Menu

Endométriose : les projets de recherche en cours à l’Inserm

On estime à 1,5 million le nombre de Françaises qui seraient atteintes d’endométriose. Ce chiffre est sans doute sous-estimé car bien que fréquente, cette maladie gynécologique demeure encore mal repérée. En effet, les connaissances sur l’endométriose par les professionnels de santé restent insuffisantes et les retards de diagnostic importants. A l’Inserm, des équipes de recherche travaillent depuis plusieurs années pour mieux appréhender la maladie et améliorer la vie des patientes touchées par des douleurs souvent invalidantes, causes de fatigue, de dépression, ou d’anxiété. 

A l’approche de la 18ème semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose qui se déroulera du 7 au 13 mars, l’Inserm fait un point sur les travaux de recherche en cours et sur le nouveau souffle donné à la recherche avec l’annonce d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, dans laquelle l’Inserm s’est vu confier un rôle clé.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie caractérisée par la présence anormale, en dehors de la cavité utérine, de fragments de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus. Ces fragments vont s’implanter et proliférer sur de nombreux organes sous l’effet de stimulations hormonales.  Les principaux symptômes sont des douleurs (douleurs pelviennes notamment, surtout pendant les règles) et, dans certains cas, une infertilité.

Lire le dossier complet sur l’endométriose : https://www.inserm.fr/dossier/endometriose/

L’approche épidémiologique : l’étude de cohorte ComPaRe-Endométriose

Plusieurs projets de recherche en épidémiologie sont actuellement en cours en France sous l’impulsion de l’Inserm à travers l’équipe de Marina Kvaskoff, épidémiologiste à l’Inserm. Parmi ceux-ci, une cohorte de patientes dédiée à l’étude de l’endométriose mise en place depuis 2018 : la cohorte ComPaRe-Endométriose.

Celle-ci compte actuellement des milliers de patientes (environ 12 000) atteintes d’endométriose et/ou d’adénomyose[1]. Deux analyses en cours ont déjà permis d’obtenir de premiers résultats.

Une première analyse s’est intéressée au délai de diagnostic de la maladie, c’est-à-dire au temps écoulé entre l’apparition des premiers symptômes et l’obtention d’un diagnostic d’endométriose ou d’adénomyose, avec l’objectif de décrire les facteurs associés à un délai plus ou moins important.

Les résultats préliminaires font état d’un délai de diagnostic de 10 ans en moyenne dans une analyse portant sur plus de 5500 patientes. L’âge, un niveau socioéconomique plus faible, le fait d’avoir un indice de masse corporel plus élevé, ou d’autres pathologies chroniques en plus de l’endométriose étaient associés à un délai de diagnostic plus long.

Cette étude, actuellement en cours, permettra d’identifier les profils de patientes ayant un délai un délai de diagnostic plus long et ainsi mener des actions ciblées pour améliorer la prise en charge de la maladie.

Le groupe de recherche s’est parallèlement intéressé à la prise en charge des patientes dans un sous-échantillon de 1000 patientes. La question « Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans votre prise en charge ? » a été posée aux participantes de la cohorte.

Les 3 thèmes les plus importants identifiés dans cette étude étaient :

  • améliorer la connaissance et la reconnaissance de l’endométriose par les soignants,
  • mettre fin aux violences médicales (c’est-à-dire d’affirmer que les symptômes sont d’origine psychologique, mettre fin à des positions paternalistes ou infantilisantes),
  • améliorer la prise en charge des symptômes et soins spécifiques à l’endométriose (soit une meilleure gestion des douleurs, de l’infertilité et des problèmes liés à la vie sexuelle).

Les résultats de cette étude pourraient être utiles pour concevoir une meilleure prise en charge de l’endométriose en tenant compte du point de vue des patientes.

ComPare-Endométriose recrute des personnes atteintes d’endométriose et/ou d’adénomyose. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire sur le site compare.aphp.fr : l’objectif de l’équipe scientifique étant d’atteindre un nombre suffisamment important de femmes incluses pour obtenir des résultats robustes aux nombreuses questions encore en suspens sur cette pathologie.

L’approche génétique : Comparaison génétique dans une même famille

Sous la supervision du directeur de recherche Inserm Daniel Vaiman, des chercheurs et chercheuses à l’Institut Cochin tentent de mieux comprendre les prédispositions génétiques de la maladie.

Une étude en cours vise à identifier les gènes impliqués dans l’endométriose en comparant entre porteuses d’endométrioses et candidats sains, les mutations ou variations génétiques qui seraient similaires et/ou différentes. Cette analyse est rendue possible grâce à la collecte d’ADN par prélèvement salivaire ou prise de sang d’une dizaine de familles présentant au moins un diagnostic d’endométriose. Actuellement, 35 individus ont participé à cette analyse appartenant à 10 familles avec des cas d’endométriose.

Immunologie : contrôler la réaction des cellules de l’immunité

Plusieurs équipes de recherche de l’Inserm sont mobilisées pour identifier les mécanismes d’initiation de l’endométriose et s’intéressent à ce titre à la réaction du système immunitaire.

Le groupe de recherche toulousain dirigé par Julie Tabiasco[2], chercheuse en immunologie et spécialiste du microenvironnement tissulaire dans l’équipe du Dr Nabila Jabrane-Ferrat, est parvenue à reproduire en préclinique un modèle d’endométriose (souris) avec l’objectif de trouver un traitement pouvant permettre d’empêcher l’implantation des lésions. Les chercheurs ont ainsi pu cibler une molécule qui permet de déclencher une réponse immunitaire spécifique à l’endométriose.

Une telle réponse pourrait à terme permettre l’élimination des fragments de tissus qui se développent en dehors de la cavité utérine, caractéristiques de l’endométriose.

L’Inserm, un acteur clé de la recherche sur l’endométriose

En janvier 2022, le président de la République a annoncé le lancement de la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose. Afin de placer la France aux avant-postes de la recherche et de l’innovation sur l’endométriose, le 1er comité de pilotage de cette stratégie nationale qui s’est tenu le 14 février 2022, a confié à l’Inserm la mise en place d’un programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) doté de plus de 20 millions d’euros sur cinq ans. Il regroupera l’ensemble des meilleurs chercheurs de toutes les disciplines pouvant intervenir dans le champ de l’endométriose.  

