Contact Chercheur
Robert Barouki
Unité 1124 Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs (Inserm/Université de Paris)
Équipe Toxicologie, métabolisme et signalisation cellulaire
Lancé en 2019, le programme européen HERA (Health Environment Research Agenda for Europe) coordonné par l’Inserm et co-coordonné par ISGlobal (Barcelone) a pour objectif principal de fournir à la Commission européenne un agenda de recherche 2020-2030 sur la thématique « environnement, climat et santé ». Face à l’urgence sanitaire liée à la pandémie actuelle, les porteurs de ce projet travaillent sur de nouvelles recommandations relatives à la recherche sur les liens entre environnement, santé humaine et pandémie de Covid-19. Ces premières recommandations indiquent que, loin d’être des champs distincts, pandémie et environnement sont étroitement liés et qu’une vision intégrée des déterminants de la santé est nécessaire et utile.
Dans un contexte inédit de pandémie globale de Covid-19, les questions de santé publique sont devenues centrales. La connaissance scientifique issue de la recherche se place plus que jamais comme un outil clé pour comprendre l’impact de cette pandémie sur les sociétés et pour guider la mise en œuvre des politiques publiques. Le programme européen HERA (Health Environment Research Agenda for Europe), coordonné par l’Inserm, a été lancé en janvier 2019 et regroupe 15 pays européens. Commandé par la Commission européenne, il a pour objectif de lui fournir un agenda de recherche 2020-2030 sur la thématique « environnement, climat et santé », en identifiant les besoins et priorités de recherche pour proposer des feuilles de route fédérant les différents partenaires européens. Un agenda préliminaire a été présenté en février 2020.
Dans un premier rapport paru en mai 2020, les porteurs du projet HERA définissent trois grands axes prioritaires de recherche ayant pour objectif d’améliorer les connaissances sur les liens entre environnement, émergence, propagation et impact du SARS-CoV-2, afin de proposer aux autorités des outils aidant à la mise en place de politiques publiques adaptées au contexte pandémique et à sa prévention, respectueuses de l’environnement et de la santé de tous.
Mieux comprendre l’émergence du SARS-CoV-2 implique de mieux comprendre son cycle de vie et comment les interactions entre l’Homme et l’animal (sauvage, d’élevage ou domestique) ont contribué à cette émergence, et en particulier l’impact des activités humaines sur la déforestation, la biodiversité et les comportements de la faune sauvage.
Les chercheurs mettent en avant l’importance d’harmoniser au niveau européen les cohortes, les outils et les méthodologies, afin de mieux identifier les populations à risque. De grandes cohortes européennes de patients permettraient ainsi d’évaluer de façon plus précise et plus fiable les interactions entre la pandémie, la réponse qui y est apportée et les pathologies favorisées par les facteurs environnementaux. Ces cohortes de grande ampleur permettraient notamment de mieux évaluer les comorbidités liées aux maladies chroniques impliquées dans les cas graves de Covid-19, en particulier les maladies cardio-métaboliques et pulmonaires. « Nous partons du constat que les maladies chroniques contribuant à la sévérité du Covid-19 sont elles-mêmes au moins partiellement favorisées par des facteurs environnementaux, précise Robert Barouki qui coordonne le projet à l’Inserm. L’étude de l’impact de différents facteurs environnementaux sur les systèmes immunitaires et cardiovasculaires serait notamment particulièrement pertinente », ajoute-t-il.
De telles données s’avèreraient précieuses pour mieux appréhender, selon les pays, l’efficacité face à la pandémie des différentes politiques de santé et de protection de l’environnement.
Évaluer les impacts psychologiques et socioéconomiques des différentes stratégies de réponse à la pandémie s’avère également indispensable afin de comprendre à la fois comment les limiter et comment améliorer la résilience au niveau européen, national et individuel.
Mieux comprendre l’impact sociétal (changement des habitudes de vie, rôle de l’environnement urbain, redéfinition de l’environnement de travail, impact sur la santé physique et mentale, évolution des violences domestiques, populations vulnérables…) des stratégies interhumaines de limitation de la propagation du virus, comme le confinement ou la distanciation physique, permettra une meilleure appréhension des moyens de mise en place des nouvelles politiques publiques.
D’ores et déjà, la Commission européenne a lancé un appel à projets sur le Covid-19 dont l’un des axes vise à soutenir et à harmoniser les études sur les cohortes à l’échelle européenne. D’autres appels à projets devraient suivre. « Le développement de recherches à l’interface pandémies, environnement et santé est pertinent non seulement pour la crise que nous vivons mais aussi pour prévenir et mieux gérer d’autres crises sanitaires que nous risquons de connaître dans les années à venir, notamment en lien avec le changement climatique, précise Robert Barouki. À l’image du concept d’exposome, il est important de s’orienter désormais vers une vision plus intégrée de la santé humaine ou de la santé planétaire. »
Les chercheurs du programme HERA produiront dans les semaines à venir des propositions à plus long terme pour approfondir les relations entre l’apparition et la gravité des pandémies et les changements environnementaux et climatiques.
Robert Barouki
Unité 1124 Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs (Inserm/Université de Paris)
Équipe Toxicologie, métabolisme et signalisation cellulaire