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Communiqués et dossiers de presse

Vaincre la leucémie en ciblant ses cellules souches

24 Juil 2024 | Par Inserm (Salle de presse) | Cancer

Cellule cancéreuse réalisée en 3D © Fotalia

La leucémie aigüe myéloïde est l’un des cancers les plus mortels. En cause, la grande résistance aux traitements des cellules souches leucémiques qui en sont à l’origine. Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE), des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Inserm a fait une avancée majeure en identifiant certaines des particularités génétiques et énergétiques de ces cellules, notamment un processus spécifique d’utilisation du fer. Ce dernier a aussi pu être bloqué par les scientifiques, entraînant la mort ou l’affaiblissement des cellules souches leucémiques sans atteindre les cellules saines. Ces résultats, publiés dans Science Translational Medicine, ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques.

La leucémie aigüe myéloïde (LAM) est le cancer du sang et de la moelle osseuse le plus fréquent chez l’adulte. Provoqué par une accumulation de cellules immatures, qui détruisent et remplacent rapidement les cellules saines du sang (les globules rouges, blancs, et les plaquettes), il s’avère fatal pour la moitié des personnes touchées de moins de 60 ans, et pour 85% d’entre elles passé cet âge.

Ce pronostic négatif s’explique notamment par la présence de cellules souches leucémiques (CSL) dites «dormantes» ou «quiescentes», qui échappent aux chimiothérapies disponibles. Souvent invisibles, elles peuvent, après un traitement a priori concluant, se «réveiller» et réactiver la maladie. Développer des thérapies les ciblant directement est donc un enjeu majeur de recherche. Les mécanismes qui les régissent sont cependant mal compris.

En identifiant des caractéristiques génétiques et métaboliques propres aux CSL, sur lesquelles il est possible d’agir, une équipe de l’UNIGE, des HUG et de l’Inserm fournit de nouveaux éléments de compréhension, mais aussi d’action, pour lutter contre la maladie. Ces résultats, publiés dans Science Translational Medicine, ouvrent la voie à une nouvelle cible thérapeutique et à son application clinique.

Une signature génétique distinctive

«Grâce à des techniques avancées de bio-informatique, et en collaboration avec l’équipe du Dr Petros Tsantoulis du Département d’oncologie des services d’oncologie et d’oncologie de précision des HUG, nous avons tout d’abord établi que ces cellules quiescentes contiennent une signature génétique unique à 35 gènes. Lors de l’utilisation de cette signature dans de larges bases de données cliniques de patientes et patients atteints de LAM, nous avons pu montrer que cette signature était fortement liée au pronostic de la maladie», explique Jérôme Tamburini, professeur associé au Département de médecine et au Centre de recherche translationnelle en onco-hématologie (CRTOH) de la Faculté de médecine de l’UNIGE ainsi qu’au Swiss Cancer Center Léman (SCCL), et médecin adjoint hospitalo-universitaire au Service d’oncologie des HUG, qui a dirigé ces travaux.

Bloquer un «nutriment» spécifique

L’étude met également en évidence une différence métabolique entre les cellules souches leucémiques dormantes et actives. De manière générale, pour survivre, les cellules déclenchent des réactions chimiques qui permettent de dégrader certains nutriments, et ainsi produire de l’énergie. Cela passe aussi par l’«autophagie», un processus d’auto-élimination des déchets qui, en cas d’absence de nutriments extérieurs, leur permet de continuer de s’alimenter. Les scientifiques ont découvert que les cellules souches leucémiques dormantes dépendent de la «ferritinophagie», une forme spécifique d’autophagie ciblant la ferritine, qui est la principale molécule de stockage du fer.

«Ce processus est médié par une protéine appelée NCOA4. Il contrôle la disponibilité du fer dans les cellules. En inhibant cette protéine, génétiquement ou chimiquement, nous avons observé que les cellules leucémiques, en particulier les cellules souches dormantes, sont davantage susceptibles de mourir, tandis que les cellules souches sanguines saines restent intactes», révèle le chercheur Inserm Clément Larrue, ancien post-doctorant dans le groupe de Jérôme Tamburini, actuellement chercheur post-doctorant au Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse, et premier auteur de l’étude.

