Menu

Quand ils jugent leur alimentation équilibrée, les français se conforment plus aux recommandations nutritionnelles

Cheerful friends chatting while lunch

(c) Fotolia

Le Programme national nutrition santé (PNSS), c’est un ensemble de recommandations nutritionnelles déclinées en messages opérationnels largement diffusés. Sont-elles pour autant bien comprises ? Explorant les données de la cohorte Constances, une équipe de recherche conjointe à l’Inra, l’Inserm et l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines a mis en évidence une bonne concordance entre le fait de juger son alimentation équilibrée et des habitudes alimentaires conformes aux recommandations du PNNS. Ces résultats sont publiés le 25/10/2016 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France.

Depuis 2001, pour aider la population à adopter une nutrition favorable à la santé, le Programme national nutrition santé (PNNS) met en avant un ensemble de recommandations nutritionnelles diffusées sous forme de conseils simples : consommer au moins cinq fruits et légumes par jour, limiter sa consommation de produits sucrés, pratiquer 30 minutes d’activité physique par jour….

Ces recommandations sont-elles pour autant bien comprises par la population ?  Les Français pensent-ils que leur alimentation est bien équilibrée ? C’est le lien entre la perception de l’équilibre alimentaire et le respect des recommandations nutritionnelles qu’une équipe de chercheurs de l’Inra, de l’Inserm et de l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines a exploré à la faveur des données de la cohorte Constances (voir encadré).

Des recommandations inégalement suivies et une alimentation perçue comme plutôt équilibrée

Les recommandations du PNNS sont inégalement suivies : les participants à la cohorte sont ainsi 88 % à limiter le sucre, 60 % à préférer les graisses végétales et 57 % à limiter le sel ou à pratiquer quotidiennement 30 minutes d’activité physique. Par contre, seuls 8 % d’entre eux disent manger au moins cinq fruits et légumes par jour.

Les participants sont plutôt satisfaits de leur alimentation puisqu’ils se donnent une note moyenne de 5,7 sur une échelle de 1 à 8. Tous suivent au moins une recommandation du PNNS avec un score PNNS qui varie de 0,5 à 12,5 pour une valeur moyenne de 6,3.

Recommandations nutritionnelles et équilibre alimentaire : une bonne cohérence entre ce que les participants déclarent et ce qu’ils perçoivent

S’intéressant à la relation entre la perception de l’alimentation et les recommandations nutritionnelles du PNNS, les chercheurs ont mis en évidence que l’équilibre alimentaire perçu est associé au score PNNS. A score PNNS égal, femmes et hommes perçoivent leur alimentation de la même façon.

A l’inverse les participants les plus diplômés et les plus âgés la ressentent plus équilibrée. Les participants jugent aussi leur alimentation plus équilibrée quand ils consomment peu de plats préparés et fastfood et peu de produits de grignotage.

Ces travaux révèlent que, parmi les participants de la cohorte Constances, la perception de l’équilibre alimentaire est fortement associée au respect des recommandations nutritionnelles portées par le Programme national nutrition santé, ce qui est plutôt encourageant.

S’il est nécessaire de mettre en œuvre des campagnes d’information pour renforcer la connaissance des repères du PNNS, il est également important de faciliter l’adoption d’habitudes alimentaires conformes aux recommandations nutritionnelles à la faveur d’interventions et de politiques alimentaires plus globales, allant de la production à la distribution.

Au cœur de l’étude

Cette étude incluait 38 129 participants de la cohorte Constances. Constances est une cohorte épidémiologique française, lancée en 2012, qui rassemble aujourd’hui les données relatives à la santé de plus de 110 000 volontaires de 18 à 69 ans, tirés au sort parmi les affiliés au régime général de l’Assurance maladie. Les habitudes alimentaires des participants ont été évaluées au travers des fréquences de consommation portant sur 22 groupes d’aliments allant des fruits et légumes aux produits de la mer en passant par les matières grasses ou les boissons.
Le respect des recommandations nutritionnelles du PNNS a été mesuré sous forme d’un score PNNS sur 13 points : pour chaque composante des recommandations un point était attribué si les habitudes alimentaires déclarées les respectaient.
La perception de leur alimentation a été évaluée sur une échelle de 1 à 8 par la question « Pensez-vous que votre alimentation est équilibrée ? »

Création du premier accélérateur de recherche technologique de l’Inserm

batiment ART Ultrasons biomédicaux

L’ART « Ultrasons biomédicaux » doté de 1200 m2 dédiés à la recherche et à la dissémination de nouvelles technologies est implanté dans les locaux de l’ESPCI Paris, crédit : J. Chrétien

L’Inserm inaugure son 1er accélérateur de recherche technologique conformément à l’objectif affiché dans le plan stratégique 2016-2020 de l’établissement. Ce premier ART « Ultrasons biomédicaux » sera dédié à la recherche et l’utilisation des ultrasons pour la médecine notamment dans le domaine du diagnostic et traitement des cancers, des maladies cardiovasculaires et neurologiques. Cette nouvelle structure thématique regroupe au sein d’une même unité des compétences multiples pour développer une grande capacité d’innovation et la mettre à disposition d’autres laboratoires de l’Inserm ou d’hôpitaux. L’ART Ultrasons biomédicaux sera implanté au sein de l’ESPCI Paris, vivier de futurs ingénieurs et chercheurs de premier plan.

Aujourd’hui, la recherche doit devenir de plus en plus interdisciplinaire pour être compétitive et génératrice de réelles avancées. C’est toute la philosophie du premier Accélérateur de Recherche Technologique mis en place par l’Inserm dans le domaine des ultrasons biomédicaux. Pour atteindre cette ambition, des physiciens, des biologistes, des cliniciens mais aussi des ingénieurs capables de prendre en compte l’ensemble des contraintes technologiques pour transformer les preuves de concept en outils utilisables et transférables à d’autres chercheurs et médecins travailleront sur le même site.

