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Des aliments « magiques » contre l’infertilité ?

En France, un couple sur quatre essayant d’avoir un enfant est touché par l’infertilité. En parallèle, les chiffres de recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP) ne cessent d’augmenter ces dernières années. Désormais, 3,9 % des enfants français sont conçus par différentes techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP), soit 1 enfant sur 30.
Malgré des progrès et une volonté politique d’agir dans le domaine de l’infertilité, les informations fiables et claires à destination des couples qui souhaitent concevoir demeurent encore insuffisantes. D’autant que les discours sur l’infertilité se retrouvent bien souvent noyés sous une prolifération d’idées reçues, voire de fake news diffusées sur internet.  Des pseudo « aliments miracles » aux régimes alimentaires censés « booster » la fertilité, les couples peuvent être assaillis de propositions en tous genre supposées les aider. Celles-ci sont au mieux coûteuses et inutiles, au pire risquées pour la santé. Canal Détox revient sur cette problématique majeure.

Le 05 Fév 2025 | Par Inserm (Salle de presse)

AnanasPhoto de Brooke Lark sur Unsplash

C’est un sujet encore tabou alors même qu’il concerne un grand nombre de personnes : en France, un couple sur quatre essayant d’avoir un enfant est touché par l’infertilité. En parallèle, les chiffres de recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP) ne cessent d’augmenter ces dernières années. Désormais, 3,9 % des enfants français sont conçus par différentes techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP), soit 1 enfant sur 30.

Il s’agit donc d’un problème de santé publique majeur, et les autorités commencent petit à petit à prendre conscience de l’ampleur du phénomène et à mettre en place des mesures pour y répondre, tel que recommandé dans le rapport sur les causes de l’infertilité de Hamamah et Berlioux remis au gouvernement en février 2022 pour poser les bases d’une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité.

Malgré ces progrès et une volonté politique d’agir dans le domaine de l’infertilité, les informations fiables et claires à destination des couples qui souhaitent concevoir demeurent encore insuffisantes. D’autant que les discours sur l’infertilité se retrouvent bien souvent noyés sous une prolifération d’idées reçues, voire de fake news diffusées sur internet.  Des pseudo « aliments miracles » aux régimes alimentaires censés « booster » la fertilité, les couples peuvent être assaillis de propositions en tous genre supposées les aider. Celles-ci sont au mieux coûteuses et inutiles, au pire risquées pour la santé. Canal Détox revient sur cette problématique majeure.

 

Quelles sont les causes de l’infertilité ?

Pour accompagner les couples touchés par l’infertilité, encore faut-il bien en diagnostiquer les causes. Celles-ci sont en fait multiples et pas encore toujours bien connues, mêlant des facteurs sociétaux, environnementaux et médicaux.

Le recul de l’âge de la maternité, lié à de multiples évolutions sociales et culturelles, est considéré comme un facteur important de la hausse de l’infertilité. En effet, on sait que la fertilité est optimale à l’âge de 25 ans et décline progressivement à partir de 30 ans, or l’âge moyen des Françaises à l’accouchement est aujourd’hui de 30,7 ans.

Des facteurs environnementaux sont aussi à l’origine de la hausse de l’infertilité. Une méta-analyse réalisée en 2017 a fait apparaître un déclin de plus de 50 % de la concentration spermatique chez les hommes des pays industrialisés entre 1973 et 2011. Ce phénomène pourrait en partie être lié à une exposition régulière aux perturbateurs endocriniens. En outre, des travaux ont montré que certains comportements, comme la consommation régulière d’alcool, de tabac ou de cannabis pendant les six mois précédents la grossesse, mais aussi le fait d’être en situation d’obésité ou de souffrir de troubles alimentaires, étaient des facteurs de risque d’infertilité.

Enfin, on sait aussi que certaines pathologies peuvent être à l’origine de problèmes de fertilité, chez les hommes comme chez les femmes. Par exemple, chez les premiers, des troubles d’origine endocrinienne ou liés à des lésions des voies génitales peuvent être en cause, tandis que chez les secondes, des maladies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) peuvent avoir un impact sur la fertilité.

