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Les vaccins contre la Covid-19, efficaces vraiment ?

Pour lutter la Covid-19, les campagnes de vaccination suivent leurs cours dans de nombreux pays du monde. Alors que le nombre de cas continue d’augmenter et que l’émergence de nouveaux variants fait craindre une intensification de la pandémie, certains s’interrogent toutefois sur l’efficacité de ces nouveaux vaccins. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias, […]

Le 05 Fév 2021 | Par INSERM (Salle de presse)

Parmi les stratégies étudiées par les différents laboratoires pour lutter efficacement contre les variants, la possibilité de faire un rappel avec les vaccins dont on dispose déjà, pour booster la réponse immunitaire, est à l’étude. Adobe Stock 

Pour lutter la Covid-19, les campagnes de vaccination suivent leurs cours dans de nombreux pays du monde. Alors que le nombre de cas continue d’augmenter et que l’émergence de nouveaux variants fait craindre une intensification de la pandémie, certains s’interrogent toutefois sur l’efficacité de ces nouveaux vaccins. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias, des questions au sujet des publics ciblés par la vaccination, de la durée de protection ou encore des délais à respecter entre deux injections continuent régulièrement à être soulevées. Canal Détox fait le point.

 La question de l’efficacité des vaccins anti-Covid actuellement disponibles ou en cours de développement se pose de manière accrue depuis l’émergence et la diffusion de variants du SARS-CoV-2 plus contagieux. Ces vaccins parviendront-ils toujours à générer la production d’anticorps efficaces contre ces nouvelles formes du virus ?

D’après les premières données disponibles, les deux vaccins à ARN sur le marché en Europe (Moderna et Pfizer BioNtech) semblent être en mesure de neutraliser les variants, en particulier le variant britannique qui se répand rapidement en France. Moderna a même indiqué que son vaccin aurait toujours une activité neutralisante réduite mais effective contre le variant sud-africain qui est celui qui inquiète un peu plus les scientifiques.

Très récemment, le vaccin Novavax basé sur l’injection de protéines recombinantes a annoncé les premiers résultats de ses essais cliniques. Il a démontré une efficacité contre les formes sévères du Covid à 90% lorsque testé au Royaume Uni, mais réduite à 60% en Afrique du Sud. Même si des différences socio-économiques pourraient en partie expliquer ces observations, il est aussi évident que plus de 90% des cas de Covid dans l’essai conduit en Afrique du Sud impliquaient un variant différent de ceux circulants au Royaume Uni.

Parmi les stratégies étudiées par les différents laboratoires pour lutter efficacement contre les variants, la possibilité de faire un rappel avec les vaccins dont on dispose déjà est à l’étude, dans le but de booster la réponse immunitaire.  Moderna étudie par exemple déjà la possibilité d’injecter une dose supplémentaire de son vaccin déjà développé contre le SARS-CoV-2 « classique » pour développer une réponse plus puissante. ll s’agirait d’une injection à distance des deux premières, comme c’est le cas pour beaucoup de vaccins déjà existants.

L’autre approche consisterait à adapter et remplacer régulièrement les vaccins disponibles pour faire face aux mutations du virus (comme dans le cas de la grippe). Dans ce contexte, les vaccins à ARN ont notamment l’avantage de pouvoir être adaptés rapidement et à coût de production réduit pour faire face aux nouveaux variants.

En effet, le principe de ce vaccin repose sur l’injection de molécules d’ARN codant pour les protéines du virus afin que celles-ci soient produites par les cellules de l’individu et réveillent la réponse immunitaire. A partir du moment où l’on connaît le code génétique des nouveaux variants, on peut rapidement mettre au point un vaccin codant leurs protéines d’intérêt.

 

 

Qui, quand comment ?

