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Quelle fertilité pour les femmes après une grossesse extra-utérine ?

La grossesse extra-utérine concerne environ 2% des grossesses, soit 15.000 femmes par an en France. Elle se caractérise par le développement de l’œuf en dehors de l’utérus qui peut mettre la vie de la femme en danger en l’absence d’intervention médicale. Dans les pays développés, la mortalité liée à une grossesse extra-utérine reste exceptionnelle; les médecins s’intéressent donc à la préservation de la fertilité ultérieure et donc la possibilité pour les femmes concernées d’être à nouveau enceinte. Les chercheurs de l’équipe Inserm « Epidemiologie de la reproduction et du développement de l’enfant » (Unité 1018 « Centre de recherche en épidémiologie et sante des populations ») ont pour la première fois comparé l’ensemble des traitements existants de la grossesse extra-utérine quant à leur impact sur la fertilité naturelle dans les 2 ans qui suivent.

Les conclusions de l’étude publiée dans la revue Human Reproduction montrent que la capacité à avoir une grossesse normale après une grossesse extra-utérine (fertilité ultérieure) n’est pas liée au type de traitement, en particulier à la conservation de la trompe de Fallope où la grossesse s’était implantée.

Woman holding a positive pregnancy test against white background

©fotolia

Une grossesse extra-utérine s’implante dans 95% des cas dans une trompe de Fallope. Il s’agit d’une urgence médicale. Le traitement consiste à l’interrompre et à éliminer l’œuf. Trois traitements peuvent être utilisés :

– Un traitement médical par injection (intramusculaire ou directement dans la trompe) de methotrexate qui détruit l’œuf et élimine la grossesse extra-utérine sans toucher à la trompe.
– Un traitement chirurgical dit « conservateur » où la trompe est incisée pour retirer l’œuf tout en étant conservée
– Un traitement chirurgical dit radical où la trompe est retirée avec l’œuf

Schéma grossesse extra-utérine
Chacun de ces traitements parvient à éliminer la grossesse extra-utérine, et, en raison de l’amélioration des méthodes diagnostiques, la vie de la femme n’est pratiquement plus en danger dans les pays développés. L’objectif des médecins est donc à la préservation de la fertilité ultérieure de la femme.

Selon la gravité et l’urgence, deux types de situations se dessinent :

-d’une part, les grossesses extra-utérine dites peu actives où un traitement médical ou chirurgical conservateur peuvent être décidé
-d’autre part, les grossesses extra-utérine dites actives où un traitement chirurgical est nécessaire qui peut être conservateur ou radical.

Les chercheurs de l’Inserm ont comparé, pour la première fois dans un même essai thérapeutique, la fertilité des femmes deux ans après les différents traitements.

Pour cela, les chercheurs ont inclus des femmes présentant une grossesse extra-utérine traitées dans un des 17 centres français participants à l’étude entre 2005 et 2009. Un peu plus de 400 femmes ont été réparties en deux groupes selon l’activité (et la gravité) de la grossesse extra utérine. Dans chaque groupe un des deux traitements possibles a été tiré au sort et les femmes ont ensuite été suivies pendant 2 ans.

Dans le premier groupe, les courbes de fertilité cumulatives qui sont le reflet du nombre de grossesse obtenue par les patientes au cours des deux ans de suivi n’étaient pas significativement différentes entre le traitement médical et la chirurgie conservatrice..

Le taux de grossesse intrautérine deux ans après l’intervention était de 67 % après le traitement médical par méthotrexate et de 71 % après la chirurgie conservatrice dans la population des femmes en recherche de grossesse.

Dans le second groupe, deux ans après le traitement, 70 % des femmes qui ont désiré une nouvelle grossesse ont pu obtenir une grossesse intra-utérine après le traitement chirurgical conservateur et 64 % après le traitement chirurgical radical.

Pour les chercheurs, les résultats de cet essai invitent les gynécologues à reconsidérer la prise en charge des grossesses extra-utérines en tenant compte des différents éléments que sont la fertilité ultérieure, la durée de suivi après traitement, la préférence des patientes mais aussi les risques inhérents à chacun des traitements.

Pour Perrine Capmas, « le traitement médical devrait être privilégié en cas de grossesse extra-utérine peu actives en raison d’une part de la préférence des patientes mais aussi des risques moindres notamment de par l’absence d’anesthésie et de chirurgie. Cependant, étant donné l’absence de différence pour la fertilité ultérieure, le traitement chirurgical doit être proposé en première intention aux femmes dont on craint qu’elles ne soient pas observantes (la surveillance après traitement médical pouvant être prolongée pendant plusieurs semaines) ».