Les innovations issues de l’ART Ultrasons biomédicaux seront effectivement pensées pour être transférées dans d’autres laboratoires Inserm ou dans les hôpitaux dans trois domaines majeurs de la recherche médicale : le cancer, les maladies cardiovasculaires et enfin les neurosciences.

Les chercheurs espèrent ainsi proposer à plus ou moins court terme :
– des instruments capables de traiter l’insuffisance cardiaque sans opération,
– des systèmes d’imagerie de l’activité du cerveau miniaturisés
– des interfaces cerveau-machine pour le traitement de pathologies neurologiques majeures telles que la dépression,
– des capteurs intelligents portables capables de mesurer et stocker une foule de paramètres fonctionnels
– des systèmes d’imagerie échographique pour délivrer à distance et de manière parfaitement contrôlée des médicaments à l’intérieur des tumeurs, voire de créer ces médicaments à distance uniquement dans la zone ciblée.

Un groupe de dix ingénieurs Inserm de haut niveau accompagnera en permanence les physiciens de l’équipe « Physique des Ondes pour la Médecine » (Inserm/CNRS/ESPCI Paris) dirigée par Mickael Tanter afin d’accélérer le développement de nouvelles technologies issues du laboratoire. Ces ingénieurs auront également pour missions de rendre ces technologies simples d’utilisation, compatibles avec les normes médicales, de former les nouveaux utilisateurs et d’améliorer en permanence la performance de ces outils.

« Aujourd’hui, pour faire des découvertes majeures en médecine, il devient indispensable de disposer de technologies innovantes et cela très peu de temps après leur invention. De nombreux partenariats interdisciplinaires existent déjà entre notre équipe « Physique des Ondes pour la Médecine », des hôpitaux et des centres de recherche. Notre laboratoire a d’ailleurs déjà été à l’origine de succès industriels importants tels que SuperSonic Imagine (Aixplorer ®) et Echosens (Fibroscan®), deux appareils désormais utilisés par les équipes médicales pour diminuer les biopsies du foie en cas de fibrose hépatique et du sein en cas de suspicion de tumeurs cancéreuses. De nombreuses autres inventions sont en cours de développement et nos collaborations seront facilitées et encore renforcées grâce au personnel ART dédié au déploiement des technologies chez les partenaires. L’ART Ultrasons Biomédicaux devrait jouer le rôle d’un véritable accélérateur de découvertes en médecine » se réjouit Mickael Tanter.

L’ART sera hébergé dans de nouveaux locaux de l’ESPCI Paris (Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la Ville de Paris) situés en plein cœur de Paris.

L’excès de poids des Français confirmé par la cohorte Constances

100000 constances

Près d’un Français sur deux de plus de 30 ans est concerné par un excès de poids. C’est ce que révèlent les premiers résultats de la cohorte Constances. Aujourd’hui portée par l’Inserm et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie des travailleurs salariés (Cnamts), Constances rassemble les données relatives à la santé de plus de 110 000 Français. Avec 200 000 personnes surveillées à terme, Constances fournira des indicateurs variés sur la santé de la population, tels que l’influence de divers facteurs sur la survenue de pathologies ou l’impact des actions de prévention.

Ces résultats sont publiés dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé publique France.

 

La cohorte Constances est un dispositif de recherche unique en France lancé en 2012 après une phase pilote en 2009. Aujourd’hui, Constances rassemble les données relatives à la santé de plus de 110 000 volontaires de 18 à 69 ans. Les volontaires, affiliés au régime général de l’Assurance Maladie, sont tirés au sort. Tous les 5 ans, ils sont invités à passer un examen de santé dans un des 22 centres d’examens de santé (CES) de l’Assurance Maladie répartis sur 20 départements et répondent à un questionnaire tous les ans. La mobilisation des Centres d’examens de santé dans la mise en œuvre de la cohorte Constances, intervient conjointement à leur mission historique auprès des personnes éloignées du système de santé,

« Les données de la cohorte permettent d’analyser l’état de santé de la population et de mieux comprendre ce qui se passe tout au long de la vie. Après plusieurs années de recrutement, nous avons pu analyser les données et fournir des premières estimations, en particulier sur la prévalence du surpoids et de l’obésité » explique Marie Zins, coordinatrice pour l’Inserm de la cohorte Constances.

Concernant la prévalence du surpoids et de l’obésité, les données de près de 29 000 participants, âgés de 30 à 69 ans en 2013, ont été étudiées. Près d’un Français sur deux serait en excès de poids et l’obésité globale, définie par un IMC > 30kg/m2, avoisinerait les 16% tandis que l’obésité abdominale, définie par un tour de taille ≥94 cm pour les hommes et ≥80 cm les femmes, s’avère bien plus fréquente (entre 41,6 et 48,5%).

Graphique constances

Prévalence du surpoids et de l’obésité en France 

© Inserm

Ces données confirment les tendances observées dans l’enquête ObÉpi (2012) qui recueille, tous les trois ans, des données sur la prévalence du surpoids et de l’obésité. Dans cette enquête, les participants sont interrogés par téléphone sur la mesure de leur tour de taille et leur poids. Dans Constances, contrairement à l’enquête ObÉpi, le protocole de mesure de l’IMC et du tour de taille est standardisé dans les Centres d’examens de santé (CES), où des professionnels de santé procèdent aux mesures.

Des précisions en fonction de l’âge et des revenus sont également présentées dans l’étude et les données permettent d’identifier les lieux/régions, parmi les départements analysés, où la prévalence de l’obésité est la plus forte. Il s’agit du Nord, pour lequel la  prévalence de l’obésité atteint 25,6%, et la Meurthe et Moselle (22,9%). Paris est le département le moins touché par l’obésité, avec une prévalence de 10,7%.

Carte Obésité-Nom villes

Prévalence de l’obésité globale en France

© BEH n°35-36, 2016, Santé publique France

Vers les 200 000 volontaires

La cohorte nationale française d’adultes bénéficie d’un financement dans le cadre des Investissements d’Avenir. Initialement mise en place par l’Inserm, la Cnamts, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, la taille et le fonctionnement de la cohorte Constances sont équivalents à ceux d’autres grandes cohortes en cours de constitution en Europe. Des collaborations européennes permettent déjà des recherches à très grande échelle et des comparaisons internationales inédites.

