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Le système d’information nutritionnelle à 5 couleurs est le plus efficace pour les consommateurs

Alors que le Haut conseil de la Santé publique (HCSP) a rendu public lundi 24 août 2015 un avis positif quant à la pertinence du code 5 couleurs pour le public, une équipe de chercheurs (Inserm / Inra / Cnam / Université Paris 13) dirigée par Serge Hercberg, à l’occasion de leur article paru dans le journal Nutrients met en évidence que le système d’information nutritionnelle coloriel à 5 couleurs (5-C) est le plus efficace pour permettre aux consommateurs de reconnaître et comparer la qualité nutritionnelle des aliments y compris dans des populations « à risque » (sujet âgés, bas revenus, faible niveau d’éducation, faible niveau de connaissance en nutrition, personne en surpoids ou obèse)

L’article 5 de la Loi de Santé présentée par Marisol Touraine, Ministre de la Santé et votée au Parlement prévoit « pour faciliter l’information du consommateur et pour l’aider à choisir en toute connaissance de cause, que la déclaration nutritionnelle obligatoire puisse être accompagnée d’une présentation ou d’une expression complémentaire au moyen de graphiques ou symboles sur la face avant des emballages».

Plusieurs systèmes ont été proposés au niveau national et international. De nombreuses sociétés savantes soutiennent en France la mise en place du système d’information nutritionnelle coloriel à 5 couleurs 5-C (vert/jaune/orange/rose fuchsia/rouge). Ce dernier repose sur le calcul d’un score de qualité nutritionnelle (score de la Food Standards Agency-FSA) qui prend en compte plusieurs éléments présents sur l’étiquetage nutritionnel (calories, sucres simples, acides gras saturés, sodium, fibres, protéines et pourcentage de fruits et légumes pour 100g de produit) pour aboutir à un indicateur unique de la qualité nutritionnelle de l’aliment.

Plusieurs études ont déjà contribué à la validation du score FSA en montrant que la qualité nutritionnelle des aliments consommés évalués par le score FSA est associée à la qualité globale de l’alimentation et au statut nutritionnel des individus, et de façon prospective au risque de pathologies. Ces travaux scientifiques renforcent l’intérêt de la mise en place sur la face avant des emballages des aliments du système d’information nutritionnelle coloriel à 5 couleurs (5-C) qui s’appuie sur le score de la FSA, afin d’aider les consommateurs à mieux orienter leurs choix alimentaires. Ce système fait l’objet d’une importante controverse, alimentée entre autres par les différents acteurs économiques, qui mettent en doute son intérêt.

Le travail publié ce jour par l’EREN sous la direction de Pauline Ducrot (Doctorante en Nutrition) et de Sandrine Péneau (Maître de Conférences en Nutrition, Université Paris 13) dans la revue Nutrients compare l’effet de différentes signalétiques nutritionnelles apposées sur la face avant des emballages de divers aliments sur la capacité des consommateurs à bien classer les aliments. L’étude a été réalisée sur un échantillon de 14 230 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé. L’impact de 4 systèmes d’information nutritionnelle simplifiés a été testé : le système coloriel 5-C; la coche verte, similaire à celle utilisée dans certains pays scandinaves et aux Pays-Bas; le Traffic Lights Multiples utilisés en Grande Bretagne et les Repères Journaliers Recommandés (ou Apports de Référence) déjà utilisés en France par certains industriels. Une situation sans logo a également été utilisée comme référence.

5 couleurs

Grâce à un questionnaire internet spécifiquement développé pour cette étude, il a été demandé aux participants à l’étude de classer, sur une base relative (« moins bonne », « intermédiaire », « la meilleure » ou « je ne sais pas »), la qualité de nutritionnelle de différentes séries de 3 aliments appartenant à la même catégorie.

Cinq catégories d’aliments ont été testées : produits surgelés à base de poisson, pizzas, produits laitiers, mueslis pour le petit déjeuner et produits apéritifs.

Etiquettes

Exemple (5-C sur les produits surgelés à base de poisson)

De façon aléatoire chaque participant a eu à tester une combinaison de produits alimentaires et de signalétique appartenant aux 5 catégories. Pour cela, 25 différentes versions du questionnaire ont été utilisées. Un design statistique (carré latin) a permis de garantir un nombre égal de participants pour chaque combinaison signalétiques/catégories de produits.

Les résultats de cette étude spécifique sur la compréhension des logos d’information nutritionnelle montrent que :

  • D’une façon générale, les individus « à risque » d’avoir une alimentation de moins bonne qualité nutritionnelle (sujets âgés, bas revenus, faible niveau d’éducation, faible niveau de connaissance en nutrition, personnes en surpoids ou obèse) ont davantage de difficulté à classer les produits alimentaires en fonction de leur qualité nutritionnelle.
  • Les différentes signalétiques d’information nutritionnelle augmentent de façon significative la capacité des individus, y compris ceux à risque, à classer 3 aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle, par rapport à une situation sans logo.
  • Les signalétiques d’information nutritionnelle ont plus d’impact que les caractéristiques individuelles (niveau d’éducation, revenu, etc.) pour augmenter la capacité des individus à classer correctement la qualité nutritionnelle des aliments. : les chances de classer correctement les produits sont multipliées au maximum par plus de 12 avec un logo, tandis que les caractéristiques individuelles ne permettent d’accroître les chances que d’un facteur 1.17
  • Parmi les signalétiques testées, le système à 5 couleurs (5-C) est le plus efficace en termes de compréhension. Ses performances sont les meilleures devant celles des Traffic Light, des Repères Nutritionnels Journaliers puis de la coche verte.
  • Le système 5-C a les meilleures performances y compris chez les individus ayant une alimentation plutôt « défavorable » sur le plan nutritionnel et la santé. En particulier, la présence 5-C augmente, de façon très importante (plus de vingt fois par rapport à la situation sans logo), la capacité des individus n’ayant pas de connaissance en nutrition, à classer correctement les produits par rapport à la situation sans logo.

