Menu

Antécédent d’AVC et maladie coronaire : une combinaison fatale

L’équipe du service de cardiologie de l’hôpital Bichat et de l’Unité mixte Inserm 698 (AP-HP, Université Paris Diderot), en collaboration avec des équipes internationales a étudié une cohorte de patients atteints de maladie coronaire. Cette étude a mis en évidence chez les patients ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’accident ischémique transitoire (AIT) non seulement un risque plus élevé d’événements cardio-vasculaires mais aussi d’événements hémorragiques, soulignant le défi thérapeutique que représente la prise en charge de ces patients. Les travaux ont fait l’objet d’une publication on-line dans Circulation*.


crédit Serimedis/Inserm

Les maladies cardio et cérébro-vasculaires représentent les deux premières causes de mortalité au monde. Elles sont parfois associées chez un même patient et leur combinaison représente à la fois un risque considérable pour le patient et un défi thérapeutique.

Aujourd’hui, les médicaments antithrombotiques qui permettent de fluidifier le sang sont un traitement efficace de la maladie coronaire. Plusieurs essais randomisés évaluant de nouveaux traitements antithrombotiques chez des patients coronariens ont identifié qu’un antécédent d’AVC ou d’AIT constituait un marqueur d’augmentation du risque d’hémorragie intracrânienne pouvant conduire au décès du patient. L’étude menée par l’équipe du service de Cardiologie de l’hôpital Bichat et de l’Unité Inserm 698 associée à plusieurs équipes internationales a consisté à suivre et à analyser pendant 4 ans, 26 389 patients coronariens issus du registre international de patients athérothrombotiques REACH afin de caractériser de manière très précise le risque ischémique et hémorragique associé à un antécédent d’AVC ou d’AIT chez les patients coronariens.

Les résultats de cette étude mettent en évidence la fréquence de ce phénomène, 4 460 patients, soit 17% de la cohorte de patients coronariens, avaient un antécédent d’AVC ou d’AIT. Cet antécédent d’AVC ou d’AIT était de plus associé à une augmentation d’environ 50% (par rapport aux patients coronariens sans antécédent d’AVC) du risque de décès, d’infarctus, ou d’AVC, avec une augmentation du risque d’AVC ischémique et hémorragique.

Cette étude objective également le défi thérapeutique que représente le traitement de ces patients. En effet, un traitement antiplaquettaire ou anticoagulant plus fortement dosé est associé à une augmentation particulièrement élevée du risque hémorragique.

« Les conclusions de l’étude sont importantes puisqu’elles soulignent la difficulté de prise en charge de ce type de patients, fréquents et dont le pronostic est particulièrement grave. Elles démontrent par ailleurs la nécessaire sélection du traitement antithrombotique. Des essais cliniques complémentaires sont en cours pour tester de nouvelles stratégies de traitement chez ces patients » explique le Pr Steg, du service de cardiologie de l’hôpital Bichat.

L’accident vasculaire cérébral (AVC) désigne l’obstruction ou la rupture d’un vaisseau transportant le sang dans le cerveau. Il en résulte un manque d’apport d’oxygène mettant en danger le fonctionnement d’une ou plusieurs zones du cerveau.

Un accident vasculaire cérébral (AVC) survient lorsque la circulation sanguine vers ou dans le cerveau est interrompue par : un vaisseau sanguin bouché (AVC ischémique), le plus fréquent ou un vaisseau sanguin rompu (AVC hémorragique), dans moins de 20% des cas.

L’AVC ischémique (ou « infarctus cérébral »). L’artère est bouchée par une plaque riche en cholestérol (athérosclérose), on parle de thrombose cérébrale (40 à 50 % des AVC), ou un caillot de sang, venu obstruer l’artère, il s’agit alors d’une embolie cérébrale (30 % des AVC).

L’AVC hémorragique (20 % des cas). Il est dû le plus souvent à une rupture d’anévrisme. Les tumeurs, les crises d’hypertension et divers troubles de la coagulation peuvent eux aussi entraîner des hémorragies cérébrales.

L’Accident Ischémique Transitoire (AIT). Lorsque l’obstruction de l’artère cérébrale se résorbe d’elle-même et ne provoque pas de séquelle, on parle d’accident ischémique transitoire. Ses symptômes sont les mêmes que l’AVC, mais ils durent de quelques secondes à quelques minutes avant le retour à la normale. L’AIT peut donc passer inaperçu et être confondu avec un simple malaise. Il signale pourtant un risque important d’AVC plus grave.

