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Une équipe de chercheurs dirigée par Christelle Monville (Professeure à l’Université d’Evry) à I- Stem, le laboratoire créé par l’AFM-Téléthon, l’Université d’Evry et l’Inserm, a réussi, en collaboration avec l’équipe dirigée par Olivier Goureau, directeur de recherche Inserm au sein de l’Institut de la Vision, à améliorer la vision de rats atteints de rétinite pigmentaire, grâce à la greffe d’un pansement cellulaire obtenu à partir de cellules souches embryonnaires humaines. Les résultats publiés ce jour dans Science Translational Medicine, réalisés notamment grâce aux dons du Téléthon, ouvrent la voie à la thérapie cellulaire des rétinites pigmentaires d’origine génétique mais aussi de maladies dégénératives de la rétine très fréquentes comme certaines formes de Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA).
En France, près de 30 000 personnes sont concernées par des rétinites pigmentaires – un ensemble de maladies rares de la vision – et plus de 1,5 million par la Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA). Ces pathologies, encore incurables, sont caractérisées par une dégénérescence progressive des cellules de la rétine conduisant, à terme, à la cécité.
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Pour remplacer les cellules déficientes chez les malades, les premiers travaux, réalisés chez l’Homme à partir de 2012 par des équipes américaines, consistaient à injecter dans l’œil des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien mises en suspension – c’est-à-dire séparées les unes des autres – obtenues à partir de cellules souches embryonnaires humaines. Cette technique n’était cependant pas optimale en termes d’assimilation et de survie des cellules délivrées.
Dans l’étude publiée aujourd’hui par les chercheurs français, ces problèmes ont été contournés grâce à une approche innovante : après avoir différencié les cellules souches embryonnaires humaines en cellules épithéliales, ils les ont ensemencées sur un segment de membrane amniotique humaine afin de réaliser un « patch cellulaire ». Ce patch a été ensuite greffé dans la couche la plus périphérique de la rétine de rats présentant spontanément une rétinite pigmentaire d’origine génétique. En parallèle, d’autres rongeurs ont reçu une injection de cellules en suspension afin de comparer les deux techniques.
Forts de ces résultats, les chercheurs déposeront dans les semaines qui viennent une demande d’autorisation pour un essai clinique de phase I/II chez une douzaine de patients atteints de rétinites pigmentaires qui devrait ainsi démarrer d’ici environ un an à l’hôpital des Quinze-Vingts, sous la responsabilité du Professeur José-Alain Sahel. Il s’agira du premier essai de thérapie cellulaire pour des maladies de la vision en France.
À terme, cette nouvelle piste pourra être appliquée à toutes les pathologies dans lesquelles on observe une altération de l’épithélium pigmentaire rétinien, notamment dans les formes de la DMLA dite sèche, ou atrophique.
Marc Peschanski, directeur d’I-Stem le confirme : « Cette nouvelle preuve de concept montre à quel point la recherche dans le domaine de la thérapie cellulaire – qu’à I-Stem nous avons impulsé – avance et les perspectives thérapeutiques qu’elle offre. Nous travaillons depuis plus de 10 ans maintenant au développement de cette nouvelle médecine et je suis fier que mes équipes soient à l’aube de lancer le premier essai de thérapie cellulaire français pour des maladies rares de la vision. »
Pour Olivier Goureau directeur de recherche Inserm à l’Institut de la Vision, « La concrétisation de ce travail collaboratif et le transfert proche vers les patients nous motivent encore plus pour continuer à développer ces stratégies de thérapie cellulaire liées à l’utilisation de cellules souches pluripotentes pour aider les malades. »