Les résultats de cette étude soulignent l’intérêt des signalétiques d’information nutritionnelle pour aider les consommateurs, et notamment ceux à risque de faire des choix alimentaires plutôt « défavorable » à la santé, à identifier les produits les plus favorables à l’équilibre nutritionnel.

Le logo à 5 couleurs (5-C), s’avère être le mieux compris chez l’ensemble des individus et permettrait donc d’informer efficacement et équitablement les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits et donc d’intégrer cette information dans les déterminants de leurs choix alimentaires.

Le diabète est associé aux troubles neuro-cognitifs chez les personnes vivant avec le VIH

Le diabète joue-t-il un rôle dans le déclin des fonctions cognitives chez les personnes vivant avec le VIH ? Les chercheurs de l’Unité 897 « Centre de recherche Inserm épidémiologie et bio statistique » (Inserm/Université de Bordeaux) et du CIC-1401 en collaboration avec le CHU de Bordeaux  montrent pour la première fois qu’une relation existe entre le diabète et les troubles neuro-cognitifs chez les personnes vivant avec le VIH et ce quel que soit l’âge. Ces troubles touchent principalement les fonctions faisant appel à la mémoire et à la réactivité et apparaissent dès le stade pré-diabétique (hyperglycémie). Ces travaux financés par l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites) et réalisés au sein de la cohorte ANRS Aquitaine sont publiés dans la revue Neurology.
Virus du SIDA

Cellule massivement infectée par le VIH, montrant le bourgeonnement des particules virales sur toute la surface cellulaire. © Inserm/Roingeard, Philippe


Les personnes vivant avec le VIH présentent, dans 20 à 50 % des cas, des troubles neuro-cognitifs légers et ce même lorsque leur charge virale est bien contrôlée par le traitement antirétroviral. Les causes de ces troubles sont encore mal connues : âge ou facteurs de risque « traditionnels » (niveau d’éducation, facteurs de risque vasculaires comme le diabète), infection par le VIH, ou traitement antirétroviral.

En population générale, plusieurs études ont démontré qu’il existait un lien entre diabète et déclin cognitif chez les personnes âgées. La prévalence du diabète chez les personnes vivant avec le VIH étant entre 5 et 10 %, le diabète pourrait-il être l’une des explications aux troubles cognitifs ? Une étude menée par l’équipe du Pr Geneviève Chêne au sein de l’Unité 897 « Centre de recherche Inserm épidémiologie et bio statistique » (Inserm/Université de Bordeaux) et du CIC-1401 avec le CHU de Bordeaux s’est appuyée sur la cohorte ANRS Aquitaine pour répondre à cette question. Elle révèle pour la première fois que le diabète est associé aux troubles neuro-cognitifs chez les personnes vivant avec le VIH et ce quel que soit l’âge. Ces travaux financés par l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites) viennent d’être publiés dans la revue Neurology.

La cohorte ANRS Aquitaine compte près de 9 000 patients répartis au sein de 13 services hospitaliers publics, tous localisés en Aquitaine. L’objectif de cette cohorte est d’étudier l’histoire naturelle et sous traitement de l’infection à VIH-1. Pour cette étude, qui s’est déroulée au sein de 5 centres cliniques du CHU de Bordeaux entre juin 2007 et novembre 2009, 400 personnes vivant avec le VIH ont été incluses. Elles ont été suivies pendant  deux ans. Des examens cliniques (repérage et validation des maladies cérébrovasculaires et cardiaques, des traitements utilisés, des activités), des prises de sang, ainsi que 10 tests évaluant les performances cognitives et motrices ont été réalisés.

Parmi ces 400 personnes, 39 étaient diabétiques et 33 avaient une hyperglycémie signalant un stade « pré-diabétique ».

Les résultats montrent que les patients diabétiques étaient moins performants que les patients non diabétiques lors des tests impliquant la mémoire, les fonctions exécutives, l’attention, la vitesse psychomotrice, le langage et la dextérité manuelle. Sur les deux ans de suivi, les chercheurs ont constaté un léger déclin de la fonction exécutive et de la mémoire chez ces patients.

Chez les personnes vivant avec le VIH et ayant une hyperglycémie (stade pré-diabétique), les performances sont globalement moins bonnes que chez les personnes non diabétiques.

La prise en compte d’autres paramètres tels que les facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension, surpoids, hypercholesterolémie, hypertriglycéridémie) ne change pas ces résultats.

Cette étude met en évidence pour la première fois l’impact du diabète et du stade pré diabétique sur les performances cognitives des personnes vivant avec le VIH. « La recherche fondamentale doit prendre le relais pour explorer les mécanismes physiopathologiques qui sont en jeu. En particulier, pour objectiver si des lésions des microvaisseaux sanguins par l’hyperglycémie permanente sont accélérées par le virus du VIH lui-même. Les conséquences du VIH sur l’activation immunitaire, et certaines prédispositions génétiques doivent également être étudiées. » explique le Pr Geneviève Chêne.

Ces résultats montrent d’ores et déjà qu’une prise en charge active est nécessaire. 

Geneviève Chêne ajoute : « Tout comme en population générale, il est crucial de renforcer le dépistage du diabète et la prévention auprès des personnes vivant avec le VIH. Avoir une alimentation saine, maitriser son poids et pratiquer une activité physique sont des recommandations universelles ».