L’efficacité de certains vaccins contre le cancer dépend de leur mode d’administration

L’efficacité thérapeutique de certains vaccins anti cancer dépend de leur voie d’administration : c’est ce que des chercheurs de l’équipe d’Eric Tartour du Paris-Centre de recherche Cardiovasculaire (Université Paris Descartes, Inserm U970 PARCC, AP-HP), en collaboration avec des chercheurs du CNRS1, viennent de démontrer dans un article à paraitre  le 13 février 2013 dans Science Translational Medicine. Pour  les cancers dits muqueux, du poumon ou de la sphère ORL, l’administration du vaccin doit se faire directement via les muqueuses pour être efficace (administration intranasale par exemple). Le même vaccin administré par les voies conventionnelles d’immunisation, c’est-à-dire intramusculaire ou sous cutanée, est inefficace.  Dans ce travail, les chercheurs ont également identifié une voie majeure de fonctionnement du vaccin contre ces tumeurs. Ces résultats auront un impact majeur dans la confection et l’efficacité des vaccins anti-cancer ciblant les tumeurs muqueuses.

© Fotolia

Les vaccins thérapeutiques contre les cancers représentent une nouvelle voie de thérapie prometteuse. Ils ont pour objectif de stimuler certaines cellules du système immunitaire, dont les lymphocytes T-CD8, afin de faire régresser la tumeur.  Ces types de vaccins suscitent beaucoup d’espoir. De nombreux essais sont en cours, mais certains essuient des échecs en phase clinique alors qu’ils sont efficaces sur les modèles animaux.

Pour mieux comprendre pourquoi Eric Tartour et son équipe (Université Paris Descartes, Inserm U970 PARCC, AP-HP) ont testé, chez la souris l’efficacité de deux voies d’administration différentes :, la voie  intra-musculaire d’une part,  et la voie intranasale d’autre part.  Ces tests ont été menés sur un  candidat-vaccin contre les cancers muqueux  oropharyngés. Cette partie du travail a été, mise au point en collaboration avec Ludger Johannes  à l’Institut Curie.

Ils ont prouvé que seule une vaccination par voie muqueuse fait régresser une tumeur localisée dans le poumon ou dans la sphère oto-rhino-laryngologique (ORL). Le même vaccin anti-cancer administré par les voies conventionnelles d’immunisation, c’est-à-dire intramusculaire ou sous cutanée, est inefficace.

« Nos résultats pourraient expliquer l’échec de vaccins anti-tumoraux visant à traiter les tumeurs muqueuses chez l’homme, et conduire à une modification des vaccins anti-cancer ciblant les tumeurs muqueuses », explique Eric Tartour, professeur à l’université Paris Descartes et médecin hospitalier à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP).

Afin d’expliquer cette différence d’efficacité, les chercheurs ont cherché à identifier quels étaient les mécanismes qui différaient selon le mode d’administration. Ils ont alors montré que la vaccination par voie muqueuse induit l’expression d’une protéine  particulière (l’intégrine muqueuse CD49a)  qui permet aux lymphocytes T-CD8 (dont la production est stimulée par l’administration du vaccin) de bien migrer dans la tumeur. Une fois sur le site tumoral,  ces lymphocytes T-CD8 luttent contre les cellules cancéreuses.

A l’inverse, le blocage de cette molécule réduit la pénétration des lymphocytes T dans la tumeur muqueuse et ainsi leur activité anti-tumorale. L’intégrine CD49a est essentielle dans la migration préférentielle des lymphocytes anti-tumoraux induits par vaccination dans les tumeurs pulmonaires et ORL et donc dans l’efficacité de la vaccination contre ces cancers muqueux.

Pour vérifier la pertinence de ces résultats chez l’homme, les chercheurs ont analysé des échantillons issus de patients atteins de cancer du poumon. Là encore, ils ont mis en évidence l’expression élevée de l’intégrine muqueuse CD49a sur les lymphocytes T-CD8 présents dans les tumeurs du poumon de patients2.

Ces résultats sont encourageants pour une future extrapolation de cette étude à l’homme.

