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L’Inserm vous donne rendez-vous tout au long du mois de juin pour la toute première édition de l’événement de culture scientifique « InScience »

 

InScience est une manifestation unique en France dans le domaine de la recherche médicale et la santé humaine. ©Michael Kawiecki

InScience est une manifestation unique en France dans le domaine de la recherche médicale et la santé humaine. © Michael Kawiecki

L’Inserm vous donne rendez-vous tout au long du mois de juin pour la toute première édition de l’événement de culture scientifique « InScience » qui se déroulera en version numérique, pour s’adapter à la situation sanitaire. Une manière originale de sensibiliser le grand public à la démarche scientifique, d’explorer différentes thématiques de la recherche médicale et d’éclairer les sujets controversés. L’objectif ? Donner aux citoyennes et aux citoyens les clés pour devenir acteurs de leur propre santé et s’impliquer dans les débats liés à la science pour la santé.

Né de l’initiative du réseau communication en région de l’Inserm, avec le concours de nombreux partenaires[1], InScience est une manifestation unique en France dans le domaine de la recherche médicale et la santé humaine. Accompagné de sa devise « Cultive ta santé ! », cet évènement de culture scientifique est le fruit d’une importante mobilisation des chercheurs de l’Inserm, qui, soucieux de partager une information fiable et de qualité, souhaitent valoriser la parole scientifique et faire découvrir leurs métiers au grand public.

Le programme de cette première édition s’est adapté à la situation sanitaire en explorant de nouveaux formats. À travers des conférences en ligne et des vidéos, les internautes plongeront dans l’univers des recherches fondamentales et appliquées de l’Inserm sur des thématiques aussi variées que le diabète, la douleur, la génétique ou encore les virus.

Une partie de la programmation sera dédiée à la pandémie de Covid-19 et à l’état actuel des recherches scientifiques, dans le but aussi de déconstruire les fausses informations circulant à ce sujet.

D’autres animations originales seront également proposées aux participants, comme la série de podcasts « Carnets D’Hygée », qui proposera aux auditeurs d’en découvrir davantage sur la santé mentale ou encore un mini-jeu sur les organoïdes développé lors d’une « Scientific Game Jam »[2] en collaboration avec deux chercheurs de l’Inserm. Dans ce dernier, les joueurs entrent dans la peau d’un scientifique à la tête d’un laboratoire de recherche intergalactique confronté à la transplantation d’organes pour des…Aliens.

Susciter des vocations parmi les jeunes générations

Grâce à la diffusion des mini-séries intitulées « Tu cherches, trouves-tu ? » et « Tubes à essais », les internautes découvriront plusieurs visages de la recherche médicale française qui, en moins de cinq minutes, ont accepté de relever le défi de présenter leur métier.  

InScience a aussi l’objectif de susciter des vocations parmi les jeunes, et notamment chez les filles, qui bien souvent n’osent pas se projeter dans un avenir scientifique. Avec « Elles sont l’Inserm », une série de portraits vidéo, l’événement de culture scientifique met les femmes de l’Institut à l’honneur. Leurs témoignages portent notamment sur les questions de parité et d’égalité à l’Inserm.

Retrouvez l’intégralité du programme sur le site internet de l’Inserm ainsi que sur la page Facebook de l’évènement ou en accès direct ici.

[1] InScience est un événement organisé par l’Inserm en partenariat avec l’association France AVC, le CERPOP, le CHU de Montpellier, Clipe, le CNRS, Com’Pro, Echoscience PACA, Fabrice Finotti, France ADOT, la Fondation Neurodis, Genopolys, Hassan Harfouche, Indésciences, le Labo des Savoirs, le Lycée Saint Luc de Cambrai, Mégane Heudiart, Mind Prod, la Nef des Sciences, Prun’radio, Pipo & Lola, Radio MN, SapienSapienS, Tania Louis, Sys2Diag, Terre des Sciences, l’Université Populaire du Rhin, l’Université Côte d’Azur, l’Université de Montpellier, la ville de Nice, Ya+K Prod.

[2] Un Scientific Game Jam est un marathon créatif pendant lequel les participants réalisent un jeu vidéo dans un temps limité, souvent à partir d’un thème ou d’une contrainte.

Point d’étape sur le projet de concert test à Marseille

concert test covid

Ces concerts tests serviront aussi à mesurer les niveaux de contamination par d’autres pathogènes et permettront une observation des comportements en situation réelle. © Adobe Stock

 

Sommes-nous plus exposés au SARS-CoV-2 lors d’un concert doté d’un protocole sanitaire strict que dans notre vie quotidienne ? Voilà la question à laquelle les scientifiques de l’Inserm souhaitent répondre à travers une étude de santé publique promue par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, en collaboration avec le collectif des professionnels du spectacle DO3ME et avec le soutien de la ville de Marseille et d’Aix Marseille université. Le protocole scientifique a rigoureusement été établi et la plupart des autorisations pour mener à bien cette étude ont été délivrées.

Le projet scientifique « ANRS-CONCERT SAFE » vise à répondre à la question suivante : « Les mesures de prévention mises en place, à l’occasion d’un concert, permettent-elle d’avoir un risque de contamination aux virus respiratoires identique à celui auquel la population est exposée dans la vie quotidienne ? »

La réalisation de l’étude scientifique a pour objectif de déterminer si les mesures de protection collectives et individuelles proposées au cours d’un concert dans le cadre de cette étude expérimentale ne sont pas inférieures, en termes de protection contre la contamination par le SARS-CoV-2 et les autres virus respiratoires, aux conditions de vie normales (incluant les restrictions légales mises en œuvre par les autorités). Ces concerts tests serviront aussi à mesurer les niveaux de contamination par d’autres pathogènes et permettront une observation des comportements en situation réelle.

 

La spécificité du protocole repose sur les éléments suivants :

  • Pas de tests à l’entrée de la salle pour être au plus proche de la vie réelle
  • Etude des autres pathogènes (virus respiratoires) en vue d’anticiper de nouveaux risques épidémiques
  • Concert assis avec distanciation spatiale
  • Protocole sanitaire applicable de manière généralisée
  • Population choisie de participants (étudiants d’Aix Marseille Université)

 

Au-delà de l’évènement culturel, il s’agit d’abord et avant tout d’une étude scientifique rigoureuse, qui vise à obtenir des résultats solides permettant d’éclairer la décision publique.

Pour les chercheurs à l’initiative de ce protocole : « Les résultats de cette recherche pourront être utilisés pour mieux lutter contre le SARS-CoV-2, mais aussi pour d’autres virus respiratoires connus tels que la grippe saisonnière dont on sait la gravité potentielle chez les personnes fragiles, et pour disposer d’une stratégie pour les prochaines émergences de virus respiratoires. Dans de nombreuses situations, tester plus de 1000 personnes à l’entrée d’un concert dans les conditions de prélèvements actuels est difficile d’un point de vue logistique sur le long terme. De plus, cette approche centrée sur le SARS-CoV-2 dépend de la qualité diagnostique des tests sur les différentes souches en circulation », explique Fabrice Simon, principal investigateur de l’étude.

Un protocole rigoureusement mis en place

Depuis 6 mois, scientifiques et acteurs du milieu culturel marseillais œuvrent à définir les modalités qui permettraient à des concerts « sécurisés » de voir le jour dans le contexte d’une circulation encore intense sur virus SARS-CoV-2. Il s’agit d’un réel défi scientifique, sanitaire et logistique. Le design et le choix du protocole scientifique ont été mis en place avec beaucoup de rigueur et sont désormais bien arrêtés.

Le projet a d’ores et déjà reçu le label « priorité nationale de recherche » par le comité interministériel CAPNET. Il a également obtenu les autorisations réglementaires de l’ANSM (Agence nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) et du Comité de protection des personnes (CPP).

Tous les détails ont été finalisés afin de pouvoir lancer ce projet de recherche ambitieux et original dans des délais très courts, dès que l’autorisation réglementaire de la CNIL et les autorisations dérogatoires demandées aux ministères auront été délivrées.

La date envisagée pour le premier concert-test est le 29 mai 2021, selon l’évolution de la situation sanitaire.

Les différents partenaires du projet

Les partenaires académiques scientifiques de l’étude sont l’Inserm (2 laboratoires impliqués à Marseille) et l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes (financement et promotion/responsabilité de l’étude épidémiologique), ainsi qu’Aix-Marseille-Université, l’IRD et l’AP-HM.

Partenaire institutionnel, la Ville de Marseille accompagne cette étude dans la perspective d’une reprise progressive du secteur culturel dans des conditions de sécurité optimales et dans le soutien à la recherche. La Ville de Marseille s’engage ainsi à mettre à disposition le Dôme et les moyens associés, ainsi qu’une aide logistique du Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille durant les événements tests organisés.

Les partenaires opérationnels sont le collectif professionnel DO3ME (représentant plus de 60 entreprises de la région PACA), les productions artistiques associées à l’opération.

De grands artistes, de nombreuses sociétés du monde de l’événementiel et des bénévoles travaillent activement et gracieusement à la mise en œuvre opérationnelle des concerts-tests pour permettre la bonne réalisation de cette expérimentation.

La mise en œuvre et la coordination de l’expérience sont assurés par l’association Prospective et Coopération.

À l’Inserm, la lutte contre la pandémie de Covid-19 se poursuit

 

Cellules infectées par le SARS-CoV-2. ©Sébastien Eymieux et Philippe Roingeard, Inserm – Université de Tours

Apparu en décembre 2019 à Wuhan, au centre de la Chine, le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 s’est très rapidement propagé à l’ensemble de la planète, entraînant la pandémie la plus grave de notre histoire récente. Dès le début de cette crise sanitaire mondiale, l’Inserm s’est mobilisé en tant qu’acteur de premier plan de la recherche biomédicale en France et à l’étranger, grâce à l’implication de ses nombreux experts sur des sujets liés aussi bien à la recherche fondamentale qu’à la thérapeutique ou à la modélisation de l’épidémie.

Un an après le début de la pandémie, alors que la plupart des pays initient leur campagne de vaccination et que l’émergence de variants ayant une incidence sur la transmission du virus marquent une nouvelle étape dans la lutte contre la Covid-19, les efforts de recherche à l’Inserm permettent chaque jour de nouvelles avancées dans la compréhension de la maladie, des facteurs de risque, de la dynamique de l’épidémie mais aussi une amélioration de la prise en charge et de la prévention.

