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Communiqués et dossiers de presse

Prix Inserm 2023 : une recherche innovante au service des patients

05 Déc 2023 | Par INSERM (Salle de presse) | Institutionnel et évènementiel

Prix Inserm 2023© Inserm

« À travers ses Prix, l’Inserm célèbre cette année cinq lauréats emblématiques de notre effort collectif pour mener et accompagner, avec efficacité et créativité, la recherche en santé », souligne le Pr Didier Samuel, PDG de l’Inserm. Tout au long de l’année 2023, et alors que l’Inserm s’apprête à célébrer l’année prochaine ses 60 ans, ses collaborateurs n’ont cessé de faire progresser la santé de tous les citoyens grâce à de belles avancées sur l’ensemble des pans de la recherche biomédicale. Les travaux des cinq scientifiques récompensés lors de cette nouvelle édition des prix Inserm reflètent toute la richesse et le caractère innovant des recherches qui sont menées au sein de l’Institut. Le Grand Prix Inserm est décerné à Nadine Cerf- Bensussan, pionnière de l’exploration du microbiote, qui étudie depuis plus de quarante ans l’immunité intestinale pour améliorer la prise en charge des patients.

 

Nadine Cerf-Bensussan, Grand Prix Inserm

Prix Inserm 2023© François Guénet/Inserm

Directrice de recherche Inserm, Nadine Cerf-Bensussan dirige le laboratoire Immunité intestinale à l’institut Imagine à Paris, où elle s’intéresse au rôle ambivalent du système immunitaire intestinal, qui d’un côté nous protège des pathogènes, mais de l’autre doit tolérer les nutriments et les nombreuses bactéries présentes dans le microbiote.

Spécifiquement, ses travaux visent à mieux comprendre les pathologies intestinales, dont la maladie cœliaque induite par le gluten, ainsi que les liens entre le microbiote intestinal et son hôte.

Si aujourd’hui ce type de recherche a le vent en poupe – et les termes « microbiote » et « intolérance au gluten » sont désormais bien connus du grand public –, ce n’était pas le cas quand elle a démarré sa carrière il y a 40 ans.

Son entrée dans le domaine s’est d’ailleurs faite un peu par hasard, d’abord grâce à un stage hospitalier dans le service d’immunologie et d’hématologie de Claude Griscelli, à l’hôpital Necker-Enfants malades, puis en s’orientant vers un DEA et un stage au Massachusetts General Hospital à Boston, où elle a mis au point son premier anticorps contre les lymphocytes intestinaux chez le rat.

De retour en France au début des années 1980, elle se tourne définitivement vers la recherche, obtenant en 1987 le concours de chargée de recherche à l’Inserm, toujours dans l’équipe de Claude Griscelli – lequel assurera plus tard la direction générale de l’Inserm de 1996 à 2001. Elle y développe le premier anticorps contre les lymphocytes intra-épithéliaux humains et voit dans la maladie cœliaque – qui fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle dans les médias – un modèle idéal d’étude du rôle de ces lymphocytes et plus largement de l’immunité intestinale.

La suite de sa carrière est ponctuée d’avancées majeures dans la compréhension du microbiote et de l’immunité intestinale. Par exemple, avec son équipe, la chercheuse a démontré le rôle clé de la bactérie segmentée filamenteuse, véritable « star en immunité intestinale ». L’équipe continue aujourd’hui à étudier cette bactérie pour identifier ses mécanismes d’action mais aussi la façon dont l’hôte contrôle son expansion dans l’intestin.

En 2014, l’intégration de l’équipe à l’institut Imagine a constitué une opportunité majeure pour développer de nouvelles thématiques autour des maladies génétiques intestinales. Nadine Cerf-Bensussan et ses collègues ont notamment pu y développer une cohorte de patients soupçonnés de présenter une maladie monogénique intestinale. Grâce à leurs efforts, un diagnostic génétique a été posé pour environ 30 % des patients inclus et un outil diagnostique fondé sur le séquençage haut débit a été mis au point. L’équipe tente aussi d’établir un catalogue des gènes indispensables à l’équilibre de la barrière intestinale et, lorsqu’ils sont peu ou mal connus, de définir leurs rôles précis.