(1) Laboratoires impliqués : Unité de pharmacologie chimique et génétique et d’imagerie (CNRS/Université Paris Descartes/Inserm/Chimie ParisTech) ; Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1/Université Jean Monnet St Etienne) ; Compartimentation et dynamique cellulaires (CNRS/Institut Curie/UPMC).

(2) Travaux menés par Laurence Zitvogel, Unité immunologie des tumeurs et immunothérapie (Université Paris-Sud/Inserm) ; Institut Gustave Roussy, Villejuif

Un cerveau « simplifié » permet au robot iCub d’apprendre le langage

Le robot humanoïde iCub sur lequel travaille depuis de nombreuses années l’équipe dirigée par Peter Ford Dominey, directeur de recherche CNRS et de l’Université Lyon 1 dans l’unité Inserm 846 (Institut pour les cellules souches  et cerveau de Lyon) est dorénavant capable de comprendre ce qu’on lui dit et d’anticiper la fin d’une phrase. Cette prouesse technologique a  été rendue possible par la mise au point d’un « cerveau artificiel simplifié » qui reproduit certains types de connexions dites « récurrentes» observées dans le cerveau humain. Ce système de cerveau artificiel permet au robot d’apprendre, puis  de comprendre des phrases nouvelles, avec une structure grammaticale nouvelle. Il peut faire le lien entre deux phrases et peut même prédire la fin de la phrase avant qu’elle ne survienne.Ces travaux sont publiés dans la revue Plos One.

robot  ICub apprentissage

credit P Latron/inserm

Les chercheurs de l’Inserm et du CNRS ont réussi à mettre au point un réseau neuronal artificiel construit sur un des principes fondamental du cerveau humain : sa capacité à apprendre une nouvelle langue. Le modèle a été développé après des années de recherche au sein de l’Unité Inserm 846 (Institut de recherche sur les cellules souches et cerveau) grâce à l’étude de la structure du cerveau et la compréhension des mécanismes d’apprentissage.

Un des aspects les plus remarquables du traitement du langage est la rapidité avec laquelle il a lieu. Notre cerveau va, par exemple, traiter en temps réel les premiers mots d’une phrase et anticiper la suite, améliorant ainsi la rapidité avec laquelle nous traitons les informations. Toujours en temps réel, le cerveau révise continuellement ses prédictions grâce à l’interaction entre des informations nouvelles et le contexte formé  précédemment. Dans le cerveau, la région associant cortex frontal et striatum joue un rôle crucial dans ce processus.

En s’appuyant sur ces recherches, Peter Ford Dominey et son équipe ont développé un « cerveau artificiel » qui utilise une construction neuronale similaire à celle mise en place par le cerveau humain.

En raison de sa construction dite récurrente (avec des connections qui forment des boucles récurrentes locales) ce système de cerveau artificiel peut comprendre des phrases nouvelles, avec une structure grammaticale nouvelle. Il peut faire le lien entre deux phrases et peut même prédire la fin de la phrase avant qu’elle ne survienne.

Pour rendre cette avancée concrète, les chercheurs de l’Inserm ont intégré ce nouveau cerveau dans le robot humanoïde iCub.

Dans une démonstration vidéo, un chercheur demande au robot iCub de désigner une guitare (matérialisée par un objet bleu) avant de déplacer un violon vers la gauche (matérialisé par un objet rouge). Avant d’exécuter la tâche, le robot répète la phrase et explique qu’il a bien compris ce qu’on lui demande de faire.

Pour les chercheurs, l’apport de ces travaux pour la recherche sur certaines pathologies est important. Ce système pourrait être utilisé pour mieux comprendre la façon dont le cerveau traite la langue. «  Nous savons que, quand un mot inattendu arrive dans une phrase, le cerveau réagit de façon particulière. Ces réactions pouvaient jusqu’à présent être enregistrées avec des capteurs sur le cuir chevelu » explique Peter Ford Dominey. Le modèle mis au point par le Dr Xavier Hinaut et le Dr Peter Ford Dominey permet d’identifier la source de ces réponses dans le cerveau. Si ce modèle, basé sur l’organisation du cortex cérébral est correct, il pourrait contribuer à la compréhension des dysfonctionnements linguistiques possibles dans la maladie de Parkinson.