La majorité des travaux publiés ont reçu un financement du fond d’amorçage du consortium REACTing, désormais intégré au sein de l’ANRS maladies infectieuses émergentes, la nouvelle agence créée au 1er janvier 2021. Ils concernent aussi bien la recherche fondamentale que la recherche thérapeutique et vaccinale, ou encore l’épidémiologie. De grandes cohortes ont par ailleurs été mises en place pour collecter des données de qualité permettant de répondre à des interrogations scientifiques capitales.

Jamais la mission portée par l’Inserm, la science pour la santé, n’a été aussi cruciale. Alors que de nombreuses questions restent en suspens, l’institution et ses chercheurs continuent à travailler, en collaboration avec leurs partenaires nationaux et internationaux, pour faire avancer les connaissances et éclairer les décisions publiques et la société en s’appuyant sur une recherche d’excellence alliant rigueur, transparence et éthique.

 

1. Les cohortes Covid-19, outil indispensable pour consolider les connaissances scientifiques en temps de pandémie

Les cohortes sont des groupes constitués d’un ensemble de personnes suivies individuellement dans le temps. Leur mise en place a pour objectif d’identifier la survenue d’événements de santé d’intérêt pour la recherche clinique ainsi que des facteurs de risque ou de protection. Elles constituent donc un instrument de référence pour la recherche épidémiologique et la santé publique.

En pleine pandémie, la constitution de larges cohortes de patients ou d’individus potentiellement à risque d’être exposés au virus permet aux scientifiques d’avoir accès rapidement à des données cliniques, biologiques et environnementales nombreuses, robustes et variées. Les équipe de recherche peuvent ainsi s’appuyer sur ces cohortes pour répondre à des interrogations scientifiques diverses, concernant aussi bien l’immunité, les facteurs de risque, l’efficacité des traitements, l’évolution et les symptômes de la maladie Covid-19 que l’impact socioéconomique ou encore psychologique de l’épidémie et des mesures de confinement sur les populations.

En France, plusieurs cohortes pilotées par l’Inserm ont été mises en place dès le début de la pandémie de Covid-19. En voici l’avancement sur quelques exemples non exhaustifs.

 

French Covid

Lancée fin janvier 2020, French Covid est une étude de cohorte française promue par l’Inserm. Elle repose sur le suivi d’un large groupe de patients ayant développé une forme clinique de la maladie qui nécessitait une hospitalisation, soit dans un service de médecine soit en réanimation. Au 20 janvier 2021, 4 300 patients avaient été inclus dans cette cohorte, la plus large cohorte française à l’heure actuelle de patients hospitalisés pour une infection par le SARS-CoV-2.

L’objectif est d’accumuler des connaissances sur la maladie Covid-19 et notamment sur les formes les plus graves, afin d’améliorer la prise en charge dans les cas où l’hospitalisation s’impose. La coordination de la cohorte est aujourd’hui confiée au Pr Jade Ghosn, chercheur au sein de l’unité 1137 IAME (Inserm/Université de Paris) et médecin infectiologue à l’hôpital Bichat AP-HP à Paris, en collaboration avec le Pr Catherine Chirouze, également infectiologue, au CHU de Besançon.

En plus des données cliniques et virologiques, des données immunologiques, génétiques, sérologiques, transcriptomiques sont collectées pour chaque participant afin de mieux caractériser la maladie et de définir le devenir des patients à court et à long terme (suivi jusqu’à 6 mois après le diagnostic).

Une étude fondée sur les données des premiers patients inclus avant le 15 mars 2020 a déjà été publiée en octobre 2020 dans The Journal of Medical Virology pour rendre compte de la mortalité dans la cohorte et des facteurs qui y étaient associés. Elle sera prochainement complétée par un article dans le journal PNAS portant sur le lien entre la dynamique de la charge virale et l’évolution de la maladie au cours du temps (mortalité).

Plusieurs groupes de recherche partenaires s’appuient également sur les données issues de French Covid pour mener leurs travaux, portant par exemple sur les facteurs génétiques associés aux formes graves de la maladie. Ainsi en septembre, deux publications dans la revue Science ont décrit les premières causes génétiques et immunologiques expliquant 15 % des formes graves de Covid-19. Elles soulignaient notamment que ces patients présentaient un défaut d’activité des interférons de type I (des protéines impliquées dans la réponse immunitaire).

D’autres travaux sont également menés à partir de la cohorte pour analyser l’impact de certains traitements (corticoïdes et hypertenseurs notamment) sur l’évolution des patients ou la persistance de séquelles. Enfin, les données de sérologie des participants ont aussi été utilisées afin de tester et de mettre au point de nouveaux tests de dépistage. Ainsi, une étude parue en décembre 2020 s’appuyant à la fois sur French Covid et sur la cohorte CoV-Contact (voir ci-après) a montré que l’identification d’un marqueur spécifique du virus dans les échantillons sanguins offrait une alternative intéressante de dépistage du virus.

Enfin, alors que les 1 000 premiers patients inclus dans la cohorte French Covid viennent d’atteindre les six mois de suivi, les chercheurs souhaitent désormais se pencher plus précisément sur la problématique de la persistance de certains symptômes à long terme.

French Covid est intégrée au consortium ISARIC basé à Oxford qui regroupe les données de plus de 100 000 patients à travers le monde et dont le but est de prévenir et de mieux comprendre les maladies infectieuses émergentes. À ce titre, ces données sont analysées dans le cadre de travaux de recherche internationaux publiés par ISARIC. Elle fait aussi partie du projet européen Orchestra (voir ci-après) et a reçu le label « priorité nationale de recherche » du comité CAPNET.

 

CoV-Contact

La cohorte CoV-Contact est une cohorte portant sur 300 à 350 personnes. Elle vise à mieux connaître les facteurs individuels associés au développement de la maladie Covid-19, après une exposition à risque de transmission du virus SARS-CoV-2. Dans ce but, des prélèvements à visée virologique et génétique sont réalisés sur les participants.

En septembre 2020, une étude parue dans Médecine et maladies infectieuses s’appuyant sur la cohorte CoV-Contact a évalué l’évolution clinique, virologique et immunologique à la suite d’un contact à risque non protégé avéré et daté parmi les professionnels de santé.

Elle a montré que la proportion des professionnels de santé infectés à la suite d’un contact professionnel à risque est très élevée et qu’un quart de ces infections sont asymptomatiques.

 

EpiCoV

La cohorte EpiCoV s’appuie sur un échantillon représentatif de 135 000 personnes sélectionnées par l’Insee pour représenter toute la diversité de la population vivant en France.

Porté par l’Inserm et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Solidarités et de la Santé, en lien avec leurs partenaires (Insee, Santé publique France, CNRS, Ined, Université Paris-Saclay), le projet EpiCOV est une large étude épidémiologique, adossée à une grande enquête statistique, proposant de fournir une cartographie globale et scientifiquement fiable du statut immunitaire de la population et de sa dynamique, sur l’ensemble du territoire, via la collecte d’échantillons biologiques (auto-prélèvement d’une goutte de sang sur un papier buvard) couplée à des questionnaires.

L’objectif est de renseigner sur la diffusion du virus dans la population mais aussi sur les conséquences de l’épidémie sur le quotidien, les problématiques socioéconomiques et la santé des individus.

Les résultats de la première campagne d’interrogation, fondée sur 135 000 réponses aux questionnaires rempli en mai 2020 ainsi que sur 12 000 analyses sérologiques réalisées sur les prélèvements envoyés par les participants, témoignent de la situation en France au printemps.

En France métropolitaine, 4,5 % des personnes de 15 ans ou plus avaient été en contact avec le virus en mai 2020. Cette part est plus importante parmi les 30-49 ans, dans les communes les plus densément peuplées et pour les personnes habitant dans des logements surpeuplés.

Une nouvelle campagne de questionnaires a été lancée à l’automne, afin d’assurer un suivi de l’évolution de la situation sanitaire au fil des mois.

 

Sapris

Sapris est une large enquête pilotée par l’Inserm qui s’appuie sur les grandes cohortes épidémiologiques françaises Constances, E3-E4N, NutriNet-Santé et Elfe-Epipage2. Elle vise là aussi à mieux comprendre la diffusion du virus dans la population et les conséquences de la pandémie sur la vie des individus.

Via un questionnaire en ligne, l’enquête coordonnée par Nathalie Bajos, sociologue-démographe et directrice de recherche Inserm, vise à évaluer l’évolution du nombre de personnes atteintes, les modes de transmission de la maladie, sa sévérité, les caractéristiques cliniques et les facteurs de risque d’infection et de complication, les conséquences sociales, économiques et psychologiques du confinement, mais aussi le recours au système de santé et la prise en charge.

Les grandes cohortes nationales sur lesquelles s’appuient les investigateurs de Sapris constituaient déjà une mine d’informations sur la santé, le mode de vie et le contexte social des participants. En s’appuyant sur toutes ces données déjà disponibles et en proposant des questionnaires axés sur la Covid-19 et son impact, ces cohortes françaises permettent de mieux appréhender l’évolution de l’épidémie.

L’étude Sapris comprend également un volet sérologique (le projet Sapris-Sero), s’intéressant aux échantillons biologiques de 14 600 participants interrogés pendant le premier confinement, sous la responsabilité de Fabrice Carrat, spécialiste en épidémiologie des virus, en coresponsabilité avec les responsables des cohortes participant à Sapris.

Les premiers résultats parus à l’automne 2020 suggèrent une proportion de tests positifs nettement plus élevée chez les personnes ayant présenté des symptômes évocateurs de Covid-19, comme les scientifiques en avaient fait l’hypothèse. Toutefois, 20 % des participants testés positifs n’ont présenté aucun symptôme.

 

Lancement de projets européens de grande ampleur s’appuyant sur des cohortes

Orchestra

Ce projet de recherche européen, lancé en décembre 2020 pour une durée de trois ans sous la direction de la chercheuse Evelina Taccinelli à l’université de Vérone, a pour objectif de créer une grande cohorte pan-européenne, regroupant des cohortes déjà existantes dans 15 pays, dont la France. Vingt-six institutions de recherche sont impliquées dont l’Inserm.

Bénéficiant d’un financement de plus 20 millions d’euros dans le cadre du programme de recherche et d’innovation européen Horizon 2020, le projet Orchestra vise à mettre en œuvre un suivi à long terme de milliers de personnes de tout âge, ayant été infectées ou non par le SARS-CoV-2, pour répondre à plusieurs questions de recherche qui persistent et pour guider les politiques publiques mises en place en réponse à la pandémie en Europe.