« Dans le cas des grossesses extra-utérines nécessitant une prise en charge chirurgicale, les médecins peuvent rassurer les femmes sur le fait qu’une chirurgie radicale ne change pas leurs chances d’avoir par la suite une grossesse naturelle. »

Une puce 100% biocompatible pour mesurer l’activité du cerveau

Interpréter les signaux émis par le cerveau et les traduire en commande utilisables par l’homme est l’objectif poursuivi par les chercheurs qui développent ce que l’on appelle des interfaces cerveau-machine. Dans le domaine de la santé, ces interfaces pourraient servir aux personnes paralysées. Jusqu’à présent les chercheurs se heurtent à des limites technologiques car les capteurs utilisés pour enregistrer l’activité cérébrale ne le font pas encore assez finement.
Avec l’appui du département de Bioélectronique de l’Ecole des Mines de St Etienne
, des chercheurs dirigés par Christophe Bernard au sein de l’Unité Inserm 1106 « Institut de neurosciences des systèmes »  ont conçu un système de capteurs de l’activité du cerveau 100% biocompatibles en matériau organique. Le support épais de quelques microns est fin et souple comme de la cellophane, et très résistant. Le système a été testé dans un modèle animal d’épilepsie. La qualité du signal cérébral enregistré est multipliée par 10 par rapport aux systèmes classiques d’enregistrement de l’activité cérébrale. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Communications.

Des nouvelles techniques au service de la santé, OpenVibe. Une interface cerveau-ordinateur ou ICO (en anglais Brain-Computer Interface ou BCI) permet à son utilisateur d'envoyer des commandes à un ordinateur ou à une machine uniquement par la pensée.

 Les interfaces Homme-machine jouent depuis quelques années, un rôle central dans le diagnostic et le traitement de certaines pathologies, dans le pilotage de membres artificiels (exosquelettes) ou encore dans la conception d’organes sensoriels artificiels. Dans le cas des interfaces cerveau-machine, le problème consiste à capter les signaux émis par le cerveau et les traduire en commande utilisable par l’homme. Ces signaux sont utilisés à des fins diagnostiques (comme par exemple pour déterminer si une personne est épileptique et quelles sont les régions du cerveau responsables des crises), pour relier un œil artificiel aux régions du cerveau qui traitent l’information visuelle, ou pour commander des exosquelettes pour les personnes paralysées à partir de l’enregistrement des neurones des régions du cerveau qui contrôlent la motricité des membres.

Afin de capturer le maximum de signaux émis par le cerveau, il faut être en contact direct avec le système nerveux central. Or, cette prouesse est très difficile à réaliser avec des systèmes de mesure non invasifs (c’est-à-dire avec des électrodes posées sur la tête). Autre inconvénient, la plupart des capteurs utilisés aujourd’hui ne sont pas biocompatibles, ce qui déclenche une réaction de défense des tissus aboutissant à une perte de signal au bout d’un certain temps. Enfin, et c’est le plus important, les signaux captés sont pré-amplifiés loin de la source, ce qui entraîne la présence d’un bruit important dans les enregistrements, empêchant leur exploitation optimale.

Une solution : les transistors organiques

Le département de Bioélectronique de l’Ecole des Mines de St Etienne à Gardanne, l’Institut de Neuroscience des Systèmes (Unité Inserm 1106) et la PME Microvitae basée à Gardanne apportent une solution technologique à ces problèmes.

Les chercheurs ont conçu un système de capteurs de l’activité du cerveau en matériau organique (à base de composés de carbone) 100% biocompatibles. Le support est épais de quelques microns, fin et souple comme de la cellophane, et très résistant.

Mais la révolution technologique est d’avoir fait en sorte que le site d’enregistrement soit un transistor organique qui produit une amplification locale du signal. Le système a été testé dans un modèle animal d’épilepsie. La qualité du signal est multipliée par 10 par rapport aux systèmes classiques, ce qui est considérable selon les chercheurs.

Une telle solution technologique va permettre l’enregistrement de nombreux neurones et l’interfaçage avec les structures du cerveau sur le long terme. Parmi les applications cliniques immédiates, on peut envisager l’aide au diagnostic de l’épilepsie et la cartographie fonctionnelle dans le cadre de la neurochirurgie des tumeurs cérébrales. Bien entendu, ces transistors peuvent aussi être utilisés pour des enregistrements non invasifs en contact direct avec la tête.

En plus de la pathologie, cette technologie permettra des avancées majeures en recherche fondamentale, notamment dans le cadre du Human Brain Project financé à 1 milliard d’Euros par la communauté européenne. Les systèmes d’enregistrements basés sur les transistors organiques préfigurent les interfaces Homme-machine de demain.