L’objectif est d’inclure 200 000 personnes volontaires.

Vous êtes volontaires? Vous souhaitez participer ?

Conditions et précisions en écrivant à rf.secnatsnoc@tcatnoc et sur le site www.constances.fr

« Science Machina » une exposition du CEA et de l’Inserm

Explorer les confins du cerveau et de la matière, produire une énergie inépuisable, vaincre la douleur, modéliser l’inaccessible… autant de sujets chers à la science-fiction qui sont une réalité des laboratoires de recherche d’aujourd’hui !

L’exposition itinérante « Science Machina » célèbre la science et ses machines fantastiques à l’origine des découvertes et de progrès les plus extraordinaires de ces dernières années, et qui continuent d’ouvrir le champ des possibles pour le futur. Raconter la machine, c’est aussi se pencher sur le dialogue entre l’Homme et la machine, entre génie et technologie.

À travers la photographie et la bande-dessinée, partez à la découverte de ces machines de pointe, en un parcours composé de 12 dyptiques.

 

Quand la science rencontre le 9ème Art…

La bande dessinée est un élément clé de l’exposition, qui permet d’évoquer les machines scientifiques de manière décalée et de rapprocher ainsi les domaines des arts et de la science.

Le scénariste Felix Elvis a orchestré 12 dessinateurs qui se sont approprié un des outils de recherche utilisés ou développés en partie par les scientifiques de l’Inserm ou du CEA, pour en dresser le portrait via le médium BD. Comics, fantasy, manga… chaque planche a son univers propre, à l’image de la diversité des machines, de la micropompe au supercalculateur.

Et pour prolonger les échanges, commentez et posez vos questions sur les réseaux sociaux avec #sciencemachina.

L’intégralité du dossier de presse est disponible en téléchargement ci-contre.


Informations pratiques

SCIENCE MACHINA,

Une exposition proposée par l’Inserm et le CEA,

Du 29 octobre au 3 novembre 2016

Utopiales de Nantes / Festival international de science-fiction

Cité des Congrès de Nantes, 5 rue de Valmy, 44000 Nantes

Public : à partir de 7 ans

 

Les Utopiales de Nantes

Depuis sa création en 2000, Les Utopiales, Festival International de Science-Fiction de Nantes, se donne pour objectifs d’ouvrir au plus grand nombre et de faire découvrir de manière très qualitative le monde de la prospective, des technologies nouvelles et de l’imaginaire. Présidé par Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA, le festival se déroulera du 29 octobre au 3 novembre 2016. Parallèlement au traitement de l’actualité annuelle de la science-fiction, le thème abordé cette année sera « Machines ».

Dans le cadre de ce partenariat, les chercheurs du CEA et de l’Inserm participent à des débats et des échanges auprès d’auteurs de SF sur les enjeux de ces machines et leurs applications possibles, la science n’ayant pas à faire à un univers fini mais bien au contraire à une matière qui ne cesse de se transformer, la science et la science-fiction ont un langage proche voire commun !

Machines pour voyager, Machines pour explorer, Machines pour servir, Machines pour transformer… autant de sujets que la fertile imagination des auteurs de SF a anticipé dans leurs œuvres et qui constituent les recherches des instituts de recherche d’aujourd’hui….

 

L’exposition Science Machina sera dévoilée aux Utopiales 2016 !

Dans le cadre de cet événement, douze machines seront présentées et des animations en présence de spécialistes des différents domaines de recherche abordés ponctueront le festival.

Le CEA exposera différents outils de recherche – ou leur reproduction – en complément de l’exposition. Les visiteurs découvriront ainsi :

  • la maquette en légo du détecteur Atlas, qui a permis de débusquer le Boson de Higgs, et permet d’enregistrer des centaines de millions de collisions de particules chaque seconde au LHC ;
  • la maquette du projet de scanner IRM le plus puissant du monde dédié à l’Homme: Iseult, son aimant produira un champ magnétique à 11,7 Tesla permettant d’étudier encore plus finement le fonctionnement du cerveau et de certaines pathologies qui le touchent ;
  • la maquette de la caméra MIRIM, qui équipera le télescope JWST, dont le lancement est prévu pour 2018, et qui sera le prochain outil des astrophysiciens pour étudier l’Univers peu de temps après sa formation, ainsi que les exoplanètes.

Les visiteurs pourront également tester un bras télé-manipulateur, utilisé pour manipuler des matériaux irradiés, et une caméra infrarouge avec écran.

 

Des ateliers de démonstration seront proposés au cours de la journée par des chercheurs de l’Inserm :

La réalité virtuelle (29 octobre)

Avec Pierre Jannin, directeur de recherche Inserm et Rojas Belladaramas, post-doctorant, Unité Inserm 1099 « Laboratoire traitement du signal et de l’image ».

Le public sera invité à tester un simulateur d’opération en salle virtuelle, outil dédié à la formation et au développement des compétences des neurochirurgiens. En chaussant des lunettes de vision en 3D relief, il sera en mesure de déplacer des appareils médicaux, effectuer une opération et interagir avec le personnel du bloc.

Heart Never Lies (30 et 31 octobre)

Avec Régis Logier, directeur du Centre d’investigation clinique – Innovation technologique Inserm CIC-IT 807, « Bio-capteurs et e-Santé : innovation et usages », CHRU de Lille.

« Peut-on mesurer nos émotions ? Tel est le pari de l’application Heart Never Lies (« le coeur ne ment jamais »), qui invite les participants à mesurer leur degré de bien-être ! Basé sur la variabilité de la fréquence cardiaque, le bioincubateur Eurasanté quantifie les émotions humaines.

Atelier bio-printing (1er et 2 novembre)

Avec Pierre Layrolle, directeur de recherche Inserm, Frédéric Blanchard, directeur de recherche Inserm et Luciano Vidal, doctorant Inserm, Unité Inserm 957 « Physiopathologie de la résorption osseuse et thérapie des tumeurs osseuses primitives ».

