Menu

Edith Heard, spécialiste de l’épigénétique, lauréate du Grand Prix Inserm 2017

 

©Inserm/Delapierre, Patrick

La cérémonie annuelle des Prix Inserm distinguera, le jeudi 30 novembre prochain au Collège de France, neuf chercheurs et ingénieurs dont les réalisations contribuent à l’excellence scientifique de l’institut. Le Grand Prix Inserm 2017 sera décerné à Edith Heard pour ses travaux sur l’épigénétique.

Edith Heard, Grand Prix Inserm

Après avoir soutenu sa thèse en Angleterre, son pays d’origine, Edith Heard a rejoint l’Institut Pasteur en 1990 pour un stage postdoctoral sur l’inactivation du chromosome X. Depuis, mis à part un séjour aux Etats Unis en 200-2001 (Cold Spring Harbor Lab), elle n’a pas plus quitté la recherche française. Aujourd’hui Professeure au Collège de France et à la tête de l’unité mixte de recherche de génétique et biologie du développement à l’Institut Curie, elle mène ses recherches sur l’inactivation du chromosome X, – et sa régulation épigénétique [1] au cours du développement ainsi que sa dérégulation dans les cellules cancéreuses.

Edith Heard a découvert une partie des mécanismes épigénétiques qui régulent l’inactivation du chromosome X et le rôle de l’organisation nucléaire dans ce processus.

Point d’orgue de sa carrière, l’équipe d’Edith Heard a découvert en 2012 en collaboration avec des chercheurs américains, une organisation inattendue des chromosomes : la chromatine qui allie ADN et protéines, s’organise selon des domaines topologiques d’association qu’ils ont baptisés TAD (topologically associating domains). Ces derniers rangent l’ADN dans une sorte de « fil de laine » qui formerait plusieurs pelotes. Chacune, correspondrait à un TAD. Cet « effet pelote » est responsable de la régulation des gènes. Au cours de la reproduction la perte de ces pelotes provoque l’inactivation d’un chromosome X. Cette découverte a eu un impact important sur l’interprétation du génome et de l’épigénome.

Au-delà de ses activités de recherche et d’enseignement, Edith Heard s’attelle au développement de PAUSE, un programme national piloté par le Collège de France, qui vise à développer une science sans frontière, en accueillant en urgence les scientifiques en exil en provenance de pays où la situation politique ne leur permet plus d’exercer leur métier et met leur vie et celle de leur famille en danger. En 2019, Edith Heard deviendra la Directrice Generale de l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL), un événement significatif pour cette Européenne convaincue.

Marie-Paule Kieny, Prix International

Le Prix International honore Marie-Paule Kieny, directrice de recherche Inserm, qui a fait la majeure partie de sa carrière à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et en a été durant 7 années la sous-directrice. En 2014, l’Afrique de l’Ouest est frappée par Ebola : Marie-Paule Kieny, spécialiste de virologie, prend en charge tous les aspects recherche et développement sur le sujet, un véritable succès. En l’espace de 11 mois, l’OMS assure la promotion et le suivi de l’essai clinique d’un des deux vaccins testés en Afrique de l’Ouest. Des effets positifs sont récoltés en Guinée. Un dossier vient d’être déposé aux autorités régulatrices américaine et européenne  et le vaccin devrait être enregistré en 2018 ou en 2019.

Claude-Agnès Reynaud et Jean-Claude Weill, Prix d’Honneur

Le Prix d’Honneur récompense Claude-Agnès Reynaud, directrice de recherche CNRS et Jean-Claude Weill, professeur émérite d’immunologie à la faculté de médecine de Paris Descartes ; qui travaillent côte à côte depuis 1981 dans le domaine de l’immunologie adaptative. C’est en voulant comprendre la fabrication des anticorps du poulet qu’ils ont pu découvrir un nouveau mécanisme moléculaire, qui consiste à utiliser un unique gène pour fabriquer une infinie diversité d’anticorps. Cette découverte leur ouvre les portes de l’Institut d’immunologie en Suisse, qui leur permettra de s’intéresser au répertoire immunitaire du mouton. Les deux chercheurs découvrent alors un second mécanisme moléculaire unique et spécifique des lymphocytes B qu’ils baptiseront « maturation de l’affinité des anticorps ».

Le Prix Opecst-Inserm est décerné à Marc Peschanski, directeur de recherche Inserm (« Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques », Istem, Evry) pour son travail sur les cellules souches embryonnaires humaines. Aujourd’hui, Marc Peschanski et son équipe sont en passe de réaliser un exploit : produire industriellement des thérapies qui soient développées à partir de cellules souches embryonnaires humaines et de leurs produits.

Les Prix Recherche sont attribués à Emmanuelle Génin, directrice de recherche Inserm (Unité 1078 « Génétique, génomique fonctionnelle et biotechnologies », Inserm/UBO/EFS-CHRU Brest) en reconnaissance de ses études sur l’ADN, et plus précisément sur l’analyse du génome d’un patient, ouvrant ainsi les possibilités que le séquençage de génome devienne un véritable outil de diagnostic clinique ; et à Alain Chédotal, directeur de recherche Inserm à l’Institut de la vision (Unité 968, équipe « rôle des molécules de guidage axonal « , Inserm/CNRS/UPMC), qui a notamment réussi à observer en 3 dimensions les connexions neuronales dans le cerveau intact, grâce à des rayons lasers et à l’imagerie en fluorescence.