Ces recherches ont une autre implication importante : celle de contribuer un jour à l’apprentissage du langage par les robots. « Aujourd’hui, les ingénieurs ne peuvent tout simplement pas programmer toutes les connaissances requises dans un robot. Nous savons maintenant que la façon dont les robots vont acquérir leur connaissance du monde sera réalisable en partie grâce à l’apprentissage – comme le font les enfants.»,explique Peter Ford Dominey.

robot ICub en apprentissage

credit P Latron/Inserm

Cancer du col de l’utérus : première résolution 3D d’une oncoprotéine du virus à papillome humain

Des chercheurs strasbourgeois du laboratoire Biotechnologie et signalisation cellulaire de l’École Supérieure de Biotechnologie de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg) et de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (CNRS/Université de Strasbourg/Inserm) ont résolu, pour la première fois, la structure tridimensionnelle d’une oncoprotéine majeure, impliquée dans la prolifération cellulaire et à l’origine du développement du papillomavirus humain. Celui-ci, de type 16 (HPV 16), est  le plus dangereux de ces virus, responsable des cancers du col de l’utérus. Ces travaux, publiés le 8 février 2013 dans Science, devraient permettre l’identification et l’amélioration de médicaments bloquant les activités tumorigènes de la protéine.

Le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers les plus fréquents au monde et le deuxième en termes de mortalité chez la femme. Il est provoqué par les virus à papillome humains (HPV) dits à « haut risque muqueux» (1). Le papillomavirus humain de type 16 (HPV 16) est le plus dangereux. Lorsque le virus HPV infecte une cellule saine, il doit provoquer la multiplication de ces cellules pour se reproduire. Deux de ses protéines, E6 et E7, induisent cette prolifération cellulaire et sont responsables de la prolifération des tumeurs du col de l’utérus, d’où leur nom : « oncoprotéines ».

L’équipe de Gilles Travé, chercheur CNRS au laboratoire Biotechnologie et signalisation cellulaire (CNRS/Université de Strasbourg), en étroite collaboration avec les équipes de Jean Cavarelli et de Bruno Kieffer de l’Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire (CNRS/Université de Strasbourg/Inserm) a résolu, pour la première fois, les structures tridimensionnelles des protéines E6 des virus à papillomes humain de type 16 (HPV 16) ainsi que son équivalent bovin de type 1 (BPV1). La structure de E6 de HPV16 avait déjà été résolue en 2012 (2) par ces mêmes chercheurs sous forme libre mais, cette fois, les protéines E6 sont visualisées en train de capturer des protéines cellulaires cibles.

La structure d’une protéine E6 entière, attendue depuis près de trente ans, n’avait jamais été résolue auparavant car celle-ci est très difficile à produire dans un laboratoire.

Pour ce faire deux processus ont été nécessaires : d’une part la mise au point de techniques permettant d’isoler la protéine E6 et d’autre part l’utilisation combinée de techniques de résonance magnétique nucléaire (RMN) (3) et de cristallographie (4). Après avoir traité différents problèmes d’agrégation et de purification, les chercheurs ont réussi à produire la protéine E6. Le défi à ce stade était de conserver son repliement (la capacité à s’auto-organiser de la protéine et donc sa fonction biologique). L’acquisition de données de RMN et de cristallographie ont permis d’établir la structure de la protéine E6 à l’aide d’outils informatiques et d’obtenir ainsi sa « photographie » tridimensionnelle à haute résolution.

La structure tridimensionnelle de la protéine E6 capturant sa cible révèle précisément le mécanisme moléculaire de son activité cancérogène et explique aussi l’étonnante capacité de la protéine à détourner, tel un terroriste viral, un grand nombre de fonctions de la cellule infectée.

Au niveau thérapeutique, cette avancée est d’une grande importance dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, car elle devrait permettre l’identification et l’amélioration de médicaments bloquant les activités tumorigènes de la protéine.

cancer du col de l'utérus

E Soleilhac/Inserm

Cellules issues d’un cancer du col de l’uterus (cellules HeLa) traitées pendant 2h avec du paclitaxel, une drogue anti-cancéreuse connue pour bloquer la dépolymérisation des microtubules.

(1)       Souche à haut risque : Les virus HPV se classifient à haut risque et à bas risque suivant leur capacité à induire ou ne pas induire le cancer. Les principales souches à haut risque du virus du papillome humain sont les types 16, 18, 31, 33 et 51.