Nous sommes aujourd’hui capables de fabriquer un porte-clés ou une branche de lunette avec une imprimante 3D… pourquoi pas un os, un rein ou un cœur demain ? Les participants pourront découvrir l’impression d’une oreille ou d’un nez en plastique à différents moments de la journée.

 

Pendant 4 jours, des chercheurs de l’Inserm et du CEA interviendront lors de tables rondes sur des thématiques variées :

Samedi 29 octobre 2016

Rencontre avec Nathalie Besson (14h00, Hetzel)

Modération : Bénédicte Leclercq

Le voyage fantastique (15h00, Shayol)

Avec : François Rouiller, Mickael Tanter, Régis Logier et Pierre Jannin

Modération : Eric Picholle

Machines à produire de l’énergie (17h00, Hetzel)

Avec : Alain Bécoulet, Olivier Joubert, Nathalie Besson,

Modération : Bénédicte Leclercq

 

Dimanche 30 octobre 2016

Quand la machine singe le vivant (10h00, Shayol)

Avec : Pierre-Henry Gouyon, Paolo Bacigalupi, Sylvain Chambon, Alexei Grinbaum, Vincent Bontems

Modération : Raphaël Granier de Cassagnac

Merveilleuses machines de la réalité (13h00, Hetzel)

Avec : Pierre Jannin, Gérard Klein, Nathalie Besson, Alain Bécoulet,

Modération : Estelle Blanquet

La machine est un explorateur solitaire (14h00, Hetzel)

Avec : Mickael Tanter, Elisa Cliquet Moreno, Marc Sauvage et Laurent Gennefort

Modération : Raphaël Granier de Cassagnac

Les machines sont-elles nos esclaves ou… ? (17h00, Shayol)

Avec : Vincent Bontems, Gwen de Bonneval, Anna Starobinets, Lev Grossmann, Sylvie Denis

Modération : Simon Bréan

 

Lundi 31 octobre 2016

Vivant dans la machine et vie hors du corps (14h00, Hetzel)

Avec : Emmanuel Nhieu, François Rouiller, Philippe Baudouin, Christophe Bernard et René Ferrera

Modération : Estelle Blanquet

 

Mardi 1er novembre 2016

Rencontre avec Claire Wardak (11h00, Bar de Mme Spock)

Modération : Bénédicte Leclercq

Quand la machine (sur) protège l’homme (11h00, Shayol)

Avec : Martin Lessard, Paolo Bacigalupi, Laurence Boisset, Christophe Bernard et Olivier Grasset

Modération : Olivier Paquet

Vers une cyberpsychologie (12h00, Shayol)

Avec : Alexei Grinbaum, Milad Doueihi, Rachel Bocher, Olivier Getcher, Ann Leckie

Modération : Pascal J. Thomas

Les promesses des nano technologies (14h00, Bar de Mme Spock)

Avec : Philippe-Aubert Côté, Alexei Grinbaum

Modération : Eric Picholle

Quand la machine compense le handicap / Traduction LDS (14h00, Hetzel)

Avec : Olivier Getcher, Antoine Mottier, Claire Wardak et Olivier Fidalgo

Modération : Bénédicte Leclercq

 

Prochain lieu d’exposition

« Science Machina » sera aussi présentée les 24 et 25 novembre 2016 à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême (France).

Un consortium mondial reçoit 12 millions d’euros pour combattre le virus Zika

PhotoCP Zika

(c) Fotolia

ZIKAlliance, un consortium de recherche pluridisciplinaire et multinational coordonné par l’Inserm, a reçu 12  millions d’euros du Programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne, afin de mener pendant 3 ans un projet de recherche d’envergure sur l’infection par le virus Zika (ZIKV) en Amérique Latine et aux Caraïbes.

 

Le consortium, piloté par le virologue Professeur Xavier de Lamballerie (Inserm, IRD, Université Aix-Marseille) comprend la fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), les universités de Heidelberg, Leuven, et Oxford, le centre médical Erasmus, le centre médical universitaire de Leiden, le centre médical de l’université de Bonn, la fondation Fundação Bahiana de Infectologia et l’Institut Pasteur parmi ses 52 partenaires, situés dans 18 pays.

En France, 11 partenaires travailleront aux côtés de l’Inserm pour ce projet : l’Institut Pasteur de Paris et de Nouvelle Calédonie, Inserm Transfert, l’IRD, le CEA, le CNRS, Aix Marseille Université, l’Institut Louis Malardé Papeete, l’ANSES, l’Université de Lyon, l’Université de Rennes 2.

« Le financement de ce projet, coordonné par l’Inserm, par la Commission Européenne montre combien l’expertise française, à travers l’approche multidisciplinaire du consortium REACTing[1], est reconnue pour sa capacité à préparer et coordonner la recherche en état d’urgence. ZIKAlliance est le résultat de la forte mobilisation des acteurs de la recherche depuis 2015 pour combattre cette maladie infectieuse émergente », affirme Yves Lévy, Président-directeur général de l’Inserm et Président d’Aviesan, l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé.

 

Dans un effort mondial pour combattre cette menace internationale qui a touché 73 pays et territoires dans le monde (WHO Zika Situation Report, 13 octobre 2016), le consortium, qui s’étend sur 4 continents, rassemblera de nombreuses disciplines universitaires pour faire face à trois objectifs principaux.

Tout d’abord, son but est d’explorer les répercussions du ZIKV pendant la grossesse et les effets à court et long terme sur les nouveau-nés. Même si un lien entre Zika et microcéphalie a été prouvé[2], les conséquences du ZIKV sur les mères et les bébés restent mal connues.