Vers des essais cliniques

Des expériences menées avec des modèles murins ont confirmé que le blocage de la protéine NCOA4 réduit la croissance des tumeurs, la viabilité et l’auto-renouvellement des cellules souches leucémiques. Cibler la ferritinophagie, par cette voie d’inhibition, pourrait donc constituer une stratégie thérapeutique prometteuse. Le composé utilisé pour bloquer NCOA4 est en phase précoce de développement pour des essais cliniques à venir, sous la direction de l’un des co-auteurs de l’étude, Jun Xu, professeur à l’Université Sun Yat-Sen en Chine.

Pour l’équipe de l’UNIGE, la suite des travaux consistera à explorer plus avant les mécanismes de la ferritinophagie et son rapport avec la mitophagie, un autre mécanisme clé de régulation des CSL. Cette nouvelle étape de recherche est soutenue par la Ligue Suisse contre le cancer.

Contacts
Contact Chercheur

Jérôme Tamburini
Professeur associé
Département de médecine
Centre de recherche translationnelle
en onco-hématologie (CRTOH)
Faculté de médecine
UNIGE
Swiss Cancer Center Léman
Service d’oncologie
HUG

Wrebzr.GnzohevavObaarsbl@havtr.pu

+41 22 379 52 97

 

Clément Larrue

Chercheur post-doctorant

Précédente affiliation :
Département de médecine
Centre de recherche translationnelle
en onco-hématologie (CRTOH)
UNIGE

Affiliation actuelle :
Centre de recherches en cancérologie
de Toulouse
INSERM U1037

pyrzrag.yneehr@vafrez.se

+33 582 74 17 35

Contact Presse

Université de Genève
Service de communication
Tél. +41 22 379 77 17
zrqvn@havtr.pu

Inserm

cerffr@vafrez.se

Sources

Targeting ferritinophagy inhibits growth of quiescent leukemic stem cells in patient derived mouse models

Science Translational Medicine, 24 juillet 2024

DOI : 10.1126/scitranslmed.adk1731

 

Clement Larrue1,2,3,4,*, Sarah Mouche1, †, Paolo Angelino1,5, †, Maxime Sajot2,3,4, Rudy Birsen1,6,7, Olivier Kosmider6,7, Thomas Mckee8, François Vergez9, Christian Recher9, Véronique Mansat-De Mas9, Qiong Gu10, Jun Xu10, Petros Tsantoulis1, ‡, Jean-Emmanuel Sarry2,3,4, ‡ and Jerome Tamburini1,6,11 *

 

1Centre for translational research in Onco-Hematology, Faculty of Medicine, University of Geneva, and Swiss Cancer Centre Leman, 1206 Geneva, Switzerland

2Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse, Université de Toulouse, Inserm U1037,

CNRS U5077, 31100 Toulouse, France

3LabEx Toucan, 31100 Toulouse, France

4Équipe labellisée Ligue Nationale Contre le Cancer 2023, 31100 Toulouse, France

5Translational Data Science, SIB Swiss Institute of Bioinformatics, 1015 Lausanne, Switzerland.

6Université de Paris, Institut Cochin, CNRS U8104, Inserm U1016, 75014 Paris, France

7Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Hôpitaux Universitaires Paris Centre, 75014 Paris, France

8Division of Clinical Pathology, Diagnostic Department, Geneva University Hospitals, 1205 Geneva, Switzerland.

9Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, Institut Universitaire du Cancer de Toulouse Oncopole, Service d’Hématologie, 31100 Toulouse, France

10Research Center for Drug Discovery, School of Pharmaceutical Sciences, Sun Yat-sen University, Guangzhou 510006, China

11Oncology Department, Geneva University Hospitals, 1205 Geneva, Switzerland

These authors equally contributed to this article

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