En s’appuyant sur les données collectées dans les cohortes des pays participants, la communauté scientifique souhaite en effet accroître les connaissances pour mieux protéger les populations les plus vulnérables et réduire les risques pour les soignants, étudier l’impact à long terme de la Covid-19 sur la santé et le bien-être des individus, mieux comprendre comment les populations répondent à la vaccination et enfin analyser l’influence de facteurs socioéconomiques et environnementaux sur la diffusion de l’épidémie.

Côté français, French Covid, Cov-Contact et Epicov sont incluses dans cette grande cohorte internationale : les informations collectées auprès des participants viendront donc alimenter cette grande base de données et soutenir les efforts de recherche à l’international, ainsi que la décision publique au niveau européen.

Respond

Il s’agit de l’un de quatre projets sélectionnés par l’Union européenne pour étudier les effets de la pandémie à long terme sur la santé et sur le comportement des personnes. Quatorze partenaires européens, dont l’Inserm via l’implication de la chercheuse Maria Melchior et de ses équipes, collaboreront avec l’OMS pour investiguer les effets des confinements sur le bien-être et la santé mentale des individus au cours des trois prochaines années.

Les chercheurs s’appuieront pour cela sur les données de grandes cohortes internationales ainsi que sur des registres de santé accessibles en Suède, en Italie et en Espagne. L’objectif est également d’étudier les liens qui existent entre respect des mesures de confinement et certaines caractéristiques spécifiques aux individus (par exemple le lien entre détresse psychologique et respect des mesures de restriction).

Par ailleurs, les équipes s’intéresseront à l’efficacité de programmes mis en place par l’OMS pour réduire les problèmes d’anxiété et de dépression pendant la crise sanitaire, en se penchant tout particulièrement sur certains groupes plus « vulnérables » comme les soignants, les jeunes, les migrants, les personnes ayant perdu leur emploi et/ou en situation précaire.

 

2. Actualités de la rentrée : de nouveaux travaux pour accroître les connaissances scientifiques

 

Alors que la lutte contre la pandémie se poursuit dans les laboratoires de recherche et dans les hôpitaux, de nombreux projets ont connu ces derniers mois des avancées significatives. En ce début d’année, plusieurs équipes Inserm dévoilent de nouveaux résultats, concernant des aspects de recherche fondamentale mais aussi de prise en charge des patients ou encore l’impact de la pandémie sur la société.

Évaluer l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la santé et la vie sociale des jeunes adultes

Au début de la pandémie de Covid-19, l’attention publique a été portée sur les personnes âgées, considérées comme plus vulnérables car plus à risque de développer des formes graves de la maladie. D’abord absents dans le débat public, les jeunes adultes ont été rapidement stigmatisés en raison de préjugés quant à leur irresponsabilité face à la pandémie durant l’été.

Afin de documenter la manière dont la pandémie de Covid-19 affecte la santé et la vie sociale des jeunes adultes (18-29 ans), un consortium de recherche regroupant des chercheurs français et canadiens s’est alors constitué entre l’Inserm (Marie Jauffret-Roustide, sociologue, PI) et l’université de Colombie-Britannique à Vancouver (Rod Knight, chercheur en santé publique PI ; Pierre-julien Coulaud, coordinateur scientifique ; et Naseeb Bolduc, coordinatrice opérationnelle).

Menée grâce à un premier financement de l’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC), cette recherche intitulée Focus (pour France-Canada Observatory on Covid-19, Youth health and Social well-being) a été impulsée afin de documenter l’impact de la pandémie sur la santé mentale, les conduites addictives, la santé sexuelle et la vie sociale et économique des jeunes adultes.

L’enquête Focus s’articule autour de deux volets complémentaires impliquant la mise en place d’une enquête en ligne (volet quantitatif) et la réalisation d’entretiens semi-directifs auprès des jeunes (volet qualitatif). Le volet quantitatif de la recherche mené entre octobre et décembre 2020 a permis à près de 4 000 jeunes dans chaque pays de partager leurs expériences sur les six mois précédant l’enquête.

 

Cette enquête s’inscrit aussi dans une démarche de recherche participative par la mise en œuvre d’un conseil de jeunes adultes qui aide à mieux orienter et à adapter les travaux de recherche. Crédit : Adobe Stock

Les premières analyses montrent qu’une large majorité des jeunes adultes interrogés rapportent appliquer les gestes barrières (par exemple 86 % respectent le port du masque et 91 % se lavent régulièrement les mains) et viennent ainsi contredire les stéréotypes concernant leur irresponsabilité. Elles démontrent également que la pandémie affecte très fortement la santé des jeunes, et particulièrement leur santé mentale. Près de 3 jeunes sur 4 ont déclaré éprouver un sentiment de solitude, 66 % sont très anxieux et la moitié des jeunes interrogés (48 %) présentent des symptômes dépressifs modérés à sévères.

Ces données seront complétées par la réalisation d’entretiens sociologiques afin de mieux appréhender le vécu des jeunes et d’identifier les mesures urgentes à mettre en place pour améliorer leur bien-être et leur situation sociale et économique.

Cette enquête s’inscrit aussi dans une démarche de recherche participative par la mise en œuvre d’un conseil de jeunes adultes qui aide à mieux orienter et à adapter les travaux de recherche.

Une deuxième vague d’enquête est prévue au printemps 2021 et devrait permettre, grâce à des financements complémentaires, de construite une cohorte de jeunes adultes en France et au Canada afin d’étudier les effets à moyen et long terme de la pandémie de Covid-19 sur leurs trajectoires de vie et leur santé dans deux contextes sociopolitiques et économiques spécifiques. Elle est le reflet d’une collaboration internationale fructueuse entre l’Inserm et l’université de Colombie-Britannique.

 

 

Pour en savoir plus sur la recherche Focus :

https://theconversation.com/irresponsables-ego-stes-negligents-en-finir-avec-les-stereotypes-sur-les-jeunes-et-la-covid-19-150854

https://focus-covid19.med.ubc.ca/

https://cihr-irsc.gc.ca/f/52195.html

Contact chercheur

Marie Jauffret-Roustide

 Sociologue, chargée de recherche Inserm, Cermes3

rf.mresni@editsuor-terffuaj.eiram

 

Mieux comprendre le cycle infectieux du virus

L’équipe de Philippe Roingeard à Tours s’attelle depuis le début de la pandémie à mieux comprendre la biologie fondamentale du SARS-CoV-2. À l’origine de photos du virus en microscopie électronique, les chercheurs se sont intéressés, dans une nouvelle étude parue dans Cellular and Molecular Life Science, aux étapes précoces et tardives du cycle infectieux.

Il s’agit de la première étude à se pencher de manière aussi minutieuse et détaillée sur le comportement du virus dans les cellules au cours du temps, en s’appuyant sur des techniques de microscopie électronique.

 

Cellule infectée par le SARS-CoV-2. Crédit : Sébastien Eymieux, Philippe Roingeard, Inserm/Université de Tours

L’étude, réalisée en collaboration avec l’institut Pasteur de Lille et le CIRI à Lyon, ouvre des pistes pour mieux comprendre les interactions entre le virus et les cellules. S’il était déjà clair que le SARS-CoV-2 induit des remaniements membranaires qui lui servent à ancrer ses complexes de réplication[1] dans les membranes afin de se protéger de la réponse immunitaire cellulaire, les chercheurs montrent comment ces remaniements s’opèrent. L’équipe rend compte de ces modifications structurales de la cellule qui interviennent à un stade très précoce de l’infection par le virus pour mieux comprendre comment le cycle infectieux se met en place, et à plus long terme pour identifier des stratégies permettant de bloquer ce processus.

L’étude montre aussi, pour la première fois, que lors des étapes tardives du cycle infectieux, des virus s’accumulent dans des grandes vacuoles intracellulaires. Les conséquences de ce phénomène ne sont pas encore bien comprises, mais cette accumulation pourrait être associée à la pathogénicité de la maladie.

Les chercheurs souhaiteraient désormais étudier le cycle infectieux dans d’autres types cellulaires, par exemple des cellules du tractus respiratoire, plus pertinentes pour la physiologie de l’infection, afin de confirmer leurs observations.

[1] Complexes enzymatiques intervenant dans la réplication du virus

Contact chercheur

Philippe Roingeard

U1259 MAVIVH
Université de Tours

rf.sruot-vinu.dem@draegnior

 

Le SARS-CoV-2 à l’assaut des neurones 

L’infection par le virus SARS-CoV-2 est connue pour être caractérisée par des atteintes respiratoires importantes. Toutefois, des symptômes neurologiques ont également très rapidement et régulièrement été rapportés chez les patients. Ces symptômes vont des maux de tête aux pertes de mémoire et à la perte d’odorat en passant par des manifestations cliniques plus sévères comme des pertes de conscience et des AVC.

Dès le printemps 2020, Karen Richie, directrice de recherche émérite à l’Inserm, alertait sur les risques posés par le virus sur le cerveau et la moelle épinière dans une revue de littérature publiée dans Brain Communications. Elle et ses collègues y apportaient des pistes pour mieux appréhender le lien entre cerveau, difficultés psychiatriques et neurologiques, et épidémie de coronavirus.

Néanmoins, si des travaux expérimentaux ont souligné que des traces d’ARN du virus ont été retrouvées dans le cerveau de patients décédés de la Covid-19 et des protéines virales dans certaines cellules de leur bulbe olfactif, la capacité du virus à infecter les cellules du cerveau et les conséquences possibles n’avaient pas été démontrées jusqu’alors.

C’est l’objet d’une nouvelle étude publiée le 12 janvier 2021 dans le Journal of Experimental Medicine. En collaboration avec l’université de Yale aux États-Unis, des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne université et du CNRS à l’Institut du cerveau ainsi que de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP ont utilisé trois approches différentes pour étudier l’infection dans le cerveau : des cultures de cellules cérébrales en 3D, un modèle murin d’infection au SARS-CoV-2 et des tissus cérébraux de patients décédés de la Covid-19.

 

Photo en 3D par imagerie en feuillet de lumière de la présence du virus dans les neurones du bulbe olfactif. Crédit : Inserm/Nicolas Renier

Leurs résultats confirment le tropisme cérébral du SARS-CoV-2 et sa capacité à infecter les neurones. Ils suggèrent également que les symptômes neurologiques observés dans la Covid-19 pourraient être une conséquence de cette atteinte directe du système nerveux central.

Ces recherches doivent à présent se poursuivre pour identifier précisément la voie empruntée par le virus pour entrer dans le cerveau et confirmer le lien entre les changements cellulaires observés au niveau des neurones et les symptômes neurologiques rapportés.