ZIKAlliance explorera également l’histoire du ZIKV chez l’homme et dans son environnement suivant le contexte d’autres arbovirus affectant les mêmes populations, comme la Dengue et le Chikungunya. Les partenaires du consortium spécialisés en sciences fondamentales chercheront à caractériser le virus, les mécanismes de la maladie et à identifier les médicaments permettant de contrôler l’infection virale. En sciences sociales, les partenaires analyseront le coût et les répercussions sociales de la maladie et décriront les croyances et les comportements au sein de la population brésilienne affectée.

Le consortium a également pour objectif de mieux organiser les recherches en vue de futures menaces d’épidémies dans les zones touchées : il mettra en place un réseau de centres de recherche en Amérique latine et dans les Caraïbes préparés à l’étude des pathologies émergentes. Cet objectif est conduit en collaboration avec deux autres consortiums financés par la Commission Européenne : ZikaPlan et ZikAction.

 

De vastes cohortes médicales seront étudiées en Amérique Latine et aux Caraïbes. Les principales institutions européennes de recherche contribueront aux programmes de recherche fondamentale. Les partenaires en Afrique, en Asie et en Polynésie, quant à eux, feront partie des études épidémiologiques intercontinentales prévues au sein de ZIKAlliance.

« Nous avons réussi à rassembler un très large panel de partenaires dont les expériences permettront probablement de faire de ce projet un succès » indique Xavier de Lamballerie, ajoutant que « nous essayons vraiment de construire quelque chose de durable pour que cela bénéficie aux régions en cas de futures épidémies ».

Une réunion de lancement est prévue à Sao Paulo les 4 et 5 décembre 2016.

 

ZIKAlliance est un projet de 3 ans financé par le programme Horizon 2020 pour la recherche et l’innovation de l’Union Européenne selon l’accord de financement n° 734548.

[1] REACTing pour REsearch and ACTion targeting emerging infectious disease. Mis en place en 2013, le dispositif REACTing a permis de mobiliser les équipes de recherche françaises pour l’épidémie de Chikungunya et pour Ebola.

[2] Par exemple de Araujo et al, Lancet Infec Dis, publié en ligne le 15 septembre 2016, DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S1473-3099(16)30318-8

Le virus de l’hépatite C observé pour la première fois au microscope

BO56374 éluats Fraisjc AR3A VLDL-0026b

(c) BMJ / British Society of Gastroenterology 2016

Des scientifiques viennent enfin d’observer le virus de l’hépatite C (ou VHC) au microscope électronique ! Une première alors que le virus est connu depuis 1990. Ces scientifiques sont des chercheurs de l’Inserm à Tours (Unité Inserm966 « Morphogenèse et antigénicité du VIH et des virus des hépatites ») qui prennent de court d’autres équipes dont une américaine qui pensait avoir réussi cette prouesse en 2013. Elle s’était en fait méprise sur la nature des particules observées.

Ces travaux sont publiés dans la revue Gut.

 

Vingt-cinq ans que la communauté scientifique et médicale attendait cela ! Pouvoir observer au microscope le virus de l’hépatite C, le VHC, l’un des plus redoutables de notre siècle. Il est responsable de 130 à 150 millions de cas d’hépatite C dans le monde et d’environ 700 000 décès chaque année. Voilà qui est chose faite grâce aux travaux de l’Inserm.

Les virus sont généralement découverts et décrits grâce à leur observation. Mais le VHC est une exception. Toutes les données disponibles sur ce virus depuis 1990 ont été obtenues par la biologie moléculaire car personne ne parvenait à le voir au microscope. En cause, l’aptitude du virus à détourner la machinerie du foie pour prendre l’apparence d’une simple particule lipidique. Cette stratégie qui lui permet de pénétrer plus facilement dans les cellules et de contourner le système immunitaire, le rend également visuellement indétectable.

« Il ressemble à une simple petite sphère blanche au milieu d’autres sphères blanches lipidiques dans le sang. » explique Jean-Christophe Meunier, chargé de recherche Inserm et responsable de ces travaux. « Le virus profite de la voie de synthèse des lipoprotéines, les particules de transport du gras dans l’organisme, pour se répliquer en s’associant étroitement avec leurs composants.

Concrètement, quand une nouvelle lipoprotéine est en formation, le virus se place à proximité et fusionne au passage avec l’ensemble de ses composants (phospholipides et leurs protéines).

Ainsi « déguisé », il devient un véritable hybride viro-lipidique. Ce phénomène est connu depuis longtemps et c’est ce qui a rendu impossible son observation directe dans le sang des patients.

A l’inverse, les lipoprotéines intègrent parfois elles-mêmes par mégarde des protéines virales au cours de leur formation de sorte qu’il est possible de penser avoir affaire à un virus alors qu’il s’agit d’une simple particule lipidique. C’est exactement ce qui s’est passé en 2013 quand une équipe américaine a cru avoir observé le VHC « , clarifie Jean-Christophe Meunier.

 

Des particules viro-lipidiques bien structurées

Sauf que cette fois, les chercheurs sont sûrs de leur coup. Ils ont utilisé plusieurs anticorps spécifiques de protéines virales et sont enfin parvenus à distinguer ces fameuses particules viro-lipidique des simples lipoprotéines circulant dans du sérum de patients.

Un travail possible grâce à la plateforme de microscopie électronique de l’université de Tours adossée à leur unité Inserm.

image VHC

(c) BMJ / British Society of Gastroenterology 2016

Et comme ils l’ont constaté, ces particules chimériques ont finalement une structure bien à elles. Elles se présentent sous forme d’une espèce de sandwich lipidique composé en son centre de l’ARN viral et du noyau du virus délimités par une première monocouche de phospholipides. Laquelle est entourée d’un mélange d’acides gras et de cholestérol, de nouveau délimité par une seconde monocouche de phospholipides. Finalement la taille du virus varie en fonction du nombre de couches de lipides qu’il contient. « Cette structure concorde tout à fait avec des travaux antérieurs de biologie moléculaire qui prédisaient cette organisation.

Ces observations valident donc vingt-cinq ans de travail de la communauté scientifique ! » se réjouit Jean-Christophe Meunier.

image VHC 2

(c) BMJ / British Society of Gastroenterology 2016

Au-delà de la satisfaction d’avoir accompli cette prouesse technique, les chercheurs rappellent l’utilité de ces travaux.