Soucieux de diffuser une information scientifique fiable, factuelle et de qualité, l’Inserm est également mobilisé contre la diffusion de fausses informations qui pourraient circuler sur ce sujet. A ce titre, l’annonce récente d’un test de diagnostic salivaire de l’endométriose a fait l’objet d’un décryptage de notre cellule riposte : Pour aller plus loin : Lire notre Canal Détox : « Un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose, vraiment » ?

[1] L’adénomyose est usuellement définie comme étant de l’endométriose interne à l’utérus. 

[2] UMR 1291 Institut Toulousain des maladies infectieuses

Journée internationale des maladies rares – 28 février

Co-marquages de peau de souris exprimant une mutation du gène PIK3CA. ©Marina Firpion/Guillaume Canaud – unité 1151 Inserm

Trois millions de Français sont concernés par les maladies rares et près de 80% de ces maladies sont d’origine génétique. Etudier les mécanismes impliqués dans ces pathologies représente un enjeu de taille pour la recherche : si cela permet avant tout d’aider les patients, les découvertes réalisées peuvent permettre de décrypter des mécanismes plus généraux, relatifs à d’autres maladies. A l’approche de la Journée Internationale des maladies rares le 28 février 2022, l’Inserm fait le point sur 3 récentes études témoignant des avancées de la recherche sur certaines de ces maladies rares.

De nouvelles perspectives thérapeutiques pour les nourrissons atteints de syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse

Les syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse sont des maladies génétiques rares caractérisées par une augmentation de la taille mais aussi du nombre de cellules dans le corps. Ils se manifestent par une asymétrie pouvant toucher n’importe quelle partie ou tissu du corps (graisse, vaisseaux, muscles, os…), y compris le cerveau. Dans 95 % des cas, la maladie est liée à une mutation, lors du développement embryonnaire, du gène PIK3CA, qui régule la prolifération et la croissance des cellules.

Depuis 2016, une équipe composée de chercheurs de l’Inserm, de l’AP-HP, d’Université de Paris, à l’Institut Necker-Enfants malades et des services cliniques des Hospices civils de Lyon a démontré l’efficacité thérapeutique d’une molécule utilisée contre certains cancers, l’Alpelisib, un médicament inhibiteur de PIK3CA, pour traiter un groupe d’enfants et d’adultes présentant des formes sévères de ces maladies. Dans une récente publication dans le Journal of Experimental Medicine, l’équipe décrit une amélioration à la fois clinique, biologique et d’imagerie chez deux nourrissons atteints de formes sévères de syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse et traités par Alpelisib. Il s’agit des premières données sur les effets de cette molécule obtenues dans des formes néonatales graves.

Identification d’une cause génétique d’une forme rare du syndrome de Cushing induit par l’alimentation

L’hyperplasie bilatérale macronodulaire des surrénales avec syndrome de Cushing induit par l’alimentation est une maladie rare qui touche les deux glandes surrénales situées au-dessus des reins et entraine une surproduction de cortisol, une hormone stéroïde dont l’excès a des conséquences néfastes pour l’organisme.

Dans une étude récemment publiée dans la revue The Lancet Diabetes & Endocrinology, une équipe de chercheurs et chercheuses du service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction de l’hôpital Bicêtre AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris-Saclay, est parvenue à identifier les déterminants moléculaires de la survenue de cette maladie 30 ans après sa description initiale. Ils ont mis à jour les mutations responsables de cette forme du syndrome de Cushing dans le gène KDM1A

Découverte d’une première cause génétique pour le syndrome de l’homme-arbre

Une grande partie de la population est porteuse de papillomavirus humains (HPVs), et notamment de papillomavirus cutanés, qui provoquent en général des verrues ou des lésions locales et bénignes. Toutefois de très rares patients dans le monde développent des formes sévères de ces maladies virales, dont le syndrome de « l’homme-arbre ». Cette maladie très handicapante se manifeste par une poussée anarchique de cornes cutanées, pour lesquelles la chirurgie n’est pas efficace.

Dans le cadre d’une collaboration internationale, des chercheurs de l’Inserm et enseignants-chercheurs d’Université de Paris et médecins de l’AP-HP regroupés à l’Institut Imagine (Inserm/Université de Paris, AP-HP) situé au sein de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP ont pour la première fois mis en évidence une cause génétique de ce syndrome : une mutation du gène CD28. Ces résultats ont été publiés dans la revue Cell.

4 février 2022 : Journée mondiale contre le cancer

Photographie montrant l’expression du récepteur alpha de l’œstradiol dans une tumeur de la granulosa, un acteur impliqué dans la progression de cette maladie. © Dr I. Treilleux, Centre Léon Bérard de Lyon.

 

La Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février, est consacrée à la prévention, la détection, la lutte contre la stigmatisation et le traitement du cancer. A l’approche de cette date, l’Inserm fait le point sur les récentes études publiées concernant le traitement et les causes de la maladie. De nombreux travaux s’intéressent notamment aux mécanismes d’apparition des tumeurs mais aussi à leur progression et aux causes des échappements thérapeutiques. Il s’agit de mieux comprendre le cancer pour permettre la découverte de nouveaux traitements qui soient adaptés à chacun et aux différentes pathologies. 

Cancer ovarien de la granulosa : un cancer hormono-sensible ?

Dans une étude parue dans la revue The Journal of Pathology, des chercheuses de l’équipe Inserm U1133 d’Université de Paris (CNRS UMR8051) en collaboration avec des équipes de l’Institut Gustave Roussy et du Centre Léon Bérard, se sont intéressées à la progression d’un cancer gynécologique rare de l’ovaire, appelé « tumeur de la granulosa ».

Parmi les traitements actuels, la chimiothérapie utilisée sur les formes avancées ou récidivantes donne des résultats peu satisfaisants. Cette maladie est pourtant loin d’être anodine, puisque près de 20 % des patientes décèdent. Cela résulte non pas de l’évolution rapide de la maladie, mais de la grande fréquence des rechutes survenant jusqu’à 10 ans plus tard, même après un diagnostic à un stade précoce.

