L’élimination du diabète et de la dépression ainsi que l’amélioration des capacités intellectuelles et l’augmentation de la consommation de fruits et légumes sont des mesures susceptibles d’avoir le plus d’impact sur la réduction de l’incidence des démences (nombre de nouveaux cas) dans les années à venir, concluent Karen Ritchie et son équipe (Directrice Unité Inserm 888 « Pathologies du système nerveux : recherche épidémiologique et clinique », Montpellier) dans un article publié cette semaine sur bmj.com, le site de la revue British Medical Journal. Ces résultats suggèrent des priorités pour les interventions futures en santé publique.
Bien que la cause de la démence reste encore jusqu’alors inconnue, plusieurs facteurs de risque modifiables ont déjà été identifiés, notamment les facteurs de risques cardiovasculaires (pathologies cardiaques, accident vasculaire cérébral, hypertension, obésité, diabète, taux de cholestérol élevé), les antécédents de dépression, le régime alimentaire, la consommation d’alcool et le niveau d’éducation.
Fort de ces données, une équipe de chercheurs basée en France et en Grande-Bretagne a estimé lesquels de ces facteurs pouvaient le plus fortement réduire le poids de la démence, si aucun nouveau traitement n’était disponible.
Ils ont suivi 1 433 personnes en bonne santé, âgées de plus de 65 ans, recrutées entre 1999 et 2001 et habitant dans le Sud de la France (agglomération montpelliéraine). Les participants étaient soumis à des tests cognitifs au début de l’étude, puis 2, 4 et 7 ans plus tard. Un test de lecture (Neale score) a aussi été utilisé en tant qu’indicateur des capacités intellectuelles sur la vie entière.
Les antécédents médicaux, la taille, le poids, les revenus mensuels, le niveau d’éducation, la consommation d’alcool et de tabac ont également été relevés. Le risque génétique individuel de démence a été mesuré.
Cependant, concernant la dépression, les chercheurs soulignent que la nature causale de la relation dépression-démence reste incertaine.
L’amélioration des capacités intellectuelles conduirait à une réduction de 18% du nombre de nouveaux cas, parmi la population générale, sur 7 ans.
Pour autant, estiment les chercheurs, « éliminer le principal facteur de risque génétique connu en population générale – allèle 4 du gène de l’apolipoprotéine E – ne réduirait seulement que de 7% le nombre de nouveaux cas ».
A la lumière de ces résultats, Karen Ritchie et ses collaborateurs suggèrent que les programmes de santé publique devraient inciter aux activités intellectuelles à tout âge, quelles que soient les aptitudes de chacun, au traitement rapide des symptômes dépressifs et à la détection précoce de l’intolérance au glucose et de la résistance à l’insuline, premiers signes du développement du diabète.
De plus amples études, incluant en particulier des adultes plus jeunes, sont désormais nécessaires pour tester l’impact de mesures d’intervention issues de ces résultats.