Contact chercheur

Nicolas Renier

Chercheur Inserm à l’ICM

gro.etutitsni-mci@reiner.salocin

 

Un meilleur pronostic vital des patients en réanimation 

Parmi les facteurs associés à un risque plus élevé de décès chez les patients infectés par le SARS-CoV-2 figurent l’âge et un faible nombre de lymphocytes circulants. Une lymphopénie[1] importante causée par l’infection virale est en effet fréquemment observée chez les patients atteints de Covid-19 sévère et des modifications des lymphocytes T antiviraux ont été corrélées avec la sévérité de la Covid-19.

Dans une étude publiée début janvier dans la revue Critical Care, l’équipe des chercheurs Inserm Rémi Cheynier et Stefano Marullo à l’institut Cochin (Paris) en collaboration avec des cliniciens de la clinique Ambroise-Paré (Neuilly-sur-Seine) ont mené une étude chez des patients hospitalisés en réanimation pour forme grave de Covid-19 avec atteinte pulmonaire. Ils se sont intéressés au thymus, l’organe producteur des lymphocytes T (un type de globule blanc), dont le rôle dans ces formes sévères de Covid-19 n’avait pas encore bien été documenté.

 

Une réactivation de la fonction du thymus est observée chez une majorité des patients survivant d’une Covid-19 sévère. Crédits : Rémi Cheynier.

En utilisant des scans pulmonaires sur 88 patients (dont 50 patients Covid et 37 patients témoins), les scientifiques ont systématiquement cherché à caractériser le degré d’hypertrophie du thymus[2]. Ils ont identifié une hypertrophie de cet organe chez de nombreux patients. Celle-ci s’accompagnait d’une production accrue de lymphocytes T, permettant de compenser la lymphopénie engendrée par le virus. Grâce à sa capacité à se réactiver et à produire massivement de nouvelles cellules T lors d’infections systémiques comme l’infection par le SARS-CoV-2, le thymus participe donc à la réponse immune antivirale. Un thymus hypertrophié est associé à un meilleur pronostic chez les patients hospitalisés en unité de soins intensifs pour Covid-19.

Une analyse scanner systématique du thymus permettrait de mieux évaluer les risques de développement d’une forme sévère de la maladie chez les patients hospitalisés pour Covid-19.

[1] Nombre anormalement faible de lymphocytes dans le sang

[2] L’hypertrophie thymique correspond à un développement anormal du thymus qui le fait enfler.

Contact chercheur

 Rémi Cheynier

Chercheur Inserm à l’institut Cochin

 rf.mresni@reinyehc.imer

 

Les engelures, dommages collatéraux d’une immunité performante

Les engelures sont des atteintes cutanées douloureuses qui apparaissent en réaction au froid. Dues à des troubles de la microvascularisation cutanée, elles se manifestent par des doigts rouges ou violacés, avec parfois la présence de petites cloques pouvant prendre un aspect nécrotique. Une fréquence inédite de consultations pour engelures a été rapportée en Italie puis en France dès le début de la pandémie de Covid-19.

Afin d’évaluer leurs liens avec l’infection par le SARS-CoV-2, une équipe de chercheurs menée par Thierry Passeron (unité 1065 Inserm/Université de Nice Sophia Antipolis) a mis en place une étude auprès des personnes reçues par la cellule Covid du CHU de Nice entre le 9 et le 17 avril et qui présentaient ce type de lésions. Au cours de cette période, 40 patients souffrant d’engelures ont été accueillis. Aucun d’entre eux n’avait présenté une forme grave de Covid-19 et la plupart étaient jeunes (âge médian de 22 ans). S’ils avaient tous été cas contacts ou suspectés d’être infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 semaines précédant la consultation, le résultat de la recherche du virus au niveau nasopharyngé (PCR) était négatif pour l’ensemble de ces patients, et une sérologie positive n’a été retrouvée que chez un tiers d’entre eux.

En analysant ces chiffres, si la causalité entre les lésions cutanées et le SARS-CoV-2 n’est pas démontrée, elle est malgré tout fortement suspectée par les scientifiques, notamment parce que le nombre de patients présentant des engelures à cette époque de l’année dans cette région du sud de la France est particulièrement surprenant. 

Se fondant sur les données biologiques et cliniques des patients concernés – leur âge plutôt jeune, la rareté de leurs symptômes associés à la Covid-19 ou encore la négativité des tests PCR et sérologiques –, les chercheurs estiment que les engelures sont la conséquence d’une immunité innée particulièrement efficace. Si les formes graves de Covid-19 semblent liées à un défaut de l’immunité adaptative, qui rend impossible une production suffisante de cellules et d’anticorps spécifiques du SARS-CoV-2, les engelures seraient à l’inverse l’illustration d’une surréaction de l’immunité innée. Cette diversité de réponses reposerait sur des variants génétiques associés à l’activité des médiateurs de l’immunité. Plus d’informations sur cette étude sur le site Inserm.fr.

Contact chercheur

Thierry Passeron

 Unité 1065 – Centre méditerranéen de médecine moléculaire

rf.ecinu@noressap.yrreiht

 

Repositionnement thérapeutique d’un hypertenseur

Dans le cadre du consortium REACTing coordonné par l’Inserm, l’équipe Virpath, codirigée par les chercheurs Inserm Manuel Rosa-Calatrava et Bruno Lina au Centre international de recherche en infectiologie (Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard-Lyon 1/ENS Lyon), travaille au repositionnement de médicaments déjà disponibles sur le marché en vue de nouvelles indications thérapeutiques contre les infections virales. Pour tester l’efficacité thérapeutique de ces molécules contre le SARS-CoV-2, l’équipe a développé et caractérisé des modèles précliniques prédictifs d’infections virales.

Pour être au plus proche de la physiologie humaine, elle utilise des épithéliums respiratoires humains d’origine nasale, bronchique ou alvéolaire cultivés en interface air-liquide. Elle a déjà montré dans ces modèles l’intérêt du diltiazem, un antihypertenseur utilisé dans le traitement de l’angine de poitrine. Celui-ci a déjà été caractérisé et repositionné par les chercheurs de VirPath afin de stimuler fortement la réponse immunitaire innée des épithéliums respiratoires, notamment contre les virus influenza, les pneumovirus et le SARS-CoV-2.

Plus récemment, à partir de modèles animaux, les chercheurs en collaboration avec les équipes de l’IDMIT ont pu confirmer le mode d’action de ce traitement sur le SARS-CoV-2 : le diltiazem stimule l’expression des gènes des interférons de type 3, des protéines impliquées dans la réponse immunitaire et qui ne sont pas associées à de hauts niveaux d’inflammation. Fort de ces résultats encourageants, une nouvelle étude préclinique devrait démarrer en février avec l’objectif de confirmer l’intérêt du diltiazem et de caractériser les doses efficaces optimales dans l’optique de mettre en place un éventuel essai chez l’Homme.

Contact chercheur

Manuel Rosa-Calatrava

Chercheur Inserm au CIRI

rf.1noyl-vinu@avartalac-asor.leunam

Prix Inserm 2020 : L’excellence scientifique au service de la lutte contre la pandémie de Covid-19

La cérémonie annuelle des prix Inserm s’est tenue mardi 8 décembre. Dans le but de valoriser la recherche d’excellence, l’Inserm distingue cette année huit lauréats, scientifiques et administratifs dont les travaux ont contribué tout au long de l’année à améliorer les connaissances sur la Covid-19.

« Profondément marquée par la crise sanitaire liée à la Covid-19, l’année 2020 a bouleversé nos vies, tant professionnelles que personnelles. Dans ce contexte exceptionnel, tous les collaborateurs de l’Inserm ont su continuer à faire avancer la recherche biomédicale et ont redoublé de volonté et d’efforts. C’est pour mettre en lumière ce formidable élan collectif que l’Inserm a décidé d’attribuer ses Prix 2020 à huit acteurs impliqués dans la recherche sur la Covid-19 et, à travers eux, à leurs équipes, qui œuvrent ensemble contre cette maladie émergente », salue Gilles Bloch, PDG de l’Inserm.

Le Grand Prix Inserm 2020 a été décerné à Dominique Costagliola, Directrice de recherche à l’Inserm et adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique. Spécialiste du VIH et des maladies infectieuses, l’épidémiologiste a été appelée sur le front de la lutte anti-Covid dès janvier 2020, avec pour mission d’éclairer de son expertise les efforts de recherche qui se sont rapidement mis en place. L’Inserm est ravi de récompenser sa chercheuse pour l’ensemble de sa carrière remarquable.

 

GRAND PRIX INSERM 2020

DOMINIQUE COSTAGLIOLA

Épidémiologiste, Directrice de recherche à l’Inserm, Directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis de santé publique

©Inserm/François Guénet

Épidémiologiste, Directrice de recherche à l’Inserm, Dominique Costagliola se lance dans la recherche sur le VIH dès 1986, au début de l’épidémie de sida. Tout au long de sa carrière, Dominique Costagliola développe plusieurs expertises déterminantes pour la compréhension du VIH et celle des infections en général. Ses travaux ont fortement contribué à faire reculer la progression du virus en améliorant les connaissances sur la maladie, les stratégies de traitement antirétroviraux ou encore la prévention de l’infection. « Je n’oublie jamais que derrière chaque chiffre, il y a des personnes. Au début des années 1990, l’espérance de vie des personnes séropositives était faible. J’avais des réunions régulières avec des membres d’associations de patients dont certains présents les fois précédentes avaient été emportés par la maladie lors de la réunion suivante. Cela m’était intolérable. Heureusement la recherche a fait d’énormes progrès sur le sujet. » Début 2020, le consortium REACTing de l’Inserm, chargé de coordonner la recherche sur les épidémies de maladies émergentes, appelle en renfort Dominique Costagliola pour rejoindre son comité scientifique et mettre son expertise de la recherche anti-VIH au service de la lutte anti-Covid.

 

PRIX RECHERCHE 2020

FLORENCE ADER

Médecin, Infectiologue et pneumologue à l’hôpital de la Croix-Rousse (Lyon) et chercheuse au Centre international de recherche en infectiologie

©Inserm/François Guénet

Clinicienne de terrain, Florence Ader est également chercheuse au sein d’une unité Inserm. Cette double casquette lui a valu de piloter le grand essai clinique Discovery lancé en mars 2020. Conduit sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de son étude internationale Solidarity, cet essai français vise à tester plusieurs traitements contre la Covid-19 notamment par le biais de repositionnement de médicaments déjà existants. Si à ce jour, les premiers traitements proposés n’ont pas fait preuve d’efficacité, le formidable réseau de recherche clinique créé à cette occasion est opérationnel pour permettre d’essayer de nouveaux traitements candidats contre la covid-19.