Dans le cadre de la stratégie de vaccination française, et face aux difficultés à s’approvisionner en vaccins, s’est posé la question de savoir s’il était possible de décaler l’injection de la seconde dose du vaccin de Pfizer/BionTech pour pouvoir administrer la première dose à un plus grand nombre de personnes. Cette stratégie n’a pas été retenue par crainte d’une efficacité diminuée du vaccin si la seconde dose n’était pas donnée dans les délais testés dans les essais cliniques. Par ailleurs, le risque existe qu’une immunité collective insuffisante/partielle, obtenue avec une seule dose, laisse le temps au virus de muter.

La HAS a défini les publics prioritaires ciblés par la vaccination. La phase 1 de la campagne cible en priorité les populations exposées à deux facteurs de risque : la vulnérabilité liée à l’âge et l’exposition accrue au virus (notamment les professionnels du secteur de la santé).  Les premiers vaccins autorisés en France, celui de Moderna et de Pfizer/BioNtech, sont donc réservés en priorité à ces personnes. Les essais cliniques menés par les deux laboratoires, dont les données ont été publiées dans des revues à comité de lecture (NEJM et The Lancet) et sur lesquelles les autorités sanitaires se sont appuyées pour autoriser les deux vaccins, montrent des résultats d’efficacité élevés pour les personnes âgées.

Pour ce groupe d’âge, des questions sur l’efficacité ont toutefois été soulevées en ce qui concerne le vaccin de Astrazeneca, le troisième vaccin à être autorisé dans l’UE. En effet, pour ces essais cliniques, le laboratoire a dans un premier temps recruté des participants jeunes, les plus âgés ayant été inclus un peu après. Au total, dans les premières études analysées par l’Agence européenne du médicament, seul 13 % des participants avaient plus de 65 ans. Les données accessibles à l’heure actuelle montrent de plus que sur 660 personnes de plus de 65 ans participant à ces essais, deux d’entre-elles ont été infectées par le SARS-CoV-2 dans le groupe recevant le vaccin contre 6 dans le groupe contrôle.

Il s’agit là d’un échantillon insuffisant pour réaliser une analyse statistique robuste et se prononcer avec certitude sur l’efficacité dans cette classe d’âge. C’est du moins l’avis des autorités sanitaires allemandes, qui ont été les premières en Europe à décider de réserver ce vaccin aux personnes de moins de 65 ans. Une décision également suivie par plusieurs pays européens dont la France, la HAS recommandant ce vaccin en priorité aux soignants de moins de 65 ans et aux patients atteints de comorbidités âgées de 50 à 64 ans. Des données complémentaires concernant l’efficacité de ce vaccin chez les plus âgés devraient toutefois prochainement être disponibles, notamment dans le cadre d’un essai clinique en cours aux Etats-Unis.

 

L’intérêt de poursuivre les essais cliniques va d’ailleurs au-delà de la problématique d’Astrazeneca. Il est important de continuer à tester de nouveaux candidats vaccins pour élargir l’arsenal d’outils disponibles contre la pandémie, mais aussi de poursuivre des essais complémentaires portant sur des vaccins déjà autorisés afin de répondre à des questions encore en suspens et affiner encore la prise en charge.

C’est par exemple l’objectif de la plateforme d’essais vaccinaux Covireivac promue par l’Inserm.  Il ne s’agit pas dans ce cas de démontrer à nouveau la sécurité et l’efficacité de ces produits mais de caractériser plus finement la réponse immunitaire et identifier des marqueurs biologiques prédictifs de l’efficacité d’un vaccin donné, de l’étudier dans des populations spécifiques (certains groupes d’âges, les femmes enceintes etc…), ou encore de s’intéresser à la durée de l’immunité conférée par ces vaccins.

La question de l’efficacité à long terme des vaccins contre la Covid demeure en effet au cœur des préoccupations. Si l’efficacité des vaccins déjà autorisés fait consensus sur la base des données disponibles, le recul sur ces dernières n’est que de quelques mois. Il est donc important de continuer les recherches pour déterminer si l’efficacité diminue au cours du temps.

 Texte rédigé avec le soutien de Cecil Czerkinsky, directeur de recherche Inserm à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire.

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