Chez près de 70 % des patientes atteintes de ce cancer, on retrouve un taux anormalement élevé d’œstradiol, hormone responsable du développement et du maintien des caractères sexuels féminins. Ces données ont conduit l’équipe à analyser l’action de l’œstradiol dans cette pathologie, afin de vérifier l’œstrogénodépendance supposée de cette forme de cancer et de comprendre les mécanismes d’action de cette hormone.

Ces recherches suggèrent que l’œstradiol stimule la survie des cellules cancéreuses et indiquent que cette hormone pourrait participer à la croissance des tumeurs et des métastases. Elles indiquent également que si l’œstradiol est susceptible de réguler la survie des cellules cancéreuses, cette hormone pourrait avoir un effet variable selon les patientes sur la croissance de la tumeur et des métastases, dépendant du type de récepteur de l’oestradiol mobilisé (ERα ou Erβ) et du pourcentage de cellules qui l’expriment.

L’équipe poursuit ses recherches sur les mécanismes impliqués dans cette forme de cancer gynécologique, et notamment sur l’intérêt thérapeutique d’autres types d’hormonothérapies, ce qui est un enjeu majeur pour améliorer la prise en charge des patientes.

Chimiothérapie : élucider les mécanismes moléculaires responsables des échappements

Le 5-fluorouracil (5-FU) est une des molécules les plus utilisées dans le traitement des cancers par chimiothérapie. Son efficacité, particulièrement quand elle est associée à d’autres médicaments, est démontrée depuis de nombreuses années. Toutefois, le traitement de bon nombre de patients avec ces chimiothérapies est rendu difficile car certains cancers comme les cancers colorectaux, le cancer du pancréas ou encore les cancers de la tête et du cou échappent à ces traitements.

Dans une nouvelle étude publiée dans Nature Communications, des chercheurs de l’Inserm et du CNRS au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon en collaboration avec des chercheurs de l’ENS de Lyon, de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier et du Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier ont souhaité mieux comprendre les mécanismes moléculaires responsables de cet échappement afin de les contrecarrer.

C’est ainsi qu’ils ont fait une découverte inattendue sur le 5-FU. En effet, les résultats de cette étude montrent que le 5-FU s’intègre dans les ribosomes[1], qui sont les nano-machines des cellules qui fabriquent les protéines. Plus particulièrement cette étude montre que ces ribosomes modifiés par le 5-FU, baptisés F-ribosomes, ont une activité de production des protéines altérée. De façon complètement inattendue, ces F-Ribosomes permettraient de produire davantage de certaines protéines qui favorisent la survie des cellules. Ceci donnerait une chance à certaines cellules cancéreuses de survivre à la chimiothérapie à base de 5-FU révélant ainsi un nouveau mécanisme d’échappement aux traitements anti-cancer.

La mise en évidence pour la première fois de ce mécanisme de résistance au traitement par chimiothérapie est importante car elle ouvre des perspectives d’améliorations de ce type de traitements comme par exemple la combinaison de médicaments jusqu’à présent totalement inexplorées.

Photographie en microscopie électronique de « nucléoles » qui sont le lieu de fabrication des ribosomes et où le 5-FU s’incorpore dans les ribosomes.  Après traitement au 5-FU (à droite) les nucléoles sont modifiés et apparaissent plus foncés avec cette technique d’analyse, en comparaison des nucléoles avant traitement (gauche). © Frédéric Catez (CRCL) et Elisabeth Errazuriz (CIQLE – SFR Santé Lyon-Est)

L’utilisation du téléphone mobile n’est pas associée à un risque accru de tumeur cérébrale chez les jeunes 

Dans Environnement International, un groupe de chercheuses et chercheurs ont publié le 30 décembre 2021 les derniers résultats de MOBI-Kids, une étude cas-témoin internationale à laquelle ont participé des équipes de recherche issues de 15 pays, dont des scientifiques de l’Inserm au Centre de Recherche en Épidémiologie et StatistiqueS (UMR1153), équipe EPICEA[2].

Son objectif était d’analyser la relation entre le risque de tumeur cérébrale chez l’enfant et l’adolescent et l’exposition aux champs électromagnétiques générés notamment par les nouvelles technologies de communication dont les téléphones mobiles. Les travaux se sont basés sur des données obtenues entre 2010 et 2015 auprès de deux populations de jeunes âgés de 10 à 24 ans:

  • Près de 900 « cas » : patients atteints de tumeurs cérébrales
  • Plus de 1 900 « témoins » : patients opérés pour appendicite, appariés aux cas sur l’âge, le sexe et le département de résidence. 

Les participants ont rempli un questionnaire avec des informations détaillées sur l’historique d’utilisation de leur téléphone mobile[3].

Les parents ont également complété un questionnaire sur les expositions qui auraient pu survenir avant la naissance et au cours de la première année de vie.

L’exposition aux champs électromagnétiques aux radiofréquences (RF) et extrêmement basses fréquences (ELF) des téléphones a été calculée à l’aide d’algorithmes développés par l’équipe MOBI-Kids.

Selon les résultats de ces travaux, il n’existe aucune preuve d’une association causale entre tumeurs cérébrales et utilisation de téléphones mobiles et sans fil et, en particulier, l’exposition aux radiofréquences (RF) et extrêmement basses fréquences (ELF) émises par ces téléphones.

 

[1] Structure cellulaire impliquée dans la synthèse des protéines (traduction des ARN).

[2] Epidémiologie des cancers de l’enfant et de l’adolescent

[3] Pour évaluer l’adéquation des données collectées, diverses sous-études méthodologiques ont été menées, y compris deux études de validation : l’une grâce à une application quantifiant l’utilisation réelle des participants, l’autre après l’obtention de données collectées par des opérateurs de téléphonie mobile.

Journée mondiale du diabète : l’Inserm se mobilise pour améliorer la santé des patients

Photo issue de Science & Santé, janvier-février 2013, rubrique Grand angle, p30. Cellule bêta pancréatique humaine. Les noyaux des cellules sont colorés en bleu et l’insuline contenue dans les cellules est en rouge.

La journée mondiale du diabète a lieu tous les ans le 14 novembre, dans le but de mieux faire connaître la maladie, sa prise en charge et les moyens de prévention qui existent. En France, près de 4 millions personnes seraient diabétiques, 90 % d’entre elles touchées par le diabète de type 2. On estime que la prévalence mondiale du diabète atteindra 642 millions de personnes d’ici 2040.