Les Prix Innovation distinguent Sophie Allart, biochimiste et ingénieure de recherche Inserm (Unité 1043 « Centre de Physiopathologie de Toulouse-Purpan » (Inserm/CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier), en reconnaissance de ses développements méthodologiques en microscopie qui ont contribué à la découverte de la présence du virus Zika à l’intérieur du spermatozoïde, et pas seulement à sa superficie; et Ludovic Galas, ingénieur de recherche Inserm (Unité 1234 « Physiopathologie, Autoimmunité, maladies neuromusculaires et thérapies régénératrices (PANTHER) », Inserm/Université de Rouen) dont les travaux ont abouti à l’élaboration d’une application, Agir, et ont permis d’apporter une vision plus globale de la notion de risque en termes de produits chimiques et biologiques, manipulés par les chercheurs.

[1] L’épigénétique est la conséquence de marques posées sur l’ADN ou des protéines qui l’entourent, qui vont influencer l’expression des gènes.

Genre et Santé : attention aux clichés !

©Picta productions

En matière de santé, femmes et hommes ne sont pas logés à la même enseigne, non seulement pour des raisons biologiques, mais aussi pour des raisons sociales, culturelles et économiques pas toujours prises en compte. Les préjugés liés au genre influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des patient.e.s. Ils conduisent à des situations d’inégalité et de discrimination entre les sexes dans la prise en charge et l’accès aux soins.

Le comité d’éthique de l’Inserm et son groupe de travail « Genre et recherche en santé » a souhaité  sensibiliser un large public aux inégalités de santé à travers une série de films courts, « Genre et Santé : attention aux clichés ! », coproduite par l’Inserm, le CNRS, l’université Paris Diderot. Ces deux derniers sont les deux seuls établissements de l’enseignement supérieur à être dotés d’un service ou équivalent dédié à l’égalité femmes hommes. Le projet est également soutenu par le ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation.

Les 6 films d’une minute[1] alertent sur les préjugés dans six domaines de la médecine et de la recherche : dépression, durée de vie, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose, douleur, imagerie cérébrale. L’objectif de cette série de films courts est d’éveiller la vigilance des soignant.e.s et des patient.e.s pour promouvoir une médecine plus égalitaire au service de la santé des femmes et des hommes.

 

La mise en ligne de ces vidéos est le préambule au colloque international JRS Inserm qui se tiendra à Paris le 23 novembre 2017 sur le thème « Sexe et genre dans les recherches en santé : une articulation innovante » [2]

[1] Les films, disponibles en français, anglais et en version sous-titrée, sont accessibles sur la chaîne YouTube de l’Inserm, à l’adresse : https://lc.cx/pqHW . Ils ont été réalisés par Véronique Kleiner.

[2] https://jrsgenre-recherche-sante.dakini.fr/

BioPrint : l’Inserm inaugure son deuxième accélérateur de recherche technologique (ART)

Machine à imprimer 3D laser NOVALASE, technologie LIFT (Laser-Induced Forward Transfer). ©Inserm/François Guénet. Prise de vue : septembre 2017

La création d’accélérateurs de recherche technologique est une priorité du plan d’orientation stratégique de l’Inserm. Ce 12 octobre 2017, l’Inserm inaugure son deuxième ART consacré à la « Bioimpression 3D » à Bordeaux. Il s’agit de la seule unité technologique utilisant les trois principales technologies de l’impression biologique en 3D, à savoir : le laser, le jet d’encre, et la micro-extrusion. Au sein de l’ART se côtoieront chercheurs et ingénieurs, afin de transformer le plus rapidement possible les avancées de la recherche en innovation technologique.

Véritable pionnier, l’Inserm figure parmi les premiers instituts de recherche à s’être lancé dans la bioimpression 3D. Dès 2005, les chercheurs de l’Inserm impriment des cellules et de la matrice extra cellulaire grâce à des prototypes d’imprimantes laser. Des années plus tard, cette technologie suscite un engouement mondial, et l’Inserm continue sur sa lancée. L’ART BioPrint a pour objectif d’appliquer ses connaissances à différents domaines tels que l’ingénierie tissulaire, la cancérologie ou encore la pharmacologie, afin d’aboutir dans un futur proche à la création de tissus et d’organoïdes complexes.

L’ART BioPrint est hébergé au sein de l’unité mixte de recherche BioTis (Inserm/Université de Bordeaux). Elle comprendra d’ici 2 ans une équipe de 10 personnes, qui seront réparties entre un pôle de production de cellules, un pôle d’impression, et un pôle d’évaluation des produits bioimprimés.

A terme, l’ART BioPrint a pour ambition de développer une structure de formation et de biofabrication par impression 3D, qui puisse être à la disposition de l’ensemble des laboratoires Inserm. Ce nouveau modèle d’organisation représente une avancée technologique au service de la recherche fondamentale et de l’industrie pharmaceutique.

Pour cette journée inaugurale, une visite des locaux de l’ART sera proposée. Yves Levy, PDG de l’Inserm, sera accompagné de Manuel Tunon de Lara, Président de l’Université de Bordeaux et de Jean-Christophe Fricain, Directeur de l’ART.

Pour en savoir plus sur la bioimpression 3D :

http://presse.inserm.fr/bio-impression-laser-du-vivant-une-approche-innovante-a-bordeaux/13009/

Pour rappel, le 16 octobre 2016, l’Inserm a inauguré son premier ART « Ultrasons biomédicaux »

« Canal Détox »
A l’occasion de cette inauguration, l’Inserm lance sa nouvelle série « Canal Détox », dont le premier épisode est consacré à la bio impression 3D. Cette série de films courts vise à décoder l’actualité et à vérifier les informations qui circulent dans le domaine des sciences de la vie et de la santé. La nouvelle série de l’Inserm, dans l’esprit de la démarche d’evidence based medicine, tentera, grâce à ses chercheurs, de faire le point sur un certain nombre de questions régulièrement présentes dans les médias /médias sociaux en apportant les données les plus récentes, validées par des travaux scientifiques convergents, robustes et en nombre suffisants.