Vaccins : pratiques et hésitations des médecins généralistes français

À l’échelle d’une population, les vaccins contribuent à diminuer la mortalité associée à des maladies infectieuses telles que la rougeole, la diphtérie, le tétanos, l’hépatite B ou encore les méningites bactériennes. Le médecin généraliste de ville, au cœur de cette stratégie préventive, reste la première source d’information pour les familles. Dans un article paru dans la revue Ebiomedicine, Pierre Verger (Unité Inserm 912 « Sciences Economiques & Sociales de la Santé et Traitement de l’Information Médicale – SESSTIM »), et ses collaborateurs, présentent et analysent, dans un contexte de défiance vis-à-vis des vaccins, les attitudes et pratiques de plus de 1 500 médecins généralistes français.

Brave little girl receiving injection

©fotolia

La vaccination est le moyen de prévention le plus efficace pour combattre, voire éliminer, de nombreuses maladies infectieuses. Toutefois, ces dernières années, un accroissement d’opinions défavorables à cette dernière a été constaté dans la population générale française.

Face au scepticisme ambiant, qui contribue à l’insuffisance de certaines couvertures vaccinales, le médecin généraliste joue un rôle majeur en matière de prévention et d’information. L’enquête, menée par Pierre Verger (Unité Inserm 912 « Sciences Economiques & Sociales de la Santé et Traitement de l’Information Médicale – SESSTIM »), entre avril et juillet 2014, a tenté de saisir les pratiques des médecins généralistes face à différentes situations vaccinales. Les résultats obtenus permettent notamment de mieux comprendre les facteurs de réticence ou, au contraire, de confiance, des médecins envers certains vaccins.

Les recommandations des médecins généralistes varient selon la situation

1er constat rassurant : La quasi-totalité des médecins interrogés (96 %) sont confiants dans leur capacité à expliquer l’utilité des vaccins à leurs patients. Néanmoins ce chiffre tombe à 43 % lorsqu’il est question de parler du rôle des adjuvants, et de justifier leur utilisation.

Second constat : Les recommandations des médecins généralistes varient selon la situation vaccinale : 83 % recommandent souvent, voire automatiquement, aux adolescents et jeunes adultes le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), mais seulement 57 % conseillent le vaccin contre les infections à méningocoques de type C aux enfants et aux jeunes, âgés de 2 à 24 ans, alors que celui-ci est inscrit dans le calendrier vaccinal. « Leur hésitation à vacciner pourrait ainsi renforcer celle des patients, et contribuer à l’insuffisance des couvertures vaccinales, en particulier celles des vaccins controversés. » estiment les auteurs de cet article.

Une majorité des médecins fait, toutefois, plutôt ou tout à fait confiance au ministère de la Santé (8 médecins sur 10) ou aux agences sanitaires (9 médecins sur dix) pour leur fournir des informations fiables sur les bénéfices et les risques des vaccins.

Certaines incertitudes subsistent face aux risques et à l’utilité de certains vaccins

Certains médecins expriment des doutes à l’égard des risques d’effets secondaires graves de certains vaccins, même lorsque ces doutes sont infirmés par les résultats de pharmacovigilance et des études épidémiologiques (par exemple, concernant le vaccin contre l’hépatite B et la présence d’adjuvants dans certains vaccins). Ainsi, 6 % des médecins interrogés considèrent probable, voire très probable, l’existence d’un lien entre le vaccin contre le papillomavirus et l’apparition de maladies neurodégénératives telles que la sclérose en plaques. Plus d’un quart d’entre eux (26 %) considère par ailleurs que certains vaccins recommandés par les pouvoirs publics sont inutiles, et 20 % estiment même que les enfants sont vaccinés contre trop de maladies.

L’existence de telles hésitations de la part des médecins généralistes est directement associée à des recommandations vaccinales moins régulières à l’égard de leurs patients.

La plupart de ces doutes concernent, comme dans la population générale, des vaccins ayant fait l’objet de controverses en France (vaccins contre l’hépatite B, contre le papillomavirus humain). Mais, de manière plus surprenante, une partie des médecins généralistes hésite à recommander des vaccins dont l’innocuité et l’efficacité n’est plus à prouver (vaccin contre le méningocoque C et la rougeole). Ces hésitations ne touchent, pour le moment, qu’une part minoritaire des médecins généralistes (d’ailleurs variable selon le vaccin), mais constituent un frein supplémentaire dans le maintien d’une couverture vaccinale de la population suffisante pour la protéger contre des maladies infectieuses qui restent dangereuses.

Si cette étude montre que les médecins généralistes font confiance aux autorités, elle souligne aussi leur besoin de formations et d’outils pour les aider à répondre aux patients hésitant à se vacciner.

  • Le 3ème ouvrage grand public de la collection Choc Santé « Vaccination : agression ou protection ? », de l’Inserm, répond de manière claire et accessible aux nombreuses questions que le grand public se pose sur la vaccination.

 

Changement climatique et santé : quels enjeux ?

En décembre 2015, la France accueillera la 21ème conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21). Cette conférence internationale marque la volonté des 200 gouvernements participants à limiter le dérèglement climatique et ses conséquences pour le système naturel terrestre.

Pour garantir son succès, de nombreuses actions se mettent en place avant la COP21. Du 7 au 11 juillet, l’Unesco organise une conférence scientifique intitulée « Our common future under climate change ». L’objectif serait d’évaluer les risques du changement climatique d’un point du vue scientifique et de proposer des actions afin de diminuer l’émission de carbone.

Dans ce contexte, l’Inserm s’engage à souligner le rôle crucial que la santé et ses acteurs peuvent jouer dans les mois et années à venir pour mettre les enjeux climatiques au cœur des préoccupations de nos sociétés. En effet, on oublie souvent que si le réchauffement climatique impacte l’écosystème de la planète, la faune et la flore, nous sommes également les premiers concernés par ses effets. A l’inverse, nous pouvons aussi influer sur le climat. Par exemple, en changeant notre régime alimentaire vers une alimentation basée sur les légumes et moins de viande, il serait possible de réduire de 40 % les gaz à effet de serre[1].

