Menu
Canal Détox

Le vaccin contre le papillomavirus seulement pour les filles, vraiment ?

Afin de mieux lutter contre les papillomavirus humains (HPV), une campagne de vaccination généralisée va être menée dans les collèges.

Le 05 Avr 2023 | Par INSERM (Salle de presse)

papillomavirus humains (HPV)

Les papillomavirus humains (HPV) sont un groupe de virus à ADN qui infectent spécifiquement les épithelia de la peau ou des muqueuses. Ils induisent des lésions bénignes telles que verrues, papillomes ou condylomes. © Inserm/U190

Afin de mieux lutter contre les papillomavirus humains (HPV), une campagne de vaccination généralisée va être menée dans les collèges pour les élèves de 5e. Cette initiative doit permettre d’augmenter la couverture vaccinale et de prévenir l’infection par ce virus, responsable de 6 000 nouveaux cas de cancers et de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus chaque année.

Les papillomavirus humains sont habituellement associés aux femmes. D’ailleurs, un vaccin est proposé aux jeunes filles depuis 2006 dans plus de 80 pays dans le monde, afin de limiter la transmission de ce virus, et par conséquent le développement de lésions précancéreuses qui lui sont consécutives et qui peuvent éventuellement évoluer vers un cancer.

Néanmoins, les garçons peuvent eux aussi être infectés. La transmission de ce virus se fait lors des rapports sexuels, avec ou sans pénétration. Un simple contact de peau à peau suffit à la transmission, notamment par les doigts lors de caresses intimes.

Et si les cancers de l’utérus sont les plus fréquents, ce virus est aussi responsable de cancers de l’anus, de la bouche et de la gorge, qui, eux, touchent aussi bien les hommes que les femmes. Parmi les nouveaux cas de cancers identifiés chaque année, liés aux papillomavirus humains, un tiers concernent les hommes. C’est pourquoi la Haute Autorité de santé (HAS) avait ouvert la vaccination aux garçons dès janvier 2021. C’était déjà le cas dans plusieurs pays.

Mais alors que les données concernant l’efficacité du vaccin continuent à s’accumuler, la couverture vaccinale reste faible en France (moins de 30 % des adolescents de 16 ans sont vaccinés). Canal Détox fait le point sur les données scientifiques qui existent sur le sujet et sur les effets bénéfiques du vaccin anti-HPV, chez les garçons comme chez les filles.

 

Un recul suffisant

Le papillomavirus humain – il en existe de nombreux types plus ou moins virulents[1] – a une particularité : il est très contagieux. Ainsi, environ 80 % de la population sexuellement active rencontrera un virus de cette famille au moins une fois dans sa vie, notamment au cours de sa jeunesse. Dans 90 % cas, le papillomavirus humain sera naturellement éliminé de l’organisme. Cependant, dans 10 % des cas, le virus aura tendance à s’installer, à proliférer dans les cellules de la muqueuse, et pourra, pour les souches les plus virulentes, aboutir à des lésions précancéreuses puis à un cancer.

Un vaccin contre le papillomavirus existe depuis 2006 en France, et pourrait conduire à l’éradication de ce virus. Mais face à la défiance du pays vis-à-vis des vaccins en général et de celui-ci en particulier, il n’a pas remporté l’adhésion des jeunes ni de leurs parents. Ainsi, en 2021, moins de la moitié des adolescentes françaises sont vaccinées. L’une des raisons évoquées pour expliquer ce rejet concerne le manque de certitude vis-à-vis de l’efficacité du vaccin car il peut s’écouler jusqu’à 30 ans entre l’infection par le papillomavirus et la déclaration d’un cancer.

couverture vaccinale HPV par département _ 2018

Toutefois, le recul commence à être suffisant – les vaccins ayant été introduits dans plus de 80 pays à partir de 2006 – et les preuves à s’accumuler. Par exemple, en Australie, l’un des premiers pays à avoir introduit un programme de vaccination, le nombre de personnes infectées par le papillomavirus à l’origine de cancers du col de l’utérus a diminué grâce à la vaccination. La prévalence des HPV de type 6, 11, 16 et 18 est passée de 28 % en 2005 à 2,3 % en 2012 chez les jeunes femmes de 18-24 ans. Une étude récente a même estimé que le cancer du col de l’utérus pourrait être éliminé dans ce pays d’ici vingt ans.

De même en Suède, où la couverture vaccinale est de 80 %, on observe entre 2006 et 2017 une réduction des lésions précancéreuses de 75 % ainsi que du nombre de cancers invasifs du col de l’utérus de 88 % chez les jeunes filles vaccinées avant 17 ans.

Des résultats encourageants qui laissent à penser qu’une plus ample couverture vaccinale contre le papillomavirus, combinée à une forte participation au dépistage et à des traitements appropriés, pourrait permettre l’élimination du cancer du col de l’utérus. La campagne future à destination des collégiens et l’ouverture de la vaccination aux garçons visent à enrayer la chaîne de transmission pour atteindre cet objectif.

Quelques points clés

  • Il existe près de 200 types de papillomavirus dont une quarantaine peuvent infecter l’appareil génital. Parmi eux, 12 ont été définis comme étant à haut risque ou potentiellement oncogènes et d’autres à bas risque, responsables de verrues anogénitales.
  • Les HPV à haut risque oncogènes 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58 sont responsables de 90 % des cancers du col de l’utérus, 70 % des cancers du vagin, 40 % des cancers de la vulve, 85 % des cancers de l’anus, 60 % des cancers du pénis et de 80 % des lésions précancéreuses.
  • Le vaccin Gardasil 9 protège contre les HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58. Il est administré en 3 doses.
  • Les hommes peuvent aussi développer des cancers associés aux HPV : cancer du pénis, de l’anus, de l’oropharynx ou des amygdales. Le vaccin Gardasil 9 protège contre HPV16, le principal sous-type cancérigène pour l’homme.

fermer