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Communiqués et dossiers de presse

Une étude met en évidence une nouvelle cible dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin: le microbiote fongique

12 Fév 2016 | Par INSERM (Salle de presse) | Physiopathologie, métabolisme, nutrition

Une équipe de chercheurs (AP-HP, équipe AVENIR-ATIP- Inserm[1], Inra[2], UPMC[3]), dirigée par le Dr Harry Sokol, du service de gastro-entérologie et nutrition à l’Hôpital Saint-Antoine, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP, a utilisé une méthode de séquençage à haut débit pour montrer que le microbiote fongique était déséquilibré chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), avec des différences en fonction du type de maladies et la topographie des lésions. La part fongique (composée de champignons et de levures) du microbiote n’a été à ce stade que très peu été étudiée malgré l’existence de nombreux indices le mettant en cause dans la survenue de ce type de maladies.

PhotoCP intestin

(c) Fotolia

Ces travaux ont été publiés en ligne dans la revue Gut le 4 février 2016.

Le microbiote (ou flore) intestinal joue un rôle dans la survenue des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (maladies inflammatoires chroniques du système digestif évoluant par crises et phases de rémission). Des travaux antérieurs ont déjà montré un déséquilibre de la composition en bactéries du microbiote chez les patients atteints de MICI, avec une augmentation de bactéries pro-inflammatoires et une diminution de bactéries anti-inflammatoires. Cette altération pourrait être influencée par des facteurs génétiques et pourrait jouer un rôle actif dans l’inflammation intestinale.

L’équipe du Dr Harry Sokol a analysé la composante fongique (c’est-à-dire en champignons et levures) du microbiote de patients atteints de MICI et y a ainsi constaté un ratio plus important de Basidiomycota / Ascomycota, une proportion plus forte de Candida albicans et une présence plus faible de Saccharomyces cerevisiae que dans celui de sujets en bonne santé. Ces travaux ont également mis en évidence une perturbation du réseau de connections entre bactéries et champignons dans leur intestin. Enfin, l’équipe du Dr Harry Sokol a identifié des déséquilibres dans la composition fongique du microbiote propres à certaines MICI : ainsi, chez un patient souffrant de la maladie de Crohn, la diversité des champignons est augmentée relativement à celle des bactéries, ce qui n’est pas le cas dans la rectocolite hémorragique.

Cette étude, décrivant à grande échelle le microbiote fongique et ses altérations au cours des MICI, est la plus importante en termes de nombre de patients analysés à ce jour.

Les résultats mettent en évidence le rôle du microbiote fongique dans le développement ou la sévérité des MICI et suggèrent qu’il pourrait être envisagé comme une nouvelle cible thérapeutique.

Selon le Dr Sokol, « On pourrait imaginer diminuer la charge des champignons pro-inflammatoires ou au contraire enrichir le microbiote avec des champignons protecteurs. En termes de recherche, cette étude offre des pistes pour une meilleure compréhension des relations complexes entre bactéries et champignons dans l’intestin et leur rôle dans la physiologie ainsi que dans les maladies humaines ».

[1] Equipe AVENIR-ATIP « Rôle de Card9 dans l’homéostasie intestinale » à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

[2] Institut national de recherche agronomique (Inra)

[3] Université Pierre et Marie Curie (UPMC)

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