France MENTRÉ

Biostatisticienne et épidémiologiste à l’Hôpital Bichat APHP/Inserm

©Inserm/François Guénet

Biostatisticienne, France Mentré dirige plusieurs équipes de recherche avant de cofonder son laboratoire en 2014 : l’unité 1137 « Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution ». Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, ce laboratoire multidisciplinaire s’est fortement mobilisé, avec notamment la mise en place et le suivi de grands projets de recherche. France Mentré est ainsi la responsable méthodologique de l’essai Discovery et co-responsable méthodologique de la cohorte French Covid, destinée à l’étude des formes graves de la maladie. En septembre 2020, elle devient la première française à intégrer le comité scientifique spécial Covid-19 du réseau de recherche international Isaric.

 

PRIX OPECST-INSERM

YAZDAN YAZDANPANAH

 Infectiologue et Directeur de l’Institut thématique immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm

©Inserm/François Guénet

Dès le début de la crise sanitaire, l’équipe du consortium Inserm REACTing est montée au front pour coordonner les travaux de recherche sur la Covid-19 en France. À travers son directeur Yazdan Yazdanpanah, elle est lauréate du Prix Opecst-Inserm, qui récompense les liens entre science et société. Ses différents membres sont intervenus régulièrement dans les médias ou lors de conférences pour partager l’avancées des connaissances scientifiques sur le SARS-Cov2 avec le grand public. Une mission plus que jamais nécessaire à l’heure de la montée en puissance des fausses informations et de la défiance vaccinale.

 

PRIX INNOVATION

FRÉDÉRIQUE LESAULNIER

Déléguée à la protection des données de l’Inserm

©Inserm/François Guénet

Docteur en droit, spécialiste en protection des données dans la recherche médicale, Frédérique Lesaulnier est déléguée à la protection des données de l’Inserm. Dès le début de l’épidémie de la Covid-19, elle a travaillé aux côtés de la Cnil pour obtenir les autorisations nécessaire à la mise en place d’études dans le respect de la confidentialité des données et des personnes.

HÉLÈNE ESPÉROU

Responsable du Pôle recherche clinique de l’Inserm

©Inserm/François Guénet

Responsable du pôle recherche clinique de l’Inserm, Hélène Espérou et son équipe ont accompagné, depuis janvier, plus d’une dizaine de projets de recherches cliniques portant sur la Covid-19. Ils sont notamment chargés d’obtenir les autorisations réglementaires de les suivre jusqu’à la publication des résultats.

JEAN-CHRISTOPHE HÉBERT

Directeur du Département des affaires juridiques de l’Inserm

©Inserm/François Guénet

Lors de la crise sanitaire, Jean-Christophe Hébert, directeur du Département des affaires juridiques de l’Inserm et son équipe ont fortement contribué au montage des contrats notamment dans leur aspect juridique pour permettre aux projets de recherche en lien avec la Covid-19 de voir le jour.

 

PRIX INTERNATIONAL

ANTHONY FAUCI

Directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (Bethesda / USA)

©NIAID

Expert des maladies infectieuses de renommée internationale, Anthony Fauci est à la tête de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) depuis 36 ans. Il a travaillé sur les plus grands virus : VIH, Zika, Ebola… Découvert par le grand public en mars dernier, lors des briefings télévisés quotidiens sur l’évolution de l’épidémie aux Etats-Unis, il a été appelé par le Président américain pour être le principal conseiller médical et membre de son équipe Covid. Il joue un rôle déterminant dans l’information du public sur la Covid-19 et en matière de stratégies et de conseils pour contenir au mieux l’épidémie.

Trois premiers essais cliniques vaccinaux prévus à partir du mois de décembre via la plateforme COVIREIVAC de l’Inserm

Même si des vaccins sont autorisés dans les prochains mois, la poursuite des essais via COVIREIVAC est nécessaire. © Adobe Stock

A la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé et du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la France, forte de l’excellence de sa recherche clinique en matière de vaccination s’est organisée pour contribuer à l’évaluation des candidats vaccins contre la Covid-19 les plus prometteurs via la plateforme COVIREIVAC de l’Inserm. Trois essais cliniques vaccinaux devraient démarrer en France dès le mois de décembre sous réserve de l’accord des autorités réglementaires. Si les annonces de plusieurs laboratoires pharmaceutiques ces dernières semaines suscitent les espoirs quant à la possibilité de développer et de commercialiser rapidement un vaccin efficace contre la Covid-19, il est indispensable de développer plusieurs vaccins et de compléter la collecte de données, y compris sur ceux ayant des résultats préliminaires prometteurs.

Des accords pour lancer des essais cliniques vaccinaux en France via la plateforme COVIREIVAC de l’Inserm sont conclus avec les industriels Astra Zeneca, Janssen et Moderna. Ces derniers ont été scrupuleusement sélectionnés après avis du Comité scientifique vaccins Covid-19.

Les dossiers ont été déposés auprès de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des produits de santé) et d’un CPP (Comité des Protections des Personnes).  Les essais pourront donc démarrer en décembre sous réserve de l’accord de ces autorités réglementaires. 

Même si des vaccins sont autorisés dans les prochains mois, il est impératif de poursuivre les essais afin d’approfondir les connaissances scientifiques notamment sur la durée de la protection et la qualité de la réponse immunitaire. Quelle que soit la stratégie vaccinale adoptée en France et les vaccins qui seront autorisés par les autorités sanitaires, la tenue d’essais cliniques via COVIREIVAC sera poursuivie pour répondre à d’autres questions de recherche qui continuent de se poser.

En effet, afin de répondre au besoin mondial et aux différentes populations, il est impératif de développer plusieurs vaccins. La poursuite des travaux de recherches permet aussi d’élaborer des produits avec des efficacités complémentaires, plus faciles à administrer et/ou moins chers à produire. Par ailleurs, des interrogations scientifiques demeurent.

Quelle est la durée de l’immunité conférée par la vaccination ? Des rappels seront-ils nécessaires ? Les premiers vaccins autorisés pourront-ils être proposés à toutes les populations, des personnes âgées aux jeunes, en passant par les femmes enceintes ? Telles sont les questions auxquelles il convient encore de répondre.

Ces données scientifiques complémentaires permettront d’affiner la stratégie vaccinale qui sera mise en place sur notre territoire.

Le démarrage de trois essais vaccinaux en France grâce à la plateforme COVIREIVAC n’est donc qu’une partie d’un processus de recherche international sans précédent. Selon l’avancée des connaissances sur le SARS-cov2 et la disponibilité des vaccins, les protocoles de recherche pourront être adaptés en fonction de l’évolution de la situation sanitaire, toujours dans une logique de protection des volontaires, de rigueur scientifique et de transparence.  

 

A propos de Covireivac

Mise en place le 1er octobre 2020, la plateforme COVIREIVAC est pilotée par l’Inserm. Le volet opérationnel clinique des différents CHU fait l’objet d’une coordination prise en charge par l’AP-HP.

Depuis le lancement de la plateforme, 40 000 volontaires se sont déjà inscrits pour participer aux efforts de recherche et tester les vaccins. Il s’agit d’une initiative sans précédent en France.

Les inscriptions sont toujours ouvertes à ceux qui le souhaitent. Pour se porter volontaire, il suffit de se préinscrire sur le site www.covireivac.fr et de remplir un premier questionnaire de santé. Le volontaire sera ensuite contacté en fonction des besoins des différents protocoles de recherche (âge, conditions préexistantes, localisation géographique). Il pourra alors confirmer son accord pour participer à l’essai spécifique pour lequel il aura été appelé ou bien choisir d’y renoncer. Il est également possible qu’il ne soit jamais appelé. La participation aux essais cliniques ne garantit pas un accès prioritaire aux vaccins qui seront mis que le marché.

Création de l’Ecole de l’Inserm-Pfizer Innovation France : former les élèves ingénieurs à la recherche biomédicale

©Fotolia

L’Inserm et le fonds de dotation Pfizer Innovation France annoncent la création d’un dispositif de formation à la recherche en biologie/santé à destination des élèves des écoles d’ingénieurs :  l’École de l’Inserm-Pfizer Innovation (EIPI).

Née de ce partenariat, l’EIPI alliera modules d’enseignement et soutien financier pour la réalisation d’une thèse de doctorat par des élèves désireux d’enrichir leur formation initiale par une spécialisation dans le domaine de la santé.

De nombreuses écoles d’ingénieurs proposent au cours de leur cursus une formation à la recherche mais rares sont aujourd’hui les élèves à emprunter cette filière pour s’orienter vers la biologie ou la santé.

En créant l’École de l’Inserm-Pfizer Innovation France (EIPI), l’Inserm et le fonds de dotation Pfizer Innovation France proposent une nouvelle voie d’accès privilégiée, organisée et simplifiée aux élèves ingénieurs qui souhaitent compléter leur formation initiale par une spécialisation dans le domaine biomédical.

Cette initiative, née de la volonté des deux partenaires de promouvoir l’interdisciplinarité au service d’une recherche fertile et source d’innovations, vise à favoriser l’intégration d’ingénieurs dans les laboratoires de recherche académiques.

« La recherche et l’innovation dans les domaines de la biologie et de la santé reposent plus que jamais sur des approches interdisciplinaires. Afin d’enrichir cette interdisciplinarité, l’Inserm souhaite intégrer des profils d’ingénieurs talentueux mais encore trop rares dans ses collectifs de recherche. C’est tout l’objet de ce dispositif innovant imaginé avec notre partenaire Pfizer Innovation France », Dr. Gilles Bloch, PDG de l’Inserm.

« Avec son approche fondée sur la complémentarité des compétences et sur l’interdisciplinarité, l’EIPI est un dispositif fondamental qui s’inscrit dans la volonté commune de l’Inserm et de Pfizer Innovation France de tout mettre en œuvre pour favoriser l’innovation de rupture en matière de santé ».  Henriette Rosenquist, Présidente de Pfizer France et de Pfizer Innovation France.

 

Un dispositif en 2 formats

 

Une école d’été sera proposée en fin de première année du cycle ingénieur. 12 à 15 candidats participeront durant une à deux semaines à des formations académiques en biologie/santé ainsi qu’à des conférences portant sur des innovations ou des expertises technologiques clés pour la recherche biomédicale. Ces mêmes candidats seront invités, lors de leurs 2ème et 3ème année, à des manifestations scientifiques d’une durée de 2 à 3 jours, deux fois par an.