Pour présenter l’état de l’art des connaissances sur l’impact du changement climatique sur la santé et les futures recherches dans ce domaine, Aviesan et l’Inserm organisent un mini-symposium en marge de la conférence de l’Unesco.

Ce meeting « Current and Future Research trends on Climate Change and Health » se tiendra à Paris :

Le lundi 6 juillet 2015 de 14h à 18h dans l’auditorium de Paris Biopark, 11 rue Watt, Paris 13ème.

Inscriptions : rf.mresni@esserp

En présence de :

Yves Lévy – Président-directeur général de l’Inserm et Président d’Aviesan

Robert Barouki – Directeur de l’Unité Inserm 1124 (Inserm/Université Paris Descartes)

Ainsi que de nombreux chercheurs de l’Inserm qui viendront partager les résultats de leurs travaux sur les effets du changement climatiques sur la santé.

Pour en savoir plus: Programme de la conférence 

[1] Green, R, Milner, J, Dangour, AD et al. The potential to reduce greenhouse gas emissions in the UK through healthy and realistic dietary change. Clim Change. 2015; 129: 253–265

Impact de l’exposition environnementale aux insecticides sur le développement cognitif de l’enfant de 6 ans

Dans un article publié dans la revue Environnement International, des chercheurs de l’Inserm (Unité Inserm 1085 – IRSET, Institut de Recherche sur la Santé, l’Environnement et le Travail, Rennes) en lien avec le laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation (Université Rennes 2) apportent de nouveaux éléments suggérant la neurotoxicité chez l’homme des insecticides du groupe des pyréthrinoïdes, présents dans une grande variété de produits et d’usages. Une augmentation des taux urinaires de deux métabolites des pyréthrinoïdes (3‑PBA et cis-DBCA) chez les enfants est associée à une baisse significative de leurs performances cognitives[1], en particulier de la compréhension verbale et de la mémoire de travail. Cette étude a été réalisée sur près de 300 couples mère-enfant de la cohorte PELAGIE (Bretagne).

L’exposition aux pyréthrinoïdes

Les pyréthrinoïdes constituent une famille d’insecticides largement employés dans divers domaines : agricole (diverses cultures), vétérinaire (produits anti-parasitaires) et domestique (shampooings anti-poux, produits anti-moustiques). Leur mode d’action consiste en un blocage de la neurotransmission des insectes provoquant leur paralysie. Du fait de leur efficacité et de leur relative sécurité chez l’homme et les mammifères, ils se sont substitués à des molécules plus anciennes (organochlorés, organophosphorés, carbamate) considérées comme plus toxiques.

L’exposition des enfants aux pyréthrinoïdes est fréquente. Elle diffère de celle des adultes étant donnés leur plus grande proximité aux poussières du sol (qui stocke des polluants), des contacts main-bouche plus fréquents, des shampooings anti-poux, etc… Chez l’enfant, les pyréthrinoïdes sont absorbés principalement par voie digestive, mais aussi par voie cutanée. Ils sont rapidement métabolisés au niveau du foie, puis éliminés majoritairement dans les urines en 48 heures sous forme de métabolites.

Compte-tenu de ces éléments et du mode d’action (neurotoxicité) des insecticides pyréthrinoïdes, les chercheurs ont émis l’hypothèse d’un éventuel effet de ces contaminants sur le système nerveux et son développement chez l’enfant.

L’apport de la cohorte mère-enfant PELAGIE

La grossesse est également une période de vie importante pour la santé ultérieure de l’enfant. C’est pourquoi les chercheurs ont étudié la cohorte mère-enfant PELAGIE mise en place entre 2002 et 2006, suivant 3 500 couples mères-enfants. Cette cohorte prend en compte de façon simultanée l’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes pendant la vie fœtale et pendant l’enfance.

Un total de 287 femmes sélectionnées au hasard dans la cohorte PELAGIE et contactées avec succès au sixième anniversaire de leur enfant, ont accepté de participer à cette étude.

Deux psychologues se sont rendues à leur domicile. L’une a procédé à l’évaluation des performances neuro-cognitives de l’enfant à l’aide de l’échelle WISC (indice de compréhension verbale – ICV, et indice mémoire de travail – IMT). L’autre psychologue a caractérisé l’environnement et les stimulations familiales ayant possiblement un rôle sur le développement intellectuel de l’enfant, a procédé au recueil d’un échantillon d’urines de l’enfant et collecté des échantillons de poussières.

L’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes a été estimée par le dosage de cinq métabolites (3-PBA, 4-F-3-PBA, cis-DCCA, trans-DCCA et cis-DBCA) dans les urines de la mère (recueillies entre la 6ème et la 19ème semaine de grossesse) et de l’enfant (recueillies à son 6ème anniversaire).

Une baisse constatée des performances cognitives chez l’enfant

Les résultats montrent qu’une augmentation des taux urinaires chez l’enfant de deux métabolites (3 PBA et cis-DBCA) est associée à une baisse significative des performances cognitives, alors qu’aucune association n’est observée pour les trois autres métabolites (4-F-3-PBA, cis-DCCA, trans-DCCA). En ce qui concerne les concentrations de métabolites durant la grossesse aucun lien n’est mis en évidence avec les scores neuro-cognitifs.

« Bien que ces observations doivent être reproduites par d’autres études afin de pouvoir conclure définitivement, elles pointent sur la responsabilité potentielle à faibles doses de la deltaméthrine en particulier (puisque le métabolite cis-DBCA est son métabolite principal et sélectif) et des insecticides pyréthrinoïdes en général (puisque le métabolite 3-BPA est un produit de dégradation d’une vingtaine de ces insecticides) », explique Cécile Chevrier, chargée de recherche à l’Inserm, principal auteure de ces travaux.

