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Un nanomédicament anti-douleur vient d’être développé par l’équipe de Patrick Couvreur à l’Institut Galien Paris-Sud (Université Paris-Sud/CNRS) en collaboration avec des scientifiques de l’Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris (Inserm/Université Paris Descartes) et du laboratoire de neuropharmacologie (Université Paris-Sud/Inserm). Ce nouveau médicament cible spécifiquement la zone d’inflammation douloureuse, tout en évitant les effets secondaires, notamment le phénomène d’addiction. Ces travaux sont publiés dans la revue Science Advances du 13 février 2019.
Le traitement de la douleur représente un enjeu médical important. Même si la morphine et les opiacés de synthèse constituent actuellement les médicaments les plus efficaces, les effets secondaires associés à ces traitements sont considérables, en particulier la dépression respiratoire mais aussi l’addiction et la tolérance. L’addiction aux opiacés constitue, en effet, un fléau national aux Etats-Unis avec 11 millions de patients dépendants et environ 175 décès journaliers à la suite de surdosages ; les autres pays ne sont pas épargnés.
L’utilisation des neuropeptides endogènes, comme les enképhalines ou les endorphines, constitue incontestablement une alternative intéressante à l’utilisation de la morphine. En effet, en agissant principalement sur les récepteurs delta des opiacés (récepteurs de neurotransmetteurs qui modulent notamment la fonction de réponse à la douleur), ces molécules naturelles n’induisent pas ces effets secondaires. Malheureusement, après administration, ces molécules sont métabolisées en quelques minutes et sont dans l’incapacité de déclencher un effet analgésique.
L’équipe « Nanomédicaments innovants pour le traitement des maladies graves » dirigée par Patrick Couvreur au sein de l’Institut Galien Paris-Sud (Université Paris-Sud/CNRS), a eu l’idée de synthétiser des échantillons de nanoparticules constituées de la leu-enképhaline couplée au squalène. La liaison chimique s’effectue via différents liens chimiques, activables enzymatiquement.
Grâce à l’utilisation d’antagonistes des récepteurs aux opiacés, ne pénétrant pas la barrière hémato-encéphalique, il a été observé que, contrairement à la morphine, les nanoparticules de leu-enképhaline-squalène épargnaient le tissu cérébral et agissaient exclusivement au niveau des récepteurs périphériques. L’imagerie a, par ailleurs, montré que les nanoparticules étaient capables de délivrer le neuropeptide spécifiquement au niveau de la zone inflammatoire douloureuse ; ils évitent ainsi les effets centraux responsables des phénomènes d’addiction.
Les investigations biochimiques et histologiques menées au niveau des animaux traités ont, par ailleurs, démontré que ce nouveau médicament anti-douleur n’induisait aucune toxicité ou effet secondaire.
Cette étude, publiée dans la revue Science Advances ,représente une avancée décisive dans le traitement antidouleur grâce à la nanomédecine.
Images en cryo-TEM des nanoparticules de Leu-Enképhaline-squalène d’une taille comprise entre 70 et 100 nm.© Institut Galien Paris-Sud, Faculté de Pharmacie
Effet antidouleur des nanoparticules (courbe bleue) aboli après traitement par l’antagoniste naloxone méthiodide (courbe verte) et l’antagoniste naloxone (courbe rouge). Le traitement par la leu-enképhaline libre ou le vecteur seul est sans effet (courbe noire et grise) © Institut Galien Paris-Sud, Faculté de Pharmacie
Nanoparticules de Leu-enképhaline-squalène libérant le peptide spécifiquement au niveau du site de la douleur inflammatoire (zone rouge). © Institut Galien Paris-Sud, Faculté de Pharmacie
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Références :
A new painkiller nanomedicine to bypass the blood-brain barrier and the use of morphine,Jiao Feng, Sinda Lepetre-Mouelhi, Anne Gautier, Simona Mura, Catherine Cailleau, François Coudore, Michel Hamon, Patrick Couvreur
Science Advances, février 2019