A l’Inserm, plusieurs équipes de recherche sont mobilisées afin d’améliorer la compréhension aussi bien du diabète de type 1 que du diabète de type 2, mais aussi d’identifier de nouvelles pistes thérapeutiques et de prise en charge des patients. Retour sur plusieurs études récentes qui ont permis des avancées dans la lutte contre cette pathologie chronique.

Lire nos dossiers d’information : diabète de type 1 et diabète de type 2

 

Une nouvelle voie thérapeutique pour le traitement des rétinopathies diabétiques 

La rétinopathie diabétique est une complication grave du diabète qui touche 50% des patients diabétiques de type 1 et 30% des patients diabétiques de type 2 après 10 ans. Elle est la première cause de cécité avant l’âge de 60 ans.

Actuellement, les principaux traitements sont les injections intraoculaires répétées d’anti-VEGF ou de glucocorticoïdes. Cependant ceux-ci ne sont pas toujours efficaces pour tous les patients, qui soit ne répondent pas au traitement, soit développent une résistance au fil du temps, soit subissent des effets secondaires non négligeables dans les cas des glucocorticoïdes. C’est pourquoi il est important de mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques.

Dans une étude récente publiée dans Diabetes, l’équipe de Francine Béhar-Cohen au Centre de Recherche des Cordeliers (Inserm/Université de Paris/Sorbonne Université) s’est intéressée à un type d’hormone, les minéralocorticoïdes. Des études avaient déjà montré que l’activation de la voie minéralocorticoïde est impliquée dans des pathologies associées au diabète (cardiopathies et néphropathies).

Dans ces travaux, l’équipe montre que le récepteur aux minéralocorticoïdes est surexprimé dans la rétine des patients atteints de rétinopathie diabétique. Dans des modèles animaux de diabète de type 2, les scientifiques ont ensuite testé l’injection dans l’œil de spironolactone de libération contrôlée, un médicament qui bloque spécifiquement les récepteurs aux minéralocorticoïdes. Ils montrent que cela entraine une amélioration de la réponse inflammatoire précoce ainsi qu’une réduction de l’œdème rétinien et de la perméabilité vasculaire associée aux rétinopathies diabétiques.

Selon les scientifiques, le blocage du récepteur aux minéralocorticoïdes, qui cible un ensemble de manifestations pathologiques associées à la rétinopathie diabétique, représenterait donc une nouvelle voie thérapeutique à fort potentiel à explorer dans d’autres travaux précliniques et cliniques.

 

Etudier les mécanismes de satiété pour comprendre le diabète

Les facteurs de risque de diabète de type 2 incluent la sédentarité et une alimentation déséquilibrée, les patients étant souvent en surpoids. Pour mieux appréhender les mécanismes à l’œuvre dans la maladie, une équipe de chercheurs de l’Inserm, d’Université de Lille et du CHU de Lille au sein du laboratoire Lille Neuroscience et Cognition étudie depuis plusieurs années le rôle de la leptine, une hormone impliquée dans le contrôle de l’appétit, qui transmet au cerveau le signal de satiété.

 Les résultats de l’étude, publiée dans Nature Metabolism, soulignent que la perception de la leptine par le cerveau est indispensable pour la gestion de l’homéostasie énergétique et de la glycémie. Par ailleurs, le blocage du transport de la leptine vers le cerveau altère le bon fonctionnement des neurones qui contrôlent les sécrétions d’insuline du pancréas.

 

ONECUT1, un gène impliqué dans plusieurs formes de diabète

Les causes du diabète de type 1 et de type 2 sont multifactorielles. Cependant, certains rares cas de diabète sont le résultat de défauts d’un seul gène. On parle alors de diabète monogénique. Un équipe internationale co-dirigée par la directrice de recherche Inserm Cécile Julier à l’Institut Cochin a montré, dans un article publié dans Nature Medicine, que des variations génétiques du gène ONECUT1 sont impliquées dans plusieurs formes de diabète.

Ce gène code pour un type de protéine qui joue un rôle majeur dans le développement du pancréas ainsi que du foie. L’étude a été réalisée à partir d’une analyse clinique et génétique détaillée d’une famille  française présentant des cas de diabète néonatal et de diabète de l’adulte.

Parmi les résultats de l’étude, les scientifiques montrent notamment que lorsque les deux allèles du gène sont mutés, les personnes sont atteintes d’une forme très grave de diabète néonatal, associé à un pancréas de petite taille et à l’absence de vésicule biliaire. Lorsqu’un seul allèle est muté, un risque élevé de diabète de l’adulte est observé. Enfin, l’étude souligne aussi que des variations génétiques localisées près de ce gène, affectant sa régulation, sont associées à un risque accru de diabète de type 2 classique.

 

Retrouvez notre émission pour tout savoir sur le diabète de type 2 !

L’Inserm lance « 30 minutes Santé », une émission qui sera diffusée chaque trimestre sur sa chaîne YouTube. Rendez-vous le mardi 9 novembre à 19h30 pour un premier numéro consacré au diabète de type 2.

Des spécialistes de cette maladie feront notamment le point sur les recherches qui, en permettant de toujours mieux comprendre ses mécanismes, ouvrent de nouvelles pistes pour prévenir et traiter efficacement le diabète de type 2.

Voir la bande annonce de cette émission ici

Octobre rose : Des facteurs de risque environnementaux impliqués dans le cancer du sein

© Adobe Stock

 

Chaque année au mois d’octobre se tient la campagne annuelle « Octobre rose » consacrée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. Avec plus de  54 000 nouvelles personnes touchées chaque année en France, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez les femmes. De nombreuses recherches se sont intéressées aux facteurs de risque de survenue de la maladie. Il s’agit d’une maladie multifactorielle, les antécédents personnels et familiaux, l’âge ou encore la consommation de tabac et d’alcool pouvant par exemple être mis en cause dans son déclenchement. Depuis plusieurs années, des chercheurs s’intéressent aussi au rôle de la pollution environnementale et des pesticides. Deux publications récentes à l’Inserm se sont penchées sur ces thèmes.