« Les conséquences d’un déficit cognitif de l’enfant sur ses capacités d’apprentissage et son développement social constituent un handicap pour l’individu et la société. Les efforts de recherche doivent se poursuivre afin d’identifier des causes qui puissent faire l’objet de mesures de prévention » souligne Jean-François Viel, co-auteur de ces travaux.

Pour en savoir plus

La cohorte PELAGIE

L’étude PELAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance) a été mise en place pour répondre aux préoccupations de santé, en particulier celle des enfants, dues à la présence de composés toxiques dans nos environnements quotidiens. Il s’agit d’un suivi d’environ 3 500 mères-enfants réalisé en Bretagne depuis 2002. L’impact d’expositions prénatales à des contaminants (solvants, pesticides) sur le développement intra-utérin a été suggéré ; l’évaluation des conséquences sur le développement de l’enfant est en cours. L’étude PELAGIE s’intègre dans le réseau européen de cohortes mères-enfants qui sont un outil épidémiologique lourd et complexe, mais indispensable pour répondre à ces préoccupations de Santé Publique.

[1] Les fonctions cognitives sont les capacités du cerveau qui permettent notamment de communiquer, de percevoir son environnement, de se concentrer, de se souvenir d’un événement ou d’accumuler des connaissances. http://aqnp.ca/la-neuropsychologie/les-fonctions-cognitives/

isolated child with mosquito net

©fotolia

VIH : de nouveaux indicateurs pour améliorer l’accès aux traitements

Malgré les recommandations de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) qui préconisent une mise sous traitement antirétroviral précoce des personnes infectées par le virus du VIH, on constate que cette initiation est toujours trop tardive, notamment dans les pays à revenu moyen et faible. Un écart existe donc entre recommandations et ce qui ce passe sur le terrain. Dans une étude publiée dans le Bulletin de l’OMS, l’équipe du Dr Dominique Costagliola (directrice de l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé publique – UMR S 1136 – Inserm / UPMC), en collaboration avec les sites ANRS du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, propose deux nouveaux indicateurs permettant d’évaluer les interventions mises en place sur le terrain pour accélérer l’accès aux traitements.
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Cellule infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) examinée en microscopie électronique à balayage (MEB). © Inserm/Roingeard, Philippe

Depuis 2006, les recommandations de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) préconisent un traitement de plus en plus précoce des personnes infectées par le VIH. En effet, en 2006, le seuil de mise sous traitement antirétroviral (ARV) était de 200 cellules CD4/mm3 pour passer ensuite à 350/mm3 en 2010 et enfin 500/mm3 depuis 2013. Ces changements de recommandations ont été accompagnés d’une augmentation considérable du nombre de personnes recevant un traitement ARV : ce nombre a atteint 12,9 millions en 2013, dont 5,6 millions depuis 2010, laissant espérer que l’objectif, fixé par les Nations Unies, de 15 millions de personnes sous ARV d’ici fin 2015 soit atteint.

Toutefois, en Afrique subsaharienne, la mise sous traitement ARV reste tardive. En 2011, une personne sur deux infectée par le VIH était placée sous ARV avec un taux de CD4 inférieur à 185/mm3.

Or, le retard au traitement représente autant de risque pour la personne infectée que pour la communauté. De nombreuses études ont en effet montré que, d’une part, un traitement initié rapidement diminue, pour les personnes atteintes, le risque de mortalité et de morbidité lié au VIH/Sida, et d’autre part, abaisse la charge virale et ainsi diminue le risque de transmission du virus à autrui. Une étude publiée en 2009 dans The Lancet[1]

et menée en Afrique du Sud allait même plus loin en indiquant que l’élimination de l’épidémie de VIH pourrait être envisageable si, et seulement si, les personnes infectées par le virus étaient mises sous traitement ARV dans l’année suivant leur séroconversion[2].

Se pose donc la question cruciale d’évaluer les politiques mises en place afin d’améliorer les délais de mise sous traitement. C’est ce que propose l’équipe du Dr Dominique Costagliola (directrice de l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé publique – UMR S 1136 – Inserm / UPMC) qui a développé deux indicateurs de mesure. Le premier mesure le délai entre la séroconversion et l’accès aux antirétroviraux, et le deuxième évalue l’écart entre les recommandations de l’OMS et ce qui se passe sur le terrain. Leurs résultats sont publiés dans le dernier Bulletin de l’OMS.

L’estimation de ces deux indicateurs repose sur une modélisation statistique à partir de données d’une enquête menée sur le site ANRS du Cameroun en 2011 chez des personnes ayant initié un traitement ARV et de la cohorte ivoirienne ANRS 1220 Primo-CI de personnes dont on pouvait estimer la date de séroconversion.

Le premier indicateur permet de constater une diminution, légère, du temps moyen entre séroconversion et accès aux ARV : celui-ci passe de 10,4 ans en 2007-2009, à 9,8 ans en 2010.

Le second indicateur, estimant l’écart entre les recommandations de mise sous traitement de l’OMS et le moment effectif de la mise sous traitement a, quant à lui, augmenté. Il passe de 3,4 ans pour la période 2007-2009 à 5,8 ans en 2010.

Pour Virginie Supervie chargée de recherche Inserm au sein de l’équipe de Dominique Costagliola, « ces indicateurs reflètent l’écart entre ce qu’il faudrait faire en théorie pour mettre fin à l’épidémie du VIH et ce qu’il se passe en réalité ».

Ils montrent que d’importants efforts sont à engager.

Parmi les huit objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies figure la lutte contre le VIH/sida avec comme objectif d’enrayer sa propagation et de commencer à inverser la tendance actuelle. Or, dans l’exemple des pays choisis pour l’étude, avec des délais de mise sous traitement de 10 ans à partir de la séroconversion et de 6 ans à partir de l’éligibilité au traitement, la réalité est toute autre. Les indicateurs proposés ici pourraient contribuer à ces objectifs en aidant à l’évaluation des politiques de santé mises en place dans tous les pays confrontés à l’épidémie.

