe de Mustapha Si-Tahar s’est demandé si une infection grippale pouvait provoquer une reprogrammation du métabolisme des cellules cibles du virus et si certains métabolites spécifiques jouaient un rôle particulièrement actif dans la réponse immunitaire antigrippale.
Ils ont ensuite exposé des cellules de l’épithélium pulmonaire au succinate, et démontré que la molécule a une action antivirale enbloquant la multiplication du virus. Le succinate contribue aussi à réduire la forte réponse inflammatoire qui se déclenche dans les poumons suite à l’infection grippale.
Les chercheurs ont également constaté que des souris exposées au virus qui reçoivent du succinate par voie intranasale sont mieux protégées contre l’infection et ont un taux de survie plus important que les souris qui n’en reçoivent pas.
Afin de mieux comprendre ces différents phénomènes, les scientifiques se sont penchés sur le décryptage des mécanismes moléculaires à l’origine de l’action antivirale du succinate.
Dans cette optique, ils ont analysé l’impact du succinate sur les différentes étapes du cycle de réplication virale. Ils ont démontré que ce métabolite n’influence pas les étapes précoces de ce cycle (entrée, transcription et traduction) mais une étape plus tardive. Les résultats indiquent que ce métabolite empêcherait une protéine structurale majeure du virus, appelée « nucléoprotéine », de sortir du noyau des cellules infectées, ne permettant pas l’assemblage de la particule virale finale. Par conséquent, le cycle de multiplication du virus est interrompu.
Des études complémentaires devront être réalisées pour tester le potentiel thérapeutique du succinate et identifier d’autres métabolites d’intérêt.
[1] Le métabolisme est l’ensemble des réactions chimiques se produisant dans les cellules de l’organisme. Un métabolite est une substance organique qui est issue du métabolisme.
[2] Dans la lignée de ces travaux, Mustapha Si-Tahar coordonne depuis début 2021 un programme ANR intitulé “Développement d’analogues et de formulations à base de succinate contre les infections respiratoires induites par le SARS-CoV-2 et les virus grippaux”. Son équipe bénéficie par ailleurs d’un « ERS-RESPIRE4 Marie Skłodowska-Curie fellowship » pour développer un projet intitulé «Succinate-Producing Probiotics as an Innovative Therapy for Viral Respiratory Infections : a proof-of-concept study ».
Mustapha Si-Tahar
Directeur de recherche Inserm
U1100 Centre d’étude des pathologies respiratoires (Inserm/Université de Tours)
E-mail : zhfgncun.fv-gnune@vafrez.se
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Host succinate inhibits influenza virus infection through succinylation and nuclear retention of the viral nucleoprotein
EMBO Journal, mai 2022
DOI : https://doi.org/10.15252/embj.2021108306
Antoine Guillon1,2,3, Deborah Bréa-Diakite1,2, Adeline Cezard1,2, Alan Wacquiez1,2, Thomas Baranek1,2, Jérôme Bourgeais2,4,5, Frédéric Picou2,4,5, Virginie Vasseur1,2, Léa Meyer6, Christophe Chevalier6, Adrien Auvet1,2,3, José M. Carballido7, Lydie Nadal Desbarats8, Florent Dingli9, Andrei Turtoi10,11,12, Audrey Le Gouellec13, Florence Fauvelle14,15, Amélie Donchet16, Thibaut Crépin16, Pieter S. Hiemstra17, Christophe Paget1,2, Damarys Loew9, Olivier Herault2,4,5, Nadia Naffakh18, Ronan Le Goffic6 and Mustapha Si-Tahar 1,2
1 Inserm, Centre d’Etude des Pathologies Respiratoires (CEPR), UMR 1100, Tours, France
2 Université de Tours, Tours, France
3 CHRU de Tours, Service de Médecine Intensive Réanimation, Tours, France
4 CNRS ERL 7001 LNOx Leukemic niche and redox metabolism, Tours, France
5 CHRU de Tours, Service d’Hématologie Biologique, Tours, France
6 Virologie et Immunologie Moléculaires, INRAe, Université Paris-Saclay, Jouy-en-Josas, France
7 Novartis Institutes for BioMedical Research, Basel, Switzerland
8 UMR 1253, iBrain, Université de Tours, Inserm, Tours, France.
9 Institut Curie, PSL Research University, Centre de Recherche, Laboratoire de Spectrométrie de Masse Protéomique, Paris, France
10 Tumor Microenvironment Laboratory, Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier, Inserm U1194, Montpellier, France
11 Institut du Cancer de Montpellier, Montpellier, France
12 Université de Montpellier, 34000 Montpellier, France