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Faire de l’activité physique pour lutter contre le cancer… Vraiment ?

C’est un fait : faire de l’activité physique c’est bon pour la santé. Et lorsqu’il s’agit d’une activité régulière, cela diminue le risque de développer un certain nombre de maladies chroniques tels que les cancers. Quels sont les mécanismes qui expliquent les bienfaits de l’activité physique pour les patients souffrant de cancer ? Cette pratique ne risque-t-elle pas au contraire d’épuiser l’organisme et de le rendre plus vulnérable face à la maladie ? On fait le point dans ce nouveau Canal Détox, le 3e de la série « activité physique et santé ».

Le 10 Juil 2024 | Par Inserm (Salle de presse)

BD Canal Détox-Sport et cancer© Flore Avram/Inserm

 

C’est un fait : faire de l’activité physique c’est bon pour la santé. Et lorsqu’il s’agit d’une activité régulière, cela diminue le risque de développer un certain nombre de maladies chroniques tels que les cancers. Selon les données actuellement disponibles, la pratique d’une activité physique pendant et après le traitement d’un cancer semble associée à des effets bénéfiques, ce qui de prime abord peut sembler contre-intuitif quand on sait la fatigue engendrée par les traitements. Par ailleurs, près de 3 000 nouveaux cas de cancers par an en France seraient dus à l’insuffisance d’activité physique.

Quels sont les mécanismes qui expliquent les bienfaits de l’activité physique pour les patients souffrant de cancer ? Cette pratique ne risque-t-elle pas au contraire d’épuiser l’organisme et de le rendre plus vulnérable face à la maladie ? On fait le point dans ce nouveau Canal Détox, le 3e de la série « activité physique et santé ».

 

Des mécanismes qui commencent à être connus

Plusieurs mécanismes permettent aujourd’hui d’expliquer l’impact positif de l’activité physique sur un organisme atteint de cancer. On sait que les cellules cancéreuses se multiplient et induisent une augmentation de la taille de la tumeur notamment sous l’impulsion de différentes hormones comme les œstrogènes, l’insuline ou encore les adipokines. Or ces hormones sont émises en partie par les tissus graisseux. En contribuant à faire diminuer la masse de graisse abdominale, l’activité physique peut donc entraîner une baisse du taux de ces hormones et freiner la croissance des cellules tumorales. L’impact bénéfique de l’activité physique est d’ailleurs particulièrement important sur les cancers hormono-dépendants (sein, endomètre et prostate etc…). Par ailleurs, l’activité physique a aussi des effets positifs sur le système immunitaire, avec une diminution de l’inflammation qui contribue aussi à freiner la croissance tumorale.

Des études expérimentales ont également montré que les muscles sont capables de produire des substances appelées myokines ayant une activité anti-tumorale dans le cadre des cancers du côlon et du sein. Diminuer la masse graisseuse au profit de la masse musculaire en pratiquant une activité physique peut donc s’avérer bénéfique.

Enfin, l’activité diminue les problèmes de surpoids et d’obésité, qui sont reconnus comme deux facteurs de risque majeurs de cancer. Il n’est donc pas étonnant qu’une activité physique régulière soit aujourd’hui considérée comme un élément de prévention important des cancers.

 

Éviter les récidives

Des travaux menés tout au long de la maladie chez des patients ont souligné qu’à condition de tenir compte des recommandations de pratique et des complications liées au cancer, l’activité physique n’aggrave pas les symptômes de la maladie.

Certaines études ont montré que le risque de rechute et de mortalité était réduit les patients pratiquaient régulièrement une activité physique. Une publication a par exemple souligné que le risque de mortalité est réduit de 34 à 50 % chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localisé et pratiquant une activité physique suffisamment soutenue et régulière, d’au minimum 150 minutes par semaine.

De manière générale, la quantité d’exercice physique nécessaire diffère selon les types de cancer, mais il semblerait tout de même que l’effet bénéfique augmente avec la quantité d’activité physique pratiquée. En outre, cet effet bénéfique est d’autant plus important que la pratique de l’activité physique est introduite tôt après le diagnostic.

Enfin, la pratique d’une activité physique réduirait également la fatigue, le déconditionnement musculaire, le stress et les risques de dépression. Les mêmes effets se retrouvent chez les patients atteints de cancer de la prostate et du côlon, à condition de pratiquer une activité physique soutenue.

 

S’adapter aux patients et aux pathologies

Au-delà des questions sur la quantité et la régularité de l’exercice physique, l’expertise collective de l’Inserm a récemment souligné qu’il existe tout de même pour les patients des barrières à la pratique de l’activité physique liées à la pathologie elle-même (douleurs, fatigue, effets secondaires de certains traitements…). Il s’agit d’un enjeu de taille à prendre en compte, si on souhaite s’assurer que le patient n’interrompra pas sa pratique de l’activité physique et en tirera tous les bénéfices. Il convient de l’adapter à son état de santé, ainsi qu’à son traitement, ses capacités physiques, ses risques médicaux et ses ressources psychosociales.

Il s’agit en fait d’intégrer l’activité physique dans le parcours de soin et de construire avec les patients les programmes les plus adaptés à leurs besoins, dans la perspective d’obtenir un maximum de bénéfices avec un minimum de risques. Dans ce contexte, il faut se poser les bonnes questions : quand commencer un programme pour un patient donné, quelle pratique, quelle intensité, quelle fréquence, dans quel cadre, avec quelle forme d’intervention ? Des interrogations qui doivent être au cœur de la réflexion des soignants qui accompagnent les personnes atteintes de cancer.

En prenant en compte ces différents impératifs, il est certain que l’activité physique peut être considérée comme un véritable outil de prévention et de soin des maladies chroniques. D’ailleurs, grâce à un amendement de la loi Santé de 2016, le sport peut aujourd’hui être prescrit par les médecins à leurs patients souffrant d’affections de longue durée.

Texte écrit avec le soutien de Cédric Moro, directeur de recherche à l’Inserm à l’Institut de maladies métaboliques et cardiovasculaires (Toulouse).

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