La mortalité par cancer a connu d’importantes évolutions au cours des 20 dernières années, avec notamment un recul qui s’accentue dans la période récente. La baisse de la mortalité concerne l’homme et la femme, presque tous les cancers, toutes les tranches d’âge, toutes les régions, à des degrés divers qu’analyse le rapport que vient de rendre public l’INCa « Dynamique d’évolution des taux de mortalité des principaux cancers en France ». L’impact de l’approche globale de lutte contre le cancer réalisée en France, déjà perceptible sur la survie (1) le devient sur la mortalité.
Le rapport réalisé par l’Institut national du cancer, en lien avec l’InVS, l’Inserm, et le réseau français des registres de cancer Francim, présente une analyse dynamique de la mortalité par cancer en France au cours des vingt dernières années à partir des données les plus récentes (2). Ce document constitue un point d’étape entre les deux Plans cancers déployés en France. Il a notamment pour objectif de repérer les changements directement liés aux actions et politiques de santé publique menées ces dernières années afin d’éclairer les décideurs sur les actions à mener pour soutenir la baisse de la mortalité par cancer.
En moyenne, 147 851 décès par cancer dont 88 188 chez l’homme et 59 663 chez la femme ont été enregistrés chaque année en France au cours de la période 2003-2007. Le cancer représente ainsi la première cause de décès en France chez l’homme (32,9% de l’ensemble des décès masculins) et la deuxième chez la femme (23,4% de l’ensemble des décès féminins).
Environ 71% des décès par cancer enregistrés sur la période 2003-2007 surviennent chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Chez les moins de 65 ans, les cancers responsables du plus grand nombre de décès sont les cancers du poumon chez l’homme (31,9% des décès prématurés masculins) et les cancers du sein et du poumon chez la femme (respectivement 26,8% et 15,4% des décès prématurés féminins).
Le taux de mortalité (3) par cancer tous âges et toutes localisations confondus a diminué si l’on compare les périodes 1983-87 et 2003-07. Le taux masculin a ainsi baissé de 22% passant de 208,7 à 162,6 décès pour 100 000 hommes avec une accélération de la baisse sur les dix dernières années. Le taux féminin a diminué de manière moins importante (-14%) passant de 92,8 à 79,9 décès pour 100 000 femmes.
Ces évolutions de la mortalité par cancer sont liées à des phénomènes indépendants des seules évolutions démographiques (accroissement et vieillissement de la population) : une évolution de l’incidence (fréquence des nouveaux diagnostics de cancer), une amélioration dans la prise en charge diagnostique (effet d’un éventuel dépistage ou diagnostic précoce) et une amélioration de la prise en charge thérapeutique.
Chez l’homme, la baisse du taux de mortalité par cancer est en grande partie attribuée à la baisse importante de la mortalité de certains cancers liés au tabac et à l’alcool, baisse induite par la diminution de l’incidence de ces cancers en lien avec le recul de la consommation alcoolo-tabagique.
Chez la femme, la décroissance du taux de mortalité par cancer, moins favorable que chez l’homme, est ralentie par la forte hausse du taux féminin de mortalité par cancer du poumon au cours des vingt dernières années, augmentation en lien avec celle de la consommation tabagique observée depuis plus de 40 ans.
La baisse du taux de mortalité liée à certains cancers accessibles au dépistage et diagnostic précoce tels les cancers du sein, du côlon-rectum, du col de l’utérus, aurait également contribué à la baisse du taux de mortalité par cancer, notamment sur les années récentes. Toutefois, ces politiques de santé publique sont encore trop récentes pour permettre d’observer pleinement leur efficacité. La généralisation en France des dépistages organisés du cancer du sein et du cancer colorectal devrait contribuer à la poursuite de la baisse de la mortalité par ces cancers.
Enfin, les progrès thérapeutiques et l’amélioration de la prise en charge ont permis une forte baisse du taux de mortalité pour certaines localisations telles que le testicule, la thyroïde et la maladie de Hodgkin. La découverte de certaines molécules innovantes a constitué une étape fondamentale dans le traitement de certains cancers.
Enfin, si à l’heure actuelle, l’écart de la mortalité par cancer entre les hommes et les femmes se réduit au cours du temps, le taux de mortalité par cancer reste encore deux fois plus élevé chez l’homme.
Ce rapport s’inscrit dans la mise en oeuvre de l’axe Observation du Plan cancer 2009-2013, en particulier de la mesure 6 qui prévoit de produire et de communiquer annuellement des informations sur le cancer et la cancérologie.
Notes
(1) Survie attendue des patients atteints de cancers en France : état des lieux, avril 2010.
(2) Données observées (InVS, CépiDc de l’Inserm), données estimées pour la période 1980-2005 (Francim, HCL, InVS, INCa) et projections concernant l’année 2010 (HCL, Francim, InVS, INCa).
(3) Taux standardisé qui permet de s’affranchir des effets démographiques (accroissement et vieillissement de la population) et de comparer les données de mortalité d’une époque à une autre ou d’une population à une autre.