[1] Universal voluntary HIV testing with immediate antiretroviral therapy as a strategy for elimination of HIV transmission: a mathematical model. Granich RM1, Gilks CF, Dye C, De Cock KM, Williams BG. Lancet. 2009 Jan 3;373(9657):48-57

[2] Période d’apparition, dans le sang, d’anticorps spécifiques en réponse au virus. 

 

La cohorte Constances, un dispositif de recherche unique en France

Déjà plus de 65 000 volontaires inclus sur les 200 000 prévus et 41 projets de recherche engagés.

Deux ans après son lancement, la cohorte Constances rassemble les données relatives à la santé de plus de 65 000 volontaires de 18 à 69 ans affiliés au régime général de sécurité sociale, tirés au sort. Chaque volontaire bénéficie d’un examen de santé dans un Centre d’examens de santé (CES) de l’Assurance maladie et remplit des questionnaires annuels. Il accepte que des données le concernant, telles que sa consommation de soins, ses hospitalisations, ou sa trajectoire socioprofessionnelle, soient suivies par les chercheurs de la cohorte Constances. Dix-huit CES sont impliqués dans 17 départements. Constances est menée conjointement par l’Inserm, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-En-Yvelines, l’Assurance maladie et l’Assurance retraite, avec le soutien de la Direction générale de la Santé.

La cohorte Constances permettra d’obtenir des données utiles pour la recherche et les politiques de santé publique. En outre, le très grand nombre de personnes suivies va permettre, à une échelle inédite, d’étudier l’influence à long terme de divers facteurs (pollution, habitudes alimentaires, traitements médicamenteux, lieu de résidence…) sur la santé de la population vivant en France.

« La grande originalité de Constances est d’avoir été conçue dès le départ comme un laboratoire épidémiologique ouvert aux équipes de recherche, dans un esprit de mutualisation. Un gros travail a été effectué pour respecter la confidentialité des données, conformément à la Loi Informatique et Libertés » souligne Marie Zins, responsable scientifique de cette cohorte.



Constances

Répartition des volontaires de la cohorte Constances au 25 mars 2015 (© Inserm/M. Nachtigal)



Le Conseil scientifique international de Constances vient de valider 41 projets de recherche, portés par une trentaine d’équipes.

Deux projets sont particulièrement avancés : 

– COSMOS (Cohorte d’utilisateurs de téléphone mobile et santé en France), Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, Lyon) : dans le cadre d’une étude européenne (Danemark, Finlande, Suède, Pays-Bas, Grande-Bretagne), Cosmos évalue les effets à long terme du téléphone mobile sur la santé. Responsable : Joachim Schüz (chef de la section Environnement et radiation) – rf.crai@somsoc

– ConstancesRespi : surveillance, déterminants, histoire et impacts des maladies respiratoires chroniques et du déclin accéléré des fonctions pulmonaires. Consortium de 7 projets provenant de 7 équipes animé par Nicolas Roche (Professeur à l’Université Paris Descartes) – rf.phpa.hcc@ehcor

Constances en bref :
La cohorte nationale française d’adultes est fortement soutenue par la CNAMTS et bénéficie d’un financement dans le cadre des Investissements d’Avenir. La taille et le fonctionnement de la cohorte Constances sont équivalents à d’autres grandes cohortes en cours de constitution en Europe, notamment en Allemagne. Les collaborations européennes permettront, à terme, des recherches à très grande échelle, et des comparaisons internationales inédites.
L’objectif est d’inclure 200 000 personnes volontaires.
La prochaine sélection de projets de recherche par le Conseil scientifique aura lieu en juillet 2015.

Vous êtes volontaires? Vous souhaitez participer ? Conditions et précisions en écrivant à rf.secnatsnoc@tcatnoc et sur le site www.constances.fr

Prédire la fin de la période de fertilité des femmes après un cancer pédiatrique

Des chercheurs de l’AP-HP, de l’Inserm, des Instituts Gustave Roussy, Curie et du Centre Oscar Lambret, coordonnés par le Docteur Cécile Thomas-Teinturier du service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre se sont intéressés à l’impact de certaines thérapeutiques sur la fertilité des femmes qui sont guéries d’un cancer pédiatrique. Ces recherches réalisées avec le soutien financier de La Ligue contre le cancer font l’objet d’une publication dans la revue Human Reproduction le 23 mars 2015.

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Avec l’augmentation de la survie, l’impact des thérapeutiques sur la fertilité future des filles guéries d’un cancer dans l’enfance peut altérer leur qualité de vie. Chez toutes les femmes, la durée de la vie reproductive est liée au nombre de follicules présents dans les ovaires, dont le stock n’est pas renouvelable et décline au cours du temps. La ménopause survient lorsque ce stock descend en-dessous d’un certain seuil, 5 à 10 ans après la fin de la période de fertilité.

Dans cette étude, les chercheurs ont émis l’hypothèse que les femmes traitées par chimiothérapie avec des médicaments de la classe des alkylants – cyclophosphamide, ifosfamide, procarbazine – pour un cancer dans l’enfance auraient un capital folliculaire diminué bien que leur fonction ovarienne apparente soit encore intacte (cycles réguliers).

Ils ont évalué la réserve ovarienne de 105 femmes guéries d’un cancer dans l’enfance, qui avaient reçu dans leur enfance des alkylants, mais sans radiothérapie sur la région du petit bassin. Les investigations ont comporté des dosages hormonaux, notamment  hormone anti-müllerienne ( un marqueur fiable de la réserve ovarienne) la mesure, par échographie, de la taille des ovaires et le comptage du nombre de follicules. Les résultats ont été comparés à ceux de 20 femmes du même âge, n’ayant pas reçu de chimiothérapie.