Enfin, dans certains cas, la cause n’est pas toujours clairement identifiée et dans d’autres, plusieurs causes peuvent se combiner. On estime que dans trois quarts des cas, l’infertilité est d’origine masculine, féminine, ou elle associe les deux sexes. Dans 10 à 15 %, elle est d’origine inexpliquée : elle n’est pas attribuable à un « défaut » spécifique d’un des deux partenaires.

 

Les femmes, plus ciblées sur internet

Quand on prend conscience de cette multiplicité de causes, et de leurs interactions parfois complexes, il est difficile d’imaginer qu’il existerait un régime miracle qui résoudrait tous les problèmes d’infertilité.

C’est pourtant ce que promettent certains gros titres dans les magazines féminins, certaines discussions sur des forums en ligne, ou encore des vidéos sur Tik Tok et Instagram. Comme on l’a déjà évoqué, l’infertilité n’est pas forcément d’origine féminine, mais les messages diffusés sur ces plateformes, qui recommandent tout un tas d’aliments ou de remèdes « magiques », ciblent prioritairement les femmes.

Petit aparté : plusieurs études ont montré que les problèmes de santé considérés comme « féminins » ne sont pas toujours pris au sérieux par la médecine ou encore que les perceptions qu’ont les médecins de la gravité des symptômes de leurs patients peuvent varier en fonction du sexe de ces derniers. Des enquêtes montrent régulièrement que les femmes ont plus tendance que les hommes à ne pas se sentir suffisamment écoutées et considérées par les professionnels de santé.  C’est d’autant plus vrai quand il s’agit d’un problème de santé considéré comme intime et tabou, comme l’infertilité.

Dans ce contexte, certaines peuvent être tentées de « résoudre » le problème de leur côté, sans se tourner vers des médecins, surtout si elles sont par ailleurs régulièrement la cible de contenus diffusés en ligne proposant des solutions « faciles », toutes faites.

 

Aucune recette miracle, aucun aliment magique

Rappelons donc qu’aucune étude n’a jamais démontré les propriétés d’un régime particulier ou d’un aliment spécifique pour prévenir l’infertilité ou augmenter les chances d’une grossesse.

Certaines affirmations diffusées massivement sur les réseaux sociaux sont ainsi clairement erronées ou exagérées. Par exemple, l’idée que manger des fruits contenant des antioxydants permettrait de prévenir l’infertilité. Manger des fruits, en accord avec les quantités journalières recommandées, est certes bénéfique pour la santé, mais il serait illusoire de croire que cela serait la solution pour éviter tout problème d’infertilité, et que les antioxydants qu’ils contiennent auraient des vertus miraculeuses. De même que l’ananas ou les œufs ne sont pas les aliments « magiques » qui ont parfois été décrits.

Enfin, certains sites diffusent des messages confus autour de la vitamine B9 (acide folique), suggérant qu’elle serait utile pour stimuler la fertilité. Or si la supplémentation en vitamine B9 avant et en début de grossesse est effectivement utile pour prévenir une malformation du fœtus (le spina bifida), aucune étude solide ne montre que cela aurait un impact sur la fertilité.

La seule chose que l’on peut dire avec certitude, c’est qu’une hygiène de vie satisfaisante est recommandée aux couples souhaitant concevoir.

 

Texte rédigé avec le soutien de Samir Hamamah, professeur des universités, chercheur dans l’unité Inserm 1203 Développement embryonnaire précoce humain et pluripotence, chef de service au CHU de Montpellier, et auteur du plan national de la fertilité ; et avec le soutien de Stéphanie Chauvin, chargée de recherche Inserm au sein du laboratoire Physiologie de l’axe gonadotrope.

Autre ressource : Idées reçues sur l’infertilité, Hamamah S. 2024, éditions Le cavalier bleu

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