La pollution atmosphérique associée à un risque plus élevé de cancer du sein

Dans une synthèse de la littérature publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, un groupe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, et de l’Université Grenoble Alpes s’est intéressé au rôle de certains polluants atmosphériques sur la survenue du cancer du sein. L’objectif des chercheurs était de synthétiser les résultats de différentes études scientifiques concernant la relation dose-réponse entre pollution et survenue du cancer du sein.

Leur travaux ont permis d’identifier pour les trois polluants considérés, à savoir les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 10 microns (PM10), les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2), respectivement 27, 32 et 36 associations en lien avec la survenue de cancer du sein, toutes rapportées chez des femmes en Amérique du Nord et en Europe.

C’est pour le dioxyde d’azote que la synthèse des études était le plus nettement en faveur d’un effet néfaste sur la survenue de cancer du sein[1]. Pour les deux autres polluants considérés (PM10 et PM2.5), le niveau de preuve était moins élevé, sans qu’il soit possible d’exclure un effet néfaste. 

Les chercheurs estiment qu’environ 1700 cas de cancer du sein, soit environ 3 % des cas survenant annuellement en France, pourraient être attribués à cette exposition et aux autres polluants associés au dioxyde d’azote.

Certains cocktails de pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées

Dans une étude publiée dans la revue International Journal of Epidemiology, des chercheurs de l’Inserm, d’INRAE, du Cnam et d’Université Sorbonne Paris Nord, se sont intéressés au rôle de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancer du sein en post-ménopause.

Dans le cadre de cette étude qui a été menée sur quatre ans, 13 149 femmes ménopausées ont répondu à un questionnaire permettant d’évaluer la consommation d’aliments biologiques et conventionnels. 169 cas de cancers ont été signalés. 

Grâce à une base de données de contamination des aliments selon leur mode de production, les chercheurs ont mesuré l’exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe, incluant ceux utilisés en agriculture biologique.

Les résultats de l’étude indiquent que parmi les femmes ménopausées, celles ayant été faiblement exposées à plusieurs pesticides de synthèse ont un risque moindre de développer un cancer du sein.  En revanche, ce  risque augmente parmi le groupe de femmes exposées de façon élevé à quatre substances actives de pesticides, à savoir le chlorpyrifos, l’imazalil, le malathion et le thiabendazole[2]. Les chercheurs ont par ailleurs noté dans ce dernier groupe une augmentation du risque chez les femmes en surpoids (IMC entre 25 et 30) ou obèses (IMC>30).

 

[1] Le dioxyde d’azote est principalement émis par des processus de combustion des combustibles fossiles, tels que ceux des moteurs thermiques des véhicules et du chauffage urbain.

[2] Le chlorpyriphos est utilisé sur les cultures d’agrumes, de blé, de fruits à noyau ou d’épinards par exemple. L’imazalil est également utilisé pour la culture d’agrumes, de pommes de terre et les semences. Le malathion, utilisé pour lutter contre les insectes suceurs (pucerons, cochenilles) est interdit en France depuis 2008 mais autorisé dans certains pays européens. Le thiabendazole est utilisé sur le maïs, les pommes de terre et certains semis.

Le 14 octobre, journée Mondiale de la vue

Oeil humain

Œil humain © Fotolia

 

La Journée Mondiale de la vue aura lieu cette année le 14 octobre. L’occasion pour l’Inserm de revenir sur deux études récentes publiées par des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université et du CNRS à l’Institut de la Vision, centre de recherche de dimension internationale entièrement dédié à la recherche sur les maladies de la vision. Et de communiquer sur les progrès réalisés sur l’utilisation de nouvelles approches thérapeutiques : la thérapie génique et optogénétique.

 

Thérapie génique : redonner la vue à des patients atteints d’une maladie rare

Dans une première étude publiée dans la revue Science Translational Medicine en décembre 2020, l’équipe du Marisol Corral-Debrinski, de José-Alain Sahel et Serge Picaud à l’Institut de la Vision a mis au point un traitement reposant sur une nouvelle approche de thérapie génique, ouvrant des perspectives pour le traitement des patients atteints de neuropathie optique de Leber, une maladie héréditaire qui se manifeste par une baisse brutale et bilatérale de la vision pouvant conduire à la cécité. Elle est causée par des mutations de l’ADN mitochondrial[1] qui affectent la production de la protéine ND4. Cette perte visuelle intervient généralement chez l’homme jeune sur un œil puis quelques mois plus tard sur le deuxième œil. Cette maladie de l’œil touche plus de 5 000 personnes en France.

La thérapie génique est une stratégie thérapeutique qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie. Pour permettre au traitement de pénétrer correctement dans les cellules d’un patient, les scientifiques utilisent dans la plupart des cas un vecteur viral qui assure son transport jusqu’au noyau. Mais pour utiliser cette stratégie dans la neuropathie optique héréditaire de Leber, les chercheurs étaient confrontés à un obstacle majeur : comment cibler la mitochondrie alors que le vecteur viral introduit l’ADN porteur du gène correct dans le noyau ?  

L’équipe a développé une approche innovante qui consiste à ajouter au gène des séquences d’ADN dites « séquences d’adressage ».

Leur fonction est d’assurer que la traduction du matériel génétique en protéines fonctionnelles se fasse directement au contact des mitochondries.

Dans l’essai clinique baptisé REVERSE, les chercheurs ont démontré l’efficacité de cette approche par la mesure d’une réelle amélioration clinique.

 

Thérapie optogénétique : un patient récupère partiellement la vue

Plus récemment, dans une étude publiée dans la revue Nature Medicine en mai 2021, une équipe de recherche dirigée par les professeurs José-Alain Sahel et Botond Roska, a mis en évidence les résultats prometteurs d’un essai clinique ayant permis à un patient aveugle atteint de rétinopathie pigmentaire à un stade avancée de retrouver partiellement la vue grâce à la thérapie optogénétique. La rétinopathie est une maladie génétique dégénérative de l’œil qui se caractérise par une perte progressive et graduelle de la vision évoluant généralement vers la cécité.

L’optogénétique consiste à modifier génétiquement les cellules afin qu’elles produisent des protéines sensibles à la lumière appelées “channel rhodopsines” (rhodopsine canal). Si cette technique existe depuis près de 20 ans en neurosciences, ses bénéfices cliniques n’avaient, jusqu’alors, pas encore été démontrés.