Prochaines conférences « Santé en questions » proposées par l’Inserm et Universcience

Bandeau santé en question

Troubles de l’audition : briser le silence


Jeudi 14 mars de 19h à 20h30
A l’occasion de la Journée Nationale de l’Audition
En duplex avec : La Cité des sciences et de l’industrie, Paris ; La Médiathèque Jacques Ellul, Pessac
Coorganisé par la la ville de Pessac

Plus des deux tiers des personnes âgées de plus de 65 ans et 6% des 15-24 ans souffrent de surdité partielle ou totale. Pour les patients atteints, les relations personnelles et sociales deviennent beaucoup plus difficiles. A l’heure des progrès de la chirurgie mini-invasive robotisée et d’une meilleure compréhension biophysique de l’audition, on parvient aujourd’hui à poser des implants capables de gérer des sons. Quels sont les espoirs de demain pour nos oreilles ? Existe-t-il des moyens de préventions ?

  • Evelyne Ferrary, directrice de Recherche Inserm. Unité mixte de recherche 867 Inserm / Paris Diderot  «Chirurgie otologique mini-invasive robotisée», UFR de médecine site Xavier Bichat, Paris. rf.mresni@yrarref.enyleve
    01 57 27 76 93
  • Richard Darbéra, président du Bucodes-Surdifrance, (Bureau de Coordinations des associations de Devenus Sourds et malentendants) à Paris
    rf.eerf@sedocuB.tnediserP
  • Irène Aliouat, présidente de l’association Audition et Ecoute 33 dont le siège social est à Gradignan et Ecoute 33,
    moc.liamg@33etuocenoitidua
    le numéro de l’association : 06 67 63 87 37

Hypertension : un problème de santé publique


Jeudi 25 avril de 19h à 20h30
En duplex avec: La Cité des sciences, Paris ;  Sem-Numerica, Montbéliard
Coorganisée par le Pavillon des sciences

L’hypertension artérielle est une exagération de l’état de tension de la paroi artérielle qui a pour conséquence l’augmentation de la pression sanguine à l’intérieur du vaisseau. Elle constitue l’un des problèmes majeurs de santé publique dans les pays développés et émergents, il s’agit de la plus fréquente des affections cardio-vasculaires : on estime sa prévalence à environ 20 % de la population adulte, pourcentage qui augmente au fur et à mesure de la vie. Quels sont les moyens mis en œuvre dans la recherche pour soigner cette maladie ? Quels sont les nouveaux espoirs de guérison ?

  • Pr Claude Le Feuvre, Président de la Fédération Française de Cardiologie et responsable de l’unité de cardiologie interventionnelle à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris
    Tel. : 01 42 16 30 12 // Assistante: Mme BARRE 01 42 16 30 11
    rf.phpa.lsp@ervuefel.edualc
  • Pr Pierre-François Plouin, chef du service d’hypertension artérielle et de médecine vasculaire de l’hôpital Européen Georges Pompidou
    Tel : +33 (0)1 56 09 37 73
    rf.phpa.pge@niuolp.siocnarf-erreip

Drépanocytose : les voies de la guérison


Mercredi 19 juin de 19h à 20h30
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose et des 30 ans de présence de l’Inserm en Guadeloupe, sous le haut patronage du Ministère des Outre-mer.
En duplex avec: 
La Cité des sciences et de l’industrie, Paris ; L’Université des Antilles et de la Guyane à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
Coorganisée par l’archipel des sciences

La drépanocytose, également appelée anémie falciforme, est une maladie génétique causée par la mutation d’un gène de l’hémoglobine, il en résulte des douleurs très vives et des complications qui peuvent être mortelles ou responsables de séquelles invalidantes. Quels sont aujourd’hui les moyens de lutte contre cette maladie ? La thérapie génique constitue-t-elle un réel espoir ?

  • Pr Robert Girot, Centre de la Drépanocytose Hôpital Tenon  et Centre de Dépistage et d’Information pour la Drépanocytose (CIDD)  – Paris
    Tel : 01 56  01 61 97
    rf.phpa.nnt@torig.trebor
  • Pr Marianne de Montalembert présidente du Réseau Ouest Francilien de Soins des Enfants Drépanocytaires (ROFED) et pédiatre à l’hôpital Necker-Enfants Malades à Paris
    Tel : 01 44 49 48 96
    rf.oodanaw@desfor
  • Marc Romana chercheur Inserm biologiste moléculaire, spécialiste de la drépanocytose en Guadeloupe UMR S665  – CHU de Pointe-à-Pitre
    rf.mresni@anamor.cram
    Fixe laboratoire : 0590 83 48 99
    Portable : 0690 74 18 96

1 Etablissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie.

Lancement de Constances, plus grand projet de cohorte épidémiologique en population en France

Constances est une cohorte épidémiologique « généraliste » constituée d’un échantillon représentatif de 200 000 adultes âgés de 18 à 69 ans. Organisée par le Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP – Inserm/Université Paris-Sud/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) en partenariat avec la CNAMTS* et la Cnav, ce projet a pour objectif de constituer une base de données nationale ouverte à la communauté des chercheurs en santé publique.