Le 1er épisode : Des organes imprimés en 3D…vraiment ? est à découvrir sur la chaine Youtube de l’Inserm.

La recherche biomédicale mobilisée autour de Thomas Pesquet

©Inserm/ Patrick Delapierre

L’espace est un extraordinaire laboratoire pour la médecine et la recherche médicale sur Terre. C’est pourquoi l’Inserm et le CNES allient leurs forces, depuis plus d’un an1, pour accélérer la mise à disposition des avancées de la recherche pour améliorer la santé de tous. La présence de Thomas Pesquet, astronaute de l’ESA de nationalité française à bord de la station spatiale internationale pendant 6 mois a donné lieu à un grand nombre d’expériences dont les premiers résultats viennent conforter les hypothèses des chercheurs et parfois les surprendre. Thomas Pesquet présentera ces découvertes, le 10 octobre 2017, lors d’une séance exceptionnelle organisée par l’Académie des sciences, sous la Coupole de l’Institut de France.

 Dans l’espace, les muscles, les os, les artères, les organes des sens, le système nerveux, le système immunitaire souffrent dans des conditions d’impesanteur et d’accélération pour lesquelles ils n’ont pas été adaptés. Pourquoi ces dérèglements ? L’évolution humaine sur Terre a optimisé notre corps pour répondre à la gravité de notre planète et pour vivre en dessous de l’enveloppe protectrice de l’atmosphère. Soudain libéré de cette contrainte gravitaire, exposé aux radiations et éléments lourds d’origine cosmique, le corps humain peut souffrir de maux spécifiques et jusqu’alors inconnus. De même, l’organisme doit affronter des conditions stressantes, la limitation des mouvements, l’alimentation peu diversifiée, le rythme veille-sommeil perturbé.

Face à ce constat, les chercheurs de l’Inserm et du CNES sont mobilisés pour :

  • Protéger la santé des astronautes et diagnostiquer en temps réel leurs conditions de santé, envoyer et traiter sur Terre les

Utiliser l’espace comme un champ d’investigation permettant de mieux comprendre la physiologie et les maladies fréquentes. Des pathologies nombreuses et répandues bénéficient en effet du suivi médical poussé des astronautes, comme l’ostéoporose, les troubles du rythme circadien et du sommeil, les anomalies de l’oreille interne et de l’équilibre, les difficultés d’attention et de concentration, le vieillissement artériel.

Des premiers résultats « post flight »

Sur les données médicales et physiologiques

À bord de la station, le suivi des astronautes représente un enjeu quotidien. Le système EveryWear, développé par le MEDES, la filiale santé du CNES, propose une nouvelle approche en la matière, avec un assistant matérialisé par une simple application sur tablette tactile. Il s’agit plus précisément de regrouper un ensemble de capteurs biomédicaux portatifs connectés en Bluetooth à un terminal mobile (en l’occurrence une tablette grand public).

L’utilisation d’une tablette qui recueille un ensemble d’informations distinctes est une grande avancée pour les données médicales, physiologiques et personnelles de l’astronaute. Les principaux atouts d’EveryWear sont sa capacité à agréger les données provenant de différents outils mais aussi la simplification qu’il apporte dans les procédures pour les astronautes. C’est un dispositif adaptable qui peut couvrir un large éventail de besoins : nutrition, sommeil, étude du système cardiovasculaire, avec une collecte de données adaptée qui permet un traitement uniformisé. Là encore, le gain de temps pour l’équipage, induit par l’assistant personnel est très important. À titre d’exemple, le suivi nutritionnel de l’astronaute l’obligeait par le passé à répondre à des questionnaires au fur et à mesure de la prise de nourriture. Désormais, les données sont transmises directement.

Sur l’évaluation du sommeil

L’Unité Inserm 1075 à Caen travaille avec la société Bodycap sur des capteurs actimétriques et de température miniaturisés. Ces capteurs et les logiciels d’analyse correspondants ont été intégrés dans « l’assistant embarqué » du vol de Thomas Pesquet afin, en particulier, de procéder à une évaluation du sommeil et des rythmes chronobiologiques. Les premiers résultats, à prendre avec précaution car issus de l’analyse des données d’une seule personne, sont assez inattendus. Ils montrent que, malgré une forte influence de la pesanteur sur les mouvements corporels – et donc sur l’actimétrie – les relations entre les données actimétriques et l’état de vigilance (veille/sommeil) sont les mêmes à bord de l’ISS que sur terre. Si ce résultat se confirmait il faciliterait le suivi médicophysiologique des astronautes.

Le contrôle des données physiologiques et environnementales étant un enjeu déterminant de la nouvelle médecine personnalisée, l’amélioration de ces dispositifs peut avoir de nombreuses retombées. Par exemple, ces résultats pourraient contribuer à améliorer les montres connectées dont les capteurs (trackers de sommeil) évaluent le sommeil en fonction des mouvements et de la réorientation du poignet pendant la nuit, eux-mêmes dépendant de la gravité.

Sur la fragilité osseuse

L’équipe de Laurence Vico, directrice de recherche à l’unité Inserm 1059, étudie les changements que les vols spatiaux induisent sur la structure des os. Pour analyser la structure du radius et du tibia, les expériences utilisent un scanner haute résolution (développé avec l’aide de l’Agence Spatiale Européenne). En plus de mesurer la densité minérale osseuse, cet appareil permet de réaliser une « biopsie osseuse virtuelle » non invasive, offrant une vision très précise de l’architecture osseuse en 3 dimensions.

