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La discrimination de genre se niche même là où on ne l’attend pas. Une équipe internationale, impliquant Demian Battaglia, chercheur CNRS à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm/AMU) et des chercheurs de Yale et de l’Institut Max Planck (Allemagne), vient de démontrer que les femmes sont sous représentées dans le mécanisme de révision des publications scientifiques. Ces travaux sont publiés dans la revue eLife le 21 mars 2017.
Les discriminations de genre sont un phénomène bien connu. La recherche scientifique n’est pas épargnée par ces questions, notamment la publication académique, une des pierres angulaires du travail scientifique. Afin d’être validé, tout article doit être approuvé par des chercheurs indépendants. Ceux-ci sont évidemment censés être sélectionnés en fonction de leurs compétences et non pas de leur sexe. Or une équipe internationale s’est penchée sur la question du genre de ces examinateurs. Les résultats sont étonnants : les femmes scientifiques, déjà minoritaires dans leur domaine, sont sous sélectionnées pour la révision de papiers. En cause, la tendance naturelle et inconsciente qu’ont les éditeurs, majoritairement masculins, à sélectionner quelqu’un de leur sexe.
Demian Battaglia, chercheur CNRS à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm/AMU), Markus Helmer et ses collaborateurs, ont travaillé sur les journaux de la maison d’édition Frontiers, la seule à afficher publiquement les noms des examinateurs. Après avoir étudié une série de 41 000 publications dans différents domaines (science, santé, ingénierie, sciences sociales), parues entre 2007 et 2015, et une base de 43 000 examinateurs, ils ont constaté que les femmes sont sous représentées dans différents domaines scientifiques. Mais aussi qu’elles sont également moins souvent sollicitées en tant qu’examinatrices que l’on pourrait s’y attendre statistiquement.
La raison est simple : les éditeurs, hommes ou femmes, manifestent une tendance, appelée homophilie, à sélectionner des examinateurs de leur sexe. La pratique est courante dans les amitiés et le réseau professionnel. Mais elle se manifeste différemment selon les sexes. Ce comportement est généralisé chez les hommes (plus de 50% des individus), et limité, mais pratiqué de façon extrême, chez les femmes (environ 10% d’éditrices très fortement homophiles).
L’équipe souhaite désormais répéter ses analyses dans quelques années afin de voir si ses préconisations ont été suivies d’effet.