Pour tout savoir sur Constances, consultez le site http://www.constances.fr/fr/

Constances

Placée sous la responsabilité scientifique et technique de Marie Zins (CESP), Constances (CONSulTANts des Centres d’Examens de Santé), a déjà recruté 14 000 personnes depuis sa naissance courant 2012.

Tirés au sort dans la base de données de la Cnav**, les patients reçoivent une lettre leur proposant de participer à la cohorte. Les volontaires bénéficient à leur entrée dans la cohorte d’un bilan de santé complet dans les Centres d’examens de santé de la sécurité sociale, qui sera répété tous les 5 ans.

À l’aide d’un questionnaire à compléter chaque année, ils fourniront des informations sur leur santé, leurs habitudes de vie (travail, alimentation, consommation d’alcool ou de tabac…), et leur environnement social.

Ces données sont appariées avec celles de la Caisse nationale d’assurance vieillesse et celles de l’assurance maladie pour connaître leurs arrêts maladie, les soins présentés au remboursement et les données d’hospitalisation et leur trajectoire socioprofessionnelle. Des échantillons de sang et d’urine seront aussi prélevés dans le but de créer une « biobanque ».

Labellisé par le programme des « Investissements d’avenir » en tant qu’Infrastructure nationale en biologie et santé, ce projet de recherche et la constitution de ce très important échantillon (le plus important en France et un des plus grand d’Europe) suivi au cours du temps (cohorte) est conçu comme un « laboratoire épidémiologique ouvert » accessible à la communauté de recherche française et internationale, et comme un outil permettant aux responsables de la santé publique de disposer de sources d’information diversifiées sur la santé de la population, les facteurs de risque, le mode de recours au système de soins et de prévention et sur les trajectoires médicales, professionnelles et sociales des personnes. « 

Constances est une cohorte généraliste mais nous avons mis l’accent sur le vieillissement et les maladies chroniques, les risques professionnels, la santé des femmes, les déterminants sociaux et les inégalités sociales » précise Marie Zins.

* Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés
** Caisse nationale de l’assurance vieillissement

Comment être volontaire ?

Vous avez reçu une invitation à passer un bilan de santé dans votre Centre d’Examens de Santé et à participer à la cohorte Constances, l’une des plus grandes cohortes épidémiologiques de santé. Si vous l’acceptez, vous commencerez par un bilan dans un Centre d’Examens de Santé ; Grâce à un ensemble d’examens, vous pourrez faire le point sur votre santé. Chaque année vous serez également interrogé sur votre santé et vos habitudes de vie par l’intermédiaire d’un questionnaire de suivi. Votre participation à la cohorte est essentielle pour faire de Constances un outil riche pour la communauté scientifique cependant il vous sera possible à tout moment d’interrompre ce suivi en nous adressant un courrier.

Tirage au sort :

Vous avez reçu une invitation, parce que vous avez été tiré au sort parmi l’ensemble des personnes affiliées au régime général de la sécurité sociale. Ce tirage au sort permet de mettre en place une cohorte représentative de la population française pour les critères de sexe, d’âge et de catégorie professionnelle.

Questionnaires :

La cohorte Constances vous propose des questionnaires sur votre mode de vie, votre travail, votre état de santé. Ces questionnaires ont été préparés par des experts dans de nombreux domaines dont les expositions professionnelles, les inégalités sociales de santé ou le vieillissement.

Bilan de santé :

Le bilan proposé est réalisé dans l’un des 17 Centres d’Examens de Santé de la Sécurité Sociale. Il s’agit des centres d’Angoulême, Bordeaux-Cenon, Lille, Lyon, Marseille, Vandoeuvre-lès-Nancy avec l’antenne de Longwy, Nîmes, Orléans, Paris, Centre d’investigations préventives et cliniques de Paris, Pau, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Toulouse et Tours.

Confidentialité :

L’ensemble des réponses que vous apporterez sera traité de façon confidentielle. La Commission nationale informatiques et libertés (CNIL) a donné son autorisation à leur utilisation, car l’équipe Constances a apporté les garanties qu’à aucun moment elle ne pourra relier votre identité à vos données de santé.

Sept facteurs de risque génétiques associés à la DMLA

Un groupe de recherche international a découvert sept nouvelles régions du génome humain associées à un risque accru de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une des principales causes de cécité. Thierry Léveillard, directeur de recherche Inserm à l’Institut de la vision (Inserm / UPMC / CNRS), coordonne le groupe européen de l’AMD Gene Consortium, réseau de chercheurs internationaux représentant 18 groupes de recherche. Les résultats sont présentés en ligne le 03 mars 2013 dans la revue Nature Genetics

DMLA atrophique

© Inserm

La DMLA touche la macula, une région de la rétine responsable de la vision centrale. C’est grâce à la macula que l’être humain peut réaliser certaines tâches qui nécessitent une bonne acuité visuelle, comme la lecture, la conduite et la reconnaissance faciale. À mesure que la DMLA progresse, réaliser de telles tâches se complique et finit par être impossible. Bien que certaines formes de DMLA puissent être traitées si la maladie est détectée suffisamment tôt, il n’existe aucun remède.