S’il n’est pas permis de donner les résultats individuels des mesures prises sur Thomas Pesquet, des résultats issus d’une cohorte plus importante de 13 cosmonautes montrent non seulement que les os porteurs (jambes) ne récupèrent pas une qualité identique à celle précédant le vol dans l’espace mais, fait nouveau, il apparait que les os non porteurs (bras), préservés au moment du retour sur Terre, se détériorent progressivement.

La confrontation de ces résultats à ceux obtenus sur des souris montre que les cellules qui orchestrent les activités de formation et de résorption osseuses (ostéocytes) et qui vivent normalement plusieurs années, meurent prématurément en apesanteur. Une contremesure capable d’agir sur ce vieillissement précoce est testée. Elle pourrait s’appliquer aux patients souffrant d’ostéoporose.

Sur le cœur

Pierre Boutouyrie mène ses recherches au sein de l’Unité Inserm 970. C’est un des premiers laboratoires à avoir travaillé sur les conséquences des conditions de microgravité ou hypergravité notamment sur le vieillissement accéléré de nos artères. Les vols spatiaux sont de bons modèles pour l’étudier. On sait par exemple qu’en vieillissant les artères sont moins souples, amortissent moins le flux sanguin et s’exposent à l’athérosclérose avec pour conséquences des effets délétères sur le cœur, le cerveau et les reins.

Dans le cadre du vol de Thomas Pesquet, les changements liés à la microgravité ont été étudiés grâce à la pose de capteurs piézo-électriques souples2 reliés à l’assistant embarqué de Thomas Pesquet. Là encore, les données individuelles ne peuvent pas être dévoilées mais les premiers résultats d’une étude bed-rest menée pendant 2 mois sur 10 patients, ainsi que les données publiées par une équipe internationale chez des astronautes, montrent qu’il existe un remodelage très rapide et très important du système artériel traduisant un vieillissement accéléré de celui-ci. Outre les spationautes, les patients alités longtemps pour des problèmes de santé subissent ces mêmes conséquences. Les chercheurs testent en ce moment même des contre-mesures diététiques ou d’activité physique pour pallier ces effets chez les patients alités.

Assistez à la diffusion en direct, sur le site de l’Académie des sciences, de la séance sous la Coupole en présence de Thomas Pesquet !

Le 6 décembre 2016, l’Académie des sciences ouvrait ses portes à plus de 300 lycéens et lycéennes accompagnés de leurs professeurs. À leur intention était organisé un duplex depuis l’ISS, avec Thomas Pesquet.

Le 10 octobre 2017, Thomas Pesquet revient, en personne, sous la Coupole de l’Institut de France pour raconter son quotidien dans l’espace, au sein d’un laboratoire de recherche, et présenter les résultats des expériences scientifiques développées par le CNES et l’Inserm sous l’égide de la NASA et de l’ESA.

Cette séance est également l’occasion de remettre les prix de l’Académie des sciences aux majors des grandes écoles, aux lauréats des Olympiades nationales et internationales, aux lauréats des bourses Rogissart, et aux lauréats des Grandes avancées françaises en biologie présentées par leurs auteurs.

Pour assister à la diffusion en direct sur internet, le 10 octobre à partir de 15h : http://www.academie-sciences.fr/fr/Ceremonies/seance-thomas-pesquet-2017.html

La restauration visuelle par thérapie optogénétique à portée de main ?

©fotolia

L’Institut de la Vision (Inserm, Université Pierre et Marie Curie, CNRS) via la fondation Voir & Entendre vient de signer avec l’Agence du département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies (DARPA) un contrat dont le montant pourra atteindre à terme 25 millions de dollars. Avec l’aide d’un consortium international, les chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’UPMC regroupés au sein de l’Institut de la Vision souhaitent développer un dispositif capable de restaurer la vision par stimulation optogénétique du cortex visuel. Ce projet est baptisé CorticalSight.

Le consortium est coordonné par le Professeur José-Alain Sahel (Institut de la Vision et Université of Pittsburgh School of Medicine). Il est composé de partenaires académiques : Université de Stanford, Friedrich Miescher Institute for Biomedical Research, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives- Leti ainsi que les entreprises GenSight Biologics, Chronocam and Inscopix. Serge Picaud, Directeur de Recherche Inserm, animera les activités de recherche à l’Institut de la Vision.

Les cellules ganglionnaires de la rétine sont les neurones qui, au niveau des photorécepteurs de l’œil, intègrent l’information visuelle de l’environnement et la transmettent aux centres visuels supérieurs. L’altération de ces cellules prive les centres de toute information visuelle venant de l’extérieur, entraînant ainsi une cécité complète.

La dégénérescence des cellules ganglionnaires est l’une des principales causes de cécité dans le monde occidental. Elle peut être la conséquence de divers états pathologiques, y compris des traumatismes oculaires, des affections rétiniennes telles que le glaucome, la rétinopathie diabétique ou des neuropathies optiques.

Chez l’animal, la restauration de la vue après une dégénérescence des photorécepteurs fonctionne grâce à la mise au point d’une technique très récente : la thérapie optogénétique. Grâce à cette méthode, il devient possible de prendre le contrôle optiquement sur l’activité de zones très précises du cerveau pour induire un comportement chez l’animal. Dans le cas précis, les aires visuelles seraient directement activées pour induire une perception visuelle bien que les photorécepteurs n’aient pas été activés. Cette première étape chez l’animal ouvrirait la voie au transfert de cette technologie chez l’homme.

