Les objectifs de cette étude étaient de décrire les caractéristiques cliniques et les complications des patients atteints de variole du singe. © Adobestock
Des équipes des services de maladies infectieuses et tropicales, dermatologie, urgences et virologie de l’hôpital Bichat Claude-Bernard AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité1 ont étudié les caractéristiques des patients infectés par le virus de la variole du singe pris en charge à l’hôpital Bichat entre le 21 mai et le 5 juillet 2022. L’objectif était de mieux décrire ces caractéristiques et les complications observées, afin de mieux comprendre cette nouvelle épidémie et mieux la prendre en charge. Les résultats de ces travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Clinical Microbiology and Infection le 23 août 2022.
Depuis mai 2022, une épidémie de variole du singe sévit dans de nombreux pays sur plusieurs continents. L’ampleur de l’épidémie a conduit l’OMS à déclarer une urgence de santé publique de portée internationale.
Tous les patients présentant une variole du singe confirmée par une PCR positive pour le Monkeypox virus à l’hôpital Bichat – Claude Bernard, AP-HP, Paris ont été inclus dans cette étude. Entre le 21 mai et le 5 juillet 2022, 420 patients ont été testés pour le Monkeypox virus, dont 264 ont eu une PCR positive.
Parmi les patients, 99% (n=262) étaient des hommes dont 95% (n=245) ayant des relations sexuelles avec des hommes et 42% (n=90) ayant pratiqué le chemsex (fait de combiner rapports sexuels et prise de drogues) au cours des trois derniers mois.
Par ailleurs 29 % (n=73) d’entre eux vivaient avec le VIH et 71% parmi les autres patients prenaient une prophylaxie pré-exposition en prévention de l’infection par le VIH (PrEP). Seulement 47% des patients (n=112) avaient eu un contact connu avec un cas confirmé de variole du singe. Ce contact était de nature sexuelle dans 95% des cas (86/91).
La majorité des patients a présenté de la fièvre (171/253, 68 %) et des adénopathies (174/251, 69 %) c’est-à-dire l’augmentation du volume des ganglions lymphatiques. Les lésions cutanées ont principalement affecté les régions génitales (135/252, 54%) et péri-anales (100/251, 40 %).
Au total, 17 patients (17/264, 6 %) ont été hospitalisés. Les patients hospitalisés étaient tous des hommes adultes non immunodéprimés. Les motifs d’hospitalisation étaient les suivants : cellulites (n = 4) et panaris (n = 3) probablement liés à une surinfection bactérienne, atteintes anales et digestives sévères avec douleurs intenses (n = 4), angine avec dysphagie (n = 4), et atteintes ophtalmologiques liées au virus monkeypox (1 blépharite et 1 kératite). Une prise en charge chirurgicale a été nécessaire pour 4 patients dans le cadre de surinfections cutanées.
Cette étude permet de confirmer les spécificités de l’épidémie actuelle par rapport aux épidémies précédentes : elle touche principalement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, se transmet principalement par contact sexuel, atteint les régions périnéales et anales et peut entraîner des formes sévères notamment surinfections cutanées, atteintes anales et digestives compliquées, dysphagie ou atteintes ophtalmologiques.
[1] Des médecins d’études cliniques financés par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes ont participé à la collecte, l’analyse des données et l’écriture de cet article.
Clinical Microbiology and Infection
Morgane Mailhe, Anne-Lise Beaumont, Michael Thy, Diane Le Pluart, Ségolène Perrineau, Nadhira Houhou-Fidouh, Laurène Deconinck, Chloé Bertin, Valentine Marie Ferré, Marie Cortier, Clémentine De La Porte Des Vaux, Bao-Chau Phung, Bastien Mollo, Mélanie Cresta, Fabrice Bouscarat, Christophe Choquet, Diane Descamps, Jade Ghosn, François-Xavier Lescure, Yazdan Yazdanpanah, Véronique Joly, Nathan Peiffer-Smadja.
DOI : 10.1016/j.cmi.2022.08.012