Les scientifiques ont montré que l’âge, le régime alimentaire et la consommation de tabac influencent le risque de développement de la DMLA chez l’individu. La génétique joue également un rôle important. Souvent héréditaire, la DMLA est plus fréquente au sein de certains groupes de population.

En 2005 des chercheurs ont montré notamment que certaines variations du gène codant pour le facteur H du complément – un composant du système immunitaire inné – sont associées à un risque majeur de développer une DMLA.

Dans cette nouvelle étude l’AMD Gene Consortium a rassemblé les données de 18 groupes de recherche afin d’augmenter la puissance des précédentes analyses. L’analyse du consortium comprenait des données provenant de plus de 17 000 individus atteints de DMLA, qui ont été comparées aux données de plus de 60 000 individus ne souffrant pas de DMLA. L’analyse actuelle a identifié sept nouvelles régions génétiques associées à la maladie. Comme dans le cas des 12 régions précédemment découvertes, ces sept régions dispersées sur l’ensemble du génome pointent vers des gènes et des fonctions altérées dans la DMLA.

« Le challenge que représente la complexité génétique de la DMLA a pu être surmonté par l’association de tous les centres travaillant sur cette pathologie cécitante dans le monde ; l’union fait ici la force de la démonstration »

explique Thierry Léveillard, directeur de recherche Inserm au sein de l’Institut de la vision (Inserm / UPMC / CNRS), coordinateur du sous-consortium EU-JHU regroupant plusieurs centres européens et un aux USA ayant tenu un rôle important dans cette étude.

Au total, depuis 2005, 19 régions identifiées comme étant associées à la DMLA ont été identifiées. Elles impliquent une variété de fonctions biologiques, y compris la régulation du système immunitaire inné, l’entretien de la structure cellulaire, la croissance et la perméabilité des vaisseaux sanguins, le métabolisme lipidique et l’athérosclérose.

Comme avec d’autres maladies courantes telles que le diabète de type 2, le risque pour un individu de développer une DMLA est probablement déterminé non pas par un mais par plusieurs gènes. Une analyse plus complète de l’ADN des zones entourant les 19 régions identifiés par l’AMD Gene Consortium pourrait faire apparaître des variants génétiques rares ayant un effet déterminant sur le risque de DMLA. La découverte de tels gènes pourrait considérablement améliorer la compréhension qu’ont les scientifiques de la pathogénie de la DMLA et contribuer de façon significative à leur quête de traitements plus efficaces.

José-Alain Sahel, directeur de l’Institut de la vision (Inserm / UPMC / CNRS) :

« Sans le travail méthodique et coordonné de caractérisation clinique mené dans tous les centres, l’identification de tels marqueurs serait aléatoire. Ces corrélations cliniques seront très importantes prochainement dans l’application à la médecine prédictive et personnalisée. »

GrippeNet.fr : bilan au pic de l’épidémie

Photo : ©Fotolia

Le 27 février, les données de la surveillance de la grippe confirmaient le franchissement du pic épidémique de la grippe saisonnière. Le site Internet www.grippenet.fr permet pour la deuxième année consécutive de collecter des données sur les syndromes grippaux directement auprès de la population française. Actuellement, plus de 5 800 volontaires se sont déjà inscrits et participent à ce nouveau système de surveillance et de recherche, lancé par l’Inserm, l’Université Pierre et Marie Curie et l’Institut de veille sanitaire. GrippeNet.fr est actuellement, en France, le seul système permettant d’étudier les syndromes grippaux chez ces personnes malades qui ne consultent pas de structure médicale.

Depuis le début de l’épidémie, le pourcentage de participants de GrippeNet.fr déclarant des symptômes compatibles avec un syndrome grippal a augmenté, passant de 1,2% des participants par semaine fin décembre à 2,5% début février. La semaine dernière, les principaux signes déclarés étaient le nez qui coule ou bouché (13,1% des participants), de la toux (10,3%), des éternuements (8,5%) et des maux de gorge (7,6%). Les régions dans lesquelles les participants étaient les plus nombreux à déclarer des symptômes de syndrome grippal étaient Poitou-Charentes (6% des participants), Nord-Pas-de-Calais (5,9%) et Bretagne (3,5%).

Depuis le début de l’épidémie, 62% des participants de GrippeNet.fr atteints d’un syndrome grippal ne sont pas allés consulter de structure médicale. Depuis le démarrage de la deuxième saison, plus de 2 000 nouvelles personnes se sont inscrites pour participer à cette étude, et près de 4 000 personnes déclarent actuellement chaque semaine les symptômes qu’elles ont eus ou non depuis leur dernière connexion. La moyenne d’âge des participants de la deuxième saison de GrippeNet.fr est actuellement de 45 ans, et 62% des participants sont des femmes. Les départements dans lesquels la participation est la plus importante sont la Haute-Corse, la Corse du Sud et Paris.