Le projet CorticalSight, financé par ce contrat, vise donc à restaurer une perception visuelle chez les personnes devenues aveugles, en agissant directement au niveau des centres supérieurs du cerveau. Pour cela les chercheurs vont utiliser un dispositif intelligent de capture d’image combiné à la stimulation optogénétique.

En détail, le système dans son ensemble consistera en plusieurs dispositifs fonctionnant en série. Au niveau du visage, un premier dispositif fixé sur des lunettes sera composé d’une caméra filmant l’environnement direct du patient en haute résolution sera. Le deuxième dispositif au niveau du cerveau transformera par le biais d’algorithmes complexes les informations visuelles en signaux lumineux interprétables par le cerveau.

Et c’est là que l’optogénétique entre en jeu. Grâce à cette technique, les neurones spécifiques du cortex visuel seront rendus sensibles à la lumière par l’expression en leur sein d’une opsine microbienne (cette protéine d’algue transforme l’énergie lumineuse en une activité électrique).

Il suffit alors de coupler les deux dispositifs externe et interne pour que les signaux lumineux en provenance de l’extérieur soient transformés en stimulation optique capable d’activer les neurones du cortex visuel.

Le cerveau humain fait ensuite le reste du travail en traduisant comme il sait le faire, la perception visuelle en image mentale représentant l’environnement : un visage, un arbre, etc.

Le projet CorticalSight est coordonné par l’Institut de la Vision (Inserm/CNRS/UPMC) et rassemble des chercheurs internationaux dans le domaine de la vision dont les expertises individuelles seront nécessaires à chaque étape du développement scientifique.

Résultats de l’étude sur les usages et la sécurité du baclofène en France entre 2009 et 2015

©Fotolia

La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs Salariés (Cnamts) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publient aujourd’hui les résultats d’une étude sur le baclofène pour la période 2009 – 2015[1]. Menée en collaboration avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’étude a été conduite à partir des bases de données du Sniiram[2] et du PMSI[3] reliées à celle du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc). Cette étude en vie réelle visait à documenter les usages du baclofène, évaluer le maintien du traitement dans la durée et évaluer sa sécurité, notamment lorsqu’il est donné à fortes doses. Le baclofène a été comparé avec les traitements de la dépendance à l’alcool ayant une autorisation de mise sur le marché (acamprosate, naltrexone, nalméfène, disulfiram).

Cette étude met en évidence une utilisation importante du baclofène en dehors du cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM). Ceci principalement dans le traitement de la maladie alcoolique qui fait l’objet d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Elle montre également que l’utilisation du baclofène à haute dose est associée à un risque accru d’hospitalisation et de décès par rapport aux traitements médicamenteux autorisés pour traiter la dépendance à l’alcool.

 

Les usages du baclofène entre 2009 et 2015

L’étude Cnamts-ANSM en collaboration avec l’Inserm a permis de distinguer les utilisateurs de baclofène atteints d’une affection neurologique en lien avec l’indication ayant obtenu l’AMM, de ceux qui ont reçu le baclofène pour un autre motif, possiblement une dépendance à l’alcool. Le motif de prescription du baclofène a été déterminé par algorithme à partir des informations médicales présentes dans les bases de données. Ainsi, entre 2009 et 2015, sur l’ensemble des personnes ayant débuté un traitement par baclofène, plus des 2/3, soit 213 000 patients, l’ont utilisé dans une autre indication que celle de l’AMM, principalement dans le traitement de la dépendance à l’alcool.

En ce qui concerne les patients sous baclofène en dehors de l’indication neurologique, ceux recevant des doses quotidiennes élevées (>75 mg) sont minoritaires, mais leur part s’est vue augmenter entre 2009 et 2015 passant de 3% en 2013 à 9% en 2015. Un peu plus de 1% des patients ont reçu des doses de baclofène supérieures à 180 mg par jour.

Ils sont peu nombreux à poursuivre leur traitement dans la durée. Au cours des six premiers mois d’utilisation, seuls 10% des patients l’ont pris sans l’interrompre. In fine, comme pour les médicaments indiqués dans la dépendance à l’alcool, plus de 4 patients sur 5 débutant un traitement avec le baclofène l’arrêtent définitivement au cours des six premiers mois d’utilisation.

L’étude a aussi mis en évidence des usages hors AMM et hors RTU, vraisemblablement dans le traitement de la démence et des douleurs rhumatologiques. Ces usages peuvent apparaître notamment au travers des 11 500 personnes âgées de plus de 80 ans traitées par baclofène sur la période de 7 ans et des 3 000 patients pour lesquels le baclofène a été initié par un rhumatologue. Ces usages n’ont pas été validés par l’ANSM.   

 

La sécurité du baclofène chez les patients en dehors de l’indication neurologique

La sécurité du baclofène a été comparée à celle des médicaments autorisés pour traiter la dépendance à l’alcool.

Les résultats montrent que l’utilisation du baclofène est associée à un risque accru, augmentant avec la dose, d’hospitalisation et de décès par rapport aux traitements médicamenteux autorisés pour traiter la dépendance à l’alcool.

