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L’âge apparent des seniors : un outil diagnostique pour les généralistes ?

23 Avr 2018 | Par Inserm (Salle de presse) | Santé publique

©Photo by Wiebrig Krakau on Unsplash 

Pour estimer l’état de santé des seniors, le personnel médical dispose de différents outils cliniques : échelles d’évaluation gériatrique, questionnaires de santé et score de fragilité. Cependant, si ces tests sont adaptés à un contexte médicalisé, ils sont plus difficiles à mettre en place pour les médecins généralistes, car ils réclament du temps et du matériel dont ne disposent pas toujours les praticiens. Pour évaluer l’état de santé général de leurs patients seniors, les généralistes se basent en premier lieu sur une connaissance approfondie du patient ainsi que sur un ensemble de signaux qu’ils détectent chez lui lors de la consultation (apparence physique, façon de se déplacer…).

La cohorte S.AGES[1], avait pour objectif de décrire entre 2009 et 2014 la prise en charge médicale et paramédicale de patients âgés de plus de 65 ans, à partir d’une base de données générée par des médecins généralistes. Des praticiens de toute la France ont été recrutés pour participer à cette étude impliquant un suivi sur 3 ans de certains de leurs patients non institutionnalisées et présentant un état de santé satisfaisant. En plus de la collecte de données sociales, démographiques et médicales, il a été demandé à chaque généraliste de classer leurs patients selon leur âge apparent en répondant à la question : «  A votre avis, est-ce que votre patient(e) paraît plus jeune ou plus vieux(ille) que son âge ou fait-il/elle son âge ? ».

C’est sur l’analyse statistique des réponses à cette question que se sont penchés des chercheurs de l’Inserm du Centre de recherche en Epidémiologie et santé des populations. Cette étude visant à analyser les caractéristiques associées à l’estimation de l’âge apparent par le généraliste et à déterminer si celles-ci permettaient de prédire un décès dans les 3 ans de suivi.

Les chercheurs ont ainsi observé que les problèmes cardiaques, la dépression, l’obésité, ainsi qu’une faible autonomie dans les actes de la vie quotidienne étaient associés principalement à des patients dont l’âge estimé était supérieur à leur âge réel, tandis qu’un haut niveau d’étude, une autonomie normale, l’absence de dépression,  l’absence de problèmes vasculaires et d’hypertension chronique et une faible médication étaient associés à des patients paraissant plus jeunes que leur âge réel. Seules deux variables impactaient cependant l’âge apparent dans les deux sens : la qualité de l’autonomie et la présence/absence de dépression.

Sur les patients décédés lors des 3 ans de suivi : 7,5% faisaient partie de ceux ayant l’air plus jeunes, 8,7% de ceux faisant leur âge et 13,8% de ceux ayant l’air plus vieux. Il ressort donc de cette étude que les patients paraissant plus âgés présentent un plus grand risque de mortalité : l’estimation de l’âge effectuée par les généralistes est donc significativement associée au risque de décès.

Ces résultats suggèrent que l’évaluation de l’âge d’un sénior par son médecin généraliste pourrait être un outil relativement fiable dans la pratique quotidienne des praticiens pour estimer de l’état de santé  globale du patient. Ceci n’implique pas de remplacer les scores de fragilité, mais bien d’amener le sens clinique du praticien comme appui au diagnostic.

[1] La cohorte S.AGES a été financée par les laboratoires Sanofi et a été approuvée par le Comité de Protection des Personnes Ile de France XI et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé

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Contact Chercheur

Virginie Ringa

Chercheuse Inserm

Directrice de l’équipe « Genre, santé, sexualité »

Unité 1018 Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations

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Sophie Bucher

Unité 1018 Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations

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Contact Presse

cerffr@vafrez.se

Sources

Looking younger, dying later: General practitioners’ intuitive clinical
impression predicts mortality

Sophie Bucher a,b, Abdallah Al-Salameh b,c, Henri Panjo b, Laurent Becquemont c, Virginie Ringa b, The S.AGES investigators

a General Practice Department, Paris-Sud Faculty of Medicine, University of Paris-Sud, Le Kremlin-Bicêtre, France
b CESP, INSERM U1018, INED, Université Paris-Saclay, Université Parie-Sud, UVSQ, Villejuif, France
c Pharmacology Department, Faculty of Medicine Paris-Sud, University Paris Sud, UMR 1184, CEA, DSV/iMETI, Division of Immuno-Virology, IDMIT, INSERM Center for immunology of viral infections and autoimmune diseases, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Hopital Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre, France

DOI : doi.org/10.1016/j.ypmed.2018.02.022

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