Quand l’hypertension artérielle avance masquée

Une pression artérielle normale chez le médecin mais élevée à domicile ? Ce phénomène dont l’origine reste inconnue, est appelé hypertension artérielle masquée. Christophe Tzourio, directeur de l’unité Inserm 708 « Neuroépidémiologie » (Université de Bordeaux Ségalen) a étudié la présence de l’hypertension artérielle masquée dans une population de 1500 personnes âgées. Non seulement très fréquente et par définition indétectable par le médecin, elle comporte chez ces personnes un fort risque d’évolution à court terme vers une hypertension artérielle permanente. Ces résultats, parus dans Journal of Hypertension, soulignent l’importance de l’automesure de la pression artérielle chez les personnes âgées pour anticiper tout risque d’accident vasculaire.

automesure de la tension artérielle

©fotolia

L’hypertension artérielle, dont la fréquence augmente avec l’âge, constitue un des principaux facteurs de risque d’accident vasculaire (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde,…). Depuis que des appareils électroniques d’automesure ont rendu possible la mesure de la pression artérielle à domicile, un nouveau type d’hypertension artérielle, dite hypertension artérielle masquée, a été découvert. Celle-ci se caractérise par le fait que la pression artérielle d’une personne est normale chez le médecin mais élevée à son domicile. Phénomène d’origine inconnue, l’hypertension artérielle masquée serait aussi voire plus dangereuse que l’hypertension artérielle classique concernant le risque d’accident vasculaire.

A partir de ces postulats, l’unité Inserm 708 « Neuroépidémiologie » (Université de Bordeaux Segalen, Bordeaux) a entrepris, avec l’aide de spécialistes de l’hypertension artérielle, l’étude de l’automesure de la pression artérielle chez les personnes âgées de la cohorte des 3C à Dijon. Cette étude avait en particulier pour but d’évaluer la fréquence de l’hypertension artérielle masquée au sein d’une population de 1481 personnes âgées entre 73 et 97 ans (moyenne d’âge 78,7 ans). Après une mesure de la pression artérielle au sein d’un centre d’examen, les participants ont, dans les 15 jours suivants, procédé chez eux à la prise de leur pression artérielle au moyen d’un appareil électronique. Le protocole comprenait 18 mesures pendant 3 jours. Les mêmes mesures ont été répétées un an plus tard afin d’évaluer le risque d’évolution vers une hypertension artérielle permanente (pression artérielle élevée au centre d’examen et à domicile).

L’étude a révélé que l’hypertension artérielle masquée était très fréquente : 40 % des participants qui avaient une pression normale au centre d’examen avaient une hypertension à domicile.

Les chercheurs ont ensuite analysé  l’évolution de l’hypertension masquée sans tenir compte de l’existence ou non d’un traitement  puis dans le groupe de personne ne prenant pas de traitement antihypertenseur. Dans le premier groupe, le risque chez ces personnes de développer à un an une hypertension artérielle permanente était multiplié par 7. Chez celles initialement non traitées par des antihypertenseurs, le risque d’hypertension artérielle permanente était multiplié par 17.

« Ces résultats soulignent l’importance de l’automesure de la pression artérielle à domicile chez les personnes âgées afin de diagnostiquer une hypertension artérielle masquée, par nature non détectable par le médecin, et mettre en place des mesures pour baisser la pression artérielle et ainsi réduire le risque vasculaire. L’automesure permet également de renforcer le dialogue entre malade et médecin et de mieux adapter le traitement. » conclut le Professeur Christophe Tzourio, directeur de l’unité Inserm 708.

Cette étude a été financée par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé).

André Syrota, Président-Directeur Général de l’Inserm reconduit dans ses fonctions

André Syrota, vient d’être reconduit par le gouvernement en tant que Président Directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur proposition de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso.

Après avoir été nommé directeur général de l’Inserm en octobre 2007, le Pr André Syrota était déjà depuis 2009 l’actuel Président-directeur général de l’Inserm. Il assure également la présidence de l’Alliance nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé (Aviesan).

portrait officiel André Syrota © A Marouani/Inserm

Né en 1946, ancien interne des Hôpitaux de Paris, docteur en médecine spécialiste en médecine nucléaire, André Syrota est professeur des Universités, Praticien hospitalier à l’Université Paris Sud. Il a été Chef du Service Hospitalier Frédéric Joliot du CEA à Orsay et enseignant en biophysique et médecine nucléaire à la Faculté de médecine de Paris Sud. Directeur des Sciences du Vivant au CEA à partir de 1993, le Pr André Syrota a été nommé Directeur général de l’Inserm en octobre 2007. Il en est, depuis mars 2009, le Président-directeur général.