L’équipe a constaté que les 105 femmes guéries d’un cancer pédiatrique avaient des ovaires plus petits que les femmes non traitées et un taux d’hormone anti-müllerienne significativement plus bas. Cette diminution était plus marquée chez les patientes ayant reçu de la procarbazine pour un lymphome de Hodgkin, ou une chimiothérapie par alkylants à forte dose avant une greffe de moelle osseuse. Ni la dose de cyclophosphamide ni celle d’ifosfamide ne semblait associée avec une réserve ovarienne diminuée.

« Ces résultats semblent confirmer notre hypothèse » explique le Dr Thomas-Teinturier. « D’un point de vue théorique, la fin de la période de fertilité risque de survenir plus tôt chez ces femmes guéries d’un cancer pédiatrique. Ceci ajouté au recul de l’âge à la première grossesse risque chez elles d’augmenter les difficultés à la procréation ».

Cependant, bien que l’évaluation de la réserve ovarienne semble un bon facteur de prédiction du taux de grossesse chez les femmes infertiles soumises aux techniques de procréation médicalement assistée, il existe peu de données concernant son utilité réelle pour conseiller les jeunes femmes guéries d’un cancer pédiatrique sur l’atteinte éventuelle de leur fertilité, et leur risque de progression vers une ménopause précoce.

« Il nous paraît donc nécessaire de suivre l’évolution de ces marqueurs dans cette cohorte de patientes afin de définir les seuils qui permettraient de prédire la fenêtre de fertilité et la survenue de la ménopause au cours des années suivantes » poursuit le Dr Thomas-Teinturier. « L’ultime objectif de notre étude est de pouvoir, dans le futur, conseiller individuellement ces jeunes femmes sur leur capacité de procréation au cours des cinq années suivantes en se basant sur les résultats de leur bilan à un moment donné. »

Le nouveau visage de nos adolescents

Une grande enquête, coordonnée par l’Unité Inserm 1178 « Santé mentale  et santé publique » et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée, dresse un état des lieux des problématiques et enjeux actuels de l’adolescence. Ces données, recueillies au moyen d’auto-questionnaires, confrontent les perceptions de 15 235 jeunes scolarisés, âgés de 13 à 18 ans, concernant leur propre adolescence. L’étude aborde des sujets aussi divers que leur santé physique et mentale, leurs consommations, leurs loisirs, ou encore leur sexualité. Les résultats obtenus réaffirment le caractère complexe de ces adultes en devenir, avec une différence fille/garçon bien inscrite et un gradient selon l’âge. Ils devraient permettre d’améliorer les connaissances sur les comportements de ces derniers, et d’identifier de nouveaux indicateurs de difficultés, utiles à la mise en place d’actions de prévention.

Les chiffres clés :

  • Près de 50 % des adolescents a confiance en l’avenir ;
  • Pour 56 % des jeunes interrogés, l’adolescence n’est pas toujours une période facile ;
  • Une très grande majorité (74,5 % de filles et 57,6 % de garçons), privilégie l’isolement en cas de mal-être ;
  • 75 % des adolescents reconnaissent avoir besoin de limites.

Transition entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est une période de bouleversements psychologique et physiologique complexes, pouvant entrainer certaines difficultés, et mener à des conduites à risque. L’enquête « Portraits d’adolescents », coordonnée par l’Unité Inserm 1178 « Santé mentale  et santé publique » et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée, permet une analyse des « profils » de ces 15 235 jeunes scolarisés à partir de la 4ème jusqu’à la fin du second cycle, grâce à des données recueillies par auto-questionnaires anonymes.

Des ados loin d’être caricaturaux
La génération des adolescents d’aujourd’hui est souvent présentée comme inconsciente, désenchantée, paresseuse et dépendante des objets plus que des liens. Cette étude montre toutefois que près de la moitié des adolescents (48,4 %) a confiance en l’avenir (surtout les garçons, 58,6 % contre 38,9 % de filles).
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Une grande majorité se sent bien dans ses relations avec ses parents, et pense que ces derniers posent un regard positif sur eux. La plupart estime par ailleurs que les adultes en général sont trop inquiets pour les adolescents (72,8 %).

88 % de ces jeunes (90,3 % des filles versus 85,5 % des garçons) considèrent que leur propre valeur ne dépend pas du nombre d’objets qu’ils possèdent. La valeur qu’ils s’accordent est liée à l’image qu’ils donnent aux autres, à leurs résultats scolaires, mais aussi à leur créativité.

En terme de représentation des limites, les adolescents d’aujourd’hui sont loin d’être caricaturaux : si plus de la moitié pense que les adultes posent trop de limites, ils sont encore plus nombreux à reconnaitre en avoir besoin (74,9 %). Toutefois, plus des trois quarts d’entre eux pensent que trop de limites poussent, au contraire, à prendre des risques (77 %).

La prise de risques est, par ailleurs, généralement décrite comme essentielle dans les processus d’adolescence. Pour plus d’un tiers de ces jeunes (34,1 %) pour vivre bien, « il faut prendre des risques sans les calculer ». Ces données rendent compte de l’ambivalence bien connue des adolescents.

Les nouvelles formes du mal-être
Les adolescents ont conscience que la période qu’ils traversent n’est pas facile : ils se posent assez souvent ou très souvent des questions sur eux-mêmes (49,3 %), surtout les filles (61,7 % vs 35,7 % pour les garçons). La moitié s’en pose sur le monde qui les entoure, davantage de filles (57,8 %) que de garçons (49,6 %). Cette période de profonds remaniements identitaires accentue la vulnérabilité psychopathologique de ces jeunes, propice aux conduites à risque.

