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Geneviève Marcelin
Chercheuse Inserm
Nutrition et obésités : approches systémiques (NUTRIOMIQUES), Unité 1269 Inserm / Sorbonne Université
Images représentatives de tissu adipeux omental (graisse abdominale profonde) provenant de personnes atteintes d’obésité, observées en lumière blanche et en lumière polarisée. Les coupes histologiques ont été colorées au rouge picrosirius, un colorant qui permet de révéler les zones de fibrose, visibles autour des adipocytes (cellules graisseuses) ou à la surface de lobules graisseux. © Geneviève Marcelin
Chez les personnes vivant avec l’obésité, le tissu adipeux viscéral — situé en profondeur autour des organes — peut devenir fibreux et rigide. Ce phénomène, appelé fibrose, perturbe le fonctionnement normal de la graisse et contribue à des complications métaboliques comme l’insulino-résistance ou le diabète de type 2. Une équipe de chercheuses et chercheurs de Sorbonne Université, de l’Inserm et de l’AP-HP, au sein du laboratoire Nutriomique a identifié une nouvelle stratégie thérapeutique pour contrer les effets de la fibrose. En effet, l’utilisation de deux médicaments déjà approuvés pour d’autres indications parvient à bloquer la fibrose du tissu adipeux et à restaurer son bon fonctionnement chez des souris obèses. Ces résultats sont publiés dans la revue Cell Reports Medicine. |
Le tissu adipeux joue un rôle central dans le contrôle de l’équilibre énergétique de l’organisme. Le phénomène de fibrose chez les personnes atteintes d’obésité altère le fonctionnement normal de la graisse et sa plasticité. Il aggrave également les complications métaboliques telles que l’insulino-résistance ou le diabète de type 2, et constitue un frein à la perte de poids. Pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans la fibrose, l’équipe de chercheuses et chercheurs s’est intéressée à une population de cellules appelées progéniteurs CD9+. L’étude publiée révèle que l’abondance de ces cellules dans le tissu adipeux des patients atteints d’obésité est associée à une fibrose accrue, à une altération du contrôle de la glycémie et à une incidence plus élevée de diabète de type 2. Par ailleurs, chez les patients avec obésité sévère et diabète de type 2, une augmentation de l’abondance de ces progéniteurs CD9+ avant une intervention de chirurgie bariatrique (ou chirurgie de l’obésité) est associée à une moindre amélioration métabolique un an après l’intervention. Ces résultats positionnent donc les progéniteurs CD9+ comme des cibles thérapeutiques de premier plan pour améliorer localement le fonctionnement du tissu graisseux, avec des effets bénéfiques potentiels sur la santé globale. L’équipe a ensuite mené une étude préclinique sur des souris, afin de valider cette hypothèse. Grâce à des analyses moléculaires approfondies, les chercheuses et chercheurs ont identifié les voies de signalisation activées dans ces cellules et testé des médicaments capables de les inhiber. La combinaison de deux molécules déjà utilisées en clinique, le nintédanib (antifibrosant) et le célécoxib (anti-inflammatoire), s’est révélée particulièrement efficace. En effet, elle a permis de réduire significativement le développement de la fibrose du tissu adipeux chez les souris obèses et d’améliorer leur santé métabolique.L’équipe a aussi découvert que le traitement agissait sur les cellules mésothéliales, des cellules spécialisées formant une barrière protectrice à la surface des organes viscéraux, mais qui, en contexte d’obésité, contribuent à la fibrose en surface du tissu graisseux. |
Ces résultats sont prometteurs car ils reposent sur des traitements combinés déjà disponibles, ouvrant ainsi la voie à une translation rapide vers des essais cliniques. Préserver ou restaurer le bon fonctionnement des tissus adipeux pourrait ainsi constituer une stratégie clé pour limiter les effets délétères de l’obésité.
Geneviève Marcelin
Chercheuse Inserm
Nutrition et obésités : approches systémiques (NUTRIOMIQUES), Unité 1269 Inserm / Sorbonne Université
Combined pharmacological targeting of CD9+ progenitors alleviates obesity-induced adipose tissue fibrosis and metabolic impairment