André Syrota est professeur de médecine et chercheur spécialiste du développement de méthodes d’imagerie fonctionnelle non invasives chez l’homme, reposant sur la tomographie par émission de positons et la résonance magnétique nucléaire.

Dès son arrivée en 2007, la priorité d’André Syrota fut d’instaurer un partenariat avec tous les organismes de recherche et d’assurer une coordination scientifique au niveau national, question sensible en particulier lors des crises de la vache folle et du chikungunya par exemple. Dans cet esprit, Le Pr André Syrota impulse la création, en 2009, de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) par les principaux organismes français[1] pour assurer une coordination stratégique et programmatique nationale de la recherche en sciences de la vie et de la santé. Depuis, Aviesan a pour objectifs de renforcer le potentiel de la recherche, de la rendre plus visible au plan national (notamment vis-à-vis des industries de santé) et international, et plus réactive face à l’émergence de questions scientifiques fondamentales ou de problèmes de santé publique majeurs.

Au niveau européen, Le Pr André Syrota est également, depuis octobre 2011, le vice-président de Science Europe, association regroupant 50 agences de financement et organismes de recherche issus de 23 pays européens, qui œuvre pour la promotion de l’Espace européen de la Recherche. L’Inserm est à ce titre, l’un des organismes français qui a décroché le plus de bourses ERC pour ses jeunes chercheurs comme pour ses chercheurs plus confirmés.

Au plan international, l’Inserm a su développer un réseau de laboratoires associés sur tous les continents.

L’Inserm est ainsi devenu en quelques années le premier organisme de recherche biomédicale européen. Ce rayonnement s’illustre par une progression notable du nombre de publications recensées dans les revues de niveau international. Ces dernières ont augmenté de 42 % pour la recherche fondamentale et de 52 % dans certaines disciplines.


[1] CEA, CNRS, Conférence des présidents d’université, Conférence des directeurs généraux de CHRU, Inra, Inria, Inserm, Institut Pasteur, IRD

Le traitement par le HDL cholestérol au secours de la thrombolyse

Découverte d’un traitement qui réduit chez le rat jusqu’à 90% les complications hémorragiques du seul traitement disponible des accidents vasculaires cérébraux (AVC)

Des travaux de recherche menés dans le service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat (AP-HP/ Université Paris Diderot) et l’unité Inserm associée 698 (Pr Amarenco, Dr Olivier Meilhac) ont mis en évidence les bienfaits du bon cholestérol dans la réduction des complications hémorragiques du seul traitement disponible des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les résultats de cette expérimentation, conduite sur le rat, viennent d’être publiés dans Stroke .

3ème cause de mortalité en France et dans le monde et 1ère cause de handicap acquis de l’adulte, l’AVC touche chaque année 10 millions de personnes, dont 150 000 en France.

A ce jour, le traitement de référence reconnu par l’ANSM en cas d’AVC par occlusion d’une artère cérébrale consiste en l’injection intraveineuse (au pli du coude) d’un médicament appelé Actilyse® (altéplase) qui a pour objectif de dissoudre le caillot. Celui-ci permet de guérir le patient dans 40% des cas, seulement si l’injection est débutée moins de 4 heures 30 après les premiers symptômes d’AVC. Mais la complication redoutée de l’injection intraveineuse de ce médicament est la survenue d’une hémorragie cérébrale avec aggravation neurologique pouvant aller jusqu’au décès dans 6% des cas, ou sans aggravation neurologique visible dans 20% des cas.

Les chercheurs ont découvert un nouveau traitement qui pourrait diminuer jusqu’à 90% ce risque de complication hémorragique de l’altéplase.

Ce traitement est constitué de lipoprotéines de haute densité (HDL ou « bon cholestérol »), isolées à partir de plasma humain. Les HDL sont des particules chargées d’évacuer le mauvais cholestérol depuis l’intérieur des artères jusque vers le foie où il est éliminé. Elles ont d’autres actions favorables : elles sont anti-inflammatoires, anti-oxydantes, anti-protéases, évitent l’infiltration des globules blancs dans la zone d’infarctus…

En émettant l’hypothèse que, par leur effet protecteur sur la barrière sang-cerveau , les HDL pourraient protéger contre les complications hémorragiques de l’altéplase, l’équipe a administré chez des rats l’altéplase 3 heures après avoir bouché une artère du cerveau par un filament ou par un caillot. Une hémorragie a été obtenue chez 62% des rats après retrait du filament et chez 46% des rats dont l’artère a été bouchée par un caillot. Dans les deux cas, lorsque l’altéplase a été injectée conjointement avec des HDL, on observait 90% de moins de complication hémorragique. Les deux modèles (occlusion par un filament ou par un caillot) ont été utilisés pour vérifier l’effet du traitement. Le fait de trouver le même type de résultat renforce la véracité de l’effet des HDL.