(2)       Zanier K, Ould M’hamed Ould Sidi A, Rybin V, Boulade-Ladame C, Rybin V, Chapelle A, Atkinson RA, Kieffer B, Travé G. Solution structure analysis of the HPV16 E6 oncoprotein reveals a self-association mechanism required for E6-mediated degradation of p53. Structure 2012, 20(4):604-617.

(3)       Résonance magnétique nucléaire : méthode d’étude des molécules biologiques qui consiste à mesurer les phénomènes de résonance dans le noyau de certains atomes. Elle est utilisée pour connaitre la structure d’une protéine.

(4)       Cristallographie : méthode qui permet de connaître la structure atomique  d’une protéine sous forme de cristal par diffraction de rayons X.

Treatrush (TreatRetUsher) : combattre la cécité dans le syndrome de Usher – une collaboration européenne au service d’une maladie rare

©Photo : Fotolia

A l’occasion de la journée internationale des maladies rares : 28 février 2013

Comment la recherche sur le syndrome de Usher – handicap héréditaire particulièrement invalidant, portant atteinte aux deux sens majeurs, l’audition et la vision – a-t-elle franchi une étape majeure dans la compréhension des mécanismes à l’origine de la rétinopathie pigmentaire ? Comment est-elle parvenue à améliorer le diagnostic clinique et à développer le diagnostic moléculaire ? Comment prépare-t-elle les essais de thérapie génique de la rétinopathie du syndrome ? Les scientifiques regroupés au sein du projet européen TREATRUSH (TreatRetUsher) présentent les avancées qu’ils ont réalisées. Douze partenaires de 7 pays sont réunis au sein de ce réseau financé par la Commission Européenne et coordonné par l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC). En France, il rassemble des chercheurs du Collège de France, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’UPMC, travaillant au sein de l’Institut de la Vision et de l’Institut Pasteur, ainsi que des cliniciens de l’hôpital des XV-XX et de l’hôpital Armand-Trousseau. 

Le syndrome de Usher est une atteinte héréditaire de l’audition et de la vision. Il touche environ 1 personne sur 10 000.

C’est la principale cause de surdité associée à une perte de la vision chez le sujet jeune.

Les trois types cliniques du syndrome, USH1, USH2 et USH3, se distinguent par la sévérité de l’atteinte auditive, la précocité de la rétinite pigmentaire et la présence ou non d’une atteinte vestibulaire qui se traduit par des troubles de l’équilibre. Sur chacun de ces aspects, la forme USH1 est la plus invalidante.

Au-delà des avancées majeures antérieurement réalisées sur l’identification des gènes responsables du syndrome et la compréhension de la pathogénie de l’atteinte auditive du syndrome, le projet Treatrush s’est fixé pour objectifs d’améliorer le diagnostic du syndrome, de comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires à l’origine de la rétinopathie et d’en préparer les essais de thérapie génique.

  • Répondre à l’impératif d’un diagnostic précoce

La baisse de la vision n’apparaissant que des années après celle de l’audition, l’absence d’un diagnostic précoce du syndrome  peut conduire les parents à faire le mauvais choix de l’apprentissage de la  langue des signes dès le plus jeune âge, en renonçant à une implantation cochléaire précoce. Dans ce but, ORLs et ophtalmologistes du consortium européen ont élaboré conjointement les protocoles d’investigation clinique qui doivent conduire à poser le diagnostic avant l’âge d’un an.

En parallèle, un diagnostic moléculaire robuste et rapide de l’ensemble des formes du syndrome a été développé. Une première étude[1] a permis de détecter les mutations présentes chez 54 patients. Elle a été complétée par la mise en place d’une nouvelle méthode[2]qui aujourd’hui vient de permettre d’analyser une cohorte de plus de 350 patients recrutés à travers l’Europe (France, Allemagne, Italie, Slovénie, Espagne).

  • Elucider les mécanismes physiopathologiques à l’origine de la rétinopathie.

