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Une consommation élevée de charcuterie (au moins 4 fois par semaine) est associée à une aggravation des symptômes de l’asthme au cours du temps. Ces résultats, publiés dans la revue Thorax par une équipe de chercheurs de l’Inserm (Unité Inserm 1168 ” Vieillissement et maladies chroniques : approches épidémiologiques et de santé publique), ont été obtenus d’après les données recueillies auprès de 1000 personnes suivies pendant 7 ans en moyenne.
La consommation de charcuterie – récemment classée cancérogène par l’OMS – a déjà été associée à une augmentation du risque de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), mais son association avec l’asthme n’avais jamais été mise en évidence. Certains faisceaux d’indices, comme le fait qu’une modification des habitudes alimentaires ou que l’augmentation de l’obésité au cours du temps étaient impliqués dans l’asthme ont conduit les chercheurs de l’Inserm à s’intéresser de plus près à cette question.
Une analyse a été conduite, grâce aux données de l’étude EGEA[1], sur presque 1000 participants suivis pendant sept ans. Les personnes incluses dans la cohorte étaient âgées en moyenne de 43 ans. Au cours du suivi, 20% ont rapporté une aggravation de leurs symptômes d’asthme. Afin d’en comprendre les raisons, les chercheurs de l’Inserm se sont intéressés à leur régime alimentaire.
Il fallait avant cela éliminer le paramètre “obésité” qui aurait pu fausser les résultats. Comme l’IMC est un facteur de risque déjà identifié dans la survenue l’asthme, il était effectivement plausible qu’il représente un intermédiaire causal entre les effets du régime alimentaire que souhaitaient regarder les chercheurs (en l’occurrence la consommation de charcuterie) et l’asthme. Les scientifiques ont donc pris en compte ce paramètre pour ajuster leurs résultats en utilisant une méthode d’épidémiologie récente dite de MMS[2] (modèles marginaux structuraux).
Et seulement 14% de l’association entre la consommation de charcuterie et l’asthme était expliqué par l’obésité (effet indirect).
“Ces nouveaux résultats élargissent l’effet direct de l’alimentation sur l’asthme chez les adultes. Afin de préserver la santé respiratoire des populations, il conviendrait de mettre en place rapidement des messages de santé publique visant à limiter la consommation de charcuterie” explique Zhen Li principale coauteur de ces travaux.
[1] Etude épidémiologique des facteurs génétiques et environnementaux de l’asthme, l’hyperactivité bronchique et l’atopie.
[2] Cette méthode permet la prise en compte d’un chemin causal sur lequel se trouve un facteur de confusion afin de mesurer l’effet direct un facteur A sur un autre facteur B (cf figure 2 de l’article scientifique)