« Des traitements efficaces sont aujourd’hui disponibles en cas d’hépatite C mais aucun vaccin n’a encore été trouvé. Or, connaître la structure et l’organisation exacte de ces particules viro-lipidiques sera fort utile pour ceux qui travaillent là-dessus », rappelle Jean-Christophe Meunier.

Ces travaux ont bénéficié du soutien financier de l’ANRS

Lutte contre Ebola : résultats encourageants pour l’essai clinique Prévail

DSC_0094

(c) Inserm/Anglaret, Xavier/Sissoko, Dadoua

Une équipe de recherche internationale impliquant l’Inserm et les National Institutes of Heath (NIH) vient de publier les résultats de l’étude Prévail portant sur le traitement contre le virus Ebola. Bien qu’ils ne soient pas définitifs, les résultats montrent que le traitement par ZMapp pourrait être bénéfique pour les patients atteints de  maladie à virus Ebola.

Ces travaux sont publiés dans le New England Journal of Medicine.

Dans cet essai conduit dans le contexte de l’épidémie d’Ebola d’Afrique de l’ouest, l’efficacité du produit expérimental ZMapp[1] a été comparée à celle des soins standards[2] les plus bénéfiques délivrés dans les centres de traitement.

Le ZMapp, conjointement administré aux soins courants, s’est avéré bien toléré et entraine un taux de survie supérieur au seul standard de soin.


Toutefois, le déclin amorcé de l’épidémie en Afrique de l’Ouest au moment de la mise en place de l’essai, n’a pas permis le recrutement d’un nombre suffisant de participants pour réaliser la démonstration définitive de cette observation.

Le ZMapp est une combinaison de trois anticorps monoclonaux ciblant une protéine présente à la surface du virus Ebola. En se fixant au virus présent dans l’organisme des patients infectés, ils empêchent l’infection de nouvelles cellules. Les chercheurs supposent que ces anticorps apportés par le produit et administrés au plus vite diminuent l’expansion de l’agent infectieux et  permettent au système immunitaire du patient de produire une réponse efficace avec un délai suffisant.

L’étude a commencé en mars 2015. Tous les patients (sauf le 1er) ont été recrutés en Afrique de l’Ouest, là où l’épidémie sévissait encore : 5 au Liberia, 12 en Guinée et 54 en Sierra Leone. Les patients éligibles étaient des patients de tous âges atteints d’infection par le virus Ebola. L’âge moyen des participants était de 24 ans ; un peu plus de la moitié des sujets étaient des femmes. Bien que l’équipe ait initialement prévu de recruter jusqu’à 200 patients, un terme a été mis à l’étude fin janvier 2016 lorsqu’il est apparu évident que l’épidémie était endiguée dans cette région.

L’essai était un essai randomisé et contrôlé. Chaque patient a été placé par tirage au sort dans deux groupes avec des stratégies de traitement différentes. Ceux du premier groupe recevaient uniquement les soins standards disponibles dans le centre de traitement. En Guinée, le support de soins comprenait également le Favipiravir[3], un médicament antiviral dont l’Inserm avait antérieurement démontré le potentiel bénéfice dans la maladie Ebola[4]. Les patients du second groupe recevaient quant à eux, en plus des soins standards, trois perfusions consécutives de ZMapp au cours d’une semaine incluant le cas échéant le Favipiravir.

Près d’un tiers des patients, soit 21 personnes, sont décédés pendant l’étude. Pour déterminer l’efficacité du ZMapp, l’équipe de recherche a comparé le nombre de décès dans chaque groupe après 28 jours.

Dans le groupe des patients traités par ZMapp, 8 patients sur 36 sont décédés (22 %), contre 13 patients sur 35 (37%) dans l’autre groupe. Ces chiffres se traduisent par un risque de décès diminué de 40 % parmi les patients ayant reçu le produit.


Compte tenu d’un manque de puissance inhérent aux aléas de recrutement et d’effectif insuffisant, cette différence n’a pas atteint le niveau de significativité statistique nécessaire pour conclure avec fermeté. Toutefois, sur la base de ces résultats, l’administration de ZMapp a été autorisée, dans le cas où de nouveaux cas de maladie à virus Ebola devraient apparaître dans ces 3 pays. Cette autorisation a été délivrée dans le cadre règlementaire d’un protocole d’accès étendu[5] (EAP, expanded access protocol).

Pour Denis Malvy, chercheur à l’Inserm et co-investigateur de cet essai pour la Guinée :  » Les résultats de cet essai marquent un pas notable dans la prise en charge de la maladie à virus Ebola. Je suis par ailleurs ravi qu’ils aient pu être obtenus grâce à un partenariat inédit entre chercheurs, autorités guinéennes et ONGs. Je n’ai aucun doute sur le fait que ces collaborations continueront à porter leurs fruits dans les mois à venir ».

[1] Produit par Mapp BioPharmaceutical Inc., San Diego, CA, États-Unis

[2] Ce standard de soin optimisé comprend entre autres des mesures de réhydratation, l’apport d’électrolytes, le maintien des fonctions physiologiques, des mesures de renutrition et le traitement d’éventuelles autres infections.

[3] Produit par  les laboratoires Toyama / Fujifilm, Japon

[4] http://presse.inserm.fr/resultats-definitif-de-lessai-jiki/22789/

[5] Un EAP est un mécanisme réglementaire prévu par les États-Unis qui permet d’utiliser un médicament sans AMM pour traiter une maladie grave ou mettant en jeu le pronostic vital et contre laquelle il n’existe aucun traitement autorisé. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a autorisé l’utilisation de l’EAP aux États-Unis.

Le NIAID/NIH, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les forces armées de la République de Sierra Leone, les Ministères de la santé et le personnel de l’Ambassade américaine au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, Les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) et la fondation CDC des États-Unis, l’autorité américaine pour la recherche et le développement biomédicaux avancés et l’agence de réduction des menaces (Defense Threat Agency) américaine ont apporté leur aide financière et logistique à cet essai. L’essai a été mené en partenariat avec d’autres agences universitaires, gouvernementales et non gouvernementales, dont pour la partie franco-guinéen, le CHU de Bordeaux.

