Synthèse de l’expertise collective de l’Inserm
Sous le terme de médicaments psychotropes, on désigne les médicaments qui agissent sur l’état du système nerveux central en modifiant certains processus cérébraux. Il s’agit globalement des médicaments utilisés pour traiter des troubles mentaux banals ou graves et dans le cadre du traitement de la douleur.
Du fait de leurs propriétés psychoactives, les médicaments psychotropes peuvent entraîner une dépendance dans un contexte de consommation chronique ou d’abus.
Les médicaments psychotropes sont parfois consommés en dehors de tout contexte médical et peuvent faire l’objet de détournements voire de trafics au même titre que les drogues illicites.
La Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) a sollicité l’Inserm pour la réalisation d’une expertise collective sur les consommations de médicaments psychotropes, les mésusages et pharmacodépendances associés afin de bénéficier d’un éclairage scientifique sur ces phénomènes assorti de recommandations utiles à l’amélioration des dispositifs réglementaires, de prévention et de soin existant en France.
©M.Depardieu/Inserm
Pour répondre à cette demande, l’Inserm a réuni un groupe pluridisciplinaire de 11 experts dans les champs de l’épidémiologie, la pharmacovigilance, la santé publique, la sociologie, l’anthropologie, la toxicologie, la psychiatrie, la neurobiologie qui ont analysé plus de 1100 publications scientifiques internationales permettant de dresser les principaux constats sur la situation française dans ce domaine.
Vous trouverez dans ce dossier de presse les chiffres sur la consommation des médicaments psychotropes en France, le positionnement de la France par rapport à ses voisins européens et les principales recommandations du groupe d’experts.
Principales classes de médicaments psychotropes
Classe de médicaments psychotropes | Famille (exemples) | Molécule (exemples) |
Anxiolytiques ou tranquillisants | Benzodiazépines | Diazépam, bromazépam |
| Antihistaminiques | Hydroxyzine |
| Carbamates | Méprobamate |
Hypnotiques ou somnifères | Benzodiazépines | Flunitrazépam, nitrazépam |
| Apparentés des benzodiazépines | Zolpidem, zopiclone |
Neuroleptiques ou antipsychotiques | Neuroleptiques typiques | Chlorpromazine, halopéridol |
| Neuroleptiques atypiques | Olanzapine, rispéridone |
Antidépresseurs | Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine | Fluoxétine |
| Inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline | Trimipramine, miansérine |
| Inhibiteurs du catabolisme de la sérotonine (IMAO) | Moclobémide |
Thymorégulateurs | | Carbonate de lithium |
Psychostimulants | Sympathomimétiques | Méthylphénidate |
Analgésiques opiacés | Alcaloïdes de l’opium | Sulfate de morphine |
Médicaments de substitution aux opiacés | Morphinomimétiques | Buprénorphine haut dosage (BHD), méthadone |
Qu’est-ce que l’expertise collective de l’Inserm ?
L’expertise collective est une mission de l’Inserm depuis 1994. Plus de soixante dix expertises collectives ont été réalisées dans de nombreux domaines de la santé. L’Expertise collective Inserm apporte un éclairage scientifique sur un sujet donné dans le domaine de la santé à partir de l’analyse critique et de la synthèse de la littérature scientifique internationale. Elle est réalisée à la demande d’institutions souhaitant disposer des données récentes issues de la recherche, utiles à leurs processus décisionnels en matière de politique publique. L’expertise doit être considérée comme une étape initiale nécessaire pour aboutir, à terme, aux prises de décision. Pour répondre à la question posée, l’Inserm réunit un groupe pluridisciplinaire d’experts reconnus composé de scientifiques et de médecins. Ces experts rassemblent, analysent les publications scientifiques et en font une synthèse. Des «lignes forces» sont dégagées et des recommandations parfois élaborées. Les conclusions apportées par les travaux d’expertise collective contribuent au débat des professionnels concernés et au débat de société.
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