« Cette découverte, si elle est confirmée chez l’homme par un essai clinique que nous comptons mener, pourrait révolutionner la prise en charge de l’attaque cérébrale et offrir de nouvelles perspectives pour améliorer la guérison des patients victimes d’AVC. On pourrait même imaginer dans l’avenir la production par génie génétique de particules qui ressembleraient aux HDL » indique le Pr Amarenco, chef du service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat (AP-HP/ Université Paris Diderot) et co-directeur avec le Pr Steg de l’équipe de recherche « Recherche clinique en athérothrombose » au sein de l’Unité mixte Inserm-Université Paris Diderot 698.

Ces études sont financées en partie par l’Unité Inserm 698 et l’Association SOS-Attaque Cérébrale

accident vasculaire cérébral © S Dehaenne/Inserm

Dès 6 mois de grossesse, le cerveau humain est organisé pour traiter la parole

Une découverte de l’unité de recherche Inserm U1105 « Groupe de Recherche sur l’Analyse Multimodale de la Fonction Cérébrale » de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) et de l’unité de recherche Inserm U992 « Neuroimagerie cognitive », NeuroSpin/CEA

Le cerveau immature d’un nouveau-né prématuré est capable, dès 3 mois avant le terme, de distinguer les syllabes et les voix masculines et féminines. Ces résultats, obtenus notamment par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Picardie Jules Verne et du centre d’imagerie NeuroSpin du CEA, sont publiés dans la revue PNAS datée du 25 février 2013. Ils soulignent une organisation sophistiquée très précoce des régions cérébrales impliquées dans le traitement linguistique et la communication sociale chez l’Homme.

A la naissance, les nouveau-nés sont capables de distinguer des syllabes proches, de reconnaître la voix de leur mère, et de différentier différentes langues humaines. Ces capacités chez le petit humain sont-elles dues à la présence de mécanismes innés propres à l’espèce humaine pour traiter la parole, ou à un apprentissage rapide des caractéristiques de la voix maternelle pendant les dernières semaines de grossesse ?

Pour le savoir, Fabrice Wallois, directeur de l’unité mixte de recherche UPJV/Inserm « Groupe de Recherche sur l’Analyse Multimodale de la Fonction Cérébrale » (GRAMFC), et Ghislaine Dehaene-Lambertz, (Inserm, NeuroSpin/Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Université Paris-Sud) en collaboration avec des praticiens hospitaliers du CHU Amiens Picardie, ont testé les capacités de discrimination auditive de 12 nouveau-nés prématurés de 28 à 32 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire nés 2 à 3 mois avant le terme.

A ce stade de développement, le cerveau est immature puisque les neurones sont encore en train de migrer vers leur localisation définitive. Néanmoins, les premières connexions entre le cerveau et le monde extérieur se mettent en place, notamment celles permettant au fœtus d’entendre les sons, ce qui permet d’enregistrer les premières réponses cérébrales aux stimulations externes.

Les auteurs de cette étude ont stimulé auditivement les nouveau-nés prématurés, en les exposant à deux sons de syllabes proches (« ga » et « ba ») prononcées soit par un homme soit par une femme. Ils ont enregistré leur réponse cérébrale grâce à l’imagerie optique fonctionnelle (spectroscopie proche infra-rouge). Les chercheurs ont ainsi pu montrer que malgré leur cerveau immature, les prématurés sont réceptifs aux changements de voix (homme ou femme) et aux changements de phonèmes (« ba » ou « ga ») (figure 1).

De plus, les ensembles ou réseaux de neurones impliqués chez le prématuré sont très proches de ceux décrits chez l’adulte dans le même type de tâche. Ils sont asymétriques et impliquent notamment les régions frontales. Comme chez l’adulte, la région frontale droite répond à la nouveauté, quel que soit le changement, alors que la région frontale gauche, ou région de Broca, ne répond qu’au changement de phonème.

Figure 1 : Projection des activations sur le cerveau d’un prématuré de 30 semaines d’aménorrhée. Le changement de phonème entraine une augmentation de l’activité cérébrale dans les régions temporales et frontales, notamment à gauche. La réponse au changement de voix est plus limitée, et ne concerne que la région frontale inférieure droite.

©Wallois


Ces résultats démontrent que très précocement, dès l’établissement des premières connexions cérébrales (trois mois avant le terme) et avant tout éventuel apprentissage, le cerveau humain est équipé pour traiter les caractéristiques particulières de la parole humaine grâce à une organisation sophistiquée de certaines aires linguistiques cérébrales (régions péri-sylviennes droite et gauche). L’organisation des aires cérébrales étant gouvernée par l’expression des gènes au cours du développement du fœtus, les auteurs suggèrent que l’apparition du langage est en grande partie influencée par la génétique et donc par des mécanismes innés.

Cette étude a reçu le soutien du Conseil régional de Picardie et du FEDER (Fonds européen de Développement Régional).

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