Afin de restaurer la sensibilité à la lumière, l’équipe de recherche a tiré parti des méthodes de thérapie génique pour exprimer des “channel rhodopsines” dans les cellules ganglionnaires de la rétine. Pour cette étude, elle a introduit le gène codant pour une “channel rhodopsine” appelée ChrimsonR. En complément, des lunettes dédiées équipées d’une caméra ont été conçues par les chercheurs. Elles permettent de produire des images visuelles projetées en images de couleur ambre sur la rétine.

Près de cinq mois après avoir reçu l’injection de ChrimsonR, laissant ainsi le temps à son expression de se stabiliser dans les cellules ganglionnaires, les tests avec les lunettes ont pu débuter. Sept mois plus tard, le patient a commencé à rapporter des signes d’amélioration visuelle. Les résultats des tests montrent qu’avec l’aide des lunettes, il peut désormais localiser, compter et toucher des objets.

Un essai clinique qui marque donc une étape importante dans le développement de thérapies géniques indépendantes des mutations pour traiter les dégénérescences rétiniennes héréditaires.

10 septembre – Journée mondiale de prévention du suicide

Adobe stock

En France, 220 000 tentatives de suicide sont prises en charge par les urgences chaque année, et 10 500 personnes se donnent la mort, selon le CépiDc de l’Inserm. Prévenir le risque suicidaire est devenu un enjeu de taille pour la recherche alors que les effets de la crise sanitaire sur le moral des français sont de plus en plus visibles. A l’approche de la journée mondiale de prévention du suicide le 10 septembre, l’Inserm fait le point sur de récents projets de recherche qui se sont penchés sur cette question importante.

 

Prédire le risque suicidaire chez les étudiants, grâce à l’intelligence artificielle

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et les étudiants sont particulièrement exposés au risque de comportements suicidaires. Plusieurs facteurs connus peuvent contribuer à l’augmentation des risques chez cette population : le passage du lycée à l’université, l’augmentation de la charge de travail, l’augmentation du stress psychosocial et des pressions scolaires, et l’adaptation à un nouvel environnement. Ces risques ont par ailleurs été exacerbés par la situation de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Grâce à l’intelligence artificielle et à la méthode d’apprentissage automatique, des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux sont parvenus à développer un algorithme permettant d’identifier de façon précise les principaux facteurs prédictifs des comportements suicidaires au sein d’une population étudiante. L’étude s’est appuyée sur le suivi sur plus d’un an de plus de 5 000 étudiants français ayant répondu à des questionnaires.

Les informations recueillies par ce biais ont renseigné les chercheurs à la fois sur la santé des participants, leurs consommations de drogue et d’alcool, leurs antécédents médicaux et psychiatriques ainsi que sur leur état psychique.

Les chercheurs ont identifié plus précisément quatre facteurs prédictifs qui permettraient de détecter environ 80% des comportements suicidaires de l’étude. Il s’agit des pensées suicidaires, de l’anxiété, des symptômes de dépression et de l’estime de soi.

« Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate », explique Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.

 

 

StopBlues, un site et une application pour prévenir le mal-être

 

 

En 2018, l’équipe de recherche Eceve-Inserm[1], dirigée par Karine Chevreul, a développé StopBlues, un dispositif numérique pour agir sur le mal-être psychologique qui, s’il n’est pas reconnu, peut conduire à des troubles plus sévères comme la dépression ou le suicide.

L’initiative se décline à travers un site Internet et une application mobile qui permettent d’accéder à tout un ensemble d’informations et d’outils, comme des vidéos sur la dépression, des quiz, des solutions telles que des exercices de relaxation ou de psychologie positive, ainsi qu’une cartographie des ressources locales – médecins, associations… – vers lesquelles se tourner pour accéder à une prendre en charge. 

Afin d’aider la population générale à faire face aux angoisses liées à la pandémie, les chercheurs Inserm ont à partir de 2020 aussi travaillé à une extension Covid-19 du dispositif StopBlues.

Celle-ci passe par la publication de capsules vidéo courtes décrivant les émotions que l’on peut ressentir face à la peur de la maladie, aux difficultés du confinement, à l’isolement social ou aux conflits familiaux. Ces vidéos proposent par ailleurs des stratégies reconnues efficaces pour gérer le stress et l’anxiété et parvenir à prendre soin de sa santé globale, physique et psychique, dans ce contexte particulier.

 

[1] L’Unité mixte de recherche 1123 –Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables (ECEVE)

Journée mondiale de la maladie de Charcot

Maladie de Charcot

Motoneurone en cours de dégénérescence © Inserm/Raoul, Cédric

 

Le 21 juin a lieu la journée mondiale de la maladie de Charcot, scientifiquement connue sous le nom de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Il s’agit d’une maladie neurodégénérative rare et grave dont on ignore encore l’origine. L’occasion pour l’Inserm de revenir sur les pistes de traitements qui s’ouvrent progressivement grâce à la recherche.

La maladie de Charcot se caractérise par la perte progressive des fonctions musculaires, qui entraîne le décès entre 3 et 5 ans après son apparition.  On sait que cette dégénérescence est causée par la mort des neurones chargés de contrôler les muscles (motoneurones) et des neurones chargés de contrôler le mouvement depuis le cortex moteur.  Cependant, on ignore encore l’origine de ce processus délétère.

 

Des causes multifactorielles

Certaines données suggèrent que l’environnement pourrait être un facteur déclencheur (tabac, sport de haut niveau, pesticides…) mais rien ne permet de le prouver formellement à ce jour. En revanche, on sait que dans 10% des cas, la SLA est d’origine familiale. Elle découlerait dans ce cas de l’altération d’un ou plusieurs gènes qui se transmettent des parents aux enfants. Les chercheurs ont identifié une trentaine de gènes dont les mutations  pourraient favoriser l’apparition de la SLA.

Au niveau cellulaire, les cellules gliales chargées de soutenir les motoneurones comme les astrocytes, ainsi que certains acteurs du système immunitaire, favorisent aussi le développement de la maladie. Les chercheurs ont en effet découvert dans des modèles animaux de la SLA un état inflammatoire chronique, dans lequel les cellules gliales jouent un rôle délétère. Comprendre le rôle précis de ces cellules dans le développement de la SLA pourrait ouvrir des pistes thérapeutiques.