  • Aux doses faibles et modérées (inférieures à 75 mg/jour), le risque d’hospitalisation est faiblement augmenté par rapport aux traitements de l’alcoolo-dépendance (de 9% aux doses inférieures à 30 mg/jour et de 12% aux doses entre 30 et 75 mg/jour) et le risque de décès n’est pas augmenté.
  • Pour des doses entre 75 mg/jour et 180 mg/jour, le risque d’hospitalisation est modérément augmenté de 15% par rapport aux traitements de la dépendance à l’alcool mais le risque de décès est multiplié par 1,5.
  • Au-delà de 180 mg/jour, malgré une analyse portant sur des effectifs limités, la hausse du risque d’hospitalisation et surtout de décès des patients traités par baclofène par rapport aux traitements de la dépendance à l’alcool apparaît particulièrement nette : la fréquence des hospitalisations est augmentée de 46% et le risque de décès est multiplié par 2,27.

En particulier, le risque d’intoxication, d’épilepsie et de mort inexpliquée (selon le certificat de décès) s’accroît avec la dose de baclofène reçue.

 

Le profil de sécurité du baclofène utilisé en dehors de l’indication neurologique est préoccupant, notamment lorsqu’il est reçu à fortes doses. Ces données amènent l’ANSM à engager dès à présent une révision de la RTU du baclofène dans l’alcoolo- dépendance, notamment en ce qui concerne les doses administrées. Par ailleurs, les résultats de cette étude seront pris en compte dans le cadre du dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché du baclofène dans le traitement de l’alcoolo-dépendance qui est actuellement en cours d’évaluation à l’ANSM.

[1] L’étude porte sur des patients de plus de 18 ans affiliés au régime général stricto sensu et ayant débuté un traitement de Baclofène entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2015.

[2] Système national d’information inter-régimes de l’Assurance Maladie.

[3] Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information.

Création d’un institut pluridisciplinaire pour l’étude des migrations

Vue rue Waldeck Rochet sud (portion piétonne) de la place du FP vers le nord.

©mir no – Campus Condorcet BD

La crise migratoire actuelle en Europe révèle la nécessité de disposer de données scientifiques solides pour aider les pouvoirs publics à prendre des décisions importantes et ce, dans des contextes d’urgence et de situations politiques variés. En réponse à ces préoccupations, l’Inserm et le CNRS ont mobilisé cinq institutions d’enseignement et de recherche (Ined, IRD, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, EHESS et EPHE) dans le but de créer un institut interdisciplinaire pour l’étude des migrations. Il verra le jour en 2019 sur le Campus Condorcet, et regroupera 200 chercheurs. Cette structure sera financée par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de l’appel à projets « Instituts Convergences ».

1,3 million de demandes d’asile ont été déposées en Europe en 2015. En  France, et ailleurs en Europe, cette crise migratoire historique et inédite fait surgir de nouvelles et nombreuses questions politiques et scientifiques.

Suite à un appel à projets « Instituts Convergences » du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’Inserm et le CNRS ont décidé de s’associer à cinq autres institutions françaises : l’Ined, l’IRD, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’EHESS et l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) pour créer un institut entièrement dédié à l’étude des migrations. L’objectif ? Resserrer les liens entre science et société, mener des recherches scientifiques de haut niveau et dispenser des formations d’excellence. L’Institut Convergences pour les migrations sera hébergé dès 2019 au sein du futur Campus Condorcet, dans le nord de Paris. Il sera doté de 13,6 millions d’euros, consommables sur 10 ans. François Héran, directeur de recherche à l’Ined, est responsable du projet.

Quelque 200 scientifiques, issus des institutions fondatrices, mais également des collaborateurs internationaux, seront regroupés dans cet institut dédié à des recherches multi-thématiques telles que les dynamiques économiques, démographiques et environnementales des migrations, le problème de la vulnérabilité et des inégalités ou encore les questions d’intégration, d’exclusion et de discrimination.

Côté enseignement, des formations interdisciplinaires au carrefour des sciences humaines, des sciences sociales mais aussi des sciences de la santé (statistique, démographie, santé publique, épidémiologie, économie, anthropologie, linguistique, droit, éthique, études de genre, science des données, archivistes) seront proposées. L’objectif est de fonder un programme de master et de doctorat dédié aux sciences des migrations en s’appuyant, dans un premier temps, sur des éléments préexistants, issus de Paris 1 Panthéon Sorbonne, de l’EHESS ou encore de l’EPHE. Un nouveau master totalement interdisciplinaire sera créé à l’issue de cette première phase. 

Enfin, l’Inserm et le CNRS ont pour volonté d’ouvrir l’Institut sur la société. Des services à la communauté comme l’aide aux devoirs ou l’enseignement des langues dispensé pour ou par les migrants verront le jour. Le projet prévoit également de mettre en place des campagnes de préventions et de soins en lien avec les responsables municipaux et les associations de migrants.

L’appel à projets « Instituts Convergences » du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vise à structurer quelques sites scientifiques pluridisciplinaires de grande ampleur et de forte visibilité pour mieux répondre à des enjeux majeurs, à la croisée des défis sociétaux et économiques et des questionnements de la communauté scientifique. Ils doivent rassembler, dans un partenariat organisé en un lieu donné, des compétences de recherche diversifiées avec une vision intégrative visant à produire des savoirs nouveaux par la mobilisation conjointe de différentes compétences disciplinaires et développer, en lien avec ces recherches interdisciplinaires, des formations d’excellence innovantes aux niveaux master et doctorat intégrés dans des ensembles de type « graduate schools », en formation initiale comme en formation continue.

Classement 2016 de l’Office Européen des brevets : doublé gagnant pour l’Inserm

Review increase rating

©fotolia

L’Office européen des brevets (OEB) vient de publier son palmarès annuel : l’Inserm pour la première fois, y prend la tête du classement des déposants européens dans le secteur pharmaceutique devant les grands industriels et confirme en même temps, sa première place de déposant académique européen en recherche biomédicale.