Tandis que les mutants de souris dont les gènes Usher-1 sont défectueux ont une surdité profonde, ils ne présentent pas de rétinopathie. De ce fait, les mécanismes défectueux à l’origine de la rétinopathie du syndrome étaient totalement inconnus. Depuis 3 ans, les équipes du Pr Christine Petit, coordonnatrice du projet Treatrush, et du Pr José-Alain Sahel, ont tenté de comprendre les mécanismes physiopathologiques à l’origine de la rétinite pigmentaire chez les patients atteints du syndrome de Usher, en ayant recours à d’autres modèles animaux[3]. Ils y sont parvenus et ont ainsi jeté les bases d’un nouveau type de mécanisme de rétinopathie pigmentaire qui met en jeu de surcroît des structures des  photorécepteurs jusqu’ici négligées et dont le rôle est inconnu. Cette donnée est essentielle pour conduire tout protocole visant à améliorer les tentatives thérapeutiques.

Des équipes du projet, en Italie, en France et aux Etats-Unis, travaillent actuellement au développement d’une thérapie génique via des vecteurs viraux associés à l’adénovirus (AAV) capables de transférer efficacement des gènes thérapeutiques de petite taille dans les photorécepteurs rétiniens dans le but de bloquer leur dégénérescence. Ces vecteurs ont déjà fait leurs preuves dans d’autres formes de rétinites. Ils sont en cours d’essai pour certains gènes Usher chez l’animal.

Les avancées réalisées sur cette maladie rare ouvrent la voie à la compréhension et au traitement d’atteintes plus communes de la vision ou de l’audition. Comme l’expliquent Christine Petit et José-Alain Sahel, « les maladies fréquentes sont d’origine plus complexes et donc plus difficiles à étudier que les maladies rares monogéniques. Pourtant, les éléments qui y contribuent, pour nombre d’entre eux, doivent appartenir aux mêmes mécanismes élémentaires que ceux dont le déficit conduit à telle ou telle maladie rare. Pour s’en convaincre, prenons l’exemple du syndrome USH1. Les molécules codées par ces gènes forment le cœur de la machinerie de transduction auditive, machinerie qui convertit le signal sonore en signal électrique dans les cellules sensorielles auditives. Il va de soi, que dans des atteintes fréquentes de l’audition, quelle qu’en soit l’origine, cette machinerie est aussi une cible des déficits. Une constellation de maladies rares doit donc contribuer à modéliser les processus pathogéniques d’une maladie commune ». 

Le syndrome de Usher, une atteinte des deux principaux sens : l’audition et la vision

Ce syndrome est un handicap sensoriel héréditaire et la principale cause de surdité associée à une cécité. Il est responsable de 3 à 6% des surdités infantiles et d’environ 50% des cas de surdité sévère associée à une cécité chez l’adulte. La surdité est généralement congénitale tandis que les manifestations cliniques de la rétinite pigmentaire sont un peu plus tardives. Ce syndrome a été divisé en trois sous-types, USH1, USH2 et USH3 ; la forme USH1 est la plus sévère. Chez les enfants affectés par la forme USH1, l’atteinte de la vision n’est souvent découverte qu’autour de 8 à 10 ans. Or ce diagnostic tardif pèse lourdement sur une prise en charge médicale appropriée.
D’importants progrès scientifiques ont été réalisés depuis une quinzaine d’années par les généticiens et physiologistes de l’audition, avec l’identification de dix gènes responsables, et la découverte des mécanismes cellulaires et moléculaires dont le déficit explique les atteintes auditives du syndrome. A l’inverse, la pathogénie de la rétinopathie pigmentaire du syndrome demeurait inconnue. Une avancée majeure a été réalisée récemment dans la compréhension de l’atteinte rétinienne, dans le cadre du projet européen Treatrush, par les équipes des Pr. Christine Petit et José-Alain Sahel. Les protocoles d’exploration des patients ont été améliorés et standardisés pour permettre un diagnostic précoce. Un nouvel outil de diagnostic moléculaire a été développé, et plus de 400 patients venant de divers pays européens ont ainsi été testés. En 1995, le laboratoire du Pr. Christine Petit identifiait le premier gène à l’origine du syndrome USH1. Ce gène qui code la myosine VIIa rend compte de la majorité des cas de USH1. C’est précisément sur cette forme du syndrome qu’un essai de thérapie génique de la rétinopathie sera prochainement conduit par le Pr. José-Alain Sahel.