Des doctorats dans le domaine de la biologie/santé seront menés au sein de laboratoires de l’Inserm. A compter de l’année universitaire 2021-2022, trois doctorants, sélectionnés tous les ans, recevront une rémunération durant trois ans ainsi que le versement d’une dotation de fonctionnement de 20 000 € visant à faciliter l’amorçage d’un projet de recherche doctoral.

En lien avec un comité de pilotage du projet, constitué de représentants de l’Inserm et de Pfizer Innovation France, un conseil pédagogique composé d’experts scientifiques sera en charge de définir l’ensemble des contenus qui seront délivrés dans le cadre du dispositif. Il accompagnera par ailleurs les étudiants en les conseillant, en particulier dans leurs choix de recherche ou de laboratoires d’accueil.

L’appel à candidature sera lancé prochainement auprès des étudiants et la sélection de la première promotion sera effectuée au printemps 2021.

Premiers résultats des enquêtes de santé publique de l’Inserm sur la Covid-19 : facteurs de risque individuels et sociaux

La crise sanitaire a bouleversé les conditions de travail avec un changement majeur : le recours au télétravail. © Adobe Stock

Pour répondre aux questions de santé publique posées par l’épidémie de Covid-19, des enquêtes multidisciplinaires de grande ampleur ont été lancées à l’Inserm. Menées auprès de larges échantillons de la population française, elles ont pour objectif de fournir une cartographie fine du statut immunitaire de la population, mais aussi d’étudier les effets des conditions de vie sur l’exposition au virus et, réciproquement, ceux de l’épidémie sur les conditions de vie.

Deux grandes enquêtes de santé publique : SAPRIS, menée auprès de 130 000 volontaires suivis dans les grandes cohortes en population générale (Constances, E3N-E4N, NutriNet-Santé et Elfe-Epipage2) et EpiCoV, menée sur un échantillon représentatif de 135 000 personnes permettant de représenter toute la diversité de la population vivant en France, livrent aujourd’hui leurs premiers résultats. Dans le cadre de ces travaux, l’analyse biologique d’environ
25 000 échantillons a également été réalisée[1].

L’enquête SAPRIS a permis de recueillir des données dès le début du mois d’avril auprès des participants de grandes cohortes épidémiologiques existantes qui recueillaient déjà des données sur la santé des personnes depuis plusieurs années. Par la rapidité de son déploiement, elle a permis de documenter la situation dès le mois d’avril 2020. L’enquête EpiCoV, réalisée en mai 2020, permet quant à elle d’étudier l’épidémie sur un échantillon représentatif de la population française.

 

  • L’analyse des données d’EpiCoV montre que la séroprévalence (qui reflète un contact passé avec le virus), estimée à l’échelle nationale à partir de 12 000 prélèvements réalisés entre mai et début juin 2020 était de 4,5 %. L’étude fournit également une cartographie par région, et une séroprévalence précise dans certains départements. Elle montre l’importance des conditions d’habitat sur la circulation du virus, et notamment la densité urbaine, et le nombre de personnes avec qui on habite.

 

  • L’enquête SAPRIS, dont les premiers résultats sérologiques portent sur 14 600 participants interrogés pendant le confinement, révèle quant à elle une proportion de tests positifs nettement plus élevée chez les personnes ayant présenté des symptômes évocateurs de Covid, comme attendu. Toutefois, 20 % des participants testés positifs n’ont présenté aucun symptôme.

 

  • Les résultats des enquêtes SAPRIS et EpiCoV mettent en évidence une relation forte entre la positivité et l’âge, avec un pic de positivité chez les adultes âgés entre 30 et 50 ans. De plus, EpiCoV montre une prévalence de l’infection de 11 % chez les professionnels de santé, deux fois plus élevée que chez les autres actifs.

 

  • L’enquête SAPRIS révèle une relation claire entre la présence d’anticorps neutralisants et celle de symptômes chez les sujets positifs : plus les symptômes rapportés sont importants, plus le niveau d’anticorps est élevé.

 

  • Les premiers résultats de l’enquête EpiCoV montrent également que la crise sanitaire a accentué les inégalités sociales, notamment en matière de vulnérabilité professionnelle et financière.

 

  • Enfin, sur les effets du confinement, les résultats de SAPRIS montrent que si cette mesure inédite et l’adoption de mesures barrières ont contribué à réduire la propagation de l’épidémie dans les régions françaises les plus touchées, elle semble avoir été plus bénéfique, en terme d’évolution de la fréquence des symptômes évocateurs de la maladie, aux classes sociales aisées qu’aux classes populaires, renforçant ainsi le gradient social de santé.

 

4,5 % des français avaient eu un contact avec le virus au mois de mai 2020

L’analyse des données d’EpiCoV montre que la séroprévalence (proportion de sujets avec un test sanguin Elisa positif, qui reflète un contact passé avec le virus), estimée à l’échelle nationale à partir de prélèvements réalisés entre mai et début juin 2020 (au cours du confinement et du déconfinement) était de 4,5 %. Ce niveau de séroprévalence nationale est proche des niveaux observés dans les pays européens et est cohérent avec les estimations déjà publiées en France.

La région où la séroprévalence était la plus élevée est l’Île-de-France (9,2 %), suivie du Grand Est (6,7 %). La plus faible concerne la région Bourgogne-Franche-Comté (1,5 %), suivie de la région Centre-Val de Loire et de la Normandie (1,9 %). Les résultats entre départements sont également cohérents avec les données épidémiologiques de mortalité et d’hospitalisation, les plus touchés étant le Haut-Rhin (10,8 %), la petite couronne (9,5 %) et Paris (9 %). Des résultats qui s’avèrent cohérents avec ceux fournis par le volet biologique de l’enquête SAPRIS.

Dans les deux régions les plus touchées par l’épidémie, la proportion de personnes testées positives était du même ordre dans l’ensemble de l’Île-de-France (9,2 %) qu’à Paris ou en petite couronne, alors qu’elle tend à être plus faible dans la région Grand Est (6,7 %) que dans le département du Haut-Rhin (10,8 %). Les prévalences étaient très proches dans les aires urbaines de Mulhouse, de Strasbourg et de Paris : respectivement 9 % (6,3 à 11,6), 8,8 % et 9 %. Elles étaient nettement plus faibles dans les aires urbaines de Creil (Oise) et de Marseille : 2,8 % et 3,6 %. Ces résultats suggèrent un risque accru d’exposition dans les zones urbaines denses dans les régions où le virus circule fortement.

Dans les deux études, les adultes entre 30 et 50 ans constituent la classe d’âge où la séroprévalence est la plus élevée, atteignant 6,9 % de positifs dans EpiCoV. Ces deux études montrent par ailleurs une décroissance régulière de la positivité après 50 ans, ce qui n’empêche pas que, parmi les personnes souffrant du Covid, la mortalité soit plus élevée chez les plus de 70 ans.

Des inégalités sociales accentuées par la crise

La question des inégalités est abordée sous deux angles : d’une part, les facteurs d’exposition potentielle au virus liés au lieu de résidence, aux conditions de logement ou à la nécessité de travailler hors du domicile, et, de l’autre, les effets du confinement sur les conditions de vie (recours au télétravail, situation d’emploi, situation financière).

Des conditions de vies propices à la contamination  

D’après les données de l’enquête EpiCov, les personnes habitant un logement exigu ou surpeuplé (moins de 18 m2 par personne pour celles qui partagent un logement) sont 2,5 fois plus nombreuses à avoir été positives au Covid-19. Celles habitant une commune très densément peuplée (au moins 1 500 habitants par km2 avec un minimum de 50 000 habitants) sont deux fois plus nombreuses à avoir été positives.

Pour une partie de la population, surpeuplement du logement et densité communale se cumulent. C’est le cas des 25-34 ans et des personnes sans diplôme. Le cumul s’accentue au bas de l’échelle des revenus et parmi les personnes immigrées d’origine non européenne, reflétant des phénomènes de ségrégation socio-spatiale.

Ainsi les personnes issues de l’immigration vivent beaucoup plus souvent dans des communes de forte densité et dans des logements surpeuplés. Les personnes disposant des revenus les plus faibles vivent, elles, dans des communes moins densément peuplées mais beaucoup plus souvent dans des logements exigus et ont plus souvent travaillé à l’extérieur en comparaison des catégories avec les revenus les plus élevés.

Quant aux personnes cadres supérieurs, elles sont plus à même de vivre dans des logements moins spacieux dans une grande ville. Cette catégorie sociale est par ailleurs celle qui, grâce au télétravail auquel elle a massivement recouru, s’est le moins souvent rendue sur son lieu de travail pendant le confinement.

Des conditions de travail bouleversées par la crise

Près de 11 % des personnes de 18 à 64 ans occupant un emploi n’ont pas travaillé pendant le confinement. Le taux de personnes avec un emploi qui n’ont pas travaillé durant le confinement s’élève à 18 % chez les 18-24 ans. Cette situation est également plus fréquente en milieu populaire : elle a touché 14 % des employés non qualifiés, 16 % des ouvriers qualifiés, 17 % des ouvriers non qualifiés, contre seulement 5 % des cadres et professions intellectuelles supérieures.

La crise sanitaire a bouleversé les conditions de travail avec un changement majeur : le recours au télétravail. Les contrastes sociaux vont dans le sens attendu, mais leur ampleur est saisissante : 50 % des cadres ont pratiqué exclusivement le télétravail pendant le confinement, contre 1 % seulement du monde ouvrier.

La proportion des personnes ayant dû travailler continument à l’extérieur est la même pour les femmes et les hommes, soit 31 %. Elle est plus élevée dans les tranches d’âges n’ayant pas encore d’enfants ou les ayant déjà élevés. À nouveau, les cadres se détachent, avec seulement 15 % de travail continu à l’extérieur, soit deux fois moins que la moyenne générale.

Un recours massif au chômage technique ou partiel

La mise au chômage technique ou partiel appliquée complètement (15 % des femmes, 16 % des hommes) ou en partie (17 % des femmes, 23 % hommes) a été massive, le lien avec l’emploi étant alors relâché mais pas rompu. Cette mesure s’est traduite par une baisse de revenu, l’allocation d’activité partielle prévue par l’État correspondant à 84 % du salaire net.

Les mesures de chômage partiel ou de chômage technique ont concerné davantage les jeunes, et les milieux populaires, dont le rapport à l’emploi était déjà fragile avant la crise sanitaire. Ainsi, les ouvriers, les immigrés de première génération, et les personnes les moins aisées financièrement ont été beaucoup plus souvent concernées par ces mesures que les autres catégories sociales. La distribution sociale de ces mesures révèle la réalité des inégalités sociales préexistantes.  