Leader européen sur le secteur pharmaceutique, l’Inserm a déposé 104 demandes de brevets en 2016 dans ce domaine et gagne ainsi deux places par rapport à 2015, accédant ainsi à la première place. Dans le secteur des biotechnologies, l’établissement se place en seconde position avec 111 demandes (4ème place en 2015).

Au total, ce sont 292 demandes de brevets au nom de l’Inserm qui ont été déposées, ce qui permet à l’Institut de conserver sa place de premier organisme académique européen en recherche biomédicale.

Concernant le palmarès 2016 des déposants de brevets en France auprès de l’Institut National de Protection Intellectuel (INPI), l’Inserm intègre le top 50 des principaux déposants français.

« Il est essentiel que notre potentiel scientifique puisse être valorisé et reconnu internationalement. Cela est rendu possible grâce à l’investissement au quotidien des équipes d’Inserm Transfert, au profit de l’Inserm et de nos partenaires de mixité. Dans notre vision stratégique à long terme, nous souhaitons donner leur chance à un maximum d’innovations issues de nos laboratoires ». déclare Yves Levy, Président directeur général de l’Inserm.

Nous avons la chance d’avoir un portefeuille très diversifié, toutefois nous nous devons de maintenir une logique de qualité du brevet, car au-delà du nombre associé à cette belle performance, la solidité du brevet, qui implique expertise métier et confidentialité, permettra la meilleure valorisation de l’innovation et ce aux meilleurs standards internationaux », commente Pascale Augé, Présidente du Directoire d’Inserm Transfert.

En effet, l’Inserm détient un portefeuille de brevets de quelque 1 550 familles de brevets. Inserm Transfert, sa filiale de droit privé sous délégation de service public, se charge de leur valorisation et du transfert des connaissances issues des laboratoires de recherche de l’Inserm vers les industriels.

François DABIS nommé Directeur de l’ANRS

dabis

©Paul Avilach

Le Pr François Dabis vient d’être nommé Directeur de l’ANRS, agence autonome de l’Inserm, par les ministres en charge de la recherche et de la santé, sur proposition du P-DG de l’Inserm. Médecin, universitaire et chercheur de renommée internationale, le Pr Dabis est spécialisé en épidémiologie et en santé publique. Il succède au Pr Jean-François Delfraissy, nouveau Président du Comité consultatif national d’éthique.

Le Pr François Dabis a été nommé Directeur de l’ANRS par les ministres en charge de la recherche et de la santé, sur proposition du P-DG de l’Inserm. Le Pr Dabis est âgé de 59 ans. Il a obtenu son doctorat en médecine à l’Université de Bordeaux II, en 1983. Au cours de sa formation scientifique, le Pr Dabis choisit de se spécialiser en épidémiologie et en santé publique, d’abord en France , puis à la Harvard School of Public Health, à Boston. Il passera deux ans aux Centers for Disease Control (CDC) américains, à Atlanta, comme Officier de l’Epidemic Intelligence Service en 1984-1986. Il obtient son doctorat en épidémiologie, en 1992, à l’Université de Bordeaux II.   Il a dirigé de 2001 à 2015 l’équipe de recherche « VIH, cancer et santé globale  » au sein du Centre Inserm U 897, à l’Institut de santé publique (ISPED) de l’Université de Bordeaux. Il est aujourd’hui membre de l’équipe « Maladies infectieuses dans les pays à ressources limitées » du Centre de recherches Inserm – Université de Bordeaux U1219 « Bordeaux Population Health ».

Le Pr Dabis est un expert du VIH reconnu au plan international pour ses nombreux travaux sur l’épidémiologie et les défis de santé publique posés par cette infection virale. Il s’est ainsi attaché, tout au long de son parcours d’enseignant-chercheur, à évaluer des stratégies tant dans la prévention de la transmission du VIH que dans la prise en charge des patients.

En France, il met en place et dirige d’importantes cohortes de patients infectés par le VIH : la cohorte ANRS CO 03, suivie depuis 30 ans, ou encore la cohorte de patients coinfectés par le VHC et le VIH (ANRS CO13 HEPAVIH) depuis 12 ans. La majorité de ses travaux concerne néanmoins l’Afrique. Il a été co-responsable de l’essai pivot ANRS 049 DITRAME qui a apporté dès 1999, la preuve de l’efficacité d’un traitement court par l’AZT à réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, sa démarche de recherche vise à l’atteinte des objectifs « 90/90/90 » fixés par l’ONUSIDA pour contrôler l’épidémie partout dans le monde : d’ici 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH devront être diagnostiquées, 90% des personnes diagnostiquées devront recevoir un traitement antirétroviral et 90% des personnes sous traitement devront contrôler durablement leur virémie. Avec ses collègues sud-africains, le Pr Dabis s’est ainsi attaché à évaluer au cours des cinq dernières années l’efficacité, dans une région très fortement touchée par le VIH, d’une démarche originale combinant une offre répétée de dépistage à domicile et une prise en charge médicale rapide de toutes les personnes infectées. L’objectif de cette étude était ainsi de réduire la transmission du VIH au sein de la population de cette région. Les premiers résultats de l’essai ANRS 12249 TASP (Treatment as Prevention), ont été rendus publics à la dernière conférence mondiale sur le sida,  en juillet 2016. Ces résultats, très attendus par la communauté internationale, ont révélé les  difficultés à mettre en place  une telle approche sur le terrain et n’ont pas permis de conclure à la réduction à court terme du risque de transmission du VIH dans la population.