TREATRUSH – Lutter contre la cécité provoquée par le syndrome de Usher

TREATRUSH a pour but de traiter et de lutter contre la cécité provoquée par le syndrome de Usher. http://www.treatrush.eu

Le projet a débuté en février 2010 et dure 4 ans, avec un budget total d’environ 6 millions d’euros de l’Union Européenne (PC7). Le projet implique 12 partenaires, basés dans 7 pays :

Université Pierre et Marie Curie (UPMC), Paris, France : http://www.upmc.fr/
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), Paris, France : www.inserm.fr/
Eberhard Karl University of Tübingen  (EKUT), Tübingen, Allemagne : http://www.uni-tuebingen.de/en
Medical Research Council (MRC), Oxford, UK : http://www.mrc.ac.uk
Fondazione Telethon (FTELE.IGM), Naples, Italie : http://www.telethon.it/
Amsterdam Molecular Therapeutics (AMT), Amsterdam, Pays-Bas : http://www.amtbiopharma.com/
Novartis Forschungsstiftung, Zweigniederlassung Friedrich Miescher-Institut for Biomedical Research, Bâle, Suisse : http://www.fmi.ch/
Faun Foundation (FAUN), Nuremberg, Allemagne
The Trustees of the University of Pennsylvania (UPENN), Philadelphia, USA : http://www.upenn.edu/
Institut de la Vision-Fondation Voir et Entendre, Paris, France               : http://www.institut-vision.org    http://www.fondave.org/
Johannes Gutenberg University Mainz, Mayence, Allemagne : http://www.uni-mainz.de/eng/
Massachusetts Eye and Ear Infirmary, Boston, USA : http://www.masseyeandear.org/


[1] Bonnet C, Grati M, Marlin S, Levilliers J, Hardelin JP, Parodi M, Niasme-Grare M, Zelenika D, Délépine M, Feldmann D, Jonard L, El-Amraoui A, Weil D, Delobel B, Vincent C, Dollfus H, Eliot MM, David A, Calais C, Vigneron J, Montaut-Verient B, Bonneau D, Dubin J, Thauvin C, Duvillard A, Francannet C, Mom T, Lacombe D, Duriez F, Drouin-Garraud V, Thuillier-Obstoy MF, Sigaudy S, Frances AM, Collignon P, Challe G, Couderc R, Lathrop M, Sahel JA, Weissenbach J, Petit C, Denoyelle F. (2011) Complete exon sequencing of all known Usher syndrome genes greatly improves molecular diagnosis. Orphanet J Rare Dis. 6:21.

[2] Fakin A, Jarc-Vidmar M, Glavač D, Bonnet C, Petit C, Hawlina M. (2012) Fundus autofluorescence and optical coherence tomography in relation to visual function in Usher syndrome type 1 and 2. Vision Res. 75: 60-70.

[3] Sahly I, Dufour E, Schietroma C, Michel V, Bahloul A, Perfettini I, Pepermans E, Estivalet A, Carette D, Aghaie A, Ebermann I, Lelli A, Iribarne M, Hardelin JP, Weil D, Sahel JA, El-Amraoui A, Petit C. (2012) Localization of Usher 1 proteins to the photoreceptor calyceal processes, which are absent from mice. J Cell Biol. 15;199(2):381-99.

POUR CITER CETTE PAGE :
Communiqué – Salle de presse de l’Inserm – Treatrush (TreatRetUsher) : combattre la cécité dans le syndrome de Usher – une collaboration européenne au service d’une maladie rare
avec ce lien cliquable: http://presse.inserm.fr/treatrush-treatretusher-combattre-la-cecite-dans-le-syndrome-de-usher-une-collaboration-europeenne-au-service-dune-maladie-rare/6598/


Les boissons « light » associées à une augmentation du risque de diabète de type 2

Françoise Clavel-Chapelon  (Directrice de recherche Inserm-Université Paris-Sud 11, à l’Institut Gustave Roussy), et Guy Fagherazzi se sont intéressés à la relation entre la consommation de boissons sucrées et boissons sucrées « light » et le risque de diabète de type 2. L’analyse, menée auprès de 66 188 femmes de la cohorte E3N, confirme une relation entre boissons sucrées et diabète de type 2 et révèle pour la première fois en France, que contrairement aux idées reçues,  le risque de diabète est plus élevé lorsqu’il s’agit de boissons « light » que de boissons sucrées « normales ». Des études supplémentaires sur les effets des boissons sucrées « light » sont nécessaires pour corroborer ce résultat. L’article détaillant ces résultats a été publié dans l’American Journal of Clinical Nutrition.

