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Canal Détox

Mpox : démystifier les fausses idées avec l’Inserm

Entre janvier 2022 et août 2024, plus de 120 pays ont signalé des cas de mpox, avec plus de 100 000 cas confirmés en laboratoire et plus de 220 décès parmi les cas confirmés. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale, son plus haut niveau d’alerte, pour la mpox le 14 août dernier. Depuis, de nombreuses « fake news » se diffusent dans l’espace publique, notamment sur les réseaux sociaux, un peu à l’instar de ce qui a pu être observé pendant la pandémie de Covid-19. Dans son nouveau Canal Détox, l’Inserm revient sur certaines de ces fausses informations.

Le 05 Sep 2024 | Par Inserm (Salle de presse)

VaccinationLa HAS a récemment actualisé ses recommandations vaccinales pour mieux lutter contre la circulation du virus © Inserm/Depardieu, Michel

Entre janvier 2022 et août 2024, plus de 120 pays ont signalé des cas de mpox, avec plus de 100 000 cas confirmés en laboratoire et plus de 220 décès parmi les cas confirmés. A la suite d’une augmentation rapide des cas, notamment en RDC, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale, son plus haut niveau d’alerte, pour la mpox le 14 août dernier. Depuis, de nombreuses « fake news » se diffusent dans l’espace public, notamment sur les réseaux sociaux, un peu à l’instar de ce qui a pu être observé pendant la pandémie de Covid-19. Dans son nouveau Canal Détox, l’Inserm revient sur certaines de ces fausses informations.

Les symptômes de mpox sont les mêmes que ceux du zona et seraient un effet secondaire du vaccin contre la Covid-19 ?

C’est l’une des « fake news » les plus partagées sur les réseaux sociaux : des internautes écrivent que la mpox serait « ce qu’on appelle le zona ; l’un des effets secondaires les plus fréquents du vaccin Covid ».

En fait la mpox et le zona n’ont rien à voir. La mpox est un virus d’origine zoonotique, issu d’un réservoir animal, tandis que le zona est dû à la réactivation du virus de la varicelle. Les virus du zona et de la mpox appartiennent en outre à des groupes différents et ne se ressemblent pas du tout sur le plan morphologique.

De plus, les symptômes des deux maladies ne sont pas tout à fait les mêmes :

Dans le zona, les patients ont des petits boutons douloureux, localisés sur le visage ou la poitrine, là où la mpox est associée à de la fièvre et à une éruption cutanée caractérisée par des lésions pustuleuses plus larges sur le visage, la paume des mains, la plante des pieds et les organes génitaux.

Il faut noter aussi que la responsabilité du vaccin contre la Covid-19 dans l’apparition de zona n’est d’ailleurs aucunement avérée. L’ANSM avait déjà rappelé l’année dernière qu’elle n’avait pas identifié de lien entre la survenue d’un zona et la vaccination contre la Covid.

 

L’OMS a annoncé des confinements ? 

Comme évoqué précédemment, l’OMS a déclaré que la mpox constituait une urgence de santé publique de portée internationale en août 2024, face à la recrudescence des cas en RDC et à l’apparition d’une nouvelle souche potentiellement plus transmissible. Cette urgence avait déjà été déclarée à une précédente reprise, en mai 2022, à la suite de la propagation de la maladie dans plus de 75 pays non endémiques.

Selon le règlement sanitaire international, une urgence de santé publique de portée internationale « s’entend d’un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque international de propagation de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ».

Cette définition implique que la situation :

  • est grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue ;
  • a des implications pour la santé publique dépassant les frontières nationales de l’État affecté ; et
  • pourrait nécessiter une action internationale immédiate.

En revanche, cette situation n’implique pas nécessairement la mise en place de confinements. Les confinements, comme ceux qui ont pu être décidés pendant la pandémie de Covid, sont des mesures d’urgence qui sont loin d’être systématiquement mises en place, et encore, seulement dans des contextes bien précis.