François Dabis a été président de l’Action coordonnée 12 de l’ANRS, chargée du programme scientifique de l’Agence dans les pays à ressources limitées, de 2002 à 2015. Il a été très régulièrement membre des comités d’experts de l’OMS et de l’Onusida chargés d’élaborer les directives internationales VIH. Il est  depuis dix ans responsable du Consortium international rassemblant les bases de données ouest Africaines sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH dans ces pays (IeDA), financé par les National Institutes of Health américains. A la suite de l’épidémie d’Ebola et à la demande des autorités françaises, il a coordonné en 2015-2016 la mise en place du programme RIPOST, une initiative destinée à renforcer la capacité de réponse des instituts nationaux de santé publique en Afrique de l’Ouest aux menaces épidémiques.

François Dabis a été président du conseil scientifique de l’Invs (aujourd’hui Santé Publique France) de 2003 à 2012 et membre du Haut Conseil de la santé publique de 2011 à 2016. Il est chevalier de la légion d’honneur.

Pour le nouveau directeur de l’ANRS  » Les défis posés à la recherche, tant fondamentale que translationnelle, restent nombreux aujourd’hui : lutter contre les obstacles structurels et individuels à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH et des hépatites en France et dans les pays partenaires de l’Agence, développer un vaccin, aboutir à l’éradication du VIH et du VHB …  » Il ajoute  » Je connais bien l’ANRS et peux témoigner du dynamisme que cette agence insuffle, de sa capacité à s’adapter aux nouveaux enjeux, et à accompagner les chercheurs dans leurs projets ». Il conclut que l’ANRS doit poursuivre son engagement pour que les objectifs du développement durable en santé soient atteints, en élargissant ses domaines d’intervention  » Il me parait aujourd’hui essentiel que notre partenariat avec les pays à ressources limitées, le savoir-faire développé ensemble depuis de longues années dans le champ du VIH et plus récemment des hépatites soient mis à profit d’autres problèmes de santé prioritaires, notamment infectieux « .

Yves Lévy, P-DG de l’Inserm se réjouit de la nomination de M. Dabis et tient à « saluer le travail accompli par Jean-François Delfraissy à la tête de l’ANRS, qui a permis de soutenir les équipes de recherche françaises et internationales qui œuvrent avec succès dans le domaine du VIH et des hépatites, avec une forte visibilité internationale ».

Stimunity signe un contrat de licence exclusive avec l’Institut Curie et l’Inserm

aaeaaqaaaaaaaacpaaaajdg0njm4n2uyltfin2itndq2ys04mjc1ltg1oda5nzmxmdk2nq

Paris, le 21 Mars 2017 – Stimunity, l’Institut Curie et l’Inserm ont le plaisir d’annoncer la signature d’un accord de licence mondiale et exclusive sur deux brevets clés qui couvrent la technologie VLP-cGAMP de Stimunity pour développer de nouveaux médicaments en immuno-oncologie.

Tout a commencé par une découverte fondamentale faite par le laboratoire Immunité innée de l’Institut Curie, dirigé par Nicolas Manel, directeur de recherche à l’Inserm et co-fondateur de Stimunity. Il a découvert que les virus, lorsqu’ils infectent des cellules saines, peuvent encapsuler une molécule qui agit comme un cheval de Troie et active les défenses du système immunitaire. Cette découverte a été protégée et a donné lieu à deux publications majeures dans la revue scientifique Science[1]. « Cette découverte nous a donné l’idée d’utiliser une particule pseudo-virale et inoffensif (VLP) qui encapsule la molécule « cheval de Troie » et induit une réponse immunitaire très efficace contre les cellules tumorales. Ce fut le point de départ du projet », explique Nicolas Manel.

« De la découverte à un médicament qui peut être utilisé chez l’homme, il y a énormément de chemin à parcourir. Voilà pourquoi nous avons décidé avec Nicolas Manel de joindre nos forces et de créer une start-up pour porter ce projet», explique Sylvain Carlioz, co-fondateur et dirigeant de Stimunity. 

Le projet a été soutenu depuis le début par la Direction de la Valorisation et des Partenariats industriels de l’Institut Curie. « Le rationnel scientifique a été validé par Sebastian Amigorena, directeur de l’unité de recherche « Immunité et cancer » (Institut Curie/Inserm), et par un membre du conseil scientifique international de l’Institut Curie, le Pr Alain Fischer. Sur un aspect valorisation, il ne faisait aucun doute que la meilleure option était la création d’une start-up pour développer pleinement le potentiel de la technologie brevetée » explique le Dr Amaury Martin, Directeur du Département Valorisation et Partenariats Industriels de l’Institut Curie et Directeur de l’Institut Carnot Curie-Cancer. « Cette perspective s’inscrit par ailleurs parfaitement dans la nouvelle stratégie de l’Institut Curie que nous voulons promouvoir et illustre le potentiel du Centre d’Immunothérapie des Cancers de l’Institut Curie qui va être ouvert en 2017 » 

Le contrat de licence s’accompagne d’un accord de recherche partenariale entre Stimunity et le laboratoire de Nicolas Manel. Il permettra à la société de finaliser la validation du mécanisme d’action du médicament, une étape nécessaire pour convaincre les investisseurs privés de mener un premier tour d’investissement de 2 à 5 M €. Ce financement couvrira la fabrication du produit thérapeutique aux normes GMP et les études d’efficacité sur des modèles précliniques, deux éléments nécessaires avant que de pouvoir entrer en essais cliniques d’ici début 2019. 

[1] Gentili M, et al. Transmission of innate immune signaling by packaging of cGAMP in viral particles. Science. 2015. Bridgeman A, et al. Viruses transfer the antiviral second messenger cGAMP between cells. Science. 2015.

fermer