Le rituximab efficace dans le traitement de la glomérulopathie extramembraneuse

Un essai national sur la glomérulopathie extramembraneuse chez 80 patients a été coordonné par le Pr Pierre Ronco, du service de néphrologie et dialyses de l’hôpital Tenon AP-HP, de l’unité Inserm « Des maladies rénales rares aux maladies fréquentes, remodelage et réparation » [1] et de l’université Pierre et Marie Curie, et par le Dr Karine Dahan, du service hôpital de jour de néphrologie de l’hôpital Tenon AP-HP. Cette maladie auto-immune grave est la cause la plus fréquente de syndrome néphrotique chez l’adulte, elle évolue dans 30% des cas en insuffisance rénale très sévère. Mené en collaboration avec le Pr Tabassome Simon, du département de pharmacologie clinique et de l’Unité de recherche clinique de l’Est Parisien à l’hôpital Saint-Antoine, AP-HP, cet essai démontre pour la première fois l’efficacité et l’innocuité du rituximab pour traiter la maladie.

Ces travaux ont été publiés le 27 juin 2016 dans le Journal of the American Society of Nephrology.

La glomérulopathie extramembraneuse est une maladie auto-immune rare (un nouveau cas recensé chaque année pour 100 000 habitants), induite dans la plupart des cas par des anticorps dirigés contre une protéine (PLA2R) qui est localisée dans le filtre rénal (le glomérule). Les traitements immunosuppresseurs -visant à atténuer cette réaction immunitaire de l’organisme- utilisés jusqu’à présent ont démontré une certaine efficacité mais associée à une toxicité importante : risques d’infection, de troubles de la fertilité, de développement retardé d’un cancer ou d’altération de la fonction rénale.

Le rituximab est quant à lui un anticorps monoclonal dirigé spécifiquement contre les lymphocytes B producteurs des anticorps toxiques. Jusqu’à présent, son innocuité et son efficacité n’ont pas été démontrées.

Dans ce contexte, le Pr Pierre Ronco et le Dr Karine Dahan ont conduit à l’hôpital Tenon AP-HP une étude chez 80 patients ayant une forme sévère de glomérulopathie extramembraneuse. Ils ont été inclus de janvier 2012 à juillet 2014 dans 31 services de néphrologie français, dont 9 services AP-HP [2], avec un suivi annuel jusqu’à deux ans.

Cette étude randomisée a permis de comparer l’efficacité du traitement classique dit « anti-protéinurique » à celle d’une combinaison de 2 perfusions de rituximab (375mg/m2) à une semaine d’intervalle et d’un traitement anti-protéinurique. La surveillance a porté sur la survenue d’une rémission immunologique (disparition des anticorps), d’une rémission clinique (diminution ou disparition de la protéinurie) et sur les effets indésirables du traitement.

Les résultats montrent que le rituximab est efficace sur la rémission immunologique (50% dès 3 mois) et la rémission clinique (64% des patients entrant en rémission avant la fin de l’étude), les valeurs correspondantes étant respectivement de 12% et 34% seulement chez les patients recevant le traitement anti-protéinurique.

Le pourcentage de rémission est similaire à celui obtenu avec d’autres traitements immunosuppresseurs, mais avec un risque thérapeutique beaucoup plus faible, le nombre d’évènements indésirables étant le même dans les 2 groupes de traitement (avec ou sans rituximab).

« Cette étude apporte un élément très important dans le débat autour des traitements immunosuppresseurs dans la glomérulopathie extramembraneuse » explique le Pr Pierre Ronco. « En clinique, elle incite à utiliser le rituximab en première intention dans les formes sévères et à surveiller très régulièrement le taux des anticorps anti-PLA2R chez ces patients ».

Cette étude servira de base à d’autres protocoles dont l’objectif sera d’augmenter le pourcentage de rémission clinique et immunologique sans augmenter les effets indésirables. Il est en effet probable que certains patients n’ont pas répondu au traitement en raison de la fuite du rituximab dans les urines. Ces protocoles comporteront notamment l’utilisation de doses plus fortes ou plus fréquentes et de nouvelles perfusions chez les patients qui gardent des taux d’anticorps élevés.

Des cellules immunitaires modifiées viennent libérer une molécule thérapeutique au cœur des tumeurs

Visuel

Les marquages fluorescents rouge et vert correspondent à différents types de cellules stromales, constituant la niche tumorale. L’intensité plus forte des deux marquages dans la tumeur déficiente en HVEM reflète une hyperactivation des cellules stromales. Image obtenue par microscopie confocale.

Crédit : F. Mourcin, MICA

On sait aujourd’hui utiliser des cellules immunitaires équipées pour cibler et détruire spécifiquement certains lymphomes. Des chercheurs rennais de l’unité MICA[1], en collaboration avec des collègues américains du MSKCC[2], vont plus loin aujourd’hui en démontrant que ces cellules peuvent être utilisées pour introduire dans la tumeur une molécule d’intérêt médical, identifiée en étudiant les altérations génétiques caractéristiques du lymphome. Ces travaux introduisant le concept de « micro-pharmacie » sont publiés dans la revue Cell datée du 6 octobre 2016.

Les chercheurs se sont intéressés au lymphome folliculaire, l’un des cancers du sang les plus fréquents (3 000 à 4 000 nouveaux cas chaque année en France). Ils ont tout d’abord identifié dans ce type de lymphome des altérations génétiques fréquentes qui aboutissent à une perte d’expression de la molécule HVEM (pour « Herpesvirus entry mediator »).

Ils ont ensuite montré qu’un déficit de cette molécule accélère le développement de tumeurs dans un modèle murin mimant le lymphome folliculaire. En effet, lorsqu’elle est normalement exprimée, la molécule HVEM vient se lier à un récepteur inhibiteur (BTLA pour « B- and T- lymphocyte attenuator) sur les lymphocytes B, limitant le développement du lymphome.

