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Communiqués et dossiers de presse

La consommation de benzodiazépines est associée à un risque de survenue de démences

02 Déc 2015 | Par Inserm (Salle de presse) | Santé publique

Une association entre consommation de benzodiazépines et survenue d’une démence a été observée dans une étude dont les résultats sont publiés dans la revue Alzheimer’s and Dementia et qui a été menée par une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Christophe Tzourio (Unité Inserm 897 “Centre de recherche Epidémiologie et biostatistique” à l’Université de Bordeaux). Plus précisément, ce sont surtout les benzodiazépines à demi-vie longue (qui disparaissent de l’organisme en plus de 20 heures) qui sont associées au risque de démence. Dans cette étude, les personnes prenant des benzodiazépines à demi-vie longue ont un risque de démence augmenté de 60%.

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© fotolia

Les benzodiazépines et les psychotropes sont les médicaments les plus consommés en France. On estime que 30% des personnes âgées de 65 et plus en consomment. Ils sont prescrits pour un large spectre de pathologies allant des troubles du sommeil aux symptômes dépressifs en passant par l’anxiété. Depuis qu’ils sont largement utilisés, les chercheurs se penchent sur leurs éventuels effets secondaires dans la mesure où ils interagissent avec des neurotransmetteurs du cerveau. Si de précédentes études avaient déjà suggérées une augmentation du risque de démence consécutive à la prise de psychotropes, beaucoup de questions restaient en suspens. L’une d’entre elles concernait la différence d’effets potentiels des benzodiazépines à demi-vie courte (qui disparaissent de l’organisme en moins de 20 heures) versus celles à demi-vie longue.

Pour essayer d’en savoir plus, les chercheurs de l’Inserm se sont basés sur les données issues de l’étude dites des 3 Cités (Bordeaux, Dijon Montpellier), soit 8240 personnes âgées de plus de 65 ans et suivies depuis plus de 8 ans. 830 nouveaux cas de démence ont été diagnostiqués lors du suivi. Une procédure de dépistage et le diagnostic de chaque cas de démence a été mise en place par un comité d’experts. Par ailleurs, l’enregistrement systématique de tous les médicaments consommés par les participants, à domicile, en confrontant avec les ordonnances a été possible.

« Il y a clairement une différence de signal entre benzodiazépines à durée de vie longue et celles à durée courte. Or les premières ont déjà été identifiées comme dangereuses chez les personnes âgées, notamment en raison du risque de chutes, et nous avons été étonnés de voir qu’elles étaient encore fréquemment consommées.» déclare Christophe Tzourio, neurologue, directeur du centre de recherche Inserm U897 et professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux.

Les personnes âgées consommant des benzodiazépines de demi-vie longue ont un risque augmenté de 60 % de développer une démence (majoritairement de type de la maladie d’Alzheimer) et ce sans que cela ne soit explicable par d’autres facteurs.


Les auteurs ont fait des analyses statistiques en profondeur permettant d’écarter certains biais et notamment le fait que la prise de benzodiazépines ait été la conséquence de symptômes initiaux de démence.

Il s’agit néanmoins d’une étude observationnelle ne permettant pas d’analyser les mécanismes de cette association. Ceux-ci devraient faire l’objet d’études physiopathologiques, d’imagerie, sur des modèles animaux, etc.

Malgré l’absence de certitude sur le mécanisme “le doute est suffisant pour encourager médecins et patients à trouver des formes alternatives pour les troubles du sommeil des personnes âgées qui sont le motif principal de prescription de ces médicaments : conseils hygiéno-diététiques, produits non médicamenteux, et au maximum les médicaments les moins dangereux comme les benzodiazépines à demi-vie courte.”

« Nos résultats suggèrent au minimum une vigilance renforcée de tous, en particulier des médecins et des autorités de santé, pour éviter cette consommation de benzodiazépines à demi-vie longue chez les personnes âgées. » déclare Christophe Tzourio. “Le signal sur l’ensemble des psychotropes, comprenant les antidépresseurs, est à confirmer par d’autres études mais il amène lui aussi à une inquiétude sur l’ensemble de ces produits et pas uniquement les benzodiazépines.”

Contacts
Contact Chercheur
Christophe Tzourio
Neurologue
Directeur du centre de recherche Inserm U897 "Épidémiologie et biostatistique"
Tel : 05 57 57 16 59
puevfgbcur.gmbhevb@h-obeqrnhk.se
Contact Presse
cerffr@vafrez.se
Sources
Benzodiazepine, psychotropic medication, and dementia: a population-based cohort studyDalia Shash*, MSc; Tobias Kurth*, MD, ScD; Marion Bertrand, MSc, Carole Dufouil, PhD; Pascale Barberger-Gateau, MD, PhD; Claudine Berr, MD, PhD, Karen Ritchie, MD, PhD; Jean-Francois Dartigues, MD, PhD, Bernard Bégaud, MD, PhD, Annick Alpérovitch, MD, PhD; Christophe Tzourio, MD, PhD* These authors contributed equally to the work.From Inserm Research Center for Epidemiology and Biostatistics (U897) – Team Neuroepidemiology (DS, TK, MB, AA, CT), F-33000 Bordeaux, France
University of Bordeaux (DS, TK, CD, PBG, BB, CT), F-33000 Bordeaux France,
Inserm Unit 897—Epidemiology and Biostatistics Research Center (U897) – Team epidemiology and neuropsychology of cerebral aging (CD, PBG, JFD), F-33000 Bordeaux, France
Inserm Unit 1061—Neuropsychiatry (CB, KR): epidemiological and clinical research, F-34000, Montpellier, France
University of Montpellier, F-34000 Montpellier, France
Inserm Unit 657— Pharmacoepidemiology and Evaluation of the Impact of Health Products on Populations (BB), F-33000 Bordeaux, FranceAlzheimer's and Dementia
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