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L’obésité, facteur de risque de développer une forme sévère du Covid-19 ?

Les personnes en surpoids sont-elles plus à risque de développer des formes sévères du Covid-19 ? Si les données issues de la littérature scientifique sont encore incomplètes, une association semble se préciser. C’est en effet ce que les chiffres préliminaires issus du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA), largement diffusés dans les médias […]

Le 16 Avr 2020 | Par INSERM (Salle de presse)

©AdobeStock

Les personnes en surpoids sont-elles plus à risque de développer des formes sévères du Covid-19 ? Si les données issues de la littérature scientifique sont encore incomplètes, une association semble se préciser.

C’est en effet ce que les chiffres préliminaires issus du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA), largement diffusés dans les médias à la suite d’un article paru dans Le Monde, semblent suggérer. Ainsi 83 % des personnes en réanimation dans les hôpitaux français seraient en surpoids. Par ailleurs, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a récemment indiqué que les personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40 (obésité morbide) ont des risques plus importants de développer une forme sévère de Covid-19. Enfin, lors des admissions en service hospitalier, les comorbidités des patients atteints de Covid-19 ayant été le plus fréquemment relevées sont les antécédents d’hypertension, de diabète, de maladie rénale chronique, mais aussi d’obésité.

Cette association entre surpoids et gravité de la maladie était déjà bien connue pour d’autres infections respiratoires et bien documentée dans la littérature scientifique. Des travaux montrent ainsi que dans le cas des infections par les virus de type influenza (grippe), en particulier dans les cas liés au H1N1, les personnes obèses présentent des comorbidités aggravées et une mortalité plus importante. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, quelques études se sont également penchées sur cette association entre formes sévères de la maladie et surpoids, afin de mieux la caractériser. Une étude parue dans Obesity souligne notamment que les différences de mortalité entre la Chine et l’Italie pourraient être liées à une prévalence plus élevée de l’obésité dans le second pays. Une publication du journal The Lancet en preprint évoque quant à elle un risque plus élevé de pneumonie sévère chez les patients obèses atteints de Covid-19 à l’hôpital chinois de Shenzhen.

Des études pour mieux comprendre les causes de cette vulnérabilité chez les patients obèses sont nécessaires, même si certains mécanismes biologiques impliqués ont déjà été identifiés. Les patients en surpoids seraient ainsi plus à risque de développer une forme sévère de la maladie du fait d’un niveau d’inflammation déjà préexistant, lié à la production par le tissu adipeux de résidus métaboliques reconnus comme des « signaux de danger » par certaines cellules immunitaires. Dans le cas d’une infection pulmonaire par un virus comme le SARS-CoV-2, celle-ci vient s’ajouter à l’inflammation déjà préexistante dans la zone, créant des dégâts plus importants au niveau des poumons et entraînant, dans les cas les plus sévères, une généralisation de cette inflammation à d’autres organes.

 

Texte réalisé avec le soutien de Frédéric Altare, chercheur Inserm au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA)

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