Les tentatives de suicide semblent être plus fréquentes qu’auparavant : 7,8 % des jeunes en ont déjà effectué une, 3,7 % plus d’une. La dépression touche 16,8 % des filles et 7 % des garçons. Par ailleurs, 38,9 % des jeunes ont déjà pensé que « la vie ne valait pas la peine d’être vécue ». Des chiffres alarmants, d’autant qu’une très grande majorité des adolescents (74,5 % de filles et 57,6 % de garçons), privilégie l’isolement comme « modalités de lutte » lorsqu’ils se sentent mal. Ce qui pose le problème du repérage de leur mal-être par les autres, les amis ne représentant que la troisième ressource, derrière l’écoute de la musique (surtout les filles) ou les jeux vidéo (surtout les garçons). On peut aussi s’inquiéter des chiffres de jeunes « subdépressifs », ou légèrement déprimés, 33,6 % de filles et 21,6 % de garçons, en grande augmentation par rapport aux dernières données disponibles.Graphique2

Si l’objectif de cette étude était de mieux comprendre la perception qu’ont les adolescents d’eux-mêmes, de nombreux résultats figurent dans ce rapport, concernant notamment :

Leur rapport aux réseaux sociaux :
88 % des adolescents sont sur les réseaux sociaux. Pour 76,9 %, ce choix est justifié par la présence d’amis sur ce même réseau.

Leur consommation de substances psychoactives :
Globalement, les filles consomment surtout du tabac (9,2 % d’entre elles se disent « accro », contre 7,8 % de garçons), les garçons, de l’alcool, avec des chiffres inquiétants « d’alcoolisation ponctuelle importante » dans le mois précédant l’enquête (37,6 %). La consommation régulière de cannabis touche 7,1 % des jeunes.

Leur sexualité :
10,7 % des garçons versus 4,2 % des filles disent avoir eux des rapports sexuels avant 13 ans, ce qui reste un chiffre préoccupant.

Leur scolarité :
Une très grande majorité d’entre eux la trouve fatigante, stressante et énervante, voire pénible. Seulement un tiers des jeunes la trouve agréable, bien qu’ils la considèrent comme essentielle.

Leurs loisirs :

Le sport, la musique, les amis, internet et les jeux sur ordinateurs (surtout les garçons) sont les loisirs les plus plébiscités par les adolescents.

Téléchargez l’enquête « Portraits d’adolescents » dans son intégralité

La qualité de l’air dans les maisons de retraite affecte la santé pulmonaire des résidents

D’après une nouvelle étude, la qualité de l’air intérieur dans les maisons de retraite a un effet important sur la santé pulmonaire des résidents âgés. L’étude, qui est publiée le 12 mars 2015 dans l’European Respiratory Journal est la première à détailler les effets négatifs d’une mauvaise qualité de l’air dans les maisons de retraite de plusieurs pays.vieillesse

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Des chercheurs du projet GERIE, financé par l’UE, ont collecté des données sur cinq polluants de l’air intérieur: les particules de diamètre de 10 microns (PM10), les particules ultra-fines (PM0.1), le formaldéhyde, le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3). Ces polluants viennent de plusieurs sources, dont le chauffage, les matériaux de construction, le mobilier, les produits nettoyants et de ménage, les désinfectants et les systèmes de refroidissement.

Ils ont évalué de manière objective les niveaux de concentration des polluants dans 50 maisons de retraite de sept pays (Belgique, Danemark, France, Grèce, Italie, Pologne et Suède). Un total de 600 résidents âgés de 65 ans (82 ans en moyenne) ont participé à l’étude.

Chaque participant a subi un certain nombre de tests cliniques, parmi lesquels des tests de la fonction pulmonaire et a rempli un questionnaire de santé. Les résultats montrent que l’exposition à des niveaux élevés de PM10 et de NO2 est associée de manière significative à l’essoufflement et la toux. De hauts niveaux de PM0.1 étaient associés à des sifflements dans la poitrine l’année précédant la mesure de la qualité de l’air, et de hautes concentrations de formaldéhyde sont liées à la bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO).

On retrouve ces associations avec des concentrations modérées de polluants de l’air intérieur inférieures à celles des directives internationales existantes.

Les résultats sont renforcés dans les foyers mal ventilés et chez les résidents de plus de 80 ans. Avec l’augmentation de l’espérance de vie, de plus en plus d’individus vivent dans des maisons de retraite. Avec le vieillissement, l’organisme devient plus vulnérable aux risques liés à la pollution de l’air. L’activité physique réduite entraîne aussi une exposition accrue à la pollution de l’air intérieur.

La Dr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche Inserm et auteure principale de l’étude, indique: « Nos résultats montrent l’effet indépendant de plusieurs polluants de l’air intérieur sur la santé pulmonaire des personnes âgées vivant en maison de retraite. Le problème est préoccupant puisque la capacité de l’organisme à traiter les polluants nuisibles de l’air diminue avec l’âge. Les maisons de retraite devraient accroître leurs efforts pour diminuer la pollution de l’air intérieur en limitant ses sources, et en améliorant la ventilation de leurs bâtiments. La santé respiratoire des résidents devrait également faire l’objet de vérifications régulières. »

Dan Smyth, président de l’European Lung Foundation, ajoute : « La majorité des maladies pulmonaires peuvent être évitées. Nous devons donc nous concentrer sur des stratégies ciblant les facteurs de risque liés à ces maladies. Ces résultats viennent s’ajouter aux preuves confirmant que la pollution de l’air intérieur est l’un de ces facteurs de risque. Nous devons sensibiliser l’opinion là-dessus, avec des campagnes telles que Healthy Lungs for Life (des poumons sains pour la vie), afin que le public, les patients, les professionnels des soins de santé et les décideurs politiques comprennent l’importance de respirer un air propre pour prévenir la survenue de maladies. »

Les auteurs estiment que des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d’évaluer davantage de maisons de retraite dans différents pays et de mener des études d’intervention pour déterminer quelles méthodes de prévention sont les plus efficaces.

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