« Je suis très heureuse de ce Grand Prix que je vois comme la reconnaissance de l’importance de cette interface constamment exposée à une masse considérable de microbes ainsi qu’aux multiples composants de notre alimentation et de notre environnement, C’est comme si on avait donné le prix à l’intestin ! », conclut Nadine Cerf-Bensussan.

 

Thomas Baumert, Prix Recherche

Prix Inserm 2023© François Guénet/Inserm

À la fois médecin et chercheur, Thomas Baumert a fait progresser les connaissances sur la fibrose et le cancer du foie pour développer des traitements innovants afin de mieux soigner les malades. Ces efforts lui valent aujourd’hui de recevoir le Prix Recherche.

Ce chercheur passionné est actuellement directeur de l’Institut de recherche sur les maladies virales et hépatiques à Strasbourg. Son équipe, qui compte une cinquantaine de personnes aujourd’hui, est à l’origine d’avancées majeures dans le domaine.

Ainsi, leurs travaux sur la réponse immunitaire et l’entrée du virus de l’hépatite C dans les cellules ont contribué aux traitements développés, par la suite, par les laboratoires privés. Une avancée significative quand on sait que l’hépatite C tuait de nombreuses personnes d’un cancer du foie il y a vingt ans, et qu’il est désormais possible d’en guérir.

D’autres travaux de recherche publiés par son équipe, en collaboration avec plusieurs laboratoires à l’international, témoignent du dynamisme et de l’esprit d’innovation de Thomas Baumert, toujours au service des patients.

Les scientifiques ont ainsi tour à tour découvert une nouvelle cible thérapeutique de la fibrose et du cancer du foie – une protéine surexprimée à la surface des cellules du tissu malade appelée « claudine 1 » –, élaboré un « atlas » recensant toutes les cellules du foie humain et leurs mécanismes d’action, ou encore développé une sorte de « mini foie » qui reproduit la signature pronostique de la fibrose et du cancer.

 

Alexandre Loupy, Prix Innovation

Prix Inserm 2023© François Guénet/Inserm

Lauréat du Prix Innovation, directeur de l’Institut de transplantation de Paris et du Paris Transplant Group, Alexandre Loupy est néphrologue, biologiste et biostatisticien. De multiples casquettes qui lui permettent, avec son équipe, de développer des outils innovants pour améliorer la transplantation rénale.

Parmi les nombreuses avancées auxquelles il a participé, on peut mentionner la découverte en 2013 des anticorps qui augmentent fortement le rejet des greffes.

Plus récemment, on peut citer la mise au point avec son équipe d’un algorithme appelé iBox intégrant des paramètres biologiques, immunologiques et génétiques pour prédire le risque de rejet, la survie des greffons et la mortalité des patients transplantés. Un outil précieux pour aider les médecins à ajuster le suivi et les traitements.

Le développement de cet algorithme a été confié à Predict4Health, une start-up issue de l’Inserm, de l’AP-HP et de l’Université Paris Cité, fondée en 2019 par Alexandre Loupy. Il a fait l’objet d’un essai clinique en Europe et a passé le parcours réglementaire lui permettant d’être remboursé par la Sécurité sociale. L’iBox est maintenant utilisé pour suivre 10 000 malades en France et actuellement en cours de développement pour le suivi des greffes de cœur, poumon, foie et maladies rénales chroniques.

Partageant son temps entre la France et les Etats-Unis où il enseigne, Alexandre Loupy ne compte pas pour autant abandonner le monde de la recherche française et estime que ce prix est une très grande fierté qui récompense le travail de toute son équipe.

 

Marina Kvaskoff, Prix Science et société-Opecst

Prix Inserm 2023© François Guénet/Inserm

Marina Kvaskoff est épidémiologiste au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) à Villejuif et consacre son temps et son énergie à la recherche sur l’endométriose, maladie gynécologique trop longtemps invisible.