Le diabète touche plus de 3 millions de personnes en France dont 90% sont atteintes du diabète de type 2. S’il est établi que la consommation de boissons sucrées est associée à une augmentation du risque d’obésité et de diabète de type 2, l’effet des boissons sucrées « light » sur les maladies cardiométaboliques est moins bien connu. Les chercheurs de l’Inserm au sein de l’équipe E3N ont évalué le lien entre la consommation de boissons sucrées et le risque de  développer  un diabète de type 2. L’étude a été menée auprès de 66 118 femmes françaises de la cohorte E3N suivies pendant 14 ans.

Les résultats montrent que les femmes qui consomment des boissons sucrées « light » ont une consommation plus grande que celles qui consomment des boissons sucrées « normales » (2,8 verres/semaine contre 1,6 verres/semaine en moyenne, respectivement).

D’autre part, à quantité égale consommée, le risque de diabète est plus élevé lorsqu’il s’agit de boissons « light » que de boissons sucrées « non light ».

Le risque de développer un diabète est de 15% supérieur pour une consommation de 0,5 L/semaine et de 59% supérieur pour 1,5 L/semaine respectivement.

Ce risque est-il essentiellement associé aux boissons « light » ? Pour le savoir, les chercheurs se sont également intéressés aux effets sur l’organisme des jus de fruits 100% pressés, et dans leur étude, aucune association avec le risque de diabète n’a été constatée.

Comment peut-on expliquer ces résultats ?

Plusieurs mécanismes peuvent expliquer l’augmentation de risque de diabète associée à une grande consommation de boissons sucrées :

  • Tout d’abord, en termes de calories, ces boissons ne se substituent pas aux aliments solides, car boire des boissons sucrées n’est pas suffisamment satiétogène (les calories des boissons sucrées s’ajoutent donc aux calories des solides). D’autre part, les sucres contenus dans les boissons sucrées entrainent en réaction un pic d’insuline, et des pics à répétition peuvent engendrer une insulino-résistance.
  • S’agissant en particulier des boissons « light », la relation avec le diabète pourrait s’expliquer d’une part par une appétence plus forte pour le sucre en général des consommatrices de ce type de boissons. D’autre part, l’aspartame, qui est un des principaux édulcorants utilisés aujourd’hui, induirait une augmentation de la glycémie et de ce fait une hausse du taux d’insuline, comparable à celle engendrée par le sucrose.

La consommation de boissons sucrées augmente le risque de surpoids, lui-même facteur de risque de diabète. Toutefois, dans leur étude, les chercheurs de l’équipe E3N ont observé un effet d’une grande consommation de boissons sucrées, indépendant de la corpulence de la femme.

En conclusion, il est montré pour la première fois dans une population française, qu’une consommation élevée de boissons sucrées (normales et « light ») était associée à une forte augmentation du risque de diabète de type 2. Cette augmentation de risque est encore plus forte pour les boissons de type « light ». Des études supplémentaires sur les effets des boissons sucrées « light » sont nécessaires pour confirmer ce résultat.

L’ETUDE E3N (www.e3n.fr)  

L’étude E3N, ou Etude Epidémiologique auprès de femmes de la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education Nationale), dirigée par Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche à l’Inserm, est une étude de cohorte prospective portant sur environ 100 000 femmes volontaires françaises nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990.

Depuis 1990, les femmes remplissent et renvoient des auto-questionnaires tous les 2 à 3 ans. Elles sont interrogées sur leur mode de vie (alimentation, prise de traitements hormonaux…) d’une part, et sur l’évolution de leur état de santé d’autre part.

Les données sur les facteurs de risque ont fait l’objet de plusieurs études de validation. Le taux de « perdues de vue » est très faible du fait de la possibilité qu’offre la MGEN de suivre les non-répondantes. Mais c’est avant tout grâce à la fidélité et à la constance des participantes, et grâce à la collaboration des médecins traitants, que l’étude E3N peut fournir tous ces résultats.

E3N est la composante française d’EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and nutrition), vaste étude européenne coordonnée par le Centre International de Recherches sur le Cancer (CIRC) portant sur 500 000 européens, hommes et femmes, dans 10 pays.

L’étude E3N est soutenue par quatre partenaires fondateurs : l’Inserm, la Ligue contre le Cancer, l’Institut Gustave Roussy et la MGEN.

photo fotolia

fermer