Plus d’une personne sur quatre a vu sa situation financière se dégrader

La majorité des personnes interrogées au mois de mai considèrent que leur situation financière n’a pas changé depuis le début du confinement : 61 % des femmes et 60 % des hommes. Cependant, une part importante juge qu’elle s’est dégradée : 28 % des femmes et 29 % des hommes. Les personnes ayant des enfants à charge ont été particulièrement concernées, dans une proportion d’un tiers.

Les personnes qui sont passées en chômage technique ou partiel ont été, logiquement, fortement affectées (51 % des personnes qui ont été totalement au chômage). Les catégories sociales les plus touchées sont les professions les plus vulnérables à la crise : agriculteurs, indépendants et entrepreneurs, ouvriers, personnes sans emploi, mais aussi plus largement, personnes à faible revenu et personnes immigrées de première et seconde génération.

Les résultats de la prochaine vague de l’enquête EpiCoV qui portera sur les 130 000 personnes ayant répondu à la vague 1 et auxquelles un test sérologique sera proposé, permettront d’éclairer ces effets sur le moyen terme. Quant à l’enquête SAPRIS, la seconde campagne de prélèvements est en cours depuis le 8 juillet et concerne 80 000 participants. Son objectif est de produire des estimations régionales de prévalence sur l’ensemble des régions françaises, d’étudier les circonstances de l’infection chez les enfants et leurs parents de la cohorte Elfe-Epipage2 et de permettre une comparaison dans le temps des différences de séroprévalence.

Le défi de l’enquête EpiCoV : interroger, en période d’épidémie, un échantillon représentatif de 135 000 personnes

L’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EPICOV) a été lancée par l’Inserm et la DREES (le service statistique du ministère des solidarités et de la santé) avec le concours de l’Insee et de Santé publique France, pour analyser les effets de la pandémie de Covid-19. L’équipe EPICOV associe des épidémiologistes, des sociologues, des démographes et des économistes de l’Inserm, de l’Ined, du CNRS et des universités Paris-Saclay et Paris-Dauphine.

Son objectif est de caractériser la prévalence de l’épidémie à l’échelle nationale et départementale, mesurer les effets des conditions de vie sur l’exposition au virus et, réciproquement, ceux de l’épidémie sur les conditions de vie.

L’enquête se propose de suivre l’évolution de l’épidémie en interrogeant les mêmes personnes sur plusieurs vagues. La première s’est déroulée pour partie sur Internet et pour partie par téléphone, du 2 mai au 2 juin 2020, à cheval sur le confinement général décrété en mars et sur le déconfinement amorcé le 11 mai.

L’Insee a tiré dans la base Fideli (Fichiers démographiques sur les logements et les individus) un échantillon aléatoire de 135 000 personnes résidant en ménage ordinaire en France métropolitaine, en Martinique, en Guadeloupe et à la Réunion, âgées de 15 ans ou plus au 1er janvier 2020.  

Lire le communiqué de presse de l’Inserm du 27 avril 2020

 

S’appuyer sur les grandes cohortes nationales : les projets SAPRIS et SAPRIS-SERO

Le projet SAPRIS est piloté par l’Inserm, conduit en partenariat avec l’Unité de recherches des virus émergents (Marseille) et le Centre d’études du polymorphisme humain et avec l’aide de Santé publique France. Il s’appuie sur les cinq grandes cohortes nationales en population générale (Constances, E3N-E4N, NutriNet-Santé et Elfe-Epipage2) et est menée en étroite coordination avec les responsables de ces cohortes.

Entre le 1er avril et le 19 mai 2020, plus de 130 000 adultes et plus de 4000 familles ont été inclus dans SAPRIS et suivis sur Internet.

Son volet biologique, SAPRIS-SERO, a mobilisé dans une première vague 14 500 volontaires de trois cohortes d’adultes : Constances, Nutrinet-Santé et E3N/E4N. Début mai 2020, un kit d’auto-prélèvement sanguin sur papier buvard a été envoyé aux volontaires des régions Grand-Est, Île-de-France (régions alors les plus touchées par l’épidémie de Covid-19) et Nouvelle-Aquitaine (région alors peu touchée). La seconde vague couvrant tout le territoire et incluant 80 000 participants est en cours.

Lire le communiqué de presse de l’Inserm du 10 avril 2020

 

[1]  Les techniques de détection d’anticorps et les tests de séroneutralisation (tests qui permettent de quantifier le titre d’anticorps neutralisants contre un virus) sont les mêmes pour les deux enquêtes et réalisés par le même laboratoire. Ceci, associé à des critères d’analyse des données communs, assure une comparabilité des résultats des études.

Fibromyalgie, bilan des connaissances et recommandations : une expertise collective Inserm

© Inserm/Frédérique Koulikoff

La fibromyalgie, ou syndrome fibromyalgique, est une forme de douleur chronique diffuse associée à d’autres symptômes invalidants tels que de la fatigue, des troubles du sommeil et de l’humeur, ou des troubles cognitifs. Entre 1,4 et 2,2 % des Français seraient atteints, mais l’absence de marqueur biologique spécifique rend le diagnostic difficile à poser. La prise en charge de ces patients est également complexe et nécessite souvent une approche multidisciplinaire adaptée à chacun.

L’Inserm a été sollicité par la Direction générale de la santé pour réaliser une expertise collective afin de disposer d’un bilan des connaissances scientifiques de la fibromyalgie chez l’adulte, mais aussi d’explorer l’existence éventuelle d’un syndrome similaire chez les enfants et les adolescents. Cette expertise a également pour objectif d’émettre des recommandations d’actions et d’établir des priorités de recherche pour mieux comprendre la fibromyalgie et améliorer l’accompagnement des patients.

L’expertise collective de l’Inserm s’appuie sur une analyse critique de la littérature scientifique internationale réalisée par un groupe pluridisciplinaire de quinze experts dans différents domaines, allant de la neurologie à la pharmacologie en passant par la pédiatrie mais aussi la sociologie ou encore l’économie de la santé.

Au total, ce sont près de 1 600 documents scientifiques publiés au cours des dix dernières années qui ont été analysés. L’expertise apporte plusieurs éléments pour mieux appréhender la réalité complexe de la fibromyalgie, mais aussi pour favoriser une prise en charge adaptée et renforcer la recherche. Elle n’avait pas pour vocation de se prononcer sur les modalités de prise en charge du syndrome fibromyalgique par les autorités sanitaires.

Une réalité clinique complexe

Si la fibromyalgie est avant tout associée à des douleurs chroniques diffuses fluctuantes, une grande majorité des patients souffre aussi de fatigue persistante, de difficultés de concentration et attentionnelles, et d’un déconditionnement physique (processus psychophysiologique conduisant à l’inactivité physique et au repli sur soi). Jusqu’à 85 % présentent des symptômes anxiodépressifs et 95 % d’entre eux se plaignent de troubles du sommeil. Cependant, l’expertise montre que la fibromyalgie est très hétérogène dans son expression clinique avec une grande variabilité dans sa sévérité. Elle fait aussi état de l’impact du syndrome fibromyalgique sur toutes les dimensions de la qualité de vie et du coût économique et social important qui y est associé.

En ce qui concerne le diagnostic, il repose sur des critères cliniques en constante évolution, le rendant difficile à poser, d’autant qu’aucun biomarqueur n’a pour le moment été identifié. Les résultats des études d’imagerie cérébrale qui ont été réalisées jusqu’à présent sont très variables et ne permettent pas d’aider au diagnostic.

Par ailleurs, l’expertise collective Inserm préconise de ne pas distinguer à ce jour un syndrome fibromyalgique juvénile chez les enfants et les adolescents souffrant de douleurs chroniques diffuses.  

Enfin, les travaux scientifiques menés au cours de la dernière décennie ne prennent que rarement en compte l’hétérogénéité des symptômes, les variations de la sévérité et les divers traitements pris par les patients, ce qui limite leur portée. Ils font peu la distinction par rapport à d’autres formes de douleurs chroniques diffuses ; les différences de genre, de même que le devenir des patients, n’ont été que peu explorés.

Face à ces divers constats issus de la littérature scientifique, et pour faire face à la réalité clinique complexe de la fibromyalgie, plusieurs recommandations sont présentées.

Proposer une prise en charge la plus adaptée au patient et favoriser l’activité physique

L’expertise met l’accent sur la nécessité de favoriser un accompagnement qui s’adapte et qui évolue en fonction des symptômes. Dans tous les cas, l’adhésion du patient au programme de prise en charge qui lui est proposé est essentielle. Une prise en charge interdisciplinaire adaptée afin de mieux reconnaître et accompagner tous les symptômes présentés par les patients est recommandée chez ceux dont la qualité de vie est fortement altérée.

Une remise en mouvement précoce via une activité physique adaptée est l’un des aspects centraux de la prise en charge afin, entre autres, de prévenir ou de limiter le déconditionnement physique. C’est pourquoi l’expertise suggère d’étendre à la fibromyalgie les recommandations émises dans l’expertise collective Inserm sur la pratique de l’activité physique dans les maladies chroniques. Un tel programme d’activité physique devra être supervisé régulièrement par un professionnel de santé.

Pour les patients ayant des difficultés à gérer leur fibromyalgie ou présentant des symptômes anxiodépressifs, la psychothérapie peut faire partie de la prise en charge afin de les aider à améliorer leur bien-être psychologique et leur qualité de vie.

Si des médicaments peuvent s’avérer ponctuellement efficaces contre certains symptômes (douleur, mais aussi troubles du sommeil, anxiété ou dépression…), il est important de prévenir le mésusage médicamenteux, notamment en évitant la prescription d’opioïdes contre les douleurs diffuses, surtout chez les enfants et les adolescents.

Promouvoir une recherche de qualité

Autre grande recommandation de l’expertise, développer et poursuivre des recherches de qualité sur la douleur chronique généralisée, dont la fibromyalgie. Plusieurs axes de recherche doivent ainsi être priorisés.

Dans un premier temps, il s’agit d’améliorer les connaissances sur la fibromyalgie en explorant la douleur chronique diffuse dans les grandes cohortes françaises existantes ou à venir. Les études pourront aussi évaluer les spécificités de sous-groupes de fibromyalgie, en renforçant la recherche sur les représentations et l’expérience vécue des patients et en évaluant l’impact socioéconomique.