Ses efforts pour mieux comprendre et faire connaître la maladie lui valent de recevoir le Prix Science et société-Opecst.

Après son doctorat, la chercheuse – qui a obtenu un poste de chargée de recherche Inserm en 2016 – part se former à l’université Harvard aux États-Unis, auprès de Stacey Missmer, pionnière de l’épidémiologie de l’endométriose, aujourd’hui présidente de la société savante World Endometriosis Society.

Désireuse de mieux comprendre cette maladie qui touche de nombreuses femmes, mais sur laquelle les connaissances demeurent très faibles, elle entreprend des travaux qui lui permettront d’observer que certaines expositions dans l’enfance (tabagisme passif, privations alimentaires, activité physique intense…) augmentent le risque d’endométriose. Elle montre également que la maladie est liée au risque de différents cancers.

Des recherches importantes, trop longtemps restées confidentielles, malgré le soutien de l’Inserm. Mais depuis 2018, la forte mobilisation des associations de patientes et la prise de parole de célébrité ont fait sortir l’endométriose de l’ombre. La maladie devient un sujet pris au sérieux par les autorités sanitaires. En 2022, le gouvernement a affiché son souhait de mettre en place l’ambitieux programme Epi-Endo sur l’épidémiologie de l’endométriose, porté par Marina Kvaskoff dans le cadre du programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) Santé des femmes, santé des couples.

 

Ghislaine Filliatreau, Prix Appui à la recherche

Prix Inserm 2023© François Guénet/Inserm

Depuis trente ans, Ghislaine Filliatreau, déléguée à l’intégrité scientifique de l’Inserm, met toute son énergie et ses connaissances fines de l’écosystème de la recherche au service de cette dernière. Une démarche saluée par le Prix Appui à la recherche.

Après avoir rejoint l’Inserm en 1983, en tant que chercheuse en neurobiologie cellulaire, elle intègre douze ans plus tard le ministère de l’Éducation supérieure et de la Recherche pour travailler au développement des open archives – ce qu’on appelle aujourd’hui la « science ouverte ».

Elle a également dirigé l’Observatoire des sciences et des techniques, chargé de concevoir des indicateurs pour l’appui à la définition et à l’évaluation des politiques de recherche.

Des expériences aussi riches que variées, qui lui permettent de bien comprendre les enjeux de la recherche et la réalité des laboratoires.

En 2016, elle revient à l’Inserm en tant que déléguée à l’intégrité scientifique, dont la mission n’est pas uniquement de gérer les manquements à l’intégrité, mais aussi de les prévenir en apportant une expertise et des conseils pour promouvoir une recherche fiable et robuste.

Une tâche qui lui tient à cœur et dont elle s’acquitte avec beaucoup d’énergie et de succès, codirigeant en outre le programme LORIER (L’organisation pour une recherche Inserm éthique et responsable) et participant en 2023 à l’élaboration de la charte de la parole publique de l’Inserm.

 

Les Prix Inserm

Le Grand Prix rend hommage à un scientifique français dont les travaux ont permis des progrès remarquables dans la connaissance de la physiologie humaine, en thérapeutique et, plus largement, dans la recherche en santé.

Le Prix Recherche distingue un chercheur, un enseignant-chercheur ou un clinicien chercheur dont les travaux ont particulièrement marqué le champ de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et thérapeutique et de la recherche en santé publique.

Le Prix Innovation revient à un chercheur dont les travaux ont fait l’objet d’une valorisation entrepreneuriale.

Le Prix Science et société-Opecst récompense un chercheur, ingénieur, technicien ou administratif qui s’est distingué dans le domaine de la valorisation de la recherche et par sa capacité à être en dialogue avec la société et à l’écoute des questions des citoyens sur leur santé.

Enfin, le Prix Appui à la recherche est décerné à un ingénieur, technicien ou administratif pour des réalisations marquantes au service de l’accompagnement de la recherche.

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rf.mresni@esserp

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