De plus, les chercheurs ont montré que l’absence d’HVEM vient stimuler le recrutement et l’activation de cellules à proximité du lymphome : celles-ci développent alors une « niche tumorale », véritable microenvironnement de soutien à la tumeur.

En laboratoire, l’utilisation de molécule HVEM soluble permet de bloquer à la fois l’activation des cellules cancéreuses et des cellules du microenvironnement de soutien à la tumeur. Cependant cette stratégie n’est pas directement utilisable chez les patients car il faudrait pouvoir amener la molécule thérapeutique directement au sein des tumeurs, ce qui reste très complexe.

Les deux équipes ont alors eu l’idée d’utiliser à cette fin des cellules immunitaires modifiées (CAR-T), actuellement utilisées avec des résultats très prometteurs dans de nombreux essais thérapeutiques. Ces lymphocytes T sont collectés chez les patients et sont équipés d’un récepteur qui les cible spécifiquement sur la tumeur. En introduisant dans les CAR-T le gène codant pour la molécule HVEM soluble, les chercheurs ont pu démontrer qu’on obtient une efficacité supérieure pour éradiquer les tumeurs chez la souris qu’avec les CAR-T classiques.

Ces travaux ont été menés sous la direction du professeur Karin Tarte, directrice de l’unité MICA, et du Dr Hans-Guido Wendel, du MSKCC.

[1] Unité « Microenvironnement et cancer», unité mixte de recherche 917 placée sous la co-tutelle de l’université de Rennes 1, de l’Inserm et de l’Établissement français du sang

[2] MSKCC : Memorial Sloan Kettering Cancer Center, New York (NY, É.-U.)

Nouvelle piste d’immunothérapie contre les rechutes de leucémie post greffe

Etude de la leucémie aigüe promyélocytaire

Cellules leucémiques avant (gauche) et après traitement (droite). Le bleu représente l’ADN du noyau, le rouge les corps nucléaires PML. Ceux-ci sont réorganisés par le traitement PML/RARA.

(c) Inserm/Halftermeyer, Juliane

Une équipe Inserm de l’Institut Mondor de recherche biomédicale vient d’identifier un interrupteur clé de la réponse immunitaire et propose une nouvelle piste d’immunothérapie contre les leucémies. Et peut-être d’autres cancers par la suite. Ces travaux sont publiés dans la revue Blood.

 

Vers une nouvelle immunothérapie contre le cancer ? C’est peut-être ce qui se dessine grâce aux travaux menés au sein de l’unité Inserm 955  » Institut Mondor de recherche biomédicale » par l’équipe du Pr José Cohen, coordonnateur du centre d’investigation clinique de biothérapie de l’hôpital Henri-Mondor AP-HP,, dont les résultats viennent d’être publiés dans Blood. Alors qu’elle travaille sur le traitement des leucémies, cette équipe a découvert une clé de la régulation du système immunitaire qui permet de stimuler l’action des lymphocytes T et probablement d’augmenter l’élimination des cellules cancéreuses.

Ce sont leurs travaux sur la maladie du greffon contre l’hôte, une complication grave des greffes de cellules sanguines réalisées chez les patients atteints de leucémie, qui les ont mis sur la voie. Cette complication est due à l’attaque des cellules du receveur par des lymphocytes T trop actifs présents dans le greffon. Or, les chercheurs ont constaté que la présence de cellules T régulatrices (T reg) dans le greffon, une sous-population particulière de lymphocytes T dont le rôle est de freiner la réponse immunitaire, limitait ce phénomène. Et en injectant des cellules T reg supplémentaires au cours de la greffe, ils prévenaient l’apparition de l’attaque du greffon contre l’hôte chez la souris. Ils ont donc décidé d’aller plus loin et de comprendre comment ces cellules T reg étaient régulées.

 

TNFR2, interrupteur de la réponse immunitaire

Pour cela, ils ont effectué différentes expériences et ont finalement mis en évidence une boucle fermée entre les lymphocytes T conventionnels et les lymphocytes T reg, impliquant un récepteur clé appelé TNFR2. Lorsque les lymphocytes T conventionnels sont actifs, ils secrètent du facteur TNF qui se fixe sur les récepteurs TNFR2 présents à la surface des T reg. Ce signal stimule ces derniers qui inhibent alors la réponse des lymphocytes T conventionnels. A l’inverse, quand le récepteur TNFR2 est verrouillé, les T reg entrent en veille et les lymphocytes T s’activent.

« Ce récepteur TNFR2 est un véritable interrupteur de la réponse immunitaire. Lorsqu’il est en position ‘on’, il la freine. Lorsqu’il est en position ‘off’, il la stimule », explique José Cohen, responsable de ces travaux. Forts de cette découverte, les chercheurs entendent maintenant bloquer ce récepteur TNFR2 pour tenter d’améliorer la réponse immunitaire contre le cancer dans la droite ligne des immunothérapies.

« Le rôle de l’immunothérapie est de cibler des ‘check point’ de la réponse immunitaire pour lever les freins et lui permettre d’éliminer plus efficacement les cellules cancéreuses. Les traitements actuellement disponibles sont spécifiques d’une population de lymphocytes T appelés effecteurs, alors que nous proposons une nouvelle cible, les régulateurs. Ces traitements pourraient donc être complémentaires », précise le chercheur.

L’équipe a d’ores et déjà déposé un brevet pour protéger l’exploitation de ce récepteur dans le cadre des rechutes de leucémies post greffe. L’idée est maintenant de développer un anticorps anti-TNFR2 humain puis de tester cette stratégie thérapeutique chez la souris dite « humanisée ». Si les résultats sont concluants, des essais cliniques seront menés. En parallèle, cette approche est en cours d’évaluation pour d’autres types de cancers, y compris des tumeurs solides par l’équipe du Dr Benoit Salomon (CIMI-Paris), co-auteur de l’étude.

fermer