Il faut souligner que la transmission interhumaine de la mpox se fait par contact direct avec une personne infectée, à travers les fluides corporels, les lésions cutanées symptomatiques de la maladie ou les muqueuses internes comme la bouche, ainsi que de manière indirecte par des objets que le malade a contaminés, comme du linge de lit. La transmission peut aussi se produire à l’occasion d’un contact prolongé en face à face par des gouttelettes (postillons, éternuements), mais c’est beaucoup plus rare. La transmission aérienne n’est pas avérée.

De fait, le taux de reproduction n’est pas comparable à celui d’une pathologie liée à un virus respiratoire comme la Covid et mettre en place des mesures sanitaires d’urgence comme un confinement n’est, actuellement, pas du tout envisagé. Il est néanmoins conseillé que les patients s’isolent à leurs domiciles après la date de début des symptômes, jusqu’à guérison totale des lésions de la peau, pendant environ 3 semaines.

La mpox ne concerne que les personnes homosexuelles ?

Des contenus en ligne ont été largement relayés pour diffuser l’idée que la mpox ne toucherait que les personnes homosexuelles, en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

Aucune maladie infectieuse ne se transmet différemment en fonction de l’orientation sexuelle.  Comme évoqué précédemment, la transmission de la maladie se fait le plus souvent lors d’un contact direct et rapproché ce qui est le cas lors d’un rapport sexuel. C’est le contact intime qui permet la transmission de la maladie – le fait d’avoir un plus grand nombre de partenaires étant corrélé à un risque plus élevé – mais non l’orientation sexuelle de chacun.

L’avis publié par la HAS concernant la vaccination contre la mpox liste de fait les personnes comme étant à plus haut risque d’exposition au virus :

  • Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans qui ont des partenaires sexuels multiples
  • Les personnes en situation de prostitution
  • Les professionnels des lieux de rencontre sexuelle
  • Les partenaires ou les personnes partageant le même lieu de vie que les personnes mentionnées ci-dessus.

 

Bill Gates et le Big Pharma sont à l’origine de l’épidémie ?

Quand on s’interroge sur les origines d’une épidémie, la responsabilité de Bill Gates ou des « Big Pharma » est régulièrement citée, notamment sur certains forums complotistes. L’argument étant que ces derniers bénéficieraient financièrement d’une épidémie qui leur donnerait la possibilité de vendre leurs traitements ou vaccins. Cette accusation ne repose toutefois sur aucune preuve.

D’autant qu’il existe aujourd’hui des données solides qui montrent bien quelles sont les origines du virus. La mpox est une zoonose : il s’agit d’un virus initialement présent chez l’animal, qui se transmet de l’animal à l’humain et aujourd’hui entre humains.

A l’origine, on avait appelé cette maladie « variole du singe » car le virus avait pour la première fois été isolé par des chercheurs chez des singes de laboratoire, mais son réservoir animal – là où le virus a émergé pour la première fois – serait plutôt les petits rongeurs, en particulier un écureuil originaire d’Afrique. Les travaux doivent se poursuivre pour accroitre les connaissances sur le réservoir animal de la mpox.

Mpox ou variole du singe ?

Si l’on a longtemps utilisé le terme de variole du singe pour désigner la maladie (monkeypox en anglais), le nom à utiliser désormais, en accord avec les recommandations de l’OMS, est mpox.

Lorsque la flambée épidémique de 2022, des propos racistes et stigmatisants envers les patients, associés au nom « variole du singe » ont été observés en ligne et dans certaines communautés. Ils ont été signalés à l’OMS, qui a décidé en conséquence de renommer la maladie.

Le choix du nouveau nom se fonde sur plusieurs critères dont la pertinence scientifique, la facilité d’utilisation dans différentes langues, l’absence de références géographiques ou zoologiques etc…

Texte rédigé avec le soutien du Pr Xavier Lescure, service maladies infectieuses et tropicales, AP-HP, hôpital Bichat Claude Bernard. Chercheur associé à l’unité IAME de l’Inserm de l’université Paris Cité. Membre du COVARS.

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