Par ailleurs, l’expertise souligne l’importance de renforcer les investigations chez les jeunes souffrant de douleurs chroniques diffuses et les recherches sur l’origine et les conséquences d’une telle douleur survenant dans l’enfance et l’adolescence.

Enfin, identifier les facteurs permettant de favoriser une prise en charge interdisciplinaire, notamment avec la promotion d’une recherche sur l’organisation des soins, est également considéré comme une priorité.

L’expertise collective « Fibromyalgie » de l’Inserm permet de faire un pas supplémentaire pour promouvoir une recherche d’excellence sur le sujet, au service de la santé des personnes affectées par les douleurs chroniques.

Vaccins contre la Covid-19 : 25 000 volontaires pour conduire des essais cliniques de grande ampleur en France – ouverture des inscriptions

 

La recherche internationale est mobilisée pour développer des vaccins sûrs et efficaces contre la Covid-19. Une trentaine de candidats vaccins sont au stade des évaluations cliniques dont certains en phase 3 pour démontrer leur capacité à protéger de l’infection. À la demande du ministère des Solidarités et de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la France, forte de l’excellence de sa recherche clinique en matière de vaccination, s’est organisée pour contribuer à l’évaluation des candidats vaccins les plus prometteurs avec la mise en place de la plateforme COVIREIVAC. Pilotée par l’Inserm, Covireivac fédère 24 centres d’investigation clinique au sein de CHU partout en France, en lien étroit avec le Collège national des généralistes enseignants. Le volet opérationnel clinique des différents CHU fait l’objet d’une coordination prise en charge par l’AP-HP. Covireivac ouvre aujourd’hui l’inscription des volontaires pour mener les premiers essais cliniques de grande ampleur en France.

Afin de pouvoir s’engager dans la conduite de plusieurs essais vaccinaux, la plateforme COVIREIVAC recherche 25 000 volontaires, âgés de 18 ans et plus, et lance le site d’inscription et d’information www.covireivac.fr. Élaboré avec le soutien de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce site vise à apporter l’information la plus précise possible sur le développement des vaccins pour éclairer la décision des volontaires potentiels.

Être volontaire pour devenir acteur contre la pandémie

En devenant volontaire à une participation aux essais cliniques des vaccins contre la Covid-19, chacun peut devenir acteur de la lutte contre la pandémie, faire avancer la recherche et ainsi contribuer sur le moyen terme à se protéger et à protéger chaque Français et notamment les populations les plus fragiles. Devenir volontaire, c’est aussi participer à un défi scientifique au côté de la communauté des médecins et des chercheurs.

Pour se porter volontaire, il suffit de se préinscrire sur le site www.covireivac.fr et de remplir un premier questionnaire de santé. Le volontaire sera ensuite contacté en fonction des besoins des différents protocoles de recherche (âge, conditions préexistantes, localisation géographique). Il pourra alors confirmer son accord pour participer à l’essai spécifique pour lequel il aura été appelé ou bien choisir d’y renoncer. Il est également possible qu’il ne soit jamais appelé. 

La recherche française, acteur du développement de vaccins sûrs et efficaces

Actuellement, deux essais cliniques portant sur des vaccins sont en cours en France : un essai clinique de phase 1 pour un vaccin développé par l’Institut Pasteur en collaboration avec la CEPI, Themis et MSD a débuté à l’hôpital Cochin (AP-HP) à Paris chez des sujets en bonne santé, ainsi qu’un essai sur la contribution du vaccin BCG au renforcement de l’immunité générale et à la protection contre la Covid-19 chez les personnels de santé, coordonné par l’AP-HP.

Les essais cliniques de grande ampleur envisagés en France sont de deux types. D’une part, des essais de phase 2, visant à étudier finement la capacité des vaccins à produire une réponse immunitaire (immunogénicité) sur des personnes âgées, dont le système immunitaire est généralement affaibli alors même qu’elles sont les plus à risque de développer des formes graves de la maladie. D’autre part, des essais de phase 3 pour étudier l’efficacité et la sécurité à grande échelle des candidats vaccins prometteurs, en fonction de l’intensité de la circulation du virus en France dans les prochains mois, sont également prévus.

Ces essais cliniques pourraient démarrer entre octobre et la fin de l’année, selon l’évolution de l’épidémie et des discussions en cours avec les industriels.

« L’étape des essais cliniques dans de bonnes conditions est capitale pour le développement de vaccins sûrs et efficaces. Chercheurs et médecins, nous sommes tous engagés pour une évaluation rigoureuse permettant de fournir aux autorités sanitaires les données indispensables pour garantir au public la qualité des vaccins développés. Nous avons aujourd’hui besoin de la mobilisation de volontaires à nos côtés », souligne Odile Launay, professeure en maladies infectieuses et tropicales à l’Université de Paris, coordinatrice du CIC Cochin-Pasteur à l’hôpital Cochin (AP-HP), coordinatrice de COVIREIVAC.

Outre le suivi et la surveillance des volontaires pendant les essais, un dispositif spécifique de surveillance des participants sera mis en place par la plateforme à la fin des essais, en lien avec les médecins généralistes et l’ANSM. Cette surveillance permettra ainsi de suivre la sécurité des vaccins à long terme.

COVIREIVAC, un « guichet unique » pour la France

La plateforme COVIREIVAC travaille en étroite collaboration avec le comité scientifique vaccins Covid-19, présidé par Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm, membre du comité CARE. Les essais cliniques conduits porteront sur les vaccins les plus prometteurs, sélectionnés par le comité scientifique vaccins.

L’Inserm lance une plateforme d’évaluation des candidats vaccins contre le Covid-19 pour la réalisation d’essais de qualité à grande échelle

Pour évaluer la sécurité et l’efficacité des vaccins potentiels contre le Covid-19, la mise en place d’essais cliniques rigoureux est plus que jamais nécessaire.© Adobe Stock

La recherche d’un vaccin contre le Covid-19 est en plein essor, et de nombreux candidats vaccins ont déjà atteint le stade des évaluations cliniques. La participation de la France aux essais cliniques est un impératif scientifique et stratégique pour garantir un accès à un vaccin sûr et efficace à sa population. C’est pourquoi l’Inserm, avec l’appui du réseau REACTing, de Santé publique France, des CHU et du collège national des généralistes enseignants, lance une plateforme d’évaluation clinique des candidats vaccins contre le Covid-19, baptisée COVIREIVAC. Elle permettra de les tester de manière rigoureuse et d’obtenir de solides données sur leur capacité à induire une réaction immunitaire (immunogénicité) ainsi que sur leur sécurité.

D’une ampleur inédite, la pandémie de Covid-19 a déjà causé plus de 500 000 décès à travers le monde. Alors que le nombre de nouveaux cas ralentit dans certaines régions, le virus continue sa progression, notamment aux États-Unis et en Amérique latine. Afin de le stopper, les espoirs de la communauté scientifique portent principalement sur le développement d’un vaccin. Plusieurs mois après l’identification du SARS-CoV-2 et son séquençage génétique, plus de 140 candidats vaccins ont été recensés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dix-sept d’entre eux sont déjà en développement clinique.

Pour évaluer la sécurité et l’efficacité de ces vaccins potentiels, la mise en place d’essais cliniques rigoureux est plus que jamais nécessaire.

Fondé par l’Inserm en 2007 et labellisé réseau d’excellence par son infrastructure nationale F-CRIN[1] en 2013, le réseau national d’investigation clinique en vaccinologie I-REIVAC bénéficie d’une grande expérience en recherche clinique vaccinale et d’une visibilité auprès des industriels, ce qui en fait un acteur incontournable pour l’organisation de tels essais.

Constitué de 24 centres cliniques hospitaliers répartis sur tout le territoire français, il permet en outre une participation étendue de la population française aux essais vaccinaux. Fort de cette légitimité, ce réseau sera la structure d’appui au projet baptisé COVIREIVAC, qui devrait permettre une évaluation clinique de qualité des différents candidats vaccins contre le Covid-19.

Un « guichet unique » pour la France

Ce projet part du constat que l’accès de la France aux candidats les plus prometteurs ne sera possible qu’en mettant en place un « guichet unique » au service des industriels et des académiques permettant d’évaluer ces produits, de garantir la faisabilité des essais cliniques auprès des industriels concernés et de négocier les conditions de production et de marchés. Cette approche implique à la fois l’instauration d’un « comité scientifique » chargé de réaliser une évaluation scientifique et stratégique des différents candidats vaccins, et le développement d’une plateforme nationale d’évaluation clinique des candidats vaccins Covid-19.

Présidé par la directrice de recherche Inserm et membre du comité CARE, Marie-Paule Kieny, le comité scientifique s’intéresse notamment aux caractéristiques des vaccins candidats qui pourraient donner des indications sur leur efficacité, leur sécurité et la capacité de production pour identifier les produits les plus intéressants. Il travaille en lien étroit avec la nouvelle plateforme vaccinale, sous la direction de la coordinatrice d’I-REIVAC Odile Launay, professeur en maladies infectieuses et tropicales à l’Université de Paris et coordinatrice du CIC Cochin Pasteur à l’hôpital Cochin (AP-HP), pour tester les vaccins lors d’essais cliniques rigoureux, pouvant inclure plusieurs centaines de participants.

Avec le soutien du réseau REACTing, de Santé publique France, des CHU et du collège national des généralistes enseignants et afin d’accroître les capacités de participation du réseau aux essais vaccinaux Covid-19, la plateforme vaccinale aura pour objectif de constituer un pool de participants potentiels et d’augmenter le nombre de centres pouvant les accueillir.

Un suivi des potentiels effets secondaires, grâce à une collaboration étroite avec des réseaux de médecins généralistes et l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), sera également proposé.

« Faire face à la gravité de la pandémie de Covid-19 suppose d’assurer un accès aussi large que possible à la population française et européenne aux futurs vaccins. Grâce à un réseau vaccinal déjà existant, le projet COVIREIVAC peut conférer à la France l’attractivité nécessaire pour garantir une participation active aux grands essais vaccinaux et un accès précoce aux meilleurs candidats vaccins », précise Gilles Bloch, PDG de l’Inserm.

À plus long terme, l’initiative permettra aussi d’apporter des informations indispensables sur la sécurité de ces vaccins et sur la persistance de leur efficacité. Une collaboration avec d’autres pays européens, pour étendre le dispositif et permettre des essais cliniques de plus grande ampleur, est également envisagée.

Ce projet bénéficie d’un soutien financier du Ministère des solidarités et de la santé et du Ministère de la recherche et de l’innovation.

[1] French Clinical Research Infrastructure Network

 
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