Lire le dossier de l’Inserm sur la maladie de Charcot

 

Une piste de thérapie génique

En février 2020, des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut de Montpellier ont identifié que le stress calcique avait un effet délétère sur les motoneurones.  Ils ont découvert un canal membranaire appelé TMEM16F activé par le calcium, dont la perte de fonction pourrait protéger les motoneurones contre ce stress. Cette découverte permet de mieux comprendre les mécanismes de la SLA au niveau cellulaire, et donc d’ouvrir une nouvelle piste de traitement par thérapie génique.

La thérapie génique consiste à introduire du matériel génétique dans les cellules pour soigner une maladie.

Consulter l’article « SLA : l’identification d’un canal membranaire ouvre la piste d’une thérapie génique »

 

Il ne faut pas confondre la maladie de Charcot avec les maladies de Charcot Marie-Tooth qui sont  aussi des maladies génétiques rares, mais dont les implications cliniques sont moins sévères. Elles se caractérisent entre autres par des atrophies aux extrémités des membres, un handicap à la marche et une perte de la sensibilité.

Journée mondiale des donneurs de sang

 

échantillons de sang

©Unsplash photos

Le 14 Juin a lieu la journée mondiale des donneurs de sang.  L’occasion pour l’Inserm de rappeler l’importance du don pour la qualité et l’espérance de vie des individus atteints d’hémopathie. 

L’hémopathie désigne l’ensemble des maladies qui affectent le sang en général : ses composants, sa production ou ses mécanismes.

A ce jour, le don du sang constitue la meilleure piste pour les individus atteints de  drépanocytose.

La drépanocytose est la première maladie génétique au monde, la plus fréquente en France. Il s’agit d’une anomalie génétique du sang, qui affecte les globules rouges, abîmant les tissus et les organes vitaux. La qualité de vie des patients en est fortement diminuée, avec de très fréquentes hospitalisations, des crises parfois très douloureuses, une plus grande vulnérabilité aux infections et un traitement médicamenteux lourd. Cependant, grâce aux dons du sang, les patients peuvent bénéficier une ou deux fois par mois d’une transfusion sanguine. Le patient reçoit alors le sang d’un donneur sain compatible, qui permet de diluer les globules rouges anormaux avec des globules rouges normaux.  En cas de complications graves, les patients peuvent également bénéficier d’échanges transfusionnels où une partie du sang du malade est remplacé par celui d’un donneur sain afin de diminuer la concentration en hémoglobine malade. Cela diminue aussi le risque d’occlusion dans les vaisseaux et donc les risques d’AVC. Cette méthode, rendue possible par les dons, est éprouvante pour le corps mais constitue la meilleure alternative à ce jour pour améliorer la qualité de vie des patients. 

Regarder la vidéo de l’Inserm sur la drépanocytose et l’échange transfusionnel 

 

L’importance des cellules du sang dans la réponse immunitaire

Une étude co-dirigée par Sandrine Sarrazin de l’Inserm et Michael Sieweke du CNRS en 2020 a montré que les cellules souches du sang gardaient en mémoire les traces des infections passées, pour déclencher une réponse immunitaire plus efficace par la suite. 

Par ailleurs, les cellules de notre sang sont chargées de nourrir, de nettoyer et de défendre nos tissus. Bien que leur espérance de vie soit limitée, le corps est capable de produire en temps voulu des cellules sanguines « remplaçantes » notamment en cas d’infection. C’est justement le rôle des cellules souches sanguines, qui se situent dans la moelle osseuse, et qui envoient quotidiennement des milliards de nouvelles cellules dans le flux sanguin. Ainsi, un sang de « qualité » est primordial pour vivre en bonne santé dans de nombreux domaines. 

Lire notre communiqué de presse « Les cellules souches sanguines ont une mémoire immunitaire et ouvrent des pistes dans la recherche sur le Covid-19 »

Lire notre communiqué de presse « L’étonnante capacité des cellules souches sanguines à répondre aux situations d’urgence »

L’Etablissement Français du Sang (EFS) collecte et distribue du sang chaque dans jour dans les hôpitaux. Le don du sang est donc primordial pour améliorer la qualité et l’espérance de vie des patients. En 2020 et 2021, les français ont fait preuve de solidarité malgré la crise sanitaire et ont continué à participer aux collectes. Néanmoins, les réserves demeurent trop basses et l’EFS a lancé un appel à la mobilisation.

Pour aller plus loin…

Lire notre Canal Détox  « Les personnes appartenant au groupe sanguin O protégées contre le Sars-CoV-2, vraiment ? »

Journée mondiale du bien-être

courir

©Shutterstock Young Couple Runners Legs Running Sunrise : photo de stock (modifiable) 1262367928 (shutterstock.com)

Le 12 Juin est célébrée la journée mondiale du bien-être. Le bien-être est souvent associé à la satisfaction des besoins du corps et de l’esprit.  L’occasion pour l’Inserm de revenir sur ses réalités corporelles, psychologiques et sociales, qui sont au cœur de la recherche médicale.

 

Réduire sa consommation de sucre pour privilégier un bien-être sur le long terme

Le sucre est addictif, pas nécessairement au sens clinique du terme, mais dans la mesure où il est ancré dans nos habitudes alimentaires. On le retrouve dans la majorité des produits transformés que nous achetons au supermarché. Il est donc difficile de ne pas dépasser la dose journalière de 100gr recommandée par les autorités de santé. On a tendance à lire dans les médias que les aliments sucrés comme le chocolat noir ont des vertus anti-stress. Or, pour Léopold Feuzeu, épidémiologiste à l’Inserm, si le chocolat stimule bien le centre du plaisir de notre cerveau, et contribue donc à diminuer notre stress à court terme, ces bienfaits sont de courte durée : une tablette est composée à 50% de mauvais gras, sans compter le sucre. Et selon Mathilde Touvier, chercheuse Inserm en épidémiologie nutritionnelle, dépasser la dose journalière de 100gr de sucre est associé à des problèmes de surpoids, de tension artérielle, et de maladies cardiovasculaires. En outre, il a été démontré que les cellules tumorales se nourrissaient de sucre, par conséquent une consommation excessive est aussi liée à un risque accru de cancer.

Les bénéfices à court terme associés à la consommation de sucre (regain d’énergie, sensation de plaisir…) sont donc inférieurs aux risques encourus pour la santé. Attention toutefois, les experts ne préconisent pas un arrêt complet du sucre, car certains aliments sucrés contiennent des nutriments vitaux.  Ils recommandent plutôt une consommation avec modération, en surveillant notamment la composition des produits à l’aide d’indicateurs comme le Nutriscore.

Regarder les Canal Détox    « Une vie sans sucre, vraiment ? »

                                                 « le chocolat, c’est bon pour la santé, vraiment ? »

 

L’importance de l’activité physique dans le traitement des maladies chroniques

Aujourd’hui, un français sur quatre souffre d’une maladie chronique, trois sur quatre après 65 ans. Ces maladies limitent grandement la qualité de vie et l’autonomie.

Les maladies chroniques sont des affections non transmissibles de longue durée, parfois permanentes, et qui évoluent avec le temps. On retrouve parmi les plus fréquentes le diabète, les pathologies cardiovasculaires, et les cancers.

Quatre facteurs de risques favorisent le développement d’une maladie chronique : le tabac, l’alcool, une mauvaise alimentation et l’inactivité physique. L’impact de l’activité physique dans le développement et le traitement des maladies chroniques a fait l’objet d‘une expertise collective à l’Inserm, sollicitée par le Ministère des Sports en 2019.  L’enjeu de cette expertise était surtout de réfléchir à la meilleure façon d’intégrer l’activité physique dans le programme thérapeutique des patients. En février 2019, elle publiait entre autres les recommandations suivantes :

  • L’activité physique doit être systématiquement prescrite dans le parcours de soin.
  • Ces activités doivent être adaptées au cas par cas, selon la pathologie du patient et ses caractéristiques physiques et psychologiques.
  • Proposer un programme que le patient pourra appliquer à domicile ou à proximité de son lieu de vie.
  • Articuler le programme d’activité physique à un programme d’éducation thérapeutique afin d’ancrer l’engagement du patient sur le long terme.

 

Comment limiter l’impact de la pandémie de covid-19 sur notre santé mentale ?

Selon une étude réalisée par le centre de recherche Inserm Bordeaux sur la cohorte MAVIE,  la santé mentale perçue s’est fortement dégradés dans la population depuis le début de la pandémie, en particulier chez les femmes et chez ceux qui habitent un logement de moins de 30m².

Les confinements successifs ont également affecté la santé mentale des enfants. Des chercheurs de l’Inserm et de l’Ined ont révélé en avril 2021 que 13% des enfants de 8 à 9 ans ont été concernés par des troubles socio-émotionnels pendant le confinement. Par ailleurs, 22% d’entre eux ont rencontré des troubles du sommeil.  Une étude sur la cohorte TEMPO mise en place par l’Inserm a montré que 24,7% des enfants issus d’un échantillon de 432 ménages présentaient des symptômes d’hyperactivité et d’inattention pendant le premier confinement. Cette même étude a identifié plusieurs facteurs de risques : la pauvreté, la taille du logement, et l’absence d’un des deux parents. Par ailleurs, le mal-être des parents est un facteur de risque à ne pas négliger dans l’apparition de troubles émotionnels chez l’enfant. C’est pourquoi il est aussi nécessaire d’accompagner les parents en souffrance durant cette période.

 

L’alcool présente un risque pour la santé, même en consommation occasionnelle

Nous associons l’alcool à des moments de détente et de convivialité. Mais comme pour le sucre, le bien-être qui y est associé est trompeur.

Le 4 Juin ont été présenté les résultats de l’expertise collective Inserm sur la réduction des risques associés à la consommation d’alcool. Les chercheurs ont ainsi recoupé plus de 3600 documents pour dresser un constat alarmant : la consommation d’alcool est la première cause d’hospitalisation en France, chez les jeunes comme chez les plus âgés. En outre, même une consommation en faible quantité représente déjà un facteur de risque, en particulier chez les femmes qui ont une plus grande vulnérabilité biologique vis-à-vis de l’alcool.  Ainsi contrairement aux croyances populaires, les verres de vins au cours d’un repas ou les digestifs en fin de repas, ne sont pas sans conséquence pour l’organisme.

La mortalité attribuée à l’alcool est plus élevée en France qu’ailleurs en Europe. Selon l’expertise collective, le marketing autour des boissons alcoolisés est largement responsable de ce constat, car il  contribue à banaliser voire encourager leur consommation surtout auprès des jeunes. C’est aux autorités de santé d’établir une stratégie de prévention auprès du grand public, à travers des opérations de sensibilisation comme le mois sans alcool qui connait un succès grandissant, mais aussi en encadrant strictement le marketing autour des boissons alcoolisées.

Enfin, la consommation d’alcool entraîne parfois une sévère dépendance, de l’ordre de la maladie chronique. Cette dépendance est particulièrement marquée chez les personnes en difficulté financière et sociale. Il est donc difficile de la traiter sans intervenir sur l’environnement et les conditions de vie de l’individu, notamment à travers une prise en charge psychologique et psychiatrique. A noter qu’il n’est pas nécessaire d’être dépendant pour avoir une consommation d’alcool considérée comme problématique. Il existe aussi des programmes thérapeutiques pour ce cas particulier, souvent sous-estimé par les individus qui en souffrent. 

 

L’importance d’un environnement de qualité

La qualité de l’environnement dans lequel nous évoluons au quotidien joue un rôle déterminant sur notre santé et notre bien-être. La pollution atmosphérique, en particulier dans les métropoles, est responsable sur le long terme de maladies chroniques (cancer du poumon entre autres) et respiratoires. C’est pourquoi l’Ile de France a lancé un système d’alerte de pics de pollution, associé à une réduction du trafic, pour encourager les plus fragiles à limiter leurs sorties lorsque la concentration de polluants atmosphériques dépasse le seuil d’alerte. En mai 2021, une équipe de chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université a publié une étude démontrant l’efficacité de ces mesures. En effet depuis l’application de seuils de pollution plus stricts fin 2011, les chercheurs ont identifié une baisse de la mortalité de l’ordre de 7 à 25% dans la population générale, et de l’ordre